Je pousse donc la lourde porte de cet établissement. L’une des tables n’est pas débarrassée et à en voir le nombre de mouches qui y grouillent, ça ne date certainement pas du dernier service. Sur le bar, trônent trois verres complètement opaques de poussière. La patronne de la taule et la vaisselle ne doivent pas être très copines. En m’approchant du comptoir dans un craquement de plancher qu’accompagne chacun de mes pas, je peux déduire qu’elle n’est apparemment pas non plus copine avec le balai. Derrière le bar, personne. J’attends un peu, promène mon doigt sur le zinc, le regrettant aussitôt le voyant coiffé de poussière mêlée à du gras et des moucherons crevés. J’ai l’impression de rêver. Puis, quand je fais demi-tour pour repartir discrètement, j’entends une voix rocailleuse dans mon dos :— Je suis à vous, mon bon monsieur