Pour être honnête, ce roman m'a vexée. Vexée, parce que l'auteur m'a menée par le bout du nez jusqu'à la fin. J'ai eu beau échafauder des hypothèses, remettre en question chaque phrase que je lisais, revenir sur certains passages. Impossible de démêler les fils de l'intrigue par moi-même. Ce bouquin m'a roulée dans la farine. Vraiment, j'ai frôlé la crise de nerfs à la lecture des derniers chapitres.
Mais quelle lecture ! Je ne me dirige pas naturellement vers ce genre de roman, n'étant pas férue des murder parties, mais sortir de sa zone de confort a parfois du bon, la preuve en est avec
Au Soleil redouté.
Je commencerai par saluer le style, tout en rythme et en musicalité ; voire même poésie en prose à certains moments. C'est un délice stylistique, qui permet d'apprécier encore plus l'humour piquant de l'auteur.
La structure ensuite qui, bien que surprenante de prime abord, permet au suspens de s'épanouir et de maintenir le lecteur en haleine jusqu'à la dernière page.
Sans parler bien entendu de cette fascinante ambiance tropicale, à la fois magnifique et angoissante, paradisiaque et infernale. La description des plats locaux m'a mis l'eau à la bouche, l'odeur entêtante des fleurs et l'humidité de la forêt tropicale m'a fait oublié que je lisais ce livre depuis le quai du métro ou bien installée dans le siège de l'avion. L'ambiance est selon moi la deuxième plus grande réussite de ce roman.
Les personnages sont hauts en couleur, attachants à leur manière, à l'exception peut-être du personnage d'Éloïse, l'une des cinq lectrices, que j'ai trouvé effacée et fade, sans grand intérêt.
Sous couvert d'humour parfois cinglant et par la revisite des codes du genre, le roman aborde des thèmes universels comme l'amour et la parentalité, mais le thème qui m'a le plus touchée est bien entendu celui de l'écriture, et cette question à laquelle le roman se propose de répondre : jusqu'où est-on prêt à aller pour son art ?