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EAN : 9791097434229
368 pages
Lynks Editions (10/01/2019)
4.01/5   89 notes
Résumé :
Romain fuit chaque nuit sa demeure bourgeoise et confortable pour rejoindre la Cour des Miracles où vivent les anormaux - fous, difformes, obèses, et autres parias parqués là par les Lois de l'Eglise. Le soir de ses quinze ans, il découvre qu'un terrible complot vise les habitants de la Cour. Des coupe-gorges de Mouffetard aux ruines de Notre-Dame, il devra compter sur son ami Ambroise, sur Joséphine, Lion et Akou, pour lever le voile sur la conjuration et échapper ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (56) Voir plus Ajouter une critique
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Une ode à la différence et à l'acceptation de soi malgré le regard des autres.

Livre découvert lors d'une masse critique de l'an dernier et acheté en format poche lors d'un récent passage en librairie. Je trouve la couverture de celui-ci beaucoup plus jolie que l'édition d'origine. Je ne suis pas adepte des titres à rallonge mais le résumé m'avait intrigué. Je ne connais pas du tout cet auteur.

On y découvre un Paris du 19ème siècle bien différent du nôtre où tous les anormaux (handicapés, obèses, voyants, homosexuels, …) sont écartés de la société et vivent reclus sur l'île de la cathédrale. Notre personnage principal est un jeune homme de 15 ans, fils de bonne famille, qui court les rues le soir quand tout le monde dort. Quel secret cache-t-il ? le langage des anormaux est très original, bourré d'argot. le style de l'auteur est très agréable, très visuel dans ce Paris d'un autre âge et en même temps pas du tout ennuyeux. J'ai suivi assez rapidement les pas de Romain avec beaucoup de curiosité et de plaisir. Il n'a pas froid aux yeux malgré son statut et sa jeunesse. On n'a pas vraiment le temps de s'ennuyer avec Romain et ses amis, il y a quelques moments de calme mais le reste va à 100 à l'heure. J'étais tellement dans l'histoire que j'en avais le coeur qui battait au même rythme. À cause de la fatigue, je n'ai pas réussi à le lire aussi vite que je l'aurais voulu mais je n'ai pas perdu le fil de l'histoire et j'avais toujours hâte d'y retrouver Romain, Lion et les autres.

Comme vous l'aurez compris, j'ai eu un gros coup de coeur pour cet univers désenchanté mais tellement extraordinaire par sa diversité et son sujet original traité avec brio. On peut tirer bien des enseignements de cette histoire mais également des jugements sur notre propre histoire. Son style est fluide et très agréable malgré le parler de la Cour des Miracles. Dans le contexte, il est facilement compréhensible sinon il y a un lexique à la fin du roman. Je vous conseille donc très fortement de découvrir ce one-shot au sujet original et son auteur. Pour ma part, il s'agit d'un nouvel auteur français à suivre.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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David Bry avait déjà vu son roman Que passe l'hiver passer en poche chez Pocket en 2019 ; son huitième roman sorti d'abord chez Lynks en 2018 bénéficie, deux ans plus tard, du même traitement, c'est donc une nouvelle occasion de découvrir le Garçon et la ville qui ne souriait plus !

Les Misérables uchroniques
Derrière ce titre à rallonge, se cache une intrigue destinée à tous les âges. Nous suivons ici Romain qui navigue entre deux eaux : fils du riche préfet de police et d'une héritière désargentée, et donc très en vue dans les familles les plus notables de l'aristocratie parisienne, mais toujours curieux des autres, surtout s'ils sont légèrement reclus à cause de la police parisienne. Sur l'île centrale de la ville, sont réunis contre leur gré des « anormaux », ceux mis en marge de la société parisienne ; Romain s'interroge sur le bien-fondé de cet amalgame appelé la « Cour des Miracles ». Il va leur rendre visite, se rapproche de l'un d'eux, apprend à les connaître, même de loin. Or, par hasard, il apprend que le pouvoir en place compte réduire à néant cette Cour des marginaux. La révolte gronde et Romain a la possibilité de faire plus que d'assister aux hostilités.

Injustice et discriminations
David Bry met en scène dans ce roman un Paris uchronique du milieu de l'ère industrielle, mais transformé par l'arrivée au pouvoir d'empereurs autocrates. La dynastie des Nicéphore semble être l'équivalent des Napoléon Bonaparte et s'est alliée à l'Église pour édicter les Lois de la Norme. Celles-ci exigent de mettre de côté les « anormaux », ceux qui sont considérés comme en marge de la société. Nains, homosexuels, handicapés… toute « anormalité » est vite mise de côté et reléguée sur l'île de la Cité. Cette société est volontairement discriminante et chaque début de chapitre propose une étape historique pour comprendre comment on en est arrivé à cette situation. Mise en place de la police de la Norme, mise au ban de certains métiers comme les cartomanciens, des rapports de police… de quoi mettre en contexte l'intrigue et expliquer cette société discriminante. Cela reste assez rapidement brossé, mais la contextualisation est intéressante.

Récit initiatique à destination de tous
Sans que ce soit véritablement indiqué, le Garçon et la ville qui ne souriait plus a tous les codes de la littérature jeunesse, mais est un livre tout public. le héros est adolescent, il est entouré de personnes de son âge et découvre la vie, l'amour comme la politique. L'intrigue est avant tout un enchaînement d'épreuves qui va lui servir de révélateur, pour pouvoir s'affirmer face à son entourage familial et aux autorités. Toute de même, cela va un peu plus loin, car Romain a une position transverse dans cette société. Il peut être vu comme un traître à sa classe ; son ami Ambroise le soutient dans sa contestation de l'embourgeoisement de sa famille, mais Lion le relie aux classes populaires par un tout autre attachement. Ce sont ces liens qui font vraiment le sel du roman.

Le Garçon et la ville qui ne souriait plus est donc une surprise agréable à la lecture, alerte et engagée, qui s'adresse à tous les publics et donne envie de lire davantage de David Bry.
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David Bry est un auteur que j'ai découvert à travers « Que passe l'hiver », un roman dont l'ambiance m'avait séduite, mais où j'étais finalement ressortie mitigée à cause de la quantité impressionnante de personnages. Avec « le Garçon et la ville qui ne souriait plus », j'espérais ne pas être encore une fois perdue. Heureusement, ce ne fut pas le cas ! David Bry a parfaitement su distiller les informations de son univers, faire découvrir les différents protagonistes et installer son intrigue remplie d'action. L'ensemble est fluide, compréhensible et agréable à lire. D'ailleurs, il n'a pas fallu longtemps pour que je rentre dans l'histoire ! Dès les premiers chapitres, j'ai été sous le charme de cette uchronie se déroulant dans un Paris du XIXème où tout est malheureusement uniformisé. En effet, le peuple parisien doit se soumettre à la loi de l'Église : toute personne jugée comme ayant une difformité physique (nanisme, bossu, peau foncée, handicap, etc.) ou mentale (homosexualité, folie, etc.) est considérée comme contre-nature et donc punissable par la loi. Ces « monstres de la société » sont contraints de vivre isolés de tous, sur une île portant le nom de la Cour des Miracles… le concept est original et n'est pas sans rappeler l'actualité où il est plus que jamais question de tolérance, de différence et de liberté. L'ouvrage pousse donc à la réflexion…

On va suivre les péripéties de Romain, un jeune bourgeois ayant un lourd secret. L'adolescent m'a paru très ingénu cependant, il s'est révélé être courageux, déterminé, brave, gentil et loyal. Il n'a malheureusement pas un quotidien très agréable, notamment à cause de sa famille. Soeur en retrait, père absent, mère terrible et directive, majordome le rossant souvent, … Malgré son statut aisé, le pauvre n'a pas les conditions idéales pour être heureux ! le seul à le comprendre est son ami Ambroise, avec qui il réalise souvent des escapades nocturnes. Pourtant, Ambroise ne sait pas tout : il ignore que son compagnon se rend régulièrement sur l'île afin de voir les anormaux. L'entourage du héros m'a semblé intéressant toutefois, je regrette qu'on en sache peu sur eux, notamment sur la gent féminine, peu mise en avant dans l'intrigue. Dans la Cour des Miracles, Romain va faire la connaissance de plusieurs personnages hétéroclites comme Lion (un beau rouquin à l'oeil difforme), Akou (son frère à la peau noire), Zacharie (un bambin à la peau tachetée et qui zozote) et bien d'autres. Il y a là une très belle galerie de personnages secondaires variés, attachants et touchants ! J'aurais d'ailleurs adoré qu'on les développe davantage. On reste trop en surface. Toutefois, cet ouvrage est à destination d'un public adolescent. L'auteur a donné de la consistance à tout ce petit monde, mais a davantage mis l'accent sur le rythme de son intrigue. C'est un choix compréhensible même si, je le reconnais, j'aurais adoré un peu plus de profondeur que ce soit pour le monde ou les protagonistes y évoluant.

Complots, mystères, menace mortelle, … En plus de proposer une aventure haletante et sans temps morts qui rappelle les romans de cape et d'épée, David Bry a offert de beaux messages, notamment ceux de la tolérance, de l'acceptation de l'autre, de l'ouverture d'esprit, de l'altruisme et de l'entraide. le tout est accompagné de chouettes petites illustrations ainsi que d'informations annexes (rapports de police, extraits de journaux, textes de loi, lettres, etc.). On notera également la présence d'argot : crever l'oeil au diable (vaincre les difficultés), fagoter (travailler sans goût), gigot (bravo), ronflant (impressionnant), se manger le coeur (s'inquiéter), etc. Il s'agit principalement d'argot parisien de l'époque ainsi que des expressions inventées par l'auteur. le tout est assez dépaysant et parfois difficile à comprendre cependant, cela a son charme ! On finit par s'y faire (et si ce n'est pas le cas, il y a plusieurs pages de lexique en fin d'ouvrage).

Ce livre romanesque à la sublime couverture m'a enchantée ! Ce fut une belle ode à la différence. Merci aux éditions Pocket pour cette découverte que je recommande aux jeunes lecteurs et aux adeptes de l'imaginaire n'ayant rien contre les héros adolescents.
Lien : https://lespagesquitournent...
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Je remercie les éditions Lynks pour l'envoi de ce livre ! C'était une des sorties que j'attendais le plus de ce début d'année, ayant adoré Que passe l'hiver du même auteur. Et il s'est fait attendre ce colis (c'était une super belle box avec deux posters, une clé et un livret en plus du livre ❤ ), puisque la poste l'avait égaré, puis miraculeusement retrouvé ! Je n'ai jamais été aussi contente de voir mon facteur arriver avec cette box 😀 Bien que ce livre soit assez volumineux, je l'ai dévoré !

Romain fait partie de la haute société de Paris, mais ne s'y sent pas à sa place. Tous les soirs, il s'échappe par sa fenêtre et plonge dans le fleuve pour aller observer les soirées festives de la Cour des Miracles. Cet endroit, situé sur l'île de la Cité (où se trouve Notre-Dame de Paris), regroupe tout ce que la ville abrite d' »anormaux », ces personnes rejetées pour leurs physiques différents, esprits jugés dérangés ou moeurs dépravées. Tout aurait pu continuer ainsi si Romain n'avait pas appris en écoutant aux portes du bureau de son père (chef de police) qu'un complot visait à détruire l'île, se débarrassant ainsi de ses habitants indésirables par la même occasion…

L'auteur nous décrit une société dans laquelle la différence n'a pas sa place, un monde régi par les lois de la Norme et la peur, qui dictent la bonne conduite à adopter, le physique à avoir et qui ne laissent aucune place à la liberté. Ordre et sécurité sont de rigueur. Notre protagoniste cache un secret qu'il ne peut révéler à personne – même pas à ses proches, ce qui lui pèse énormément – sous peine de se retrouver à son tour paria. Avec l'annonce du complot, il va devoir choisir entre sa famille, très stricte et conformiste mais qu'il aime et qu'il ne veut pas décevoir, et ce peuple à qui il s'identifie de plus en plus et qu'il apprend à connaître pour son plus grand plaisir. Un choix difficile entre qui il doit paraître être et qui il est véritablement.

Je trouve que l'auteur a construit de magnifiques personnages dans ce récit, des êtres à qui on s'accroche et qui nous touchent énormément, par leur vécu, mais aussi par leur courage et leur persévérance. Tous veulent sauver la Cour des Miracles et n'hésiteront pas à mettre leur vie en danger pour y parvenir et ainsi sauver les gens qu'ils aiment. Une véritable famille s'est formée sur l'île, sans lien de sang, mais unie par un attachement bien plus fort. Liés dans l'adversité et la misère, ils s'entraident pour survivre, partageant ensemble le butin du jour pour que chacun puisse manger.

Si j'ai aimé suivre Romain et partager avec lui ses aventures, c'est les personnages de Lion et Zacharie qui m'ont le plus touchée. Lion est un grand rouquin costaud avec une partie du visage déformée, qu'il cache sous ses mèches. Il est brave, courageux et défend avec ferveur ses amis. Zacharie est quant à lui un petit garçon avec des taches de vin qui sont apparues sur sa peau et un zozotement trop mignon. Abandonné par sa famille, il attend toujours désespérément sa maman, car il est sûr et certain qu'elle va venir le rechercher.

L'auteur fait parler ses personnages « anormaux » avec un parler particulier : celui de la Cour des Miracles (un lexique est disponible à la fin de l'ouvrage si besoin, mais je n'en ai presque jamais eu besoin pour ma part). Une langue à part qui donne un ton particulièrement familier et doux aux personnages qui la parlent.

Les valeurs mises en avant dans ce livre sont essentielles : refuser l'ordre établi quand il est injuste, exiger la liberté, avoir le droit d'être soi-même tout simplement. Vers la fin, plusieurs scènes m'ont mis la larme à l'oeil, tellement elles étaient touchantes, fortes en émotions. Quand enfin les injustices sont dénoncées, quand enfin les gens se lèvent pour défendre les laissés pour compte, même si c'est parfois en vain, cela fait tellement chaud au coeur.

Dernière chose, mais non des moindres, la mise en page du livre est top ! Chaque chapitre commence par un extrait de loi, de discours d'un officiel, d'une chanson populaire, qui nous plonge directement dans cette société atypique et son fonctionnement. À la fin de chaque partie se trouve l'illustration d'un objet déterminant dans le chapitre. Et cette couverture magnifique, on en parle aussi? Tout est fait pour vous attirer vers ce livre, et vous auriez bien raison de craquer, parce qu'il est vraiment super !

J'ai juste trouvé dommage que la partie de l'île plus dangereuse soit sous-utilisée. On l'évoque vaguement comme un endroit sordide regroupant les assassins, voleurs et autres truands mais on n'y met presque pas les pieds et ses habitants ne semblent pas vouloir s'impliquer dans le sauvetage de l'île, qui les concerne pourtant directement ! Autre petit élément, mais qui ne devrait pas déranger le lecteur qui a acheté le livre : j'ai reçu un petit livret avec une nouvelle de 4 pages, sorte d'épilogue à l'histoire. Je pense cependant que je n'ai eu qu'une seule des 5 parties (« à l'église Sainte-Mathilde »). Si des chroniqueurs qui ont reçu les autres parties sont intéressés par des échanges avec les parties que je n'ai pas, n'hésitez pas à me le dire en commentaire ! :p J'espère que la maison d'édition ou l'auteur rendront ces contenus accessibles à tous !

Une magnifique couverture qui cache un superbe roman plein de belles valeurs : courage, force de caractère, amitié, amour et bravoure. Des personnages super touchants à qui on s'accroche énormément. Une ode à la différence et contre les injustices qui régissent la société. À lire sans modération !
Lien : https://livraisonslitteraire..
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Tout d'abord, merci aux éditions Lynks et à Babelio pour la découverte de ce roman, dans le cadre d'une masse critique consacrée à la littérature jeunesse.

"Le Garçon et la Ville qui ne souriait plus" est un roman singulier, surprenant et dont je ressors un peu mitigée, frustrée. Sur ma faim en fait.

Nous sommes à Paris en 1858, sous l'empire mais pas celui de Napoléon III, non, celui d'un certain Nicéphore le IIIème. La France du roman n'est pas celle du Second Empire que nous connaissons, bien qu' on y retrouve certains points communs: le fossé entre grande bourgeoisie et bas peuple, bals splendides, tractations maritales, mélodies jouées au piano au coeur d'un salon feutré, argot gouailleur... Au jeu des différences, outre le nom de l'empereur, le pouvoir de la religion et le fonctionnement de la société. Dans la France du roman, un jour de novembre 1808 furent votées un ensemble de décisions pour garantir la stabilité, la sérénité du territoire. de ce terrible conciliabule politique influencé par un archevêque aussi fanatique qu'inquiétant naquit "la Police de la Norme" chargée de rechercher puis d'arrêter toute personne coupable de difformité physique ou mentale, de toute maladie de même nature ou de toute conduite contraire à la morale dominante. Traqués, arrêtés, parqués, c'est ainsi que tous les "anormaux" (les obèses, les boiteux, les homosexuels, les grands brûlés, les handicapés... la liste est d'une terrifiante longueur...) se retrouvent à la Cour des Miracles, sur l'île de la Cité et dans les ruines de Notre Dame de Paris.
Romain est le fils aîné du chef de la police et d'une aristocrate déchue. Il vit dans les beaux quartiers de la capitale et pourrait se contenter d'une existence dorée faite de brioches au petit déjeuners, de dîners mondains et d'un brillant mariage de convenance. Mais il a quinze ans et rêve de liberté et d'une autre vie. Il a quinze ans et sa vie l'ennuie tout autant que le chemin que les siens ont tracé pour lui. Et puis.. il y a ce que quelque chose ne lui, ce secret qui lui fait penser que lui aussi est un "anormal", un "indésirable" et il n'en peut plus de se cacher. C'est pour cela entre autre qu'avec son meilleur ami Ambroise, il aime à faire le mur pour aller apprendre la savate à Montmartre, boire dans un cabaret louche de la rue Mouffetard et surtout se rendre à la Cour des Miracles qui l'attire comme un aimant.
Un soir Romain découvre presque par hasard qu'un gigantesque complot menace la Cour des Miracles et la vie de ses habitants. L'adolescent décide alors de tout faire pour les sauver, quitte à rompre avec les siens. Il entraîne dans son sillage Ambroise mais aussi ses nouveaux amis de la cour: Lion, Akou, Joséphine... Mais le chemin vers la lumière sera long et semé d'embûches: qui croire? Comment lutter contre une conjuration qui prend racine dans les plus hautes sphères du pouvoir? Qui sont les lames noires qui n'hésitent pas à tuer au nom de la religion? Comment mettre fin à cinquante d'intolérance et de peur?

Il y a du bon, voire du très bon, dans ce roman et du moins bon.
Le bon, c'est l'univers né de la plume de David Bry: garder les caractéristiques de notre Second Empire tout en lui conférant une dimension complètement nouvelle avec la Police de la Norme, le ghetto d'indésirables... Je sais que le terme "dystopie" sert le plus souvent (toujours?) à qualifier une oeuvre qui décrit une société future et imaginaire qui empêche ses membres d'être heureux et qui veux mettre en garde contre les dangers des idéologies dominantes, mais ce mot me semble approprié pour "Le Garçon et la Ville qui ne souriait plus", sauf que nous voilà dans une "dystopie du passé"... C'est très bien pensé, on est proche de la fascination mais c'est aussi là que le bât blesse: on voudrait en savoir plus. Cet aspect du roman aurait mérité d'être développé, approfondi. L'auteur passe souvent trop vite sur ce cadre, ce qui l'a amené, sur le pourquoi du comment... L'idée était si géniale... c'est dommage de ne pas l'exploiter à fond...
Le bon, c'est aussi la sensibilité de l'écriture qui sait très bien rendre les tourments et les questionnements de Romain, joli personnage tout en finesse et en sensibilité.
Le bon, ce sont aussi d'attachants personnages secondaires (j'ai personnellement un faible pour Roderic de Sens).
Le bon, c'est encore l'idée d'avoir mis au début de chaque chapitre des extraits de chansons, de journaux intimes de personnages, de textes de lois relatifs au monde décrit et qui tente de se déployer dans le roman.
Le bon, c'est enfin ce XIX°siècle bien dépeint qui rappelle Eugène Sue avec sa profusion de personnages atypiques et gouailleurs au parler argotique savoureux, qui rappelle aussi parfois le Gavroche de Hugo ou sa Cour des Miracles.
Au registre des points négatifs, il y a ce manque de profondeur que j'ai tant regretté, qui m'a tant frustré et dont j'ai parlé plus haut. Pourquoi? Comment en sont-ils arrivés là?
Il y a aussi cette impression générale désagréable d'un roman qui va trop vite, beaucoup trop vite: tout arrive au bon moment et rapidement aux personnages. Même quand ces derniers sont en difficultés, ils s'en sortent trop bien trop rapidement... Cette sensation est particulièrement présente pour la fin du roman menée tambour battant, si bien qu'elle manque de vraisemblance parfois et d'explications.
Il y avait matière à écrire un chef d'oeuvre mais le tout donne l'impression d'avoir été bâclé... C'est d'autant plus regrettable que les idées étaient là et bien là, excellentes... Oui mais voilà... Un roman qui aurait mérité plus d'approfondissement, de labeur peut-être...
Pas un mauvais moment en somme, mais un moment gâché par cette impression et la frustration qui en découle.


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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
- Aimeriez-vous n'être entourés que de personnes complètement identiques à vous ? demande-t-il.
Romain et Ambroise secouent la tête en même temps.
- Ce serait terrifiant, acquiesce le prince. Il n'y aurait plus d'inconnu. Plus de surprise. Plus d'incertitudes. Plus rien pour nous déranger, nous changer. Nous n'aurions plus besoin de défendre nos avis : nous aurions tous les mêmes. Nous n'aurions même plus besoin d'avoir des avis, d'ailleurs ! Ce serait la fin de ce qui rend chacun de nous unique... et donc absolument indispensables aux autres.
Malgré son souffle court, il poursuit :
- Contrairement à certains penseurs de l’Église, je suis convaincu que la différence est justement le fondement de la société. Elle nous enrichit, nous ouvre, des horizons sans limites. Elle nous permet d'envisager plusieurs chemins, de les jauger et d'ensuite prendre le meilleur. Sans différence, la société stagne, n'évolue plus. C'est la mort assurée.
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- Je comprends pas qu'tu parles de chez toi comme l'enfer, continue le garçon à la peau d'ébène. T'as tout c'que nous on rêverait d'avoir. T'as un lit, des p'tits pains, des gens qui s'occupent de toi. T'as rien à voler pour le lendemain. Tu dors au chaud quand y caille ou quand le ciel y nous pisse dessus.
Romain se tourne et plonge ses yeux dans les siens.
- Tu as raison, Akou. Mais il me manque une chose. Une seule qui gâche toutes les autres, que vous avez et que moi je n'ai pas.
- Et c'est quoi, ce fameux trésor?
- La liberté.
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Tu es mon ami parce qu’avec toi, il n’y a pas de limite à ce qu’on peut vivre, à ce qu’on peut essayer d’être. Je comprends aujourd’hui pourquoi. Mais ça n’enlève rien. Au contraire. Ça t’ajoute le courage. Alors, pour tout ça, tu es et tu resteras mon ami. Quoi que tu sois.
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- Et mère ? Me pardonnera-t-elle ?
- Ne t'inquiète pas. L'amour pour un enfant se donne et ne se reprend jamais. Elle a juste besoin de temps.
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Je trouve qu’il y a quelque chose de fascinant dans cette diversité. […]
Aimeriez-vous n’être entourés que de personnes complètement identiques à vous ?
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Videos de David Bry (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de David Bry
A l'occasion de la 39ème éditions du Salon du livre et de la presse jeunesse 2023 à Montreuil, David Bry vous présente son ouvrage "Le roi des Sylphes" aux éditions Nathan Jeunesse.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2910689/david-bry-le-roi-des-sylphes
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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