Orest demeura en retrait, sans s'agenouiller.
- Vous ne l'aimiez pas, dit My. Est-ce une raison pour ne pas lui rendre hommage ?
- Pourquoi, je devrais l'aimer après sa mort ?
- Vous êtes d'un cynisme !
- Je suis cohérent.
- Mettez Xyon en protection rapproché, intervint Fraar. Et vous, Majesté, allez dans une autre tente, n'importe laquelle. Celle-ci servira de leurre ou de piège. On ne peut pas les tuer, mais on peut s'arranger pour qu'elle ressortent en mauvais état. Vous avez du poivre ?
Devant les regards, il se justifia :
- Personne ne résiste à ça.
La foule réagissait. Il n'y avait pas ce silence assourdissant qu'elle avait redouté. La vague de bruit enflait, se suspendait, impossible à saisir ou à comprendre.
Puis elle s'apaisa, l'espace d'une respiration. A ce même moment, la main d'Orest prit la sienne.
Mydria répondit à son étreinte de toute ses forces. La texture de sa peau, le contour de ses doigts, les siens les connaissaient. Par coeur.
Ils firent face à la foule, seuls sur l'estrade, sans séparer leurs mains. Parce que leur place était ici, l'un à côté de l'autre. Parce que la présence de l'autre leur donnait à chacun l'étincelle de courage qui leur manquait.
Parce que si elle vient, il faudra qu'elle usurpe son propre trône