Citations sur Le Lit d'Aliénor, tome 1 (13)
Il fixa, imperturbable, tout au moins en apparence, les grands yeux fulminants jusqu’à ce qu’ils perdent de leur intensité. Aliénor sentit un sanglot lui nouer la gorge. Raymond se moquait d’elle. Il aimait la soumettre, la dominer du haut de sa vingtaine superbe.
— Lâche-moi, gémit-elle, des larmes dans la voix.
Il obtempéra. Elle se détourna, glacée, et lâcha d’une voix éteinte :
— Je sais ce qu’il me reste à faire. Puisque personne ne veut de moi, je n’ai plus qu’à disparaître. Adieu !
Raymond se retint de rire. Il hasarda :
— Où vas-tu ?
— Mourir, messire, lança-t-elle, très digne, en sortant de la pièce.
Laisse-toi guider par ton instinct, mais que jamais il ne devienne ton maître. Sache où bat ton coeur et pourquoi tu agis.
Quoi que tu fasses, ton être t'appartient et tu es seule juge, au regard de tes actes, tant qu'ils n'entravent pas ce pour quoi tu es sur cette terre.
C’était comme un murmure, une sorte d e liturgie à peine audible mêlée de chants d’oiseaux.
C’était agréable. Je me sentais légère telle une brise de mai.
Devant moi s’ouvrait une vallée superbe pavée de sable fin et brûlant.
Un soleil au zénith répandait des vagues de chaleur sur une ville blanche aux toits en forme de coupole.
En fond d’image, des montagnes se découpaient, ocre sur un ciel azur extrême, sans nuage.
Tout autour de la ville, des palmiers ployaient leurs feuilles de dentelle sous la caresse du vent, et, en m’approchant, je reconnus une orangerie gorgée de fruits dotés
...complice de ce Dieu d mensonge qui associait l'amour à la boucherie, la punition à la Rédemption, le martyre à la vérité du Christ.
(...) Je frappais désormais aussi fort qu'elle et je la sentais peu à peu s’essouffler et diminuer d'ardeur. C'était un des enseignements de Merlin : se nourrir de l'énergie de l'assaillant pour grandir sa propre force. Je n'avais jamais eu l'occasion auparavant de le vérifier, mais je constatais avec plaisir que, pour une fois, mon savoir m'était utile.
- Plutôt mourir qu'épouser ce falot !
L'Aquitaine ! On la disait belle, lumineuse, ensoleillée, chaleureuse par sa musique, ses vins et ses arts. J'appréciais les belles choses, tout ce qui, disait-on, coulait là-bas, comme coulait le fleuve en écartant les terres pour s'y frayer un passage et les enrichir. Ainsi, c'était l'Aquitaine, cet endroit dont j'avais prédit en songe l'importance !
"Quand l'eau de la fontaine
Devient plus limpide, comme cela arrive
Quand naît la fleur de l'églantier
Et que le rossignol sur la branche répète,
Module, roule et affine sa douce chanson,
Il est bien juste que je reprenne la mienne"
J' avais toujours exécré ces prélats trop riches qui priaient pour la miséricorde d'un peuple mourant de faim, entre deux bouchées de mets surabondants dont un seul eût suffit pour nourrir une famille.
Jamais je n'ai vu visage plus noble et plus beau que le vôtre, comte , lorsque la musique tout entière le caresse et l'enivre. Quant à votre voix, elle est digne d'un chant d'oiseau, lorsque l'aurore point et que le ciel s'embrase à son hymne. Si vous partez maintenant, vous condamneriez ce printemps qui vient à mourir avant de naître. Si je vous ai fui, ce n'est pas par dégoût de vous, mais par peur de moi.