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4,08

sur 2960 notes
Je poursuis la découverte des classiques de la Littérature italienne par le désert des Tartares de Dino Buzzati, conseillé par un ami.

Giovanni Drogo est un jeune officier fraichement sorti de l'école militaire. Fort désireux d'accélérer sa carrière, il apprend qu'il est muté au Fort Bastiani, situé à la frontière Nord, au bord du désert des Tartares. le bâtiment, lugubre, isolé et même déclassé en raison de la faible probabilité d'une invasion ennemie, ne mérite pas que l'on s'y attarde. D'ailleurs, Giovanni décide au bout de quatre mois de faire jouer un faux certificat médical afin de justifier une nouvelle demande de mutation. Mais, au moment de partir, le jeune homme se ravise : et si le Fort Bastiani, contre toute attente, avait un rôle à jouer sur son Destin ?

La lecture du Désert des Tartares n'a pas été très divertissante pour moi. Je suis partie sur une fausse piste dès le départ et j'ai voulu rajouter du fantastique là où il n'y en avait manifestement pas (Ah ! La déformation liée à la lecture intensive de la SFFF !). Pour ma défense, le fort Bastiani posséde bien une once de mystère mais pas dans le sens auquel je m'attendais. Il faut donc plutôt voir une dimension philosophique prendre sens autour du récit notamment avec les thèmes de la fuite du temps ou le gâchis d'une vie menée pour une gloire hypothétique et vaine. Si le style d'écriture est plaisant et la lecture philosophique intéressante, il n'en a rien été pour le récit très rébarbatif pour moi. Comme le personnage qui voyait ses jeunes années défiler d'une manière bien morne, de même, il en a été pour moi avec les pages de ce roman.

En conclusion, le désert des Tartares ne restera pas dans les annales pour moi. Si sa dimension philosophique demeure intéressante et le style littéraire plaisant, il n'en a pas été de même avec le récit plutôt ennuyeux.
Lien : https://labibliothequedaelin..
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C'est un livre où l'on attend, on attend, et on attend. On attend quoi ? Qu'il se passe quelque chose. Comme dans la vie... Buzzati, je crois qu'on adore ou on déteste... de mon côté, j'adore...
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Avec "le désert des tartares", son 1er roman, Dino Buzzatti livre un texte simple, angoissant et, en définitive, puissant sur la condition humaine.

"Il ne se passe rien" m'avait dit mon père en me parlant de l'adaptation de ce roman en film. Et pourtant, la violence des métaphores hurle leur signification.
Dès les premiers chapitres, l'opposition entre l'immensité des paysages décrits et la petitesse du personnage, montre l'abandon de l'homme dans le Monde.
Avec les chapitres suivants qui étirent le temps, le vident et ne le décrivent jamais rempli, l'homme se retrouve perdu au long de sa vie.
Pire, le désert qui, géographiquement immense, semble réduit à une ligne, à un espace invisible, vibre de paradoxes puisque les évènements tendent à le réduire de plus en plus.

Jamais la mort n'avait été si belle allégorie, jamais la vie n'avait été décrite dans toute son absurdité apparente.

Angoissant mais indispensable.
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Drogo vient d'être promu officier, et est prêt à se rendre à sa première affectation. le sentiment d'avoir gaspillé sa jeunesse dans les études se fait un peu sentir, mais enfin, sa vie commence ! Les réceptions, les femmes, les honneurs, tout est enfin à portée de main.

Hélas, ses pas le conduisent dans un désert, loin de toute civilisation, pour garder un fort délabré que personne ne semble vouloir attaquer. le commandant, compréhensif, lui conseille de tenir quatre mois, jusqu'à la prochaine visite médicale : à ce moment, on s'arrangera. Puis Drogo décide, finalement, de rester les deux ans réglementaires : après tout, ça fera bien sur son dossier. Si ses rêves de gloire et de brillante compagnie ne restent intacts, les mois s'écoulent, imperceptiblement, tandis qu'il ne se passe strictement rien.

Les soldats du fort sont divisés en deux camps : les plus récemment arrivés, à l'affût d'une occasion de partir tant qu'il est encore temps, avant se faire engluer dans la torpeur du fort ; et les vétérans, guettant avec une sourde angoisse le désert, dans l'espoir qu'une armée ennemie fasse apparition et justifie ainsi toutes leurs années d'attente et de sacrifice.

Ce roman est une terrible allégorie du temps qui passe. On entre dans la vie adulte la tête pleine de rêves, on les laisse un peu de côté, le temps de gérer les petits tracas du quotidien, un peu emporté par la force d'inertie des habitudes aussi, mais quand on reprend ses esprits, on réalise, avec stupeur, qu'il est déjà trop tard pour les réaliser.

Superbe roman, mais douloureux à lire – d'autant plus quand un virus paralyse le monde entier et rend nos projets si aléatoires.
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Drogo, jeune lieutenant sortant de l'académie militaire est muté dans un fort aux confins du désert des Tartares, avec pour mission la surveillance et la défense de la frontière .
Il se retrouve dans une sorte de prison loin de toute vie sociale, associé à une hiérarchie sclérosée rêvant d'une confrontation militaire avec un ennemi imaginaire.
Le jeune homme va rapidement se confronter à un ennui existentiel n'ayant pour exutoire que son imagination guerrière.
A son arrivée, il ne souhaite que quitter ce fort pour retrouver l'atmosphère citadine, puis peu à peu et de de façon subtile, il va se fondre dans un confort rituel lui économisant toute contrainte sociale et matérielle.
Un petit entracte vers la ville n'aura d'autre effet que le vide existentiel devant des rapports sociaux devenus vains et distendus.
Puis, la vie s'écoule dans une routine répétitive , ce compte à rebours vers la vieillesse n'inquiète pas celui qui a la vie devant lui et du temps à revendre.
Le temps file de plus en plus vite et les journées sont paradoxalement de plus en plus longues, le jeune Drogo devient un homme mature qui reste dans l'attente de construire un avenir qui semble se rétrécir.
Quel sens donner à sa vie si ce n'est l'espoir d'une confrontation idéalement glorieuse avec un ennemi imaginaire, dans un fort où chacun joue un jeu de dupes.

Le corps, peu à peu lâche sous l'emprise des années, l'attente n'a rien donné de concret, la fin de la vie se rapproche, le bilan est sombre, il faut affronter la mort des projets de gloire, la mort de l'attente, puis l'attente de la mort, une mort sordide indigne d'un militaire réduit à combattre les ravages du temps.
Drogo est un personnage générique, celui qui pense que « si ce n'est pas pour aujourd'hui c'est pour demain « , ne construisant rien sur le présent, la procrastination étant le luxe de la jeunesse.
Et puis tout d'un coup, les rides apparaissent, l'attente de l'évènement qui fera sens se révèle de plus en plus factice à l'image d'une vie monotone et pauvre de sensualité et de réalisations concrètes.
Un coup de vent sépare la jeunesse de la vieillesse, les précieuse journées, heures, minutes et secondes sont dépensées sans compter, les chimères ne sont que des pièges qui obstruent toute acuité existentielle.
Ce roman est un chef d'oeuvre forcément intemporel qui cisèle la description d'une vie absurde dont le sens s'étiole doucement puis crescendo vers une fin biologiquement programmée.
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En lisant ce livre m'est revenu la chanson Zangra de Brel. Tout est là : le passage du temps, l'ennui ou la lassitude:

Je m'appelle Zangra et je suis lieutenant
Au fort de Belonzio qui domine la plaine
D'où l'ennemi viendra qui me fera héros
En attendant ce jour je m'ennuie quelquefois
Alors je vais au bourg voir les filles en troupeaux
Mais elles rêvent d'amour et moi de mes chevaux

Je m'appelle Zangra et déjà capitaine
Au fort de Belonzio qui domine la plaine
D'où l'ennemi viendra qui me fera héros
En attendant ce jour je m'ennuie quelquefois
Alors je vais au bourg voir la jeune Consuelo
Mais elle parle d'amour et moi de mes chevaux

Je m'appelle Zangra maintenant commandant
Au fort de Belonzio qui domine la plaine
D'où l'ennemi viendra qui me fera héros
En attendant ce jour je m'ennuie quelquefois
Alors je vais au bourg boire avec don Pedro
Il boit à mes amours et moi à ses chevaux

Je m'appelle Zangra je suis vieux colonel
Au fort de Belonzio qui domine la plaine
D'où l'ennemi viendra qui me fera héros
En attendant ce jour je m'ennuie quelquefois
Alors je vais au bourg voir la veuve de Pedro
Je parle enfin d'amour mais elle de mes chevaux

Je m'appelle Zangra hier trop vieux général
J'ai quitté Belonzio qui domine la plaine
Et l'ennemi est là je ne serai pas héros
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J'ai abordé la lecture de ce roman avec scepticisme : comment diable un roman avec une histoire si faible (un soldat affecté à un fort y attend "son heure de gloire") allait pouvoir me séduire. A l'arrivée, je me retiens de ne pas mettre 5 étoiles, tant ce récit m'a parlé et me semble universel. La force du roman tient en son style, méthodique et précis, permettant de rendre très proche les divers protagonistes du roman. Certains passages sont d'une beauté saisissante, en particulier la rencontre entre Drogo et Maria. Au cours de ma lecture, je n'ai pu m'empêcher de songer à l'Eternel Retour de Nietsche, à tort peut-être. Quoi qu'il en soit, Dino Buzzati, pour son premier roman, a réussi un coup de maître.
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Très beau livre, il m'a embarquée sans même que je m'en rende compte. Alors que je croyais m'ennuyer devant les descriptions du fort Bastiani, je me retrouvais déjà à la fin du roman, en train de lire cette fin incroyablement tragique. Ce roman est assez atypique, très lent - comme le personnage, on passe notre temps à attendre, et on inévitablement déçu. Il s'agit là d'une réflexion sur la fuite du temps, sur la cruauté des hommes et de la vie. le personnage prend la décision de rester, d'y croire, fait le pari fou qu'un jour des troupes surgiront du désert des Tartares et qu'il sera alors couvert de gloire. Hélas, ce faisant il convertit une fatalité en choix, et se condamne lui-même, à l'isolement et à l'anonymat pour l'éternité.
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L'espoir comme piège, l'attente de quelque-chose de mieux, de grand, qu'on est incapable de provoquer mais vers quoi on tend tout entier, sans toujours oser se l'avouer, l'inaptitude aux plaisirs banals comme aux choix décisifs, la fuite inexorable du temps, la vie qui s'effrite dans le vide... autant de thèmes fort, auxquels il est difficile de ne pas être sensible, auxquels il est difficile de ne pas se heurter soi-même, un jour ou quotidiennement.

Pourquoi, alors, n'ais-je pas été plus touchée que ça par cette lecture ? Réflexe d'auto-défense contre quelque chose qui risquerait de me toucher trop ? Ou difficulté à éprouver la moindre empathie - malgré l'intelligence théorique - pour ce personnage très lisse dont l'existence se dissout si bien qu'il y perd toute substance, dont la médiocrité si militaire ne parvient pas à me toucher.

En une chanson, Brel a donné bien plus de vie et de puissance à Zangra, que Buzzati n'en donne à Drogo dans tout un livre. La fin est belle, qui replace dans la mort les choix que la vie n'a pas su affronter. L'ambiance est captivante, souvent, mais je ressors de cette lecture avec une sensation de désolation froide, qui ranime peut-être certaines questions récurrentes mais ne m'a pas bouleversée.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Giovani Drogo est affecté au fort Bastiani, poste de frontière éloigné de tout... Soldats et officiers attendent avec anxiété une attaque des étrangers pour donner du sens à leur vie.

On m'avait souvent conseiller ce livre... Mais sachant qu'il ne se passait pas grand chose, je retardais le moment de me lancer dans sa lecture.Et pourtant, dès la première page, j'ai aimé ce style monotone où l'auteur sait donner une vie incroyable à l'attente. Tout le livre est dédié au temps qui passe et à l'espoir que quelque chose d'extraordinaire arrive pour arrêter la fuite du temps. le symbole de l'horloge nous accompagne tout au long du livre et nous martèle le message...le temps passe et ne revient pas.

Ces thèmes lourds et angoissants sont tellement bien décrits que je me suis surprise à adorer ce livre et même à croire comme Drogo que quelque chose pouvait vraiment se passer dans ce fort où il ne se passe jamais rien.
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