Plutôt la loi des hommes que celle de la Norme,
L’amour, plutôt que la haine ou le mépris,
Plutôt la main tendue que l’épée brandie.
De toutes nos forces s’opposer à ceux qui détruisent;
Jurer de mourir,
Plutôt que de trahir.
Alors, j’ai une question à vous poser.
Qui sommes-nous, pour décider de ce qui est normal ou pas? Qui sommes-nous pour décider qui doit vivre dans notre société, et qui ne le doit pas? Et sous quel prétexte?
Il n'y a pas de bonne cause ou de mauvaise cause, il n'y a que des causes auxquelles on croit, ou pas.
- J'aime ça comme la colique..., maugrée Akou. J'vous préviens que si ça sent le démon, j'me carapate tout de suite !
Qui sommes-nous, pour décider de ce qui est normal ou pas ? Qui sommes-nous pour décider qui doit vivre dans notre société, et qui ne le doit pas ? Et sous quel prétexte ? Et il y a autre chose encore. Si nous poursuivons dans cette voie, qui nous garantit que demain, la Police de la Norme ne viendra pas chercher les veuves éplorées coupables d’avoir perdu leur mari, les gauchers, ceux à la vision trop basse, les vieux ou les femmes et les hommes aux cheveux roux ?
Grand, à peine plus vieux que lui, il porte une simple salopette qui laisse voir sa poitrine et ses bras musculeux. une épaisse crinière rousse lui mange la moitié du visage et vole au grès de ses pas de danse. Son œil droit brille sous les reflets du brasier et sa figure tout entière irradie d’une joie païenne.
En ce onze septembre mille huit cent huit, la nouvelle loi relative à la stabilité de l’Empire ordonne :
– Que soit créé la Police de la Norme
– Que cette Police de la Norme arrête toute personne coupable de difformité physique ou mentale, de toute maladie de même nature ainsi que de toute conduite ou mœurs contraire à la Nature.
– Que tout citoyen permettant la découverte d’un individu présentant des troubles d’anormalité soit récompensé d’un quart d’once d’or.
Ô toi qui brille seul, et parfois vacille,
N'oublie jamais :
Les petites flammes forment les grands feux
Qui repoussent l'obscurité...
Romain ne bouge pas, hypnotisé par les dizaines d'hommes, de femmes et d'enfants qui s'entassent, blonds, bruns, ou chauves, le visage marqué par la fatigue, la maladie ou la faim, parfois les trois. Sous les haillons crasseux ou les riches vêtements défraîchis par le temps, il devine des bosses, des membres difformes, absents ou amputés...
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise cause, il n’y a que des causes auxquelles on croit, ou pas. Les traîtres peuvent être partout. Peut-être même à la Cour des Miracles…