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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ça commence vraiment très bien. On suit une femme qui a dépassé la soixantaine au volant de son van qui parcours les États-Unis dans tous les sens à la recherche d'un emploi saisonnier. Comme beaucoup d'autres personnes qui ont tout perdu lors de la crise des subprimes en 2008, et dont la retraite ne suffit pas pour vivre, elle végète pour quelques dollars de l'heure, soit en gardienne de camping, soit en saisonnier chez Amazon ou autre. On assiste au ballet de ces nouveaux laissés pour compte de la société. C'est l'illustration de la fin de l'American way of life, si c'était encore à démontrer. On pourrait faire une fois de plus le procès de l'idéologie capitaliste mais je ne suis pas sûr que ce soit utile tant la majeure partie de monde fonctionne encore sur ce modèle économique. Et de toute façon il n'y en a pas d'autres actuellement. Alors ces pauvres bougres se réunissent sur d'immenses terrains pour partager leurs déboires, leur misère, mais aussi leurs joies et leur plaisir de se retrouver. Cependant, je suis arrivé à peu près aux 2/3 du livre. Et j'y trouve énormément de redondances. La journaliste a réalisé une enquête exhaustive de ce phénomène de paupérisation mais qu'il est fastidieux parfois de suivre tant tout est très précis et déjà dit dans les pages précédentes. Cependant, à lire pour savoir.
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La journaliste et écrivaine américaine Jessica Bruder, qui s'intéresse depuis longtemps au monde du travail et aux «sous-cultures», a longtemps cru que les personnes âgées en camping-car qu'elle croisait étaient des retraités qui profitaient de leur temps libre pour voyager après des décennies de dur labeur, avant de découvrir qu'un grand nombre d'entre eux était sur les routes malgré eux.

Ils ont refait leurs calculs des dizaines, des centaines de fois, souvent tard dans la nuit, en proie aux insomnies. Après la crise financière de 2008, avec le coût élevé du logement et le niveau ridiculement bas des salaires, ils ont dû admettre que l'espoir d'une vie de classe moyenne s'était véritablement envolé. Ils ont dû quitter leur maison pour vivre dans une résidence sur roues après avoir perdu leur logement, toutes leurs économies et l'espoir d'une retraite méritée dans le sillage dévastateur de la crise.

Jessica Bruder a suivi pendant trois ans les traces de ces nouveaux nomades, s'installant finalement elle-même dans un mini-van et s'enrôlant comme eux, en tant que travailleur précaire pour la récolte des betteraves sucrières ou dans les entrepôts d'Amazon, expérience racontée dans ce livre publié en 2017, traduit de l'anglais par Nathalie Peronny pour les éditions Globe (février 2019).

Linda May, une grand-mère de soixante-quatre ans qui a élevée seule ses deux filles, pleine d'empathie et de courage malgré l'accumulation des problèmes, est emblématique de ces seniors (souvent des femmes) isolés sur les routes. Tout au long du livre, du camping de la forêt nationale de San Bernardino (Californie) aux entrepôts d'Amazon, Linda tente de survivre dans sa Jeep Grand Cherokee Laredo, en rêvant d'acquérir un terrain pour y construire sa maison utopique, une géonef, une maison à énergie solaire passive, bâtie à l'aide de matériaux de récupération.

"En 2010, bien avant d'entamer sa vie nomade, Linda May était seule le jour de Thanksgiving dans son mobile home à New River, Arizona. A soixante ans, elle n'avait ni électricité ni eau courante car cela lui coûtait trop cher. Elle ne trouvait pas de travail et ne touchait plus ses indemnités de chômage. La famille de sa fille aînée, chez qui elle avait vécu plusieurs années en enchaînant une série de boulots mal payés, venait d'emménager dans un appartement plus petit. Avec trois chambres à coucher pour six personnes, ils n'avaient plus de place pour l'accueillir. Elle était coincée là, dans son mobile home, privée de lumière et de perspectives."

Linda est l'une d'entre eux et ce qui frappe à la lecture de «Nomadland» est la diversité des niveaux d'étude et des trajectoires de vie de ces faux nomades américains, trajectoires si facilement fragilisées en l'absence d'un filet de protection sociale. Dans la détresse, leurs points communs sont un incroyable courage, leur lutte pour la dignité, pour ne pas être rabaissés au rang de râleurs ou de profiteurs, et leur volonté de refaire société, en créant une communauté d'entraide et d'astuces partagées, en cherchant à transformer leur situation de grande détresse en une vision de liberté, même mince, restes en lambeaux du mirage éventé du rêve américain.

Jessica Bruder souligne qu'il n'existe aucun chiffrage précis du nombre de nomades aux Etats-Unis, bête noire du démographe, mais grâce à son livre précis, juste, poignant, elle donne visages et voix à ces travailleurs itinérants, hobos motorisés sans la dimension romantique du mythe américain, qui sillonnent les états en quête d'un travail saisonnier : récolte des betteraves sucrières dans le Dakota du Nord ou des pommes dans l'état de Washington, gardiennage et entretien de campings dans les parcs nationaux, animation de stands en bord de route, détecteurs de fuite sur les gazoducs ou travailleurs saisonniers dans les entrepôts Amazon, etc.

Un fil rouge de ce livre est le programme tentaculaire de recrutement d'Amazon, CamperForce, pour recruter des travailleurs, la plupart du temps des seniors, pour travailler dans leurs sites logistiques (qui s'appellent, ironiquement, des « centres d'exécution ») pendant la période des fêtes de fin d'année. Les conditions y sont harassantes, rendues supportables uniquement par l'absorption de hautes doses d'antidouleurs.

"« C'est la première fois que j'effectue un travail d'ouvrière. Je le respecte bien plus qu'avant », m'a confié Linda Chesser, une ancienne conseillère académique de la Washington State University. Elle étendait pour qu'ils sèchent des tee-shirts près de la laverie du camping, vers la modeste bibliothèque où des fleurs sauvages poussent dans les trous d'un puzzle inachevé de mille pièces. Âgée de soixante-huit ans, elle remerciait chaque jour l'inventeur de l'ibuprofène : « J'en prends quatre avant de partir au boulot le matin et quatre en rentrant le soir. » Mais pour certains, l'ibuprofène ne suffisait pas. Karren Chamberlen, ancienne conductrice de bus âgée de soixante-huit ans et affublée de deux prothèses de hanche, m'a racontée qu'elle avait dû quitter CamperForce au bout de cinq semaines car ses genoux ne supportaient pas les heures de marche sur un sol en ciment. Lors d'une visite dans un autre campement Amazon (le Big Chief RV Park à Coffeyville), j'ai fait la connaissance de Kenny Harper, qui démissionnera peu de temps après. Plus tard, dans un mail, il m'a expliqué que son « rotateur gauche refusait de faire ce job ». D'autres travailleurs m'ont parlé de « doigt à ressaut », une pathologie du tendon liée notamment à l'usage répété de la scannette."

La précarité contamine tout dans la vie de ces nomades, embauchés comme travailleurs saisonniers ou journaliers, qui effectuent souvent des semaines de 40 heures ou bien davantage, pour des salaires horaires réels parfois aussi bas que 5$ et qui, entre deux contrats, cherchent refuge sur les derniers lieux gratuits de l'Amérique, les parkings.

Comme Christian Garcin l'avait fait sous forme romanesque pour une poignée d'humains rejetés par les courants contraires aux marges de la société dans «Les oiseaux morts de l'Amérique» (Actes Sud, 2018), comme Florence Aubenas dans son enquête «Le quai de Ouistreham» (L'Olivier, 2010), Jessica Bruder rend visible une classe d'oubliés que beaucoup de villes américaines voudraient rendre invisibles, et démonte sans démonstration, grâce à ce journalisme d'immersion sensible et plein de tact, les mécanismes de la chute et de l'exploitation de ces individus fragiles pour lesquels le nomadisme apparaît comme le dernier recours.

"Les Apperley n'étaient pas les seuls membres de CamperForce à avoir vécu la saisie de leur bien immobilier. J'ai parlé avec des dizaines de travailleurs-campeurs au Nevada, au Kansas et dans le Kentucky. Tous avaient eu de gros problèmes d'argent. J'avais parfois l'impression de me rendre dans des camps de réfugiés de la récession, des lieux de la dernière chance où échouaient les citoyens américains ostracisés du marché traditionnel du travail par la fameuse « reprise sans emploi ». A d'autres moments, j'avais l'impression de m'adresser à des prisonniers, au point que j'étais presque tentée de couper court aux amabilités d'usage pour leur demander carrément : « Et vous, vous êtes tombés pour quoi ? »"

Retrouvez cette note de lecture et et beaucoup d'autres sur le blog Charybde 27 ici :
https://charybde2.wordpress.com/2019/03/06/note-de-lecture-nomadland-jessica-bruder/
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Dans Nomadland, Jessica Bruder dresse le panorama d'une nouvelle middle-class américaine poussée par la crise de 2008 à devenir nomade pour subsister. Maisons vendues au mieux, saisies par les banques au pire, avec une retraite bien maigre en poche lorsqu'ils sont retraités – ce qui est le cas de la majorité de cette population -, il ne reste qu'à se procurer une maison sur roues – van, caravane, voiture… - et de suivre les routes du pays pour trouver du travail saisonnier selon les états qui en éprouvent la nécessité. Ces nouveaux Okies – terme à l'époque péjoratif faisant référence à tous les fermiers de l'Oklahoma partis chercher du travail en Californie après la crise de 29, symbolisés magistralement par Les raisins de la colère de Steinbeck – font notamment la manne d'Amazon, qui y trouve une main d'oeuvre bon marché, corvéable à merci, qui n'hésite pas à travailler des heures durant sans pause. Ils font aussi la manne de toutes sortes d'activités saisonnières dans les parcs d'attraction, les campings… dans lesquels ils travaillent également beaucoup pour peu.

Partant de témoignages et de rencontres faites sur le terrain, la journaliste va finir par s'immerger pleinement dans ce monde en devenant elle-même nomade, avec l'achat d'un van, Halen, et en allant éprouver les conditions de travail de ses compagnons de route chez Amazon – elle n'y restera pas longtemps. Nomadisme à relativiser certes, puisqu'éphémère dans son cas, et choisi dans le cadre de son reportage – qui durera malgré tout 3 ans – , mais nomadisme qui lui permet de vraiment se faire accepter par ces hobos 2.0. En effet, ce qui est au départ contrainte pour nombre d'entre eux devient nouvelle vie acceptée comme telle, où la solidarité, l'entraide, l'amitié entre travellers proposent une nouvelle conception du monde, plus proche de l'Homme que de l'Objet, devenu prioritaire dans son existence ultracapitaliste – paradoxalement, c'est chez Amazon que les travellers se feront le plus d'argent… A l'image de Linda May, 69 ans, au coeur de toute l'enquête de Jessica Bruder, symbole de ces nouveaux voyageurs qui repensent toute leur vie d'abord pour subsister puis, quand ils y parviennent, pour vivre mieux.

J'avais bien conscience de tout ce qui est évoqué dans ce récit, mais sa lecture n'en a pas moins été édifiante et riche en enseignements. C'est un véritable reportage au long cours, en immersion totale, comme je les apprécie.
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Un voyage, quasi-initiatique, dans le monde des travailleurs et travailleuses précaires, aux États-Unis, des personnes souvent âgées qui vivent dans leur camion (chacun d'eux a son petit nom), de camping en terrain vague, d'emplois saisonniers dans l'agriculture, aux travaux de manutention chez A***on en période de Noël. le livre s'intéresse à plusieurs aspects de ces vies précaires : leurs conditions de travail, la vie sur la route, la formidable solidarité et la chaleur humaine des amitiés qui se nouent , mais aussi la dimension sociale. Comment des personnes de la classe moyenne ont-elles pu être privées de leur retraite, après une vie de labeur et des carrières parfois brillantes, par des spéculateurs ? C'est poignant, souvent touchant, parfois drôle, mais aussi glaçant.
Très bonne traduction de Nathalie Peronny.
Challenge USA : un livre, un État (Arizona)
LC thématique de juillet 2021 : ''En voyage''
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"Nomadland" est une enquête passionnante qui dévoile un pan de la société américaine que je ne connaissais pas: celui des travailleurs, souvent âgés, chassés de leur logement par la crise des subprimes, se retrouvant sur la route, dans leurs vans, à la recherche de petits boulots pour tenter de joindre les deux bouts.

L'auteur va partager le quotidien de ces travailleurs, adopter leur style de vie (achat d'un van, travail dans l'industrie betteravière ou chez le mastodonte de la vente en ligne) pour mieux s'imprégner des récits et parcours qui lui sont confiés. Il n'y a pas de misérabilisme dans son retour, mais au contraire beaucoup d'empathie et d'humanité. On y découvre un monde plein de solidarité et d'entraide, peuplés de gens simples et attachants.

Il se confirme ainsi, au travers de ce témoignage, que les États-Unis constituent une société d'immense contraste, entre une minorité ultra riche et ceux qui doivent vivre de façon nomade faute de pouvoir assumer un loyer. Cette enquête ouvre aussi les yeux sur l'exploitation de ces travailleurs par certaines entreprises (inutile de citer des noms, vous savez de qui on parle...).

Je ressors en tout cas de cette lecture assez admiratif vis à vis de ces personnes côtoyées lors de cette enquête. Des gens qui, pour la plupart, se pensaient, avant la crise, à l'abri sur le plan financier, et qui ne se lamentent aujourd"hui pas, mais cherchent à aller de l'avant et à réaliser leurs modestes projets (comme Linda et son rêve de construire une géonef). Franchement, voici un récit qui nous fait réfléchir et nous incite à toujours faire preuve d'humilité ...

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Une gifle. Les seniors de la classe moyenne aux USA ont de plus en plus de mal à s'en sortir et ont , pour certains des fins de vie plutôt mouvementées. Lorsque l'on sait que la France à plus ou moins dix ans de retard sur les US, ça laisse songeur et n'augure rien de bon.... Un livre à lire, Jessica Bruder y livre un regard sans concession, bouleversant parfois mais qui reste très humain dans son approche. Beau livre.
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Un livre à lire absolument. La journaliste s'est totalement immergée dans le monde des travailleurs retraités pauvres états-uniens.
De retour d'une quinzaine de jours de road trip en Californie j'avais été étonné par ces campings car géants tirés par des pick-us énormes. j'avais discuté avec 2 retraités sur un parking, ils m'avaient raconté qu'ils avaient vendu leur maison et depuis parcouraient le pays. Je n'ai pas réussi à savoir si c'était pour chercher des petits boulots ou simplement se balader.
Du coup en rentrant je suis tombé sur la critique de Nomadland parue dans Télérama est ai voulu en savoir plus. Et bien je ne l'ai regretté. Passionnante chronique de l'ultra libéralisme aux USA (et bientôt chez nous grâce à notre président ultra-libéral).
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"Il y a toujours eu des itinérants, des vagabonds, des bourlingueurs, des âmes errantes incapable de tenir en place. Mais aujourd'hui, au vingt et unième siècle, on assiste à l'émergence d'une nouvelle tribu de voyageurs. Des gens qui n'auraient jamais pensé devenir nomades un jour se retrouvent bien malgré eux sur la route. Ils sont obligés de quitter leur maison ou appartement pour vivre dans ce que certains appellent des "résidences sur roues" : vans, campings-cars d'occasion, ; bus scolaires, campers 4 X 4, mobile homes et même bonnes vieilles berlines. "

Alors qu'ils ont atteint ou dépassé l'âge de leur retraite, ils n'ont plus rien n'ont plus rien ou presque. Touchés de plein fouet par la crise financière de 2008 aux Etats-Unis, ces hommes et ces femmes sont sans adresse fixe. Ils passent leur temps à sillonner le pays à la recherche de boulots temporaires dans des campings ou des entrepôts géants (et les avantages pour les employeurs sont nombreux).

La journaliste Jessica Bruder s'est intéressée à ces travailleurs nomades. Durant trois ans, elle a côtoyé Linda et bien d'autres qui sont devenus nomades par contrainte. Une petite pension, des économies envolées et quelquefois un accident de la vie les a fait basculer dans la précarité.
Avec les difficultés qu'ils rencontrent, ils sont les rois de la débrouille, ils échangent des bons plans sur des forums dédiés (où avoir du Wifi gratuitement où comment se doucher à moindre coup par exemple) et la solidarité entre eux n'est pas un vain mot. Jessica Bruder aurait pu se contenter de les rencontrer mais elle a partagé avec eux plusieurs mois en immersion totale avec un travail éreintant dans des conditions de vie spartiates.

Cette lecture se révèle édifiante et très intéressante car Jessica Bruder a creusé le sujet mais j'aurais préféré cependant un livre un petit plus resserré (je chipote un peu).
Si on est bien loin du rêve américain, ces travailleurs nomades gardent malgré tout l'espoir de jours meilleurs et gardent la tête haute. Pétillante avec un optimisme à toute épreuve, Linda en est bien la preuve.
A lire incontestablement !
Lien : https://claraetlesmots.blogs..
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Jessica est journaliste. Pendant trois ans, elle va mener une enquête sur les wandwellers, ces hommes et ces femmes qui lors de la crise de 2008 aux États-Unis ont tout quitté pour partir dur les routes. Principalement retraités, ils n'ont pas assez pour subsister. Ils partent alors sillonner le pays à bord d'un camping-car aménagé pour gagner quelques sous en effectuant les boulots les plus ardus.

J'avais beaucoup aimé le film, mené par une Frances Mcdormand exceptionnelle. J'étais donc ravie de recevoir ce livre, gagné lors d'un concours. Bien qu'adapté pour la version cinématographique ( le personnage de Fern a été créé pour et n'est pas un documentaire comme le livre) on retrouve bien les innombrables situations professionnelles des différents protagonistes.

Ce livre est tout simplement bouleversant. On ne peut qu'être ému par les différentes personnes rencontrées, par leurs situations, le fait qu'à leur âge avancé elles doivent travailler dans des situations impossibles pour une poignée de cacahuètes. Des heures comme forçat chez Amazon, pour la recolte de betteraves, comme gestionnaire de camping....

Mais on retrouve également la solidarité entre elles, l'entraide et le partage et égalementla soif de liberté. D'ailleurs ce livre ce termine sur une note positive, ce que j'ai beaucoup apprécié. Aucun pathos mais de vraies personnes qui ne se complaisent pas dans leur détresse et font preuve d'un courage hors norme.


https://www.instagram.com/un_hibou_dans_la_bibliotheque/

https://www.facebook.com/unhiboudanslabibliotheque
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Tu sais minou je viens de lire un livre qui fait relativiser quand même pas mal si tu veux tout savoir et j'ai un peu hésité à en parler bicause il sort qu'au mois de février et qu'en un mois t'as carrément le temps d'oublier c'que je t'avais conseillé de lire hein ouais ? même moi j'oublie faut pas que t'ai peur de dire on fait tous ça c'est la vie.

T'en fais donc pas trop de toute façon y aura une piqûre de rappel grâce aux petits potes d'Unwalkers qui sont des gars en or comme j'ai déjà pu te le dire même si t'avais pas besoin de moi pour t'en rendre compte.

D'ailleurs le livre il s'appelle Nomadland et quand j'ai lu l'histoire de tous ces petits retraités j'm'attendais pas du tout à ça. D'abord parce que moi je connais que des travellers qui font des petits boulots et enchaînent les saisons pour vivre leur liberté sur la route mais qu'ont genre mon âge et tout.

Bin aux États-Unis, pour fucker la crise comme il se doit y'a plein de soissantenaires et plus (putain j'ai fait exprès d'écrire comme ça commence pas à me reprendre hein) qu'ont décidé de virer la putain de chaîne qui nous met des pressions monstres (quitte à courber l'échine tout sourire même devant les entreprises les plus raclo qu'existent humainement parlant) ; payer son loyer.

En gros tu suis en partie l'aventure de Linda May qui a genre soixante deux ans (là j'ai bien écris ça va tu respire ?) au début de l'aventure et qui a pour projet (mec ch'pensais que les projets ça naissait à 30 piges et que ça s'arrêtait après trop d'échecs dans ta vie quoi, enfin) de construire un géonef.

En fait la dame c'est trop un héros, c'est genre une statistique dans le monde économique tu sais, elle a subi la crise et tout, pu de sous, se retrouver d'une situation confortable à un truc où t'as juste envie de te coller une balle parce que t'appartiens plus à la « société ». Bah elle rien à carrer.

La meuf se reprend en main et décide d'habiter dans sa bagnole. Et pour financer son projet elle décide de profiter de gens qui profitent d'elle aussi. Et comme par hasard sur qui on tombe ? Ama-putain-de-zon. Bah ouais ma gueule un vieux ça se plaint pas de son travail, ça bosse lentement mais correctement donc au final c'est super productif pour faire de l'inventaire 10h par jour payé 9$ de l'heure. Alors forcément t'as toute une partie sur les conditions de travail chez Amazon et des entreprises (genre CampWorkers que je connaissais pas) qui recrutent directement des gens en leur proposant une place de camping et pendant ce temps là tu bosses pour eux.

Outre le bordel éthique que ça représente pour moi (fuir le consumérisme pour se retrouver à bosser chez la pire des chiottes possibles), j'ai juste ressenti beaucoup de tendresse et j'crois qu'au fond j'ai commencé à comprendre que y'avait un truc que les anciens peuvent transmettre et qui pousse pas forcément à devenir réac ou raciste ou quoi.

C'est parsemé de petites techniques pour apprendre à vivre en van (enfin plus des anecdotes que des techniques, mais n'empêche y'a des trucs t'aurais jamais su t'en sortir tout seul si on t'avait pas dit).

Les baby-boomers sont-ils la solution à la morosité et à la dépression ambiante ? Bah certains, comme la petite bande de Linda May et de leur mise en valeur par la journaliste Jessica Bruder le sont, oui.

C'est une putain d'ode à la vie, basée sur les envies de liberté, se libérer des pressions sociales, de confort (j'sais de quoi je parle je suis le premier à me jeter sur tout ce qu'attraie au confort et à la facilité) sans pour autant tomber dans le truc New Age gourou de merde. Ah et l'envie d'aller chier sur le paillasson du premier mec (ce sera forcément un mec, on est élevé pour ça) qui te dira que si tu veux t'adapter faudra fermer ta gueule et travailler pour "gagner" ta vie).

J'accueille ce livre avec une putain de place dans ma bibli, j'sais pas ce que toi tu feras mais je sais déjà que j'ai pas mal de travellers dans mes contacts que ça va titiller. Pour le reste putain ouvrez le n'importe où lisez trois pages et vous allez voir que votre coeur vacille entre une envie de dégueuler sur ces putains de cols blancs ou d'embrasser la première personne aux cheveux gris que vous allez croiser la prochaine fois que vous ferez du camping.

J'me taille (et même si j'ai pas les couilles de la prendre ma liberté, t'inquiètes que ça a laissé une emprunte bien visible dans la case "socialement inadapté").

(et prenez des bouquins de chez Éditions Globe, c'est que des trucs de journalistes et bordel, bordel).
Lien : https://www.instagram.com/lo..
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