AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La nuit la plus longue (37)

Dans le Lower Nine, ce qui semblait irréel, ce n’était pas la destruction de chacune des maisons prise individuellement. Ce que le regard avait du mal à accepter, c’était le fait qu’elles n’étaient plus connectées à leur environnement. Elles avaient été soulevées de leurs fondations, arrachées à la plomberie qui les reliait au sol, redéposées cul par-dessus tête, ou entassées l’une sur l’autre comme si on les avait jetées du haut du ciel. Certaines étaient à moitié enfouies dans des rivières durcies de la boue qui avait coulé par les portes et les fenêtres. L’intérieur de chacune était d’un vert sombre, à cause de la vase et de la moisissure, et, à l’extérieur, on avait bombé des numéros codés pour indiquer celles qui avaient déjà été fouillées à la recherche de corps.
Commenter  J’apprécie          130
La Nouvelle-Orléans, c'était une chanson, pas une ville. Comme San-Francisco, elle n'appartenait pas à un Etat, elle appartenait à un peuple.
Quand Clete et moi faisions quelques pas sur Canal Street, il y avait de la musique partout. Sam Butera et Louis Prima jouaient dans le Carré. Au Preservation Hall, de vieux noirs exécutaient The Tin Roof Blues. Sur Magazine, des fanfares de funérailles faisaient trembler les vitrines. Quand le soleil se levait sur Jackson Square, la brume restait suspendue comme une barbe à papa dans les chênes derrière St. Louis Cathedral. L'aube sentait l'eau de mare, la pierre couverte de lichen, les fleurs qui ne fleurissent que la nuit, le café et les beignets du Café du Monde. Chaque jour était une fête, tout le monde était invité, et l'entrée était gratuite.
Commenter  J’apprécie          130
Dans le jardin, le sommet des chênes était secoué par le vent, et des feuilles tombaient sur la surface du bayou. Je voyais des enfants jouer au Frisbee sur la pente verte du City Park, et j’entendais leur voix de l’autre côté de l’eau. C’était un bel après-midi, un après-midi qu’on n’aurait pas dû souiller en pensant à des types comme Ronald Bledsoe. Mais le mal est le mal, et il ne déserte pas nos existences juste parce qu’on en a envie.
Commenter  J’apprécie          120
Tout écrivain, tout artiste qui a visité La Nouvelle-Orléans en est tombé amoureux. Si la ville était la Grande Putain de Babylone, peu de gens oubliaient son étreinte, ou la regrettaient.
Quel était son avenir?
Je scrutais à travers mon pare-brise, et, partout, je voyais des arbres abattus, des lignes électriques et téléphoniques pendant aux poteaux, des feux de circulation éteints, des bâtiments éventrés et si endommagés que leurs propriétaires n'avaient pas pris la peine de clouer du contreplaqué sur les fenêtres arrachées. Le travail à effectuer était herculéen, et il était compliqué par un degré de malhonnêteté de la part des entreprises, et d'incompétence et de cynisme de la part du gouvernement, probablement sans équivalents en dehors du tiers-monde. Je n'étais pas certain que La Nouvelle-Orléans ait un avenir.
Commenter  J’apprécie          110
Selon le Washington Post, un législateur de Baton Rouge venait de déclarer à un groupe de pression : « On a fini par arriver à nettoyer les logements sociaux de La Nouvelle-Orléans. On n’y arrivait pas par nous-mêmes, mais Dieu l’a fait pour nous. » (Après Katrina)

(Rivages/Thriller, p. 117)
Commenter  J’apprécie          90
Un jour George Patton a dit à ses hommes que ce n'est pas en donnant sa vie pour son pays qu'on gagne des guerres. On gagne les guerres en forçant le connard d'en face à donner sa vie pour le sien. (P. 255)
Commenter  J’apprécie          80
Le plus impressionnant, ce n'était pas les kilomètres de bâtiments privés de leurs toitures, les fenêtres arrachées ni les rues inondées de déchets flottants, ni les chênes verts qui avaient été projetés à travers le toit des maisons. Ce qui était impressionnant, c'était l'impuissance absolue de la ville. Le réseau d'électricité avait été détruit et il n'y avait plus de pression dans aucun robinet des paroisses de St. Bernard et de la Nouvelle-Orléans. Les pompes qui auraient dû tirer l'eau des égouts étaient inondées, et complètement inutilisables. Des conduites de gaz brûlaient sous l'eau ou, parfois, explosaient depuis le sol, remplissant en quelques secondes le ciel de centaines de feuilles roussies arrachées à un vieil arbre. En une nuit, la totalité de la ville était, techniquement, revenue au Moyen-Âge. Mais, tandis que nous passions sous la chaussée surélevée et nous dirigions vers le Convention Center, j'ai vu une image qui ne me quittera jamais, et qui restera toujours emblématique de ce que j'ai vécu à La Nouvelle-Orléans, Louisiane, le 29 août de l'an de grâce 2005. Le corps d'un gros homme noir, à plat ventre, dansait sur l'eau contre un pilier. Ses vêtements étaient gonflés d'air, ses bras flottant à angle droit avec ses flancs. Dans notre sillage, une auréole sale d'écume jaune passait sur sa tête. Son corps est resté là au moins trois jours.
Commenter  J’apprécie          80
Les fenêtres couvertes de planches, les épaves de voiture, les fils à linge, les égouts à ciel ouvert remplis de débris, tout cela évoquait les photos prises par Walker Evans pendant la Grande Dépression, comme si sept décennies ne s'étaient pas écoulées. Qui était responsable de ça ? J'ai du mal avec la notion de responsabilité collective. Mais si je devais mettre ça sur le dos de quelqu'un, je commencerais par la White League, les Chevaliers du Camélia Blanc, les casseurs de Nègres du samedi soir, et tous ceux qui ont fait ce qui était en leur pouvoir pour que d'autres créatures humaines restent pauvres, sans éducation, à se battre entre elles, de façon à demeurer une main d'oeuvre bon marché.
Commenter  J’apprécie          61
Celte reste là, secoué et déçu, au milieu de large, incapable d'accepter le fait qu'il vient de se faire avoir par trois sacs à merde qui seraient incapables d'ôter du chewing-gum de leurs chaussures sans l'aide d'un schéma.
Commenter  J’apprécie          60
Ceux qui n'aiment pas ruminer sur l'existence possible d'un ancêtre simiesque dans la génétique humaine, ou qui croient sincèrement que la socialisation augmente le sens collectif dans le cœur humain, auraient été choqués par ce qui se passa les jours suivants.
Commenter  J’apprécie          50






    Lecteurs (441) Voir plus



    Quiz Voir plus

    James Lee Burke

    James Lee Burke est né le 5 décembre 1936, mais où ?

    Atlanta, Géorgie
    Houston, Texas
    Bâton-Rouge, Louisiane
    Tallahassee, Floride

    10 questions
    60 lecteurs ont répondu
    Thème : James Lee BurkeCréer un quiz sur ce livre

    {* *}