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La question de la postérité en littérature est souvent un mystère. Qu'est-ce qui fait passer un auteur à succès de son époque à la notoriété par delà sa mort, 50 ou 100 ans plus tard ?
Elle se pose pour Henri Calet. Qui pourrait encore citer son nom quand on demande un auteur français du début du XXème siècle ? Et pourtant, Calet eut son petit succès à son époque.
Au delà de ces questions, reste à juger sur pièces. Et je ne peux que recommander sa lecture, en tout cas celle de ce livre, apparemment grandement autobiographique.

Calet a un style à l'économie, mais diablement efficace. Il sait mêler une certaine poésie de la modernité, évoque son Paris de façon admirable et sait nous rendre son époque. Il ne peut se départir d'une certaine désillusion , mais comment pourrait-il en être autrement quand on a vécu deux guerres mondiales alors qu'on a à peine atteint la quarantaine ? Calet sait distiller un humour ironique percutant et des phrases empreints d'une philosophie de la vie fortement influencée par ces épreuves traversées.

Un auteur vraiment à (re)découvrir. La postérité met parfois du temps à se déclarer alors pourquoi pas contribuer à une nouvelle naissance pour cet auteur talentueux.

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Un très beau livre sur la vie d'Henri CAlet, un vrai parisien et une très belle balade dans Paris. Superbe.
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C'est délicieux. La vie n'a pas de sens et c'est bien mieux ainsi. On pourrait s'en retrouver angoissé, mais non, c'est toujours limite, la mélancolie domine quand même mais beaucoup de légèreté papillonne et fait sourire profondément. Ca se passe essentielement à Paris, dans les petites rues des petits quartiers de Paris.
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Beau livre de souvenirs sur Paris, où l'auteur a vécu dans la première moitié du 20° siècle. Il y a une jolie musique dans la prose d'Henri Calet.
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Henri Calet, la quarantaine, une guerre dans les basques, arpente les rues de Paris où il a toujours vécu, fils de petits escrocs peu à peu assagis, un Paris de bains publics, d'odeur d'eau de Javel, « de femmes de petite vertu » et de cinématographe.

Ca n'a l'air de rien,ou plutôt ça a l'air d'une petit histoire révolue, d'une petite musique obsédante, dans une ville désuète, l'histoire d'un homme qui a écrit des livres - mais n'en parle pas - , qui a perdu sa femme - et ne s'étend pas la dessus - , mais continue d'avancer, de se balader, un homme qui dit :

j'aime ça ( la vie), j'en suis fou

C'est raconté avec une aimable ironie entre joyeuse et douce-amère, qui exclut la mélancolie. C'est l'histoire d'un homme jeune encore mais qui commence à voir le temps passer, qui se ballade dans une ville, qui regarde, s'amuse d'un détail, se remémore, un homme qui a un regard bienveillant, qui ne se prend pas au sérieux, dans un sourire léger qui cache pas mal d'émotions.
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"Mon existence commence un peu comme une chansonnette de café-concert que j'entendis vers 1913 au promenoir de l'Eldorado, où mes parents allaient assez régulièrement. (...) Ce n'est pas une très belle chanson, en vérité, mais l'air en est trépidant. J'aurais dû tâcher de vivre sur ce rythme."

Alors âgé d'une quarantaine d'années, Henri Calet, dans "Le tout sur le tout", se souvient... de sa petite enfance modeste mais heureuse, du tournant qu'une hospitalisation suite à un accident puis son entrée en pension ont fait prendre à sa façon de considérer l'existence, de certains épisodes de sa vie d'adulte.
Ce faisant, c'est le quotidien du petit peuple parisien, dont il fait partie intégrante, qu'il dépeint. le récit n'est pas vraiment linéaire, mais composé de séquences, de scènes qui paraissent croquées sur le vif, et qui sont associées à des lieux de Paris où l'auteur a vécu, et pour lesquels il manifeste un véritable attachement. Nous le suivons ainsi lors de ses pérégrinations dans la ville, qui se retrouvent intimement liées au cheminement intérieur qui le mène, d'une anecdote à l'autre, le long d'une existence dont il contemple le déroulement avec une certaine amertume, conscient de sa médiocrité.

Pourtant, ses premières années sont heureuses. Entouré de parents aimants, il garde notamment de ses relations avec son père des souvenirs particulièrement attendris. Ce dernier, fantasque, peu pragmatique, immature, anti-militariste et plus ou moins anarchiste, a toujours eu du mal à conserver un emploi plus de quelques jours. Mais il se débrouillait malgré tout, avec quelques combines (ses parents fabriquaient de fausses pièces de monnaie, comme la plupart des locataires de leur immeuble) et un peu d'entraide, pour offrir quelques plaisirs à son petit garçon. Et peu importaient les punaises, l'insalubrité des logements dépourvus d'eau courante...
"Mon existence coulait douce. J'étais à l'abri, bien au creux de la vie. Rien que de repenser à ces premières petites années, ça me chante encore un peu dans le ventre".
Et puis, il faut dire que ce début de siècle était passionnant, et quelque peu euphorique aussi : les évolutions techniques et les améliorations du standard de vie, même si dans un premier temps elles ne profitèrent pas à tous, laissaient entrevoir de merveilleux lendemains. "Nous nous imaginions loin du paupérisme du siècle précédent".

Quels événements ont fait que ces merveilleux lendemains ne sont pas venus, et qu'il a fallu bien vite déchanter ? Dans la vie du petit Henri, la cassure se produit lors de la première séparation avec ses parents, à partir de laquelle il véhicule une mélancolie qui ne le quittera plus. Ensuite, la première guerre éclate...

Avec le recul, l'auteur mesure la vanité des espérances que les individus placent en l'avenir. L'humanité, malgré les avancées technologiques, les progrès sociaux, reste la même. Depuis toujours, les hommes vivent au coeur d'une morne tragédie dont certains se voient confier quelque grand rôle, mais la plupart restent indissociables de la masse de figurants qui devra se contenter d'un piètre destin.
En l'occurrence, dans le Paris post seconde guerre mondiale, les préoccupations, pour le modeste peuple qui subit le rationnement, sont bien triviales. On se bat pour quelques navets pourris, on regarde avec suspicion, dans les files d'attente, la jeune mère prioritaire, l'immigré...

Henri Calet décrit les petitesses, les lâchetés, la mauvaise foi de certains de ses concitoyens, évoque l'absurdité de la guerre, mais le fait d'un ton presque égal, sans jugement ni cynisme, en évoquant des détails du quotidien, en rapportant les réflexions entendues dans la rue. Jamais il ne se pose en juge, il se contente de faire un constat, d'écrire une réalité dans laquelle il s'inclut lui-même.
Et pourtant, malgré la nostalgie qui émane de son récit, il avoue aimer la vie, "en être fou". Simplement, il estime que l'homme, dans sa frénésie de conquêtes (professionnelles, territoriales, amoureuses, matérielles...), dans son obsession du "toujours plus", finit par passer à côté du bonheur...
"Voilà bien des années que nous marchons ainsi, de père en fils, en direction d'un monde meilleur sur un parcours à peu près identique. A la fin, je me demande ce que nous cherchons (...) : ce monde meilleur n'est pas au bout d'une rue, il est ici, et maintenant. Nous y sommes, il faudrait s'arrêter, nous avons les pieds dedans ; le monde, c'est nous. Au bout du chemin, il n'y a qu'un fossé."
Lui-même a été un flambeur : il a connu beaucoup de femmes, s'est adonné aux plaisirs du jeu, a voyagé... et constate, amer, qu'il ne lui reste que la solitude d'une vie étriquée.

On aurait bien envie de lui dire qu'il a tout de même réussi à écrire avec "Le tout sur le tout" un beau roman. En tous cas, j'ai bien aimé, moi, son écriture fluide, que ses accents parfois populaires rendent très plaisante, et je me suis attachée à cet anti-héros humble et triste, qui parcourt Paris en quête d'un autre lui-même qui serait susceptible de trouver le bonheur...
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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