Un ovni littéraire avec trois personnages, trois pays, une époque.
Karl nettoie des vitres de gratte-ciel à NewYork, Jorge invente des histoires et des animaux pour sa petite soeur en Argentine, Fernando rentré à
Lisbonne rêvasse dans sa chambre chez ses tantes. Nous sommes au début du siècle dernier. Dans les premières pages du livre, des coupures de journaux datant du 19 mai 1910 nous rapportent le passage du comète Halley et la folie qui s'en suivit.
Karl semblerait l'héros de l'Amérique, premier roman de Kafka, Jorge, J.Luis
Borges et Fernando, l'écrivain portugais
Fernando Pessoa, est-ce le cas ? c'est fort possible. Les nombreux détails parsemés par l'auteur dans le texte y correspondent. En tout cas moi je l'ai lu dans cette perspective. Fascinante cette plongée dans la tête de ces trois personnages, des « Halleys » de passage sur terre dans le Monde d'hier, comme dirait S.Zweig. Un livre qui aujourd'hui tient lieu des coupures de presse d'une époque, recelant le monde fantasmé de l'imagination et de la création de trois grands écrivains du XX iéme siècle.
Difficile de parler de ce livre sublime, surtout avec mes moyens. Donc je procèderais par le biais d'une citation du livre : « Certains hommes sont faits de tripes et d'écailles, une fois apprêtés, le peu qu'il en reste n'est pas grand-chose et ils ne sont pas présentables.Il y en a d'autres où tout peut être mis à profit, les entrailles et la peau de ces hommes recèlent des secrets et racontent des histoires sans fin ».p.40.
En remplaçant dans cette citation simplement « hommes » par « livres », je peux à peu près donner une idée de mon ressenti. Chaque phrase de ce livre raconte quelque chose, fait réfléchir et donne du plaisir, si bien que la moitié du livre pourrait être mise en citations......la caverne d'Ali Baba. En plus la forme est toute simple, divisée en six parties, de courts chapitres qui alternent les trois personnages, une prose claire et concise, accompagnée d'un humour subtil. Ça vous paraît trop parfait, non ? Eh bien il l'est, un des meilleurs livres que j'ai lu depuis longtemps !
Merci Bison de m'avoir fait extraire ce livre fabuleux, des tréfonds de ma Pal .
“Vivre comme on se promène ici-bas, indifférent à l'univers auquel il faudra retourner un jour ou l'autre, en attendant qu'un vent froid de fin d'après-midi souffle et qu'une voix appelle de l'intérieur, « rentrons , il va faire nuit » “.