Le feu est là, il a la puissance du destin. Sur ce monde tout lui est promis. Polygame meurtrier, il épousera indifféremment hommes et choses. Son appétit réconciliateur est conçu pour abolir les limites et les classifications abusives, pour donner à l'animé et à l'inanimé une seule et même fonction nutritive. Le feu fait l'unité. Il aime ça.
Le feu s'ébroue, boule de lumière aux prolongements aciculaires, hérisson de chaleur qui apprend à faire le gros dos.Les flammes ne crépitent pas encore , elles ont des grignotements de dentier dévorant des gaufrettes,de piétinements d'insectes montant à l'assaut d'une feuille de papier. Cela bruit comme une charge de cafards fouaillant une étendue de limaille.
Elle se couche et ouvre les cuisses en V, jambes levées au plafond parce que cette position lui semble d'extrême vulgarité et qu'elle aime dans l'amour devenir cible offerte. David s'agenouille, s'abat... Maude crie sans pudeur. Elle sait se faire grossière dans a joute, haleter sa gourmandise en la ponctuant d'invites obsènes dont elle a généralement honte une fois la fièvre retombée. Elle se veut femelle et bestiale, primitive préoccupée de satisfactions primordiales. Crier, suer, déborder, se répandre, oublier le vernis de la civilisation... Elle goûte par-dessus tout ce trajet à rebours, ce décapage mental qui ramène à l'animal.
- On reviendra demain avec de la neige carbonique, jette-t-il à la cantonade, ce soir il y aura encore des plaintes pour inondation. Au moins avec l'anhydride on n'a pas les comités de quartier sur le dos !
Mais personne ne répond. Sur Pyrania, la neige carbonique ne provoque ni soufflage de la flamme ni refroidissement de l'air. L'arsenal classique de la caserne n'est pas plus efficace qu'un extincteur sur une éruption volcanique.