C'est un livre où l'on attend, on attend, et on attend. On attend quoi ? Qu'il se passe quelque chose. Comme dans la vie... Buzzati, je crois qu'on adore ou on déteste... de mon côté, j'adore...
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Drogo vient d'être promu officier, et est prêt à se rendre à sa première affectation. le sentiment d'avoir gaspillé sa jeunesse dans les études se fait un peu sentir, mais enfin, sa vie commence ! Les réceptions, les femmes, les honneurs, tout est enfin à portée de main.
Hélas, ses pas le conduisent dans un désert, loin de toute civilisation, pour garder un fort délabré que personne ne semble vouloir attaquer. le commandant, compréhensif, lui conseille de tenir quatre mois, jusqu'à la prochaine visite médicale : à ce moment, on s'arrangera. Puis Drogo décide, finalement, de rester les deux ans réglementaires : après tout, ça fera bien sur son dossier. Si ses rêves de gloire et de brillante compagnie ne restent intacts, les mois s'écoulent, imperceptiblement, tandis qu'il ne se passe strictement rien.
Les soldats du fort sont divisés en deux camps : les plus récemment arrivés, à l'affût d'une occasion de partir tant qu'il est encore temps, avant se faire engluer dans la torpeur du fort ; et les vétérans, guettant avec une sourde angoisse le désert, dans l'espoir qu'une armée ennemie fasse apparition et justifie ainsi toutes leurs années d'attente et de sacrifice.
Ce roman est une terrible allégorie du temps qui passe. On entre dans la vie adulte la tête pleine de rêves, on les laisse un peu de côté, le temps de gérer les petits tracas du quotidien, un peu emporté par la force d'inertie des habitudes aussi, mais quand on reprend ses esprits, on réalise, avec stupeur, qu'il est déjà trop tard pour les réaliser.
Superbe roman, mais douloureux à lire – d'autant plus quand un virus paralyse le monde entier et rend nos projets si aléatoires.
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Drogo, jeune lieutenant sortant de l'académie militaire est muté dans un fort aux confins du désert des Tartares, avec pour mission la surveillance et la défense de la frontière .
Il se retrouve dans une sorte de prison loin de toute vie sociale, associé à une hiérarchie sclérosée rêvant d'une confrontation militaire avec un ennemi imaginaire.
Le jeune homme va rapidement se confronter à un ennui existentiel n'ayant pour exutoire que son imagination guerrière.
A son arrivée, il ne souhaite que quitter ce fort pour retrouver l'atmosphère citadine, puis peu à peu et de de façon subtile, il va se fondre dans un confort rituel lui économisant toute contrainte sociale et matérielle.
Un petit entracte vers la ville n'aura d'autre effet que le vide existentiel devant des rapports sociaux devenus vains et distendus.
Puis, la vie s'écoule dans une routine répétitive , ce compte à rebours vers la vieillesse n'inquiète pas celui qui a la vie devant lui et du temps à revendre.
Le temps file de plus en plus vite et les journées sont paradoxalement de plus en plus longues, le jeune Drogo devient un homme mature qui reste dans l'attente de construire un avenir qui semble se rétrécir.
Quel sens donner à sa vie si ce n'est l'espoir d'une confrontation idéalement glorieuse avec un ennemi imaginaire, dans un fort où chacun joue un jeu de dupes.
Le corps, peu à peu lâche sous l'emprise des années, l'attente n'a rien donné de concret, la fin de la vie se rapproche, le bilan est sombre, il faut affronter la mort des projets de gloire, la mort de l'attente, puis l'attente de la mort, une mort sordide indigne d'un militaire réduit à combattre les ravages du temps.
Drogo est un personnage générique, celui qui pense que « si ce n'est pas pour aujourd'hui c'est pour demain « , ne construisant rien sur le présent, la procrastination étant le luxe de la jeunesse.
Et puis tout d'un coup, les rides apparaissent, l'attente de l'évènement qui fera sens se révèle de plus en plus factice à l'image d'une vie monotone et pauvre de sensualité et de réalisations concrètes.
Un coup de vent sépare la jeunesse de la vieillesse, les précieuse journées, heures, minutes et secondes sont dépensées sans compter, les chimères ne sont que des pièges qui obstruent toute acuité existentielle.
Ce roman est un chef d'oeuvre forcément intemporel qui cisèle la description d'une vie absurde dont le sens s'étiole doucement puis crescendo vers une fin biologiquement programmée.
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En lisant ce livre m'est revenu la chanson Zangra de Brel. Tout est là : le passage du temps, l'ennui ou la lassitude:
Je m'appelle Zangra et je suis lieutenant
Au fort de Belonzio qui domine la plaine
D'où l'ennemi viendra qui me fera héros
En attendant ce jour je m'ennuie quelquefois
Alors je vais au bourg voir les filles en troupeaux
Mais elles rêvent d'amour et moi de mes chevaux
Je m'appelle Zangra et déjà capitaine
Au fort de Belonzio qui domine la plaine
D'où l'ennemi viendra qui me fera héros
En attendant ce jour je m'ennuie quelquefois
Alors je vais au bourg voir la jeune Consuelo
Mais elle parle d'amour et moi de mes chevaux
Je m'appelle Zangra maintenant commandant
Au fort de Belonzio qui domine la plaine
D'où l'ennemi viendra qui me fera héros
En attendant ce jour je m'ennuie quelquefois
Alors je vais au bourg boire avec don Pedro
Il boit à mes amours et moi à ses chevaux
Je m'appelle Zangra je suis vieux colonel
Au fort de Belonzio qui domine la plaine
D'où l'ennemi viendra qui me fera héros
En attendant ce jour je m'ennuie quelquefois
Alors je vais au bourg voir la veuve de Pedro
Je parle enfin d'amour mais elle de mes chevaux
Je m'appelle Zangra hier trop vieux général
J'ai quitté Belonzio qui domine la plaine
Et l'ennemi est là je ne serai pas héros
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Très beau livre, il m'a embarquée sans même que je m'en rende compte. Alors que je croyais m'ennuyer devant les descriptions du fort Bastiani, je me retrouvais déjà à la fin du roman, en train de lire cette fin incroyablement tragique. Ce roman est assez atypique, très lent - comme le personnage, on passe notre temps à attendre, et on inévitablement déçu. Il s'agit là d'une réflexion sur la fuite du temps, sur la cruauté des hommes et de la vie. le personnage prend la décision de rester, d'y croire, fait le pari fou qu'un jour des troupes surgiront du désert des Tartares et qu'il sera alors couvert de gloire. Hélas, ce faisant il convertit une fatalité en choix, et se condamne lui-même, à l'isolement et à l'anonymat pour l'éternité.
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Giovani Drogo est affecté au fort Bastiani, poste de frontière éloigné de tout... Soldats et officiers attendent avec anxiété une attaque des étrangers pour donner du sens à leur vie.
On m'avait souvent conseiller ce livre... Mais sachant qu'il ne se passait pas grand chose, je retardais le moment de me lancer dans sa lecture.Et pourtant, dès la première page, j'ai aimé ce style monotone où l'auteur sait donner une vie incroyable à l'attente. Tout le livre est dédié au temps qui passe et à l'espoir que quelque chose d'extraordinaire arrive pour arrêter la fuite du temps. le symbole de l'horloge nous accompagne tout au long du livre et nous martèle le message...le temps passe et ne revient pas.
Ces thèmes lourds et angoissants sont tellement bien décrits que je me suis surprise à adorer ce livre et même à croire comme Drogo que quelque chose pouvait vraiment se passer dans ce fort où il ne se passe jamais rien.
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