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3,96

sur 671 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Retour de lecture sur “Les filles au lion”, le second roman de Jessie Burton, paru en 2016 sous le titre original de “The muse”. le premier roman de cette auteure britannique, “Miniaturiste” avait obtenu un très grand succès trois ans avant la parution de celui-ci. Dans ce premier roman qui se passe au XVIIe siècle, l'histoire est construite autour d'une maison de poupée que l'on peut réellement contempler au Rijksmuseum d'Amsterdam à côté de toiles de Vermeer ou Rembrandt. Dans le second roman c'est cette fois un tableau, totalement fictif, qui est au centre du récit. Il s'agit d'une huile sur toile de petit format, au motif étrange : « D'un côté, une fille tenant la tête sans corps d'une autre fille entre ses mains, et de l'autre, un lion, assis, hésitant à bondir sur cette proie. » avec les détails suivants: un décor pastoral jaune et vert, une couleur indigo du ciel, et la présence dans l'arrière-plan de « ce qui ressemblait à un petit château blanc ». le roman commence en 1967 avec Odelle, la narratrice, une jeune femme de 26 ans, originaire de Trinité-et-Tobago, qui vend des chaussures depuis cinq ans et qui décroche un job dans une grande galerie d'art près de Piccadilly. Son rêve est de devenir écrivain, mais son manque de confiance en elle la bride. Lors d'une soirée apparait ce fameux tableau, qui serait l'oeuvre d'un jeune artiste au talent immense dont la mort mystérieuse a semé le trouble dans le monde de l'art. Fascinée par ce tableau, elle essayera de reconstituer son histoire à travers une enquête complexe, pleine de secrets et de fausses-pistes, au cours de laquelle elle ne saura plus qui croire, ni à qui faire confiance, y compris sa charismatique et mystérieuse collègue Marjorie Quick. le roman alterne en continu entre deux lieux et deux époques, entre le sud de l'Espagne, au début de la guerre civile en 1936, et donc Londres en 1967. Ce sont deux histoires qui évoluent en parallèle, et se rejoignent progressivement au cours du roman. Dans cette deuxième histoire qui se passe trente ans avant, en Andalousie, la jeune Olive Schloss, fille d'un marchand d'art en exil, aspire à devenir peintre mais sa famille s'y oppose. Elle fait la rencontre d'un artiste, un révolutionnaire, Isaac Robles, qui se présente en jour avec sa soeur dans leur propriété pour travailler chez eux. Une histoire d'amour et d'amitié liera ces 3 personnages et un marché aux conséquences dévastatrices sera conclu entre eux. C'est un roman particulièrement agréable à lire, avec une écriture très belle, fluide et chaleureuse, qui retranscrit parfaitement les sentiments de ses protagonistes. Les personnages de Jessie Burton sont tous très attachants, tout particulièrement les personnages féminins qui sont en quête d'émancipation dans des sociétés, qui dans les deux époques, étaient encore très patriarcales. Jessie Burton est particulièrement douée pour décrire les choses de manière très visuelle, que ce soient les décors, les scènes ou les gestes de ses personnages, cela participe beaucoup à la facilité d'immersion du lecteur dans cette histoire. Malgré un scénario qu'il faut bien avouer un peu alambiqué, la structure du roman reste cohérente. L'histoire est très intéressante et on ne s'ennuie jamais, on se laisse très facilement embarquer dans cette intrigue, qui se passe dans le monde de l'art et de la peinture, et qui aborde différents thèmes comme la passion amoureuse, le racisme ordinaire à travers le parcours d'Odelle, le féminisme. Un autre aspect très intéressant de ce roman est son côté historique, toute cette période du début de la guerre civile, avec cette famille de marchand d'art juif viennois, exilée en Espagne pour fuir la montée de l'antisémitisme, est très intéressante et très crédible. On pourrait juste reprocher à l'auteure de ne pas approfondir certains thèmes que soulève son récit sur la position de l'artiste, ses choix artistiques, ce qui le pousse et la manière dont il faut interpréter son oeuvre. Mais cela reste globalement pour moi un roman très intéressant, de qualité, et très agréable à lire. Un bon moment de lecture.


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"Elle avait son nom gravé sur une plaque de cuivre fixée à sa porte. Je me suis demandé combien de femmes à Londres, en l'an 1967 après Jésus-Christ, possédaient leur propre bureau. Les femmes des classes populaires exerçaient des métiers ingrats, elles étaient infirmières, ouvrières dans des usines, vendeuses ou dactylographes comme moi, et ça depuis des dizaines d'années. Mais c'était tout un monde d'écart, un périple presque irréalisable, avant d'avoir votre nom gravé sur une porte."
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J'ai tout aimé dans ce livre, sauf la fin, qui après tout ce suspense et ces tribulations, m'a semblé un peu tristounette…
J'ai aussi trouvé les personnages de femmes régulièrement agaçantes, elles n'osent pas dire ci, elles hésitent à faire ça. Même si c'est un reflet de la réalité humaine, mon côté féministe les aimeraient plus vaillantes, plus affirmées. Moins cucul la praline comme diraient certaines ;-)
Sans alliées elles sont cuites, si je peux me permettre.
Ceci dit je me suis régalée. La construction du roman est excellente, et le mystère bien entretenu. Très efficace pour s'évader.
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Excellente lecture d'un roman historico-artistique se déroulant sur deux périodes : les années 1960 dans un Londres effervescent dans les pas d'une jeune caraïbéenne et les années 1930 dans le sud de l'Espagne au moment de la montée du Franquisme. Entre ces deux époques, un mystérieux tableau fait le lien de sa création à sa redécouverte.
Prenant ancrage dans un fond historique complexe - Londres et son rapport au colonie d'un côté / la montée du franquisme et l'arrivée de la seconde guerre mondiale – l'autrice aborde une foule d'autres sujets avec une main de maître : la place des personnes dites « racisées » dans nos sociétés occidentales, le statut des femmes artistes, la question de l'héritage, les secrets de famille, l'émancipation par le travail, la transmission, l'identité. le roman est finement découpé et se dévore tout en amenant plusieurs niveaux de réflexions sur le fonctionnement de nos sociétés.
Je recommande cette lecture chaleureusement.
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Conquise une nouvelle fois par la plume de Jessie Burton et emportée par ce roman aux nombreuses intrigues. Pourtant, ce n'était pas gagné car le début fut laborieux; je me suis ennuyée et cela pendant une bonne centaine de pages... Puis, l'alchimie a pris et très heureuse de ne pas l'avoir abandonné.

Le récit se déroule dans deux espaces temps:
- 1967, à Londres.
- les années 30, en Espagne, dans la campagne proche de Malaga.

Une histoire aux personnages attachants et complexes où se mêlent passion, art et usurpation. Les femmes sont au centre du récit, elles ont du caractère et des convictions. Elles s'expriment à travers l'art, tout en se cachant, pour garder la place que leur imposent les hommes et leur époque. Un récit plein de rebondissements et qui tient le lecteur en attente jusqu'à la fin. Les descriptions des tableaux sont géniales et m'ont donné l'envie de retourner au Prado. Beaucoup de sujets évoqués : la guerre civile, les peintres espagnols, le racisme, la condition féminine, l'héritage des colonies britanniques...

A Londres, Odelle, jeune femme noire, venue des Caraïbes est engagée comme secrétaire dans une galerie d'art appartenant à un certain Mr Reed. Marjorie Quick, bras droit du patron, femme mystérieuse, personnage haut en couleurs la prend sous son aile et l'encourage à écrire. La rencontre d'Odelle avec Lawrie Scott, qui s'éprend de la jeune femme, va bouleverser sa vie et l'amener à s'interroger sur le passé d'une famille allemande installée en Andalousie aux prémices de la guerre civile espagnole ainsi que sur l'identité réelle du mystérieux peintre du tableau Les filles au lion. Très vite, Odelle a la certitude que Marjorie Quick détient des informations sur le sujet et qu'elle est liée personnellement à cette toile...




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Quel excellent roman !!

Nous allons naviguer entre Londres des années 60, et l'Espagne pré- franquiste, avec des personnages forts, fortes surtout qui sont mystérieusement reliées par un tableau qui donne son titre au roman.

J'ai absolument adoré cette lecture, non seulement pour l'histoire racontée, mais aussi par la façon dont les sentiments sont décrits, c'est très réussi.
J'ai aussi beaucoup apprécié l'importance de l'Histoire dans ce roman, les Caraïbes, dont vient Odelle, d'une île , Trinidad, '' appartenant à la '' couronne britannique '' et dont les anglais ignorent tout.
De cette jeune femme noire arrivant à Londres et se confrontant au racisme
De l'Espagne face au fascisme montant, dans une Andalousie où les paysans exploités survivaient dans de terribles conditions et où la lutte entre désir de justice sociale et préservation des grandes propriétés, avec racisme et mépris exacerbés commençait ce qui allait être une terrible guerre civile gagnée par le fascisme durant si longtemps.


Odelle va réussir malgré des obstacles à être engagée dans une galerie d'art, et c'est là que son ami apportera le fameux tableau pour une expertise.
Ami avec qui elle vivra une histoire d'amour.

La femme qui l'a engagée, mystérieuse, semble savoir plus ce qu'elle n'en dit sur cette peinture.
Petit à petit, nous suivrons les récits alternés des deux époques et pays, autour du tableau, avec des histoires de familles, d'amour et de femmes en face de leur époque et de ce qui leur est possible d'être dans les étroitesses des sociétés où elles évoluent.

Le roman est chatoyant, plein de la tragédie humaine, des désirs de la jeunesse, des horreurs de la guerre, de l'amour de la création et des questions autour de l'artiste, notamment de la place de l'artiste femme, sans jamais être didactique, tous les personnages sont forts, réussis, et on vibre à cette lecture, qui pour ma part m'a révélée cette écrivaine que j'ai trouvée douée intelligente et sensible.
Un roman passionné et passionnant. ( Contrairement au précédent roman de cette autrice que j'avais lu '' Les secrets de ma mère, intéressant mais qui m'avait moins enthousiasmée.)
Le fil rouge de ce roman et sa force est de parler d'un tableau, fort bien, des circonstances de sa création, avec talent, alors même que l'autrice l'a imaginé ce que je trouve formidable, viva l'imagination !

Reportez vous au résumé, moi ce n'est pas ma tasse de thé !
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J'ai beaucoup entendu parler de l'autrice et j'avais hâte de découvrir sa plume. J'avais notamment entendu @amelit parler en bien de ce roman.

Les filles au lion est un roman avec une double temporalité. D'abord, nous faisons la connaissance d'Odelle, une jeune femme de la Barbade, qui vit désormais à Londres en 1967. Odelle obtient un poste dans une grande galerie d'arts et fait la connaissance d'une de ses patronnes, Marjorie Quick, une personne mystérieuse et énigmatique. En parallèle, elle rencontre Lawrie Scott, un jeune homme qui l'a courtisé et qui va aussi évoluer dans le monde de l'art. Celui-ci a hérité d'un tableau représentant deux femmes et un lion qui semble avoir une valeur très importante.

Ensuite, nous suivons la famille Schloss, en 1936 en Andalousie, près de Malaga. Cette riche famille mi londonienne, mi viennoise est venue s'installer dans le sud de l'Espagne ou la situation politique est difficile. Olive, la fille du couple Schloss, rêve d'intégrer une école d'arts prestigieuse mais à cette époque, peu de femmes peintres arrivaient à percer.

C'est un roman mystérieux, avec beaucoup de secrets. Un roman construit comme une enquête, avec un fil imaginaire que le lecteur tire et déroule tout au long de sa lecture. On va de rebondissements en rebondissements. On est très souvent surpris et c'est bien appréciable.

Ce roman aborde des thématiques passionnantes avec beaucoup de finesse. le racisme y est abordé tout en délicatesse, car en 1967, l'empire britannique existe encore. Odelle vient des caraïbes et doit s'adapter au Londres froid et immaculé. Mais la thématique première reste l'art et la place de l'artiste, aussi bien l'écrivain que le peintre. le roman est plein de questionnements, d'ambivalence et de contradictions.

L'intrigue se déroulant en 1936 est romanesque et ça apporte un plus au roman. J'ai assez peu l'habitude de lire ce genre de roman mais Les filles au Lion a été une découverte surprenante et agréable. Et ce, malgré un début de roman assez lent, avec une intrigue un peu longue à se mettre en place.
Lien : https://youtu.be/JSu_x54QMSg
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Un tableau apparaît soudain dans une galerie londonienne... il représente deux jeunes filles et un lion et semble avoir été l'oeuvre d'un artiste des années trente... ce tableau cache une histoire qui prend sa source dans l'Andalousie, juste avant la guerre d'Espagne... Odelle, employée par la galerie, va mener son enquête et mettre à jour le secret de cette oeuvre.
Un roman bien écrit, une histoire réaliste... une lecture distrayante de vacances 😉
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Tout le long du roman je me suis fait différentes hypothèses qui se sont avérées fausses. C'est une suite de péripéties que l'on soit dans les années 60 ou les années 30, rythmées par la romance et l'histoire.
Les années 30 en Espagne c'est la révolution qui se termine en guerre civile. Tandis que dans les années 60 à Londres, pour Odelle émigrée de Trinidad, le racisme se fait ressentir.

Le roman aborde également la question des oeuvres volées par les nazis pendant le Seconde Guerre Mondiale.

Je me suis attachée aux personnages et surtout aux personnages féminins qui se révèlent tout le long de la lecture ! Odelle et sa confiance en elle, Olive et ses rêves puis Marjorie et son imprévisibilité.

Bref, si vous aimez les romans qui lient art et histoire vous ne serez pas déçus !
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A travers l'histoire d'un tableau sorti brusquement de l'anonymat, Jessie Burton nous entraîne dans une intrigue mystérieuse et tragique. Je me suis facilement attachée aux personnages des deux époques et j'ai dévoré cet opus avec beaucoup de plaisir !
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Quel plaisir de découvrir qu'une jeune autrice, encensée de façon très méritée pour un premier roman magnifique, n'a pas perdu la main et enchante à nouveau son lectorat avec une histoire très différente mais tout aussi passionnante.
Avec "les filles au lion" on entre dans le secret de la création féminine et de l'expression du talent dans une société où la place des femmes reste toujours à conquérir.
Alors que la guerre civile s'apprête à dévaster l'Espagne des années 30, la famille du marchand d'art viennois Schloss s'installe en Andalousie et sa fille Olive peint des tableaux saisissants d'une puissance créatrice incomparable. Comment cet homme habitué des milieux artistiques en vogue prêterait il attention aux oeuvres d'une très jeune fille sans formation ? Mais si on parvient à lui faire croire que le tableau de sa fille est issu du pinceau d'un jeune homme talentueux impliqué dans la lutte démocratique, il ne pourra que s'extasier sur la beauté de la toile et la proposer à la vente.
C'est bien ce qui se passe d'ailleurs et éperdue d'amour , Olive voit son oeuvre attribuée à l'homme qu'elle idolâtre et accepte comme allant de soi cette dépossession qui lui offre néanmoins une reconnaissance secrète.
Trente ans plus tard Odelle , la jeune caribéenne employée dans une galerie d'art voit pour la première fois le merveilleux tableau d'Olive attribué à son amant et l'irruption de cette oeuvre sur la scène artistique provoque bien des soubresauts dans le coeur de ceux qui cachent de lourds secrets car elle fait revivre un passé tumultueux.
Odelle qui elle aussi ne parvient pas à mettre en avant son talent (pour elle il s'agit de l'écriture) trouvera t'elle la solution dans le renoncement ? L'amour ou la l'approfondissement de son moi profond ? C'est finalement le même dilemne qui se présente aux deux jeunes femmes héroïnes de ce roman et si Olive n'a pas pu trouver la solution, Odelle parviendra, quant à elle, à aller de l'avant.
J'ai beaucoup apprécié la finesse de l'analyse psychologique des personnages féminins qui les rend tellement attachants. Les deux périodes pendant lesquelles ce récit alterne, sont bien documentées avec une mention particulière pour les horreurs de la guerre civile espagnole qui doivent être rappelées car elles font partie d'une mémoire collective européenne qui permet de mieux comprendre le risque toujours présent de la dérive totalitaire.
Ce beau roman illustre le talent de l'auteur de manière éclatante et donne envie de revoir les tableaux des artistes expressionnistes allemands et autrichiens du début du 20ème siècle tant la toile qui donne son titre au roman, parait clairement se rattacher à ce mouvement.
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