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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Elles s'appellent Carla, Angelina, Anne, Amanda, Susan, Wendy, Diane, Danielle, Jolene, Yvette, Gwendolyn, Alexis, Hillary, Béatrice, Myra, Jenna, Kitty, Larissa, Arlène, Edith, Laura, Nancy, Millie ou Denise et tant d'autres. Ah, Denise… 23 filles, parfois belles parfois avec de gros seins parfois mures parfois très (trop ?) jeunes ! Vingt-Trois prostituées que Chester Brown a fréquenté au cours de ces dix dernières années. Dessinateur de BD, il se met à nu, quitte à perdre l'estime de ses proches ou de ses amis potentiels, pour te raconter ces rencontres.

Le trait est pur, réservé au strict minimum. Point de détail, point d'émotion, un style froid pour prendre du recul sur le contenu. Tu imagines d'ailleurs des scènes graveleuses, d'un esprit douteux et pervers. Mais je te laisse avec ta libre libido. Rien de tout ça. Ce livre, roman graphique qui se lit comme un roman-photo au crayon, pose de vraies questions. Prix à débattre et (im)moralité en jeu.

En manque d'amour, après une rupture décisive, Chet pose sa réflexion sur l'amour romantisme. Et plus il pense, plus il sent que la solution idéale est les relations tarifées. de là, il va faire le tour de Toronto, sans arpenter le trottoir, de quelques escort-girls ou prostituées. Y vois-tu un mal ? Tu peux le juger, si cela te chante. D'ailleurs, il ne s'en cache pas (sinon, il ne se serait jamais mis en scène dans ces petites cases rectangulaires). Il se dit pour la décriminalisation de la prostitution. En un sens, il n'a pas tort. Il ne se contente pas de l'acte sexuel, il parle avec elles. de quoi ? de leur métier, de ce que lui fait dans la vie. de ce qu'elles font, l'une ne pratiquent que la fellation, l'autre n'embrasse pas, celle-ci embrasse mais refuse de se faire toucher… A chaque rencontre, de nouvelles interrogations se posent. Sur son comportement à lui, sur ce qu'elle attend, sur les impressions qu'il donne, sur le sentiment qu'elle laisse. Doit-il laisser un pourboire en plus du tarif de l'acte ? Doit-il lui donner l'argent en mains propres ou le laisser en évidence sur la commode de la chambre ou sur la table basse du salon ?

Avant d'accepter une telle lecture, une telle proposition devrais-je dire (parce que croiser le chemin de vingt-trois prostituées n'est pas anodin), je me suis renseigner. J'ai tout de suite senti que la BD n'était pas racoleuse, ni même aguicheuse et affriolante. Non, elle traite d'un fait de société, en profondeur (n'y voyez pas de jeu de mot, que des jeux de mains). Oui, cette BD propose le débat et l'échange… d'idée et de perception de la vie, de l'amour et des relations humaines. Chester Brown propose son avis, sa conception des rencontres dites tarifées. Il ne te l'impose pas, mais il te fait réfléchir.

Je te laisse, j'ai rendez-vous avec Amanda. Mais avant, il faut que je remercie le gars sans lequel je n'aurais jamais été aux putes. Oui Monsieur manU17 ! De-là à dire que toi aussi tu fréquentes ce genre de rencontres… les rumeurs – surtout ici – peuvent aller vite, bien plus vite qu'une fellation pratiquée par l'une de ces dames expertes. manU17, on ne se connait pas mais cette chronique t'es dédiée, pour ton bon sens ou ton sens pratique… Et n'hésites pas à me recontacter pour de prochaines rencontres aussi appétissantes et gouleyantes que celles-là, péripatéticiennes ou pas…
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Vingt-trois prostituées ? Vraiment ? Autant ? Seulement ? Chester Brown a manipulé l'anonymat avec brio, qui parvient encore, à l'issue de la lecture, à nous faire douter du nombre exact des prostituées qu'il a rencontrées… Les scènes de l'album se focalisent particulièrement sur une douzaine d'entre elles –le nombre invoqué dans le titre doit être revu à la baisse- mais les prénoms cités s'enchaînent inlassablement et on imagine qu'au cours des quinze années sur lesquelles s'étend l'expérience de Chester Brown, il aura connu bien plus de prostituées que n'en annonce le titre –le nombre doit être revu à la hausse. C'est un budget, comme Chester Brown le calcule lui-même :


« Si j'y allais toutes les deux semaines, ça ferait 26 fois par an. 26 multiplié par 160 dollars, ça fait 4 160 dollars par an… ce n'est pas rien. Toutes les trois semaines, ça ferait 17 fois par an. 160 multiplié par 17 égale 2 720 dollars par an. Ça devient déjà plus gérable. C'est sans doute ce que je devais dépenser chaque année quand je sortais avec Sook-Yin. Et on était bien loin des 17 fois par an la dernière année où on était ensemble. »


Et comme le montre ce calcul, le rapport au couple amoureux traditionnel n'est jamais bien loin. C'est peut-être, d'ailleurs, ce qui rend cet album aussi passionnant.


En 1996, alors qu'il vit avec sa petite amie Sook-Yin, celle-ci lui avoue s'être éprise d'un autre homme –ce qui ne l'empêche pas, évidement, d'aimer inconditionnellement son Chester, mais moins passionnément peut-être. Chester ne se sent pas jaloux (« le fait même que tu nies cette souffrance prouve que tu souffres », lui lancera un de ses amis). Sook-Yin finit par inviter son nouvel ami chez eux, avant de former un ménage à trois au sein duquel la contribution de Chester est pratiquement inexistante. Pour canaliser ses besoins sexuels, Chester réfute tout recours au couple traditionnel. Sa dernière expérience avec Sook-Yin lui aura suffi. Désormais, il préfèrera recourir aux prostituées.


Dans un premier temps, Chester Brown s'interroge surtout concernant les questions pratiques de ce service. Si on peut avoir déjà entendu le témoignage de certaines prostituées sur leur activité, le point de vue détaillé et exclusif d'un homme à ce sujet est plus rare. Avec Chester Brown, les questions déferlent : comment choisir une prostituée ? comment lui donner son argent ? comment se comporter face à elle ? –et la question la plus angoissante : comment être sûr que le rendez-vous donné n'est pas un traquenard organisé pour subtiliser de l'argent aux clients peu consciencieux ?


Avec le temps et l'habitude, ces questions disparaîtront pratiquement au profit d'une interrogation beaucoup plus intéressante sur les notions de couple et d'amour traditionnel. Chester Brown est obligé d'affuter ses arguments et ses opinions pour répondre aux attaques de ses amis pour qui la prostitution reste encore une activité « légitimement illégale » voire « criminelle ».


Si le malaise de Chester Brown ne se traduit pas en termes moraux selon la dualité du bien et du mal, on sent toutefois qu'il n'a pas toujours été en de parfaits termes avec sa conscience, ce que traduit son argumentaire convaincant en dernière partie de l'ouvrage. Outre les questions débattues pour savoir s'il vaut mieux décriminaliser ou légaliser la prostitution, Chester Brown nous entraîne parfois sur des notions plus abstraites : recourir à la prostitution est-ce acheter une femme ? n'est-ce pas avilir l'estime des prostituées ? quel choix leur est laissé dans l'exercice de cette activité ? quid de la violence, de l'esclavagisme sexuel et de l'objectification ?


En rapportant son expérience en même temps qu'il donne son avis sur ces questions, Chester Brown parvient à nous faire saisir leur complexité et l'impossibilité de les réduire à des positions manichéennes. Tout dépend de la prostituée et du client, et entre ces deux personnes, un lien aléatoire et unique se crée, comme dans n'importe quel autre couple plus conventionnel.


« Je pense qu'avoir des relations avec des prostituées peut rendre un homme plus sensible, du moins pour certains clients…ceux qui sont ouverts à la possibilité d'apprendre des choses au contact des prostituées qu'ils rencontrent. »


Chester Brown fait partie de cette dernière catégorie de personnes et son humanité se ressent dans le plaisir que nous avons à parcourir les pages de cet album. Même si toutes les prostituées sont représentées de dos et qu'aucune d'entre elles ne nous permettra de découvrir son visage, le soin qu'il prend à décrire leur personnalité, leurs habitudes et leur langage, finit cependant par nous les rendre distinctes les unes des autres. Chester Brown ne nous permet toutefois pas d'oublier que le récit de son expérience est unique et que, dans la prostitution comme dans le couple ou le mariage, si certaines associations sont fructueuses, d'autres peuvent être destructrices. L'exemple de Chester Brown et de ses prostituées constitue un témoignage qui fonctionne –mais ce n'est bien sûr pas une généralité.


Lien : http://colimasson.over-blog...
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⚠️ Attention cette lecture est déconseillée aux gens fermés d'esprit, et qui ont une idée préconçue de ce milieu.

Qu'est-ce que c'est l'Amour ?
Notre corps nous appartient-il ?
Sommes-nous libres ?
La violence d'où vient-elle ?
La police nous protège-t-elle de tout le monde ?
Le travail = exploitation ?
Le vital doit-il avoir un prix ?
Arrive-t-on à différencier un raisonnement de la tête et du coeur ?
Peut-on se défaire des notions comme le mariage, la religion, l'argent toujours ancrés dans notre système, dans les moeurs ?

Des questions de réflexion sur notre société hypocrite, qui nous traverse tout le temps... Et dont chacun y donnera des réponses qui lui seront personnelles.
Ici Chester Brown avec ses expériences personnelles a écrit et dessiné «  Vingt-trois prostituées ». Cet ouvrage est là pour nous interpeller, sur ce métier de travailleurs / travailleuses du sexe.
Tout du long de son récit, l'auteur va comparer son ancienne vie de couple avec sa vie de célibataire ayant des relations avec des travailleuses du sexe. L'argent que ça coûte, les moments agréables, les contraintes,...
Même si Chester ne dévoile pas leur vie privée à ces travailleuses du sexe, ce qui est dommage car il aurait été intéressant de savoir les différents parcours de la vie qui les ont amené à choisir cela, et à savoir ce qu'elles ont eu en bien ou en mal... Cela aurait rendu ce récit plus humain. Mais nous, lecteurs, nous sommes spectateurs de la vie de Chester Brown. Il comprend ces femmes, lui qui en sait plus sur leur vie, que nous et les proches directs de ces femmes. Mais hélas, le temps c'est de l'argent...
Pour mieux comprendre le point de vue de ces travailleurs et travailleuses du sexe, d'autres lectures seront utiles.

Avant tout, c'est un sujet difficile, pour y faire un avis, un résumé. Car souvent on se mêle de la vie d'autrui, quand la nôtre n'est qu'un merdier. Et au final on éclabousse plein de caca l'autre, sans avoir compris ce qu'il ou elle voulait nous dire. Je dis ça car beaucoup de gens vont dire ce qui est bien ou mal sur ce que fait l'autre. Mais nous n'avons pas toutes les informations, qui nous permettent de comprendre, donc de compatir et d'accepter. Car on préfère juger plutôt qu'être jugé.
Mais si on se préoccupe de ce que pensent les gens... Nous ne sommes pas prêts d'avancer dans notre vie.

Même si cet ouvrage est relativement positif, l'auteur nous rappel que nombres de personnes sont victimes de trafics d'humains, et qu'ils nous entourent partout. Énormément de gens ont besoin d'aide, mais ça serait trop facile de dire qu'ils n'ont qu'à demander de l'aide, quand il est plus facile pour ceux dont c'est leur job d'agir pour aider.
Tout plein de gens sont victimes de violences, mais la violence est omniprésente, et surtout débute dans la sphère familiale, là où naissent le mal et le bien.

Côté dessins, je me rends compte en tournant les pages du livre, que nombre de cases sont similaires mais de mon point de vue ça passe très bien, car au final nous sommes pareils. Que ça soit lorsque nous méditons, que nous sommes dans l'attente, ou dans le mouvement à pied ou en voiture, etc... tout ce temps notre gestuel est souvent statique, mais le flux de pensées, de paroles parlés ou écoutés peut être très importante.
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Récit autobiographique de Chester Brown durant les années où l'auteur faisait appel à des prostituées pour avoir des relations tarifées.

A première vue, le livre pourrait sembler glauque ou voyeuriste. Il n'en est rien. le ton est plutôt neutre, parfois froid. Chester parle naturellement des filles avec lesquelles il a couché. Même ses sentiments, émotions et autres pensées sont retranscrites telles quelles. Idem pour les conversations sur le sujet avec ses amis.

Les dessins ne sont pas vulgaires. Ils humanisent ces femmes, qui ne sont souvent qu'un simple mot : des "putes", pour la plupart des bien-pensant.

Je n'ai simplement pas souhaité lire les appendices. Pour obtenir des informations sur la prostitution, et les avis pour/contre, je préfère lire des reportages et me documenter moi-même sur le sujet.
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