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Voilà un auteur que j'aurais du lire depuis longtemps. Son premier roman 'La république des faibles" avait connu un franc succès et vous êtes nombreux ici à m'avoir encouragé à me lancer. C'est chose faite avec cette deuxième sortie "Le grand soir".

Tout commence en 1905 par un enterrement, celui de Louise Michel, icône communarde. Des milliers de personnes sont dans le cortège et parmi elles, Jeanne... jeune bourgeoise convertie au peuple, on ne la reverra plus.

Cette disparition est le point de départ d'une enquête, celle de sa cousine Lucie, qui monte à Paris pour tenter de comprendre. le contexte historique est explosif, la France bouillonne de luttes multiples, ouvrières, féministes... le tout est formidablement raconté, on s'y croirait.

Gwenaël Bulteau insère dans sa fiction des personnages réels: La citoyenne Sorgue, figure syndicaliste majeure et Madeleine Pelletier, médecin activiste féministe, ce qui renforce encore un récit totalement immersif. de Paris à Courrières (Nord, lieu d'une tragédie dans les mines) on est aux côtés de ceux qui luttent et qui attendent le 1er mai en espérant le grand soir.

Ce roman vibrant est une révélation. Comment ne pas être impressionné par un auteur qui parvient à rendre aussi vivant des lieux, des personnages et des évènements ayant eu lieu il y a plus d'un siècle, le tout dans un style simple et accessible à tous ?
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L'auteur nous plonge dans le Paris du début du 20ème siècle avec délice. La petite histoire croise la Grande Histoire sur fond d'enquête policière. Les droits des femmes y sont à l'honneur. Des personnages qu'on ne lâche pas, à multiple facettes, un quotidien âpre, des rebondissements, de la noirceur d'âme…Bref, tous les ingrédients pour faire un roman explosif !
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Pour planter le décor, il faut revenir plus d'un siècle en arrière, en 1905 exactement lorsque se tiennent les obsèques de Louise Michel, figure des anarchistes de la Commune de Paris. C'est au même moment que disparaît Jeanne Desroselles, héritière d'une richissime famille parisienne mais vibrant de revendications féministes et sociales que les siens considèrent comme folie.

L'année suivante, alors que les mineurs et les ouvriers enchaînent les mouvements de grève et que la presse évoque "la révolution qui vient" pour le 1er mai, c'est un autre vendéen fraîchement nommé ministre de l'intérieur, Georges Clemenceau, qui décide de montrer les muscles en remplissant la Capitale de gendarmes et de militaires.

C'est dans cette période trouble que Lucie Deroselles, cousine de la disparue, décide de mener à son tour l'enquête, quitte à prendre tous les risques en s'aventurant dans des quartiers peu fréquentables de la ville. Mais connaître la vérité a un prix et la jeune fille ne tardera pas à le découvrir.

C'est une fois encore un roman noir que nous offre Gwenaël Bulteau, en nous entraînant dans les bas fonds de l'Histoire française. C'est un roman passionnant qui dépeint les revendications d'une époque, tant sur le plan social pour les travailleurs que pour les femmes qui commencent à lutter pour leurs droits, ce qui nous permet de mesurer que peu de combats ont été remportés en un siècle. À découvrir, tout comme son premier roman La République des faibles qui est disponible en poche.

📖 le Grand Soir de Gwenaël Bulteau a paru le 6 octobre 2022 aux éditions La manufacture de livres. 282 pages, 20,90€.
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Gwenael Bulteau poursuit son oeuvre naissante de fresque sociale.
Après « la république des faibles », on laisse derrière nous un 19ème siècle bouillonnant, pour pénétrer dans un 20ème siècle explosif, celui du « Grand soir » et des « lendemains qui chantent ».
Une intrigue sombre nous fait redécouvrir la lutte des classes et le quotidien d'ouvriers miséreux au service d'une bourgeoisie omnipotente.
La condition humaine, la place des femmes, là encore l'auteur descend dans l'arène d'une société qui écrase les êtres pour nous montrer ses relais hiérarchiques, porteurs de désillusions.
Choc des cultures entre un monde fermé et un autre qui ne rêve que de s'ouvrir, « Le grand soir » attendra.
Pourquoi ambitionner d'être médecin quand on est une femme, alors qu'on doit se contenter d'être infirmière. C'était il y a un siècle, C'était hier.

« Le grand soir » deuxième roman de Gwenael Bulteau est aussi réussi que le premier pour un auteur qui semble avoir trouvé une identité littéraire,
bien plus qu'un « polar » !
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Après "La République des faibles", Gwenael Bulteau frappe fort à nouveau.
"Le Grand soir" est un fantastique roman policier historique.
Paris, 1905, Jeanne, une fille de bonne famille a disparu après s'être mêlée à la foule et aux bouillonnements de révolte sociale. Sa cousine va tenter de la retrouver.
Quel travail historique ! C'est un roman social ultra précis sur l'époque et Gwenael Bulteau touche encore une fois juste.
Une plongée dans les eaux troubles des inégalités du début du XXeme siècle et ses révoltes....
C'est un coup de coeur total.
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Deuxième polar historique pour Gwenaël Bulteau ( après La République des faibles ) et nouvelle réussite pour cet auteur qui allie talent de conteur évident, plume soignée et capacité à ressusciter une période bouillonnante de l'histoire de France.

Le prologue, totalement immersif, remplit parfaitement sa fonction de machine à remonter le temps. Direction Paris, le 22 janvier 1905, où sont organisées les funérailles de l'icône communarde Louise Michel, rassemblant plusieurs milliers de personnes en un cortège hérissé de drapeaux rouges et de bannières noires, de gare de Lyon jusqu'au cimetière de Levallois-Perret. Parmi elles, Jeanne, une jeune femme disparaît, «  elle ignorait encore qu'elle vivait le dernier jour de son existence. » Un an après, sa cousine, montée à Paris, décide de partir sur les traces de Jeanne pour essayer de découvrir ce qu'il lui est arrivé.

L'enquête en elle-même est plutôt simple, très bien menée, tout est cohérent. Mais on sent très vite que ce n'est pas uniquement sa résolution qui intéresse l'auteur. le Grand soir est certes un polar mais surtout un polar historique et social engagé qui éclaire les luttes sociales et féministes du début du XXème siècle. Des funérailles de Louise Michel, on passe dans les bas quartiers ouvriers de la capitale, puis dans le bassin houiller du Nord secoué par la catastrophe minière de Courrières ( officiellement 1099 morts ), jusqu'aux préparatifs de la première manifestation du 1er mai en France organisée par la CGT pour obtenir la journée de 8 heures. Tout l'arrière-plan politique du roman est bien plus qu'un simple décor et enveloppe totalement le lecteur.

Et c'est d'autant plus passionnant qu'on découvre deux extraordinaires pionnières féministes françaises que l'auteur a inclu dans son récit aux côtés de ses autres personnages fictifs, procédé qui apporte immédiatement de la profondeur à l'intrigue. Il imagine ainsi que Mme Sorgue ( figure de l'anarcho-syndicalisme, soutien actif aux nombreuses grèves ouvrières ) et Madeleine Pelletier ( femme médecin habillée d'un costume d'homme et coiffée d'un chapeau melon, prônant liberté sexuelle et avortement ) ont côtoyé la jeune disparue et possède une pièce du puzzle de l'enquête.

En fait, tout le roman vibre des colères sociales et féministes de la Belle époque, d'autant que les deux cousines que l'ont suit sont des personnages forts et marquants. Jeanne, la disparue, issue de la très haute bourgeoisie, refusait de rentrer dans le rang imposée par sa classe sociale, rejetant farouchement son milieu pour fuguer dans les quartiers populaires, déguisée en ouvrière. Sans s'en rendre immédiatement compte, Louise cherche sa propre voie pour écrire sa vie ; l'enquête qu'elle mène le lui révèlera, en plus de la vérité sur le sort de sa cousine.
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Un roman historique et social qui nous emmène dans le Paris de 1905. Plus précisément de l'enterrement de Louise Michel, décédée à 75 ans après avoir connu l'exil, au « Grand Soir » des ouvriers et des femmes prévu le 1er mai 1906, car tous veulent manifester pour faire entendre leurs voix.
Nous suivons Lucie Desroselles, fille de la bourgeoisie déguisée en fille du peuple pour tenter de retrouver sa cousine Jeanne disparue alors qu'elle fuyait sa famille toxique. Mais ce personnage qui aurait pu être intéressant n'est que peu développé. Et c'est bien dommage car je n'ai pu m'y attacher alors que l'envie était là...
Un peu déçue par ce livre dont la temporalité m'a dérangée : très linéaire puis soudain un flash-back qui explique sans toutefois émouvoir. Des personnages auxquels j'ai eu souvent envie de m'attacher mais qui n'avaient pas assez de corps pour que la lectrice que je suis ne soit touchée. Peu d'émotions ressenties. Une déception mais je suis allée au bout quand même car l'ensemble est bien écrit.
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Le premier roman de Gwenaël Bulteau, la République des faibles avait impressionné bons nombres de lecteurs et reçu de nombreux prix. J'attendais comme beaucoup d'autres, je pense, son second roman avec impatience.
Le grand soir, même s'il est différent du premier, nous permet de retrouver ce que nous avions apprécié, une plongée un gros siècle en arrière cette fois à Paris et non plus à Lyon, une enquête moins policière dans ce dernier mais toujours bien menée mais, surtout une description de l'époque, commune aux deux qui en font des romans noirs comme on les aime.
Ici, tout commence à l'enterrement de Louise Michel, dernière fois où est aperçue Jeanne, une fille de la bourgeoisie, proche des gens. L'enquête policière ne menant à rien sera vite abandonnée. C'est sans compter sur la volonté de Lucie, la cousine de Jeanne qui mettra son énergie à chercher à comprendre ce qui s'est réellement passé. Au cours de ses investigations, elle rencontrera des personnages historiques dont la citoyenne Sorgue et le Docteur Pelletier.
Histoire mêlée de fiction, le grand soir est un merveilleux récit qui confirme le talent de Gwenaël Bulteau.
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Et si vous preniez un billet pour un voyage dans le temps ? Dans les rues de Paris et de province, au tout début du XXème siècle, aux côtés du peuple.

Louise Michel est enterrée en cette année 1905, la foule suit le cortège dans une tension palpable. La lutte ouvrière perd un porte-voix, mais d'autres cris et chants s'élèvent.

Gwenaël Bulteau a rencontré un joli succès avec son premier roman, La république des faibles (Prix Landerneau polar 2021), un vrai bon polar historique qui se déroulait en 1898.

A-t-il reproduit les mêmes schémas pour ce deuxième roman ? Oui et non. Là où le précédent mettait vraiment en avant une enquête policière, celui-ci est d'une autre veine. Toujours assez noire, mais pas vraiment polar.

Alors oui, il est bien question d'une disparition et de quelques morts, mais cette histoire est avant tout centrée sur les personnages et le sort des prolétaires.

On pourrait réellement croire à un livre d'un illustre aîné littéraire de l'époque. Quel étonnant travail de reconstitution, allant jusqu'à la langue. Un vrai retour vers le passé, dans la crasse et les douleurs des petites gens, et de ceux qui osent sortir de leur condition pour les côtoyer.

On est loin d'une reconstitution en papier mâché, on s'y croirait à suivre ces personnages qui luttent.

L'un des points communs des deux livres est la manière appuyée de parler de la situation des femmes, de leur peu de droits. Car ce sont plusieurs d'entre-elles qui sont mises en lumière dans les méandres des ruelles, à se battre tout comme à chercher à comprendre. Des femmes fortes à une époque où elles n'avaient pas vraiment voix au chapitre.

Le roman suit donc leurs chemins et leurs errances, à une époque clé où la révolte gronde. Il s'attache vraiment aux personnages, c'est le sens même de ce récit.

Le livre est donc autant affaire de ressentis, de tragédies quotidiennes, que l'histoire de la disparition d'une jeune fille. Cet événement devient une sorte de fil conducteur qui permet de suivre ces gens-là, loin de tous clichés.

La forme romanesque est donc plus évanescente qu'avec le premier roman, même si l'histoire réserve son lot de (sérieuses) surprises dans sa deuxième partie.

Avec le grand soir, Gwenaël Bulteau propose une fiction noire au plus près du réel et des personnages forts qu'il a dessinés. Un voyage dans le temps fictionnel mais qui a beaucoup à nous apprendre de ce passé si loin si proche.
Lien : https://gruznamur.com/2022/1..
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Gwenaël Bulteau est l'auteur multiprimé de la République des Faibles qui a rencontré un certain succès en 2021, il nous livre ici son second roman. Attention, ne vous attendez pas à un roman historique traditionnel, comme je l'ai cru. Bien sûr, nous sommes en 1905-1906... mais il s'agit d'un roman social... ou sociétal. Comme on veut.

Tout commence le 22 janvier 1905, au cimetière de Levallois-Perret. On enterre "La Louve", Louise Michel l'égérie de la Commune de Paris en 1870-1871. La foule est immense, prolétaire, ouvrière... cernée par la police. Jeanne est là, jeune bourgeoise en rupture avec sa famille qu'elle rejette violemment. Jeanne ne sait pas qu'elle vit son dernier jour...

Un an plus tard, c'est Lucie sa cousine qui part à sa recherche. Lucie, elle aussi, vit mal le carcan des "bonnes familles". Et cette quête est une façon de s'en libérer. Gwenaël Bulteau nous entraîne à la suite de Lucie dans le milieu révolutionnaire, ouvrier : celui des Rouges. Mais aussi celui des bas quartiers miséreux de Paris ou de Lens où la catastrophe minière de Courrières agite les esprits. Une grève dure y oppose les mineurs de fond misérables à leurs patrons-exploiteurs-bourgeois. Soutenus par la police et l'armée envoyées par Clémenceau, ils savent qu'ils auront la peau de ceux qu'ils méprisent. le paradis des riches se bâtit sur la souffrance des pauvres, disait Victor Hugo.

L'auteur brosse un portrait peu reluisant de la France de 1906. Voyous, "apaches", ouvriers miséreux, femmes méprisées, exploitées. le roman est ancré dans la réalité par ses personnages révolutionnaires, héritiers de la Louve, un peu ou complètement oubliés aujourd'hui. Qui se souvient de la citoyenne Sorgue ? du Dr Pelletier?

L'enquête de Lucie et celle de Leroy, secrétaire très particulier de Sorgue, trouveront une conclusion très noire... le Grand Soir n'est pas pour tout de suite. Et la Grande Guerre n'est pas encore passée par là.

Mépris machiste policier sur la condition des femmes, patriarcat... peu d'entre elles ont la force ou la possibilité de se révolter. On pourrait être en 1850 et les Misérables ne sont pas loin. Personne n'est épargné, la noirceur règne. Seule peut-être Lucie (la lumière, étymologiquement parlant) émergera de ce cloaque...

La plume de Gwenaël Bulteau est revendicative et elle ne laisse pas indifférent. Elle m'a touché plus que je ne le pensais. Ses personnages ne m'ont pas quitté de sitôt. 😉
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