Nouvelle Babel

Plus tard il y aurait un temps pour les regrets, pour les hommages, pour les dommages.
Le destin de l'humanité est un torrent contre lequel on ne peut pas lutter.
Chacun coule, ou surnage.

Il avait appris à ne pas réagir à chaque emballement de l'émotion des Terriens, depuis que l'Ekklesia avait été mise en place. La démocratie la plus directe qu'il soit. Le pire des systèmes à l'exception de tous les autres.

 Ils découvrirent la même scène d’horreur dans les deux autres paillotes. Des couples. Assassinés. Dans leur sommeil. Au milieu d’une bouillie de sang nettoyée par des essaims d’insectes nécrophages. 

- Les guerres entre les peuples, continua la déléguée, ne sont que de courtes parenthèses entre de longues phases d'échanges, de commerce, d'enrichissement culturel et intellectuel mutuels. Un monde sans peuples est une ineptie, monsieur de Castro, mademoiselle Loiselle, c'est un monde orphelin, c'est un monde égoïste, c'est un monde condamné.

La véritable limite, comme pour toutes les innovations, d'ailleurs, se situe sur le plan éthique, pas technique !

Nul ne peut couper ses racines et continuer de marcher

Babel est une espérance, qu'elle touche le ciel signifie simplement que l'humanité vive à jamais en paix. Que la solidarité entre tous les Terriens puisse se tisser avec la même empathie, le même lien d'amour que celui qui unit les hommes et femmes d'une même famille, d'un même village, d'une même nation. Telle est I'utopie de Babel, commandant Akinis, et peu importe si elle peut sembler ridicule formulée ainsi : un monde sans guerre, un monde où nous serions tous frères.

« Une seule Terre, un seul peuple, une seule langue. »

Brr... Quelle tête de zombie !
Son miroir connecté affichait un indice de beauté inférieur de 8% à sa valeur habituelle, ce qui parmi les millions de femmes acceptant de se confronter chaque matin à une évaluation de leur potentiel de séduction, la positionnait à peine dans le quart supérieur de la moyenne mondiale.

Chaque fois que dans son histoire, l'humanité a franchi une étape fondamentale, qu'il s'agisse de démocratie, de la paix ou de la liberté de déplacement, l'opinion en oublie le coût, les avantages, pour n'en plus voir que les limites ou les défauts.