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Elles s'appellent Carla, Angelina, Anne, Amanda, Susan, Wendy, Diane, Danielle, Jolene, Yvette, Gwendolyn, Alexis, Hillary, Béatrice, Myra, Jenna, Kitty, Larissa, Arlène, Edith, Laura, Nancy, Millie ou Denise et tant d'autres. Ah, Denise… 23 filles, parfois belles parfois avec de gros seins parfois mures parfois très (trop ?) jeunes ! Vingt-Trois prostituées que Chester Brown a fréquenté au cours de ces dix dernières années. Dessinateur de BD, il se met à nu, quitte à perdre l'estime de ses proches ou de ses amis potentiels, pour te raconter ces rencontres.

Le trait est pur, réservé au strict minimum. Point de détail, point d'émotion, un style froid pour prendre du recul sur le contenu. Tu imagines d'ailleurs des scènes graveleuses, d'un esprit douteux et pervers. Mais je te laisse avec ta libre libido. Rien de tout ça. Ce livre, roman graphique qui se lit comme un roman-photo au crayon, pose de vraies questions. Prix à débattre et (im)moralité en jeu.

En manque d'amour, après une rupture décisive, Chet pose sa réflexion sur l'amour romantisme. Et plus il pense, plus il sent que la solution idéale est les relations tarifées. de là, il va faire le tour de Toronto, sans arpenter le trottoir, de quelques escort-girls ou prostituées. Y vois-tu un mal ? Tu peux le juger, si cela te chante. D'ailleurs, il ne s'en cache pas (sinon, il ne se serait jamais mis en scène dans ces petites cases rectangulaires). Il se dit pour la décriminalisation de la prostitution. En un sens, il n'a pas tort. Il ne se contente pas de l'acte sexuel, il parle avec elles. de quoi ? de leur métier, de ce que lui fait dans la vie. de ce qu'elles font, l'une ne pratiquent que la fellation, l'autre n'embrasse pas, celle-ci embrasse mais refuse de se faire toucher… A chaque rencontre, de nouvelles interrogations se posent. Sur son comportement à lui, sur ce qu'elle attend, sur les impressions qu'il donne, sur le sentiment qu'elle laisse. Doit-il laisser un pourboire en plus du tarif de l'acte ? Doit-il lui donner l'argent en mains propres ou le laisser en évidence sur la commode de la chambre ou sur la table basse du salon ?

Avant d'accepter une telle lecture, une telle proposition devrais-je dire (parce que croiser le chemin de vingt-trois prostituées n'est pas anodin), je me suis renseigner. J'ai tout de suite senti que la BD n'était pas racoleuse, ni même aguicheuse et affriolante. Non, elle traite d'un fait de société, en profondeur (n'y voyez pas de jeu de mot, que des jeux de mains). Oui, cette BD propose le débat et l'échange… d'idée et de perception de la vie, de l'amour et des relations humaines. Chester Brown propose son avis, sa conception des rencontres dites tarifées. Il ne te l'impose pas, mais il te fait réfléchir.

Je te laisse, j'ai rendez-vous avec Amanda. Mais avant, il faut que je remercie le gars sans lequel je n'aurais jamais été aux putes. Oui Monsieur manU17 ! De-là à dire que toi aussi tu fréquentes ce genre de rencontres… les rumeurs – surtout ici – peuvent aller vite, bien plus vite qu'une fellation pratiquée par l'une de ces dames expertes. manU17, on ne se connait pas mais cette chronique t'es dédiée, pour ton bon sens ou ton sens pratique… Et n'hésites pas à me recontacter pour de prochaines rencontres aussi appétissantes et gouleyantes que celles-là, péripatéticiennes ou pas…
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Vingt-trois prostituées ? Vraiment ? Autant ? Seulement ? Chester Brown a manipulé l'anonymat avec brio, qui parvient encore, à l'issue de la lecture, à nous faire douter du nombre exact des prostituées qu'il a rencontrées… Les scènes de l'album se focalisent particulièrement sur une douzaine d'entre elles –le nombre invoqué dans le titre doit être revu à la baisse- mais les prénoms cités s'enchaînent inlassablement et on imagine qu'au cours des quinze années sur lesquelles s'étend l'expérience de Chester Brown, il aura connu bien plus de prostituées que n'en annonce le titre –le nombre doit être revu à la hausse. C'est un budget, comme Chester Brown le calcule lui-même :


« Si j'y allais toutes les deux semaines, ça ferait 26 fois par an. 26 multiplié par 160 dollars, ça fait 4 160 dollars par an… ce n'est pas rien. Toutes les trois semaines, ça ferait 17 fois par an. 160 multiplié par 17 égale 2 720 dollars par an. Ça devient déjà plus gérable. C'est sans doute ce que je devais dépenser chaque année quand je sortais avec Sook-Yin. Et on était bien loin des 17 fois par an la dernière année où on était ensemble. »


Et comme le montre ce calcul, le rapport au couple amoureux traditionnel n'est jamais bien loin. C'est peut-être, d'ailleurs, ce qui rend cet album aussi passionnant.


En 1996, alors qu'il vit avec sa petite amie Sook-Yin, celle-ci lui avoue s'être éprise d'un autre homme –ce qui ne l'empêche pas, évidement, d'aimer inconditionnellement son Chester, mais moins passionnément peut-être. Chester ne se sent pas jaloux (« le fait même que tu nies cette souffrance prouve que tu souffres », lui lancera un de ses amis). Sook-Yin finit par inviter son nouvel ami chez eux, avant de former un ménage à trois au sein duquel la contribution de Chester est pratiquement inexistante. Pour canaliser ses besoins sexuels, Chester réfute tout recours au couple traditionnel. Sa dernière expérience avec Sook-Yin lui aura suffi. Désormais, il préfèrera recourir aux prostituées.


Dans un premier temps, Chester Brown s'interroge surtout concernant les questions pratiques de ce service. Si on peut avoir déjà entendu le témoignage de certaines prostituées sur leur activité, le point de vue détaillé et exclusif d'un homme à ce sujet est plus rare. Avec Chester Brown, les questions déferlent : comment choisir une prostituée ? comment lui donner son argent ? comment se comporter face à elle ? –et la question la plus angoissante : comment être sûr que le rendez-vous donné n'est pas un traquenard organisé pour subtiliser de l'argent aux clients peu consciencieux ?


Avec le temps et l'habitude, ces questions disparaîtront pratiquement au profit d'une interrogation beaucoup plus intéressante sur les notions de couple et d'amour traditionnel. Chester Brown est obligé d'affuter ses arguments et ses opinions pour répondre aux attaques de ses amis pour qui la prostitution reste encore une activité « légitimement illégale » voire « criminelle ».


Si le malaise de Chester Brown ne se traduit pas en termes moraux selon la dualité du bien et du mal, on sent toutefois qu'il n'a pas toujours été en de parfaits termes avec sa conscience, ce que traduit son argumentaire convaincant en dernière partie de l'ouvrage. Outre les questions débattues pour savoir s'il vaut mieux décriminaliser ou légaliser la prostitution, Chester Brown nous entraîne parfois sur des notions plus abstraites : recourir à la prostitution est-ce acheter une femme ? n'est-ce pas avilir l'estime des prostituées ? quel choix leur est laissé dans l'exercice de cette activité ? quid de la violence, de l'esclavagisme sexuel et de l'objectification ?


En rapportant son expérience en même temps qu'il donne son avis sur ces questions, Chester Brown parvient à nous faire saisir leur complexité et l'impossibilité de les réduire à des positions manichéennes. Tout dépend de la prostituée et du client, et entre ces deux personnes, un lien aléatoire et unique se crée, comme dans n'importe quel autre couple plus conventionnel.


« Je pense qu'avoir des relations avec des prostituées peut rendre un homme plus sensible, du moins pour certains clients…ceux qui sont ouverts à la possibilité d'apprendre des choses au contact des prostituées qu'ils rencontrent. »


Chester Brown fait partie de cette dernière catégorie de personnes et son humanité se ressent dans le plaisir que nous avons à parcourir les pages de cet album. Même si toutes les prostituées sont représentées de dos et qu'aucune d'entre elles ne nous permettra de découvrir son visage, le soin qu'il prend à décrire leur personnalité, leurs habitudes et leur langage, finit cependant par nous les rendre distinctes les unes des autres. Chester Brown ne nous permet toutefois pas d'oublier que le récit de son expérience est unique et que, dans la prostitution comme dans le couple ou le mariage, si certaines associations sont fructueuses, d'autres peuvent être destructrices. L'exemple de Chester Brown et de ses prostituées constitue un témoignage qui fonctionne –mais ce n'est bien sûr pas une généralité.


Lien : http://colimasson.over-blog...
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« Au terme de sa rupture avec Sook Yin Lee, Chester Brown décide qu'il ne veut plus de petite amie. Trois ans d'abstinence plus tard, il décide de sauter le pas et de fréquenter les prostituées » (extrait synopsis éditeur).

Ainsi, nous suivons l'auteur de mars 1999 à la fin de l'année 2003 dans ses rencontres avec 24 prostituées. Découpé en une trentaine de chapitres de longueur variable, l'auteur revient sur ses différentes expériences sexuelles en compagnie de ces femmes. Certaines filles n'apparaitront qu'une seule fois tandis que d'autres feront l'objet de plusieurs rendez-vous. le dernier chapitre quant à lui s'intéresse à une période plus conséquente puisqu'elle couvre les années 2004 à 2010.

Durant toute cette période, il confrontera ses opinions et partagera ses doutes, ses constats et ses questions avec ses deux amis (et confrères) Seth et Joe Matt, avec une autre de ses ex petite amie et avec son frère Gordon.

Enfin, Vingt-trois prostituées propose une part importante de bonus puis 23 « Appendices » viennent alimenter un débat de société au Canada (pays de Chester Brown). L'auteur donne se positionne ouvertement sur un débat polémique au Canada : décriminalisation ou réglementation de la prostitution ? Sa démarche semble être motivée par la volonté de dédiaboliser les représentations que les citoyens lambda se font du commerce sexuel. Il revient également sur des sujets de société comme l'esclavagisme sexuel, la violence, le proxénétisme, les droits sexuels, l'estime de soi…

Ce qui est intéressant, c'est que rien dans cet album n'est abordé de manière honteuse. Assumant ses actes et ses opinions, Chester Brown témoigne sans tabous et sans réserve si ce n'est qu'il est resté très attentif au fait de respecter l'anonymat des prostituées qu'il a rencontré. Ainsi, il a changé leurs noms d'emprunt et a choisi de ne pas dessiner leurs visages (et autres signes distinctifs comme les tatouages par exemple) qui permettraient de les reconnaitre.

Graphiquement, Brown a opté pour la sobriété. En allant ainsi à l'essentiel, il incite le lecteur à s'intéresser davantage aux propos qu'aux corps dénudés qui apparaissent régulièrement dans l'ouvrage. Je suis finalement assez étonnée d'avoir autant adhéré à cet ouvrage et pour cause : la démarche n'est pas malsaine, le témoignage est exempt de tout voyeurisme et l'auteur reste neutre quant à ce qu'il lui a été donné d'observer.

« J'ai lu dans un article qu'une prostituée qui reçoit des clients à domicile travaille Incall. Si elle se déplace chez eux, on dit qu'elle travaille Outcall ».

Totalement inexpérimenté lorsqu'il décide de faire la démarche d'aller voir une prostituée la première fois, on va découvrir peu à peu comment il a pris de l'assurance au fil des mois et des expériences. Il apprend à décrypter les petites annonces passées par les prostituées ou les call-girls, à se repérer dans les tarifs en vigueur, à apaiser ses angoisses quant à la possibilité de tomber dans un traquenard ou à se faire arrêter par les services de l'ordre… On l'accompagne dans ses curieuses découvertes comme celle inhérente à l'existence de sites internet spécialisés sur lesquels les clients déposent des commentaires sur les filles (beauté, particularités, ce qu'elle autorise ou n'autorise pas, propreté des lieux…).

Mais ce témoignage aborde avant tout une réflexion plus large sur le couple, la notion de romantisme, les enjeux sociaux, les débats juridiques, la tolérance. le trait de Chester Brown est sec, précis, assuré. Il s'appuie sur de forts contrastes entre noir et blanc et n'accepte que ponctuellement quelques dégradés de gris (construits à l'aide de jeux de hachures) qui permettent de faire ressortir quelques éléments du décor sans pour autant que ceux-ci n'étouffent le visuel ou les propos qu'il contient.
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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Le dernier album de Chester Brown ne fait pas l'unanimité. Loin d'être un plaidoyer absolu pour la légalisation de la prostitution, il prône plutôt avec ce livre sa libéralisation. Sa non pénalisation si vous voulez partant du principe qu'une personne doit être libre de disposer de son propre corps et d'en faire profiter de potentiels clients à travers des relations tarifées. C'est un sujet qui revient régulièrement dans nos sociétés, tout comme celui de la légalisation du cannabis par exemple sans que clairement une solution politique soit apportée.

Je dois dire que, sans faire montre de ma propre opinion à ce sujet, j'ai trouvé le discours de Brown en postface particulièrement étayé et intéressant sur la réflexion d'un homme qui fréquente des prostituées depuis plusieurs années. Cette annexe faite de 23 sections, ce qui renvoie aussi au nombre de prostituées rencontrées, détaille vraiment son avis sur un éventail très large de sujets comme l'argent, la violence, le trafic d'êtres humains, la fiscalité (les actes sexuels tarifés doivent-ils être soumis à l'impôt ?) sans pour autant faire l'apologie de la prostitution.

A l'inverse de cette annexe littéraire, le coeur même de la bande dessinée peut sembler un peu longuet tant Brown y décrit méticuleusement mais sans toutefois faire apparaître aucun détail physique ni visage pouvant compromettre l'identité de ces dames, ce qui contribue à l'impersonnalité de ces 23 rencontres, chacune de ses expériences. Forme simple, 1 gaufrier de 8 cases de même taille par planche, 1 chapitre avec un prénom (modifié) par tête de pipe.

On peut y lire ses émois de la première fois, et comment il s'est décidé à franchir le pas après une relation avortée avec sa petite amie. Puis arrivent alors toutes les questions : sécurité, la peur d'être vu, d'être arrêté par la police, les maladies, le paiement, le pourboire, les positions, avec ou sans fellation. Bref un panorama très large où l'on voit ses affinités avec certaines et pas d'autres. Doit-il donner son vrai nom ou pas ? Est-ce que les descriptions sur tel ou tel site d'annonces sont fiables ?
Plein de situations et de questionnements de ce genre qui font qu'au final je ne me suis pas vraiment lassé de lire 23 descriptions malgré leur côté presque médical. Il y a un aspect comptable aussi qui peut choquer, une évaluation de la prestation comme on évalue la qualité d'une transaction sur un site internet.

Ceci est toujours illustré par un dessin impeccable, on sent une sorte de maniaquerie chez Brown à retranscrire le plus fidèlement possible les situations, les dialogues y compris avec ses amis que sont Seth et Joe Matt également dessinateurs de bande dessinée.

Brown dessine comme il traite ce sujet avec ses proches amis, c'est-à-dire sans tabou, le plus naturellement du monde dans une société où l'acte sexuel et la femme - ou l'homme mais c'est plus rare - devient une marchandise comme une autre destinée à assouvir une envie immédiate. A travers son dessin on a l'impression que son personnage n'a pas d'émotions avec toujours un petit trait plat pour sa bouche comme le souligne Robert Crumb en introduction et un visage qui ne change guère, des petites lunettes ne montrant pas ses yeux. Quand sa petite amie le quitte mais décide de rester habiter avec lui puis fait venir son nouveau copain, Brown prend ça avec un aplomb incroyable. Quand Seth lui demande : "Tu n'es pas en colère ou jaloux ?", il lui répond :
"Je me sens comme d'habitude. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes".

En conclusion, un livre qui m'a plu globalement où Brown explore son sujet avec un certain cynisme mais aussi une pointe d'humour. Ce n'est pas pour autant qu'il m'a convaincu de ses thèses, si tant est qu'il ait pour intention sous-jacente de convaincre le lecteur à travers cet ouvrage.
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⚠️ Attention cette lecture est déconseillée aux gens fermés d'esprit, et qui ont une idée préconçue de ce milieu.

Qu'est-ce que c'est l'Amour ?
Notre corps nous appartient-il ?
Sommes-nous libres ?
La violence d'où vient-elle ?
La police nous protège-t-elle de tout le monde ?
Le travail = exploitation ?
Le vital doit-il avoir un prix ?
Arrive-t-on à différencier un raisonnement de la tête et du coeur ?
Peut-on se défaire des notions comme le mariage, la religion, l'argent toujours ancrés dans notre système, dans les moeurs ?

Des questions de réflexion sur notre société hypocrite, qui nous traverse tout le temps... Et dont chacun y donnera des réponses qui lui seront personnelles.
Ici Chester Brown avec ses expériences personnelles a écrit et dessiné «  Vingt-trois prostituées ». Cet ouvrage est là pour nous interpeller, sur ce métier de travailleurs / travailleuses du sexe.
Tout du long de son récit, l'auteur va comparer son ancienne vie de couple avec sa vie de célibataire ayant des relations avec des travailleuses du sexe. L'argent que ça coûte, les moments agréables, les contraintes,...
Même si Chester ne dévoile pas leur vie privée à ces travailleuses du sexe, ce qui est dommage car il aurait été intéressant de savoir les différents parcours de la vie qui les ont amené à choisir cela, et à savoir ce qu'elles ont eu en bien ou en mal... Cela aurait rendu ce récit plus humain. Mais nous, lecteurs, nous sommes spectateurs de la vie de Chester Brown. Il comprend ces femmes, lui qui en sait plus sur leur vie, que nous et les proches directs de ces femmes. Mais hélas, le temps c'est de l'argent...
Pour mieux comprendre le point de vue de ces travailleurs et travailleuses du sexe, d'autres lectures seront utiles.

Avant tout, c'est un sujet difficile, pour y faire un avis, un résumé. Car souvent on se mêle de la vie d'autrui, quand la nôtre n'est qu'un merdier. Et au final on éclabousse plein de caca l'autre, sans avoir compris ce qu'il ou elle voulait nous dire. Je dis ça car beaucoup de gens vont dire ce qui est bien ou mal sur ce que fait l'autre. Mais nous n'avons pas toutes les informations, qui nous permettent de comprendre, donc de compatir et d'accepter. Car on préfère juger plutôt qu'être jugé.
Mais si on se préoccupe de ce que pensent les gens... Nous ne sommes pas prêts d'avancer dans notre vie.

Même si cet ouvrage est relativement positif, l'auteur nous rappel que nombres de personnes sont victimes de trafics d'humains, et qu'ils nous entourent partout. Énormément de gens ont besoin d'aide, mais ça serait trop facile de dire qu'ils n'ont qu'à demander de l'aide, quand il est plus facile pour ceux dont c'est leur job d'agir pour aider.
Tout plein de gens sont victimes de violences, mais la violence est omniprésente, et surtout débute dans la sphère familiale, là où naissent le mal et le bien.

Côté dessins, je me rends compte en tournant les pages du livre, que nombre de cases sont similaires mais de mon point de vue ça passe très bien, car au final nous sommes pareils. Que ça soit lorsque nous méditons, que nous sommes dans l'attente, ou dans le mouvement à pied ou en voiture, etc... tout ce temps notre gestuel est souvent statique, mais le flux de pensées, de paroles parlés ou écoutés peut être très importante.
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Récit autobiographique de Chester Brown, « Vingt-Trois Prostituées » permet à l'auteur canadien de partager son expérience personnelle concernant le sexe tarifié, tout en livrant une sorte de pamphlet en faveur de la légalisation de la prostitution.

« Vingt-Trois Prostituées » est donc l'histoire d'un auteur de comics qui, suite à une rupture avec sa compagne, rejette toute possibilité d'amour romantique et a recours à une forme de relation plus pratique et moins compliquée pour lui. Cet album résume cette décennie de rencontres éphémères et tarifiées.

Chester Brown y relate donc son expérience personnelle en tant que client régulier en décrivant ses actes sexuels de façon crue et presque clinique, mais sans jamais devenir vulgaire. Afin de préserver l'anonymat des différentes femmes qu'il rencontre, l'auteur élimine toutes les informations qui pourraient compromettre leur identité. Ne vous attendez donc pas à retrouver la même empathie qu'envers la Jeanine de Matthias Picard, car Carla, Angelina, Anne, Amanda, Susan, Wendy, Diane, Danielle, Jolene, Yvette, Gwendolyn, Alexis, Hillary, Béatrice, Jenna, Kitty, Larissa, Arlène, Edith, Laura, Denise, Nancy, Millie ne sont que les noms d'emprunt de ces corps sans véritable personnalité.

L'intérêt principal de cet album est le questionnement de l'auteur tout au long de ces vingt-trois rencontres payées, ainsi que l'interprétation honnête et distanciée qu'il en donne par après. de ses états d'âmes aux réactions d'amis à qui il ne cache rien, en passant par ses interrogations concernant la sécurité, les maladies, le proxénétisme, la peur d'être arrêté ou la nécessité de laisser un pourboire, ce journal propose un témoignage intéressant sur le plus vieux métier du monde, mais également un éclairage sur la vie personnelle de l'auteur.

Ce récit est non seulement drôle et cynique, mais également particulièrement sincère et courageux. Si l'honnêteté de l'auteur n'est pas à remettre en cause, ses thèses concernant le sexe tarifié ne feront par contre pas l'unanimité. Il poursuit d'ailleurs son plaidoyer pour la libéralisation de la prostitution lors d'une longue postface de près de cinquante pages. Je ne partage absolument pas son pessimisme envers le couple et l'amour, ni sa vision ultralibérale de la prostitution, où le corps se résume à un objet commercial dont chacun est libre de disposer comme bon lui semble, mais j'ai malgré tout bien aimé cet album.

Visuellement, on retrouve cette même froideur dans ce dessin noir et blanc épuré, dénué de toute émotion, ainsi que dans ce découpage simple en gaufrier de huit cases par planche.

Une album que vous retrouverez également dans mon Top du Festival d'Angoulême 2013 et que j'ajoute également dans mon bilan de 2012.
Lien : http://brusselsboy.wordpress..
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Carla, Angelina, Anne, Amanda, Susan, Wendy, Diane, Danielle, Jolène, Yvette, Gwendolyn, Hillary, Béatrice, Myra, Jenna, Kitty, Larissa, Arlène, Edith, Laura, Denise, Nancy, et Millie. Voici les 23 pseudo-prénoms (nom d'emprunt) de ces femmes rencontrées et payées par Chester Brown entre mars 1999 et fin décembre 2003. Car dans ce livre, Chester Brown fait état de toutes les fois où il a donné de l'argent pour avoir une relation sexuelle ou tout au moins être avec une escort-girl.

Chester Brown, auteur-culte, type européen, assez grand et très fin, chauve et avec un visage creusé, pas très photogénique. Il est tout juste quarantenaire dans cette histoire où il se dessine dans un récit autobiographique en bande dessinée de type gaufrier.

Chester Brown raconte à la première personne comment il a commencé à fréquenter des prostituées après une rupture et comment le sexe tarifé s'est rapidement imposé comme un substitut idéal à la vie à deux. Et c'est sans voyeurisme. C'est peut-être un peu cru dans le dessin mais cela reste très digne et surtout, cela a le mérite de porter un regard complexe et audacieux sur le plus vieux métier du monde.

Chester Brown est minutieux sans être maniaque, juste très méthodique. Il laisse parler son esprit, ses pensées, son ressenti et va ainsi reconstituer ses visites chez les prostituées de Toronto. Il nous fait part de ses impressions diverses, ses ébats et ses partenaires sont mis en avant. En outre cet apport personnel qui n'engage que lui, sa réflexion est nourrie d'une forte "expérience". Un débat moral accompagne chaque page de cet album.

Le dessin de Chester Brown est assez représentatif du personnage : il va droit au but et au plus naturel possible ! Il est difficile de percevoir les émotions de son propre rôle du fait d'un visage qui change peu ou pas et doté de lunettes, enlevant ainsi le regard. Ce n'est pas froid pour autant, car s'est intelligemment transformé sous un ton de l'humour et d'auto-dérision. L'auteur explique en préface qu'il s'est octroyé quelques exagérations graphiques propres à la bande dessinée, en dessinant leurs corps avec précision, ou du moins aussi précisément que sa mémoire le lui permettait, ajoute t-il.

Vingt-trois prostituées est un récit un peu fou, osé, quelque part passionnant et très certainement unique mais en soi, assez commun.

Lien : http://alamagie-des-yeux-dol..
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Une BD sur le thème de la prostitution, vécue par l'auteur lui-même. Il s'agit d'un point de vue unique, très engagé, et pourtant très réflexif, pensé et sans provocation. En somme, il permet de nous poser des questions sur la façon dont on envisage l'amour, les relations humaines, et à plus forte raison la façon dont on envisage l'autre que soi. Ce qui m'a également plu dans cette bande dessinée, c'est qu'il est question de sexe de manière explicite, mais sans voyeurisme, et surtout sans jugement de valeur posé sur un acte, une pratique, ou un type de relation. Au final, on est content que l'auteur est osé prendre la liberté de nous le raconter.
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Récit autobiographique de Chester Brown durant les années où l'auteur faisait appel à des prostituées pour avoir des relations tarifées.

A première vue, le livre pourrait sembler glauque ou voyeuriste. Il n'en est rien. le ton est plutôt neutre, parfois froid. Chester parle naturellement des filles avec lesquelles il a couché. Même ses sentiments, émotions et autres pensées sont retranscrites telles quelles. Idem pour les conversations sur le sujet avec ses amis.

Les dessins ne sont pas vulgaires. Ils humanisent ces femmes, qui ne sont souvent qu'un simple mot : des "putes", pour la plupart des bien-pensant.

Je n'ai simplement pas souhaité lire les appendices. Pour obtenir des informations sur la prostitution, et les avis pour/contre, je préfère lire des reportages et me documenter moi-même sur le sujet.
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L'histoire est autobiographique. L'auteur après une rupture sentimentale et une longue période d'abstinence a décidé d'aller voir des prostituées. Il en a rencontré 23 en un an et il parle de ces rencontres dans ce livre ...

A l'origine, je trouvais l'idée plutôt bonne. Ce n'était pas romancé, une façon d'apprendre sur ce monde inconnu mais je ne m'attendais pas à ce cynisme, cet égoïsme et cette horreur !

Ainsi, lorsqu'il va voir une des prostituée qui lui semble très jeune. Il lui demande seulement si elle est majeure. Elle répond oui (comme si elle allait lui dire non !) et cela lui suffit ! Il s'avère que durant le rapport elle avait mal. A-t-il arrêté pour autant ? Un mec éprouvant un minimum de respect pour autrui aurait arrêté pas lui il s'est vanté d'être allé plus vite pour mettre fin à son calvaire. On est dans le glauque total !

Lorsqu'il en parle à ses amis qui émettent l'idée que ces filles sont probablement exploitées. Il se débrouille toujours pour avoir le dernier mot et faire preuve de mauvaise foi.

Le comble ; il écrit des commentaires sur les filles qu'il rencontre sans leur accord, sans se rendre compte que c'est leur intime qu'il livre en pâture à d'autres. Une des filles lui dit pourtant combien ça la met mal à l'aise et qu'elle ne peut pas lire ces commentaires mais non il poursuit. Alors excusez moi mais quand en fin de livre il ose prétendre qu'il n'a pas représenté le visage des prostitués pour les préserver. Je n'y crois pas une seconde. Les représenter les aurait rendu humaine et aurait montré un lien affectif qu'il ne semble pas éprouver. Elles ne sont pour lui que des produits rien de plus !

Ma conclusion est que l'on est dans une vision totalement déformée, cynique et desenchantée, de ce que peuvent être les relations humaines (même entre les prostitués et leur client). Je ne comprends pas la crispation de l'auteur, ni son absence d'affect et ce qu'il affirme ne tient pas la route. Je le laisse donc à sa vision et m'interroge sur la publication d'un tel livre ...

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