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Citations sur Le sanglot de l'homme blanc (8)

La vérité insupportable que nous souffle tout déplacement à l'étranger est celle-ci: à chaque être échoit de vivre et de mourir dans l'impasse que représente sa culture.
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La rencontre avec l'autre se fait toujours dans un contexte de réticence et d'émerveillement. Le pire, c'est de rater la merveille par peur ou paresse...
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Avec le petit écran, l'horreur elle-même devient digestible et n'est plus mandatée à nous surprendre [...]. La télévision est le meilleur antidote au pouvoir de mobilisation de ses propres images. Quand la catastrophe devient quotidienne, elle se transforme en fait divers"
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La promotion exorbitante de l’autre ne saurait dissimuler que la conscience tiers-mondiste était, avant tout, amoureuse de sa propre image ; elle détournait les traits les plus singuliers des cultures indigènes pour les ramasser, les comprimer dans le schéma qui lui convenait. On croyait se dépayser. On se projetait.

Bien entendu, il fallait abhorrer l’exotisme, habit somptueux dont l’Europe enrobait la misère abjecte de ses protégés, renvoyer les Loti, Malraux, Pearl Buck, Broomfield, Cendrars et autres Morand dans la cohorte stipendiée des agents du colonialisme. Ce que ne voit pas le militant, c’est que lui-même, sous couvert de rigueur et de scientificité, ne donne, avec ses ouvriers au travail, ses usines modèles, ses meetings de masse, ses tribunaux populaires, que dans le pittoresque d’opérette. Autrui devient pittoresque quand il n’est que l’illustration d’une doctrine, le moment d’un théorème, quand son altérité n’a plus le visage de la transcendance. C’est pourquoi il y eut, dès le début, dans l’idéologie tiers-mondiste, des pauvres rentables, c’est-à-dire appropriés à la théorie, et des pauvres improductifs dont le malheur ne rentrait pas dans notre cadre et ne méritait donc aucune considération.

Les cultures et les traditions spécifiques de chaque pays étaient donc négligées au profit de leur ligne politique, c’est-à-dire de ce qui les rapprochait de nous. De l’hindouisme, du confucianisme, de l’hispanité, de la négritude, on ne gardait que l’image terriblement appauvrie de quelques grèves, communiqués d’états-majors, comptes rendus de manifestations, performances économiques, comme si toute l’essence de ces nations se réduisait à des slogans et à des chiffres. Heureuse époque où le transfert d’espérances n’hésitait pas à descendre jusqu’aux détails les plus triviaux, où la moindre statistique sur l’élevage des porcs dans le Hounan, les rendements de riz à l’hectare dans le delta du Mekong, la récolte de canne à sucre à Cuba, procuraient aux Français de gauche des frissons proches du spasme. Et la dépréciation future de ces États transparaissait dès ce moment dans notre manque de curiosité réelle à leur égard. Hostile aux cultures traitées comme des survivances, retards de la conscience que la Révolution triomphante corrigerait, le militant tiers-mondiste donnait le pas aux structures socio-économiques. Il fallait faire fonctionner les vastes machines de l’analyse marxiste et traiter en quantité négligeable religions et folklore laissés en pâture aux ethnologues toujours soupçonnés de collusion avec les forces du passé.
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Le pire, c'est de rater la merveille par peur ou paresse et de rester claquemuré en soi, dans le provincialisme de son identité.
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La culpabilité, c'est ce qui reste quand on a tout épuisé.
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Ce livre ne propose pas la énième vision doloriste du Tiers-monde, n'invite pas aux larmes suspectes, aux apitoiements dédaigneux. Il tente, au contraire, une approche positive du Sud.
Entre la suffisance et la masochisme, j'ai voulu tracer la voie d'un "européo-centrisme paradoxal" qui porte les Occidentaux vers le dehors sans les contraindre à se renier.

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À l’automne 1492, lorsque au terme d’un voyage épuisant Christophe Colomb touche San Salvador des Bahamas, Cuba, puis Haïti, il est certain d’avoir retrouvé le paradis terrestre. Ayant lu dans l’Imago Mundi de Pierre d’Ailly que l’Éden devait se trouver dans une région tempérée au-delà de l’équateur, il s’extasie, dès son arrivée, sur tout ce qu’il voit. Les paysages qui s’offrent à lui, les richesses naturelles et, surtout, les premiers hommes qu’il rencontre suscitent son admiration éperdue : « Ils étaient tous très bien faits, très beaux de corps et très avenants de visage » (t. I, p. 61). « Ils vont nus, tels que leur mère les enfanta, les femmes comme les hommes » (t. I, p. 158). « Quant à la beauté, les Chrétiens disaient qu’il n’y avait pas de comparaison possible, aussi bien pour les hommes que pour les femmes » (t. I, p. 143), et cette splendeur physique s’étend par osmose au moral : « Ce sont les meilleurs gens du monde et les plus paisibles » (t. I, p. 146). « Je ne crois pas qu’il y ait au monde meilleurs hommes pas plus qu’il n’y a meilleures terres. »
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