Le roi des Sylphes

Je trouve la littérature jeunesse fascinante et extrêmement bien développée. Elle aborde des thématiques parfois très dures et elle le fait avec cohérence et intelligence. J'avais déjà eu de gros coups de coeur avec "Hugo de la nuit" de Bertrand Santini ou encore "Quelques minutes après minuit" de Patrick Ness. du coup j'ai eu envie de tester cette nouvelle fantastique de David Bry dont j'ai beaucoup aimé "La princesse au visage de nuit".

Ce que j'aime dans les récits de David Bry, c'est cette petite touche de poésie qu'on retrouve à chaque fois et la dureté dans le vécu de ses personnages, peu importe le genre.

Dans le Roi des Sylphes, un court livre jeunesse qui évoque la liberté et la fin d'une époque, l'histoire est emprunte de nostalgie, en accord avec les éléments naturels : la glace, le givre, la neige et le vent, sans parler de la froideur du château et de celle de ces elfes en déclin dont le monde disparaît peu à peu. Ça instaure aussitôt un climat très particulier, dénué de chaleur ou d'espoir.

Les descriptions sont belles, mais au-delà de quelques scènes de combats qui animent un peu le récit, l'histoire est par ailleurs assez peu palpitante. Les conséquences de la volonté d'Albe, ancienne amante de Joran, sont clairement prévisibles et aux amours contrariées de la jeunesse se mêlent les prémices d'une tragédie annoncée : celle d'un peuple dont la pérennité ne peut plus se passer de son alliance avec les hommes.

Mon seul regret c'est que ce soit si court parce qu'il y avait clairement matière à construire quelque chose de formidable en partant sur des thématiques fortes comme le sentiment d'appartenance à une communauté, le devoir, le désir d'émancipation, le pouvoir de la nature... Heureusement, je vais me rabattre sur "Que passe l'hiver" du même auteur, en espérant être moins frustrée... 😉

La collection Court toujours chez Nathan me plaît beaucoup. du coup, j'ai commandé trois autres nouvelles : "Il était ma légende" d'Estelle Faye, "Silent boy" de Gaël Aymon et "Les potos d'abord" de Rachel Corenblit, qui seront aussi bien pour moi que pour mon fils !

Le mode de la série : Un contexte fort et imprévisible, une situation passionnée, ado et l'un des premiers pas vers les tensions de la vie adulte.
Cette collection, " Court toujours", devrait intéresser les faibles lecteurs ados avec ce format court et ses situations du coeur familières.

Le jeune Galerne a 15 ans.
Sa mère, l'actuelle reine, craint qu'il n'atteigne pas sa maturation de roi des Sylphes.
Galerne est un métis et c'est la guerre entre les humains et les sylphes.
Pour récupérer et forcer l'héritage des pouvoirs sylphes, Galerne doit être mené au sanctuaire des Sylphes et renoncer à sa part humaine. le veut-il seulement?

C'est un récit initiatique où Galerne devra lutter contre cette obligation, contre les traditions qui rejettent les humains, contre son amour. Galerne n'est pas prèt à renoncer à tout pour la volonté du peuple, celle de sa mère et se renier,vivre sa propre aventure.
On le lit, sa mère a jadis, pour offrir à son trône un héritier, aussi renoncé à l'amour.

Un peu d'Héroïc Fantasy. Il nous sera offert ici sur un format court de partager l'univers des êtres de l'air, les Sylphes.
Pour mémo, certains le sauront déja, ces personnages feront partis d'une large cour mythique, grecque ou nordique, entourant et servant des divinités liées à leur éléments naturels : les Sylphes et Sylphides génies de l'air, les nymphes ou ondines créatures marines, les ménades et Satyres partisans des joies sylvestres, les salamandes esprits du feu.

L'auteur David Bry ne dérogera pas à la règle des récits de Fantasy, imaginant de nouveau un royaume en péril, une prophétie et un élu à porter à bout de bras vers son salut.
L'élu est déja choisi.
Et la pophétie évidente : il est le seul héritier, si il refuse, il n'y a plus de royaume.

L'aventure passée de la reine.
Nous aurons connaissance des inquiétudes de la reine des Sylphes, soucieuse de l'avenir de son peuple.
Les attaques des humains se multiplient, ils ne les craignent plus et s'aventurent de plus en plus près de leur repère.
Elle fera appel à une héroïne de son peuple pour venir en aide à son fils, quelqu'un qui aura pris ses distances avec la royauté, une ancienne compagne de la reine répudiée pour qu'elle assure la pérénité du règne.
Tout pèsera de nouveau dans la balance : - L'extinction du peuple et offrir un prince à son peuple.
Le prince aura enfin 15 ans et sa puberté le rendra prèt pour le fameux rituel express qui fera prédominer sa part sylphe.
Avec le métissage de Galerne, nous découvrirons l'histoire de fond.
Les deux, humains et Sylphes, auront donc une histoire commune.
Leur guerre froide est selon certains signes amenée à s'embraser probablement prochainement.
Y aura t-il vraiment une guerre?
Un traité de paix ne serait-il pas possible?
Galerne y croit, sa mère, non.
Qui va t-il écouter?

Le roi des sylphes est une novella de David Bry publiée dans la collection Court toujours chez Nathan, une collection dédiée aux romans courts (comme son nom l'indique). Un livre d'Estelle Faye était paru dans cette collection : Il était ma légende en 2022.
Dans le royaume des Monts Brumeux, les Sylphes vivent séparés des humains. Depuis quelques temps, les humains sont devenus un danger, défiant les Sylphes sur leurs propres terres, n'hésitant pas à recourir à la force. Joran, sylphide vivant seule dans la forêt, affronte ainsi 3 hommes qui voulaient la détrousser. La Reine Sylphide est inquiète pour la pérennité de son royaume et pour la sécurité de son fils de 15 ans, Galerne. Elle demande ainsi de l'aide à Joran, son amour perdu, pour escorter le jeune sylphe jusqu'au sanctuaire des Sylphes où il deviendra un véritable sylphe, immortel. Mais Galerne a d'autres aspirations, il rêve de liberté, de voyages lointains, d'amour.
Le roman fait à peine une cinquantaine de pages, ce qui est assez peu. On serait bien resté un peu plus longtemps dans cet univers esquissé par David Bry. Pourtant celui-ci arrive à immerger le lecteur dans son histoire et dans ce monde de fantasy. La plume de l'auteur est toute en délicatesse et fluide. Quelques scènes épiques et des rebondissements font vivre le récit. Les personnages sont attachants, les thématiques intéressantes. On y parle de liberté, de devoir, de voyages, d'héritage, d'amour, de rêves, de l'adolescence, de tolérance. le roi des sylphes est ainsi une excellente porte d'entrée vers la littérature de l'Imaginaire et un roman que l'on peut lire à partir de 10 ans.

Là-haut, tout là-haut dans les Monts Brumeux, le peuple sylphe s'étiole. le royaume des hommes s'étend toujours plus, et ceux-ci n'ont plus peur de chasser les sylphes. La reine Sylphide s' inquiète pour la pérennité de sa couronne et la sécurité de son fils. Elle demande à Joran, son amour perdu, de les escorter jusqu'au sanctuaire dans lequel le jeune homme deviendra un véritable sylphe, immortel.  Mais Galerne ne semble pas partager les aspirations de sa mère, ni pour l'immortalité, ni pour les espoirs de grandeur du royaume déchu. Il rêve de liberté, d'horizons lointains, d'amour...
Une cinquantaine de pages suffisent à David Bry pour nous immerger pleinement dans ce monde, à peine esquissé et pourtant déjà familier. La tragédie d'un peuple se mêle à la fougue adolescente, effleurant les questions de l'émancipation, de la tolérance, de l'héritage et du devoir, des attentes familiales ou sociales... le souffle de la grande fantasy balaie cette novella aux allures de conte. Une superbe porte d'entrée vers la littérature de l'imaginaire.

Au sommet des Monts Brumeux, le peuple des Sylphes se meurt. Les hommes, toujours plus avides de territoires, n'ont plus peur de les approcher. La souveraineté des êtres de l'air n'est plus ce qu'elle était et leur pérennité s'étiole. Avec l'espoir d'un renouveau, Albe, reine sylphide, veut que son fils, tout juste âgé de quinze ans, renonce à sa part humaine et devienne roi. Mais Galerne a des envies de voyages, d'amour et de liberté, il croit en un monde plus juste.

David Bry parvient à construire un univers froid et dangereux en quelques pages à peine. Ses descriptions poétiques présentent le monde sur le déclin d'une espèce dont la survie ne tient plus qu'à un fil. Les sylphes sont froids et austères, à l'image des murs qui abritent leur royaume ; dénués d'émotions humaines, ils ressentent différemment, plaçant l'intérêt de leur peuple devant tout autre chose. S'ils sont capables d'aimer, l'amour n'a pas le pouvoir d'assurer leur descendance.

L'écriture joue sur les descriptions pour nous immerger complètement dans l'univers qu'il dépeint. Et si les personnages semblent austères et distants, on ne peut que ressentir leur crainte de perdre tout ce en quoi ils croient, et espérer avec eux que leur prince embrasse sa destinée pour tous les sauver. Pourtant, Galerne parvient aussi à nous toucher et nous faire croire que sa vision du monde n'est pas la fin du monde qu'ils ont connu, mais le commencement d'une nouvelle vie.

Si l'histoire insiste sur le conflit qui oppose sylphes et humains, c'est la confrontation entre les générations qui est intéressante et place ses personnages face à l'inéluctable. D'un côté, les anciens tentent de sauver le monde qu'ils connaissent, qui les maintient à distance des hommes avides, cupides et destructeurs. de l'autre, l'héritier au trône est face à un choix délicat qui trouve son origine dans son métissage : renoncer à sa part humaine pour devenir roi et perpétuer les traditions, ou la conserver et partir à la découverte du monde, gagner sa liberté.

Le Roi des Sylphes est une nouvelle très riche qui laisse entrevoir les prémices d'un récit plus dense que j'aurais aimé découvrir. Bien que parfaitement construite et maitrisée, l'histoire m'a laissée sur ma faim, d'autant que l'auteur nous laisse sur un final ouvert et plein de promesses.
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