J'ai découvert ce livre, par hasard, dans la jolie librairie de Saint Laurent en Grandvaux dans le Jura.
Et le hasard fait bien les choses, car j'ai beaucoup apprécié ce roman.
Basé sur des faits réels, il nous raconte l'histoire, méconnue, de ces migrants de la vallée du Champsaur, au sud du massif des Ecrins, qui sont partis aux Etats-Unis. On suit ici tout particulièrement, les (més)aventures de Pierre (Pete) Caffarel (grand oncle de l'auteur), berger de moutons dans le Wyoming.
Bien écrit, vivant, ce roman vous emmène dans les grands espaces du Wyoming et du Champsaur.
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Quitter sa famille, ses attaches, ses racines et partir un beau matin vers l’inconnu pour soulager les conditions matérielles, souvent misérables de ceux qui restent au pays, innombrables sont ceux qui ont dû affronter cette cruelle réalité et endurer ainsi de profonds bouleversements dans leur vie. Être migrant : émigrées immigrant, peu importe, c’est une loi immuable, inhérente à l’humanité, elle concerne la même personne, tout dépend du côté de la frontière ou l’on veut bien se placer.
Émigration poussée par la misère, mais qui demande une sacrée dose de courage et de force de caractère pour passer à l’acte. Parmi les hommes et les femmes qui se sont exilés durant un siècle des Alpes vers l’Amérique du Nord, aux profils si dissemblables, il devenait nécessaire, à mon sens, d’en découvrir les motivations profondes , de décrypter leurs parcours et les arcanes de leurs nouvelles existences. Aussi, cet écrit n’a d’autre prétention que d’apporter un témoignage réaliste sur les vies vagabondes de ceux qui par milliers ont quitté leurs hautes vallées à la recherche d’une destinée plus clémente outre-Atlantique.
Le récit des deux expériences américaines de Pete Caffarell, retracé ici avec une approche sans complaisance, s’inspire fidèlement des événements authentiques qu’il vécut. Le dernier séjour qu’il effectua au Wyoming à l’aube du vingtième siècle n’est qu’une simple illustration parmi la multitude de tribulations que connurent ses compatriotes haut-alpins durant plusieurs décennies, en parcourant avec leurs troupeaux de moutons les immenses territoires du continent nord-américain. Par le choix d’une vie âpre et dure s’exprime leur détermination farouche d’influer enfin sur le cours de leur existence au prix d’une abnégation totale, synonyme de rupture avec l’Ancien Monde et de nouveau départ.
Telles étaient les conditions d’errance de Pete et de ses frères de cœur, et près d’un siècle plus tard, force est de constater que dans une multitude de lieux de notre planète, rien n’a fondamentalement changé. Des contingents de pauvres hères continuent de s’exiler au jour le jour pour des raisons similaires, dans la plus grande des indifférences. (p. 7-8)