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Citations sur Les éveillés (15)

Salah grimaça un sourire.
- Je suis restée près de trois semaines dans le coma, à un stade relativement avancé. D’après le professeur Mariani, je suis une miraculée.
- Quel rapport avec cette Elise ?
- Je ne sais combien de temps avant de me réveiller au juste, j’ai fait des rêves. J’ai eu l’impression d’avoir conscience d’exister, tout en n’ayant aucune perception de mon corps. J’étais dans un endroit que je ne pourrais pas te décrire. C’était… ni bien ni mal. Et dans ce lieu étrange, il y avait une porte. Une lourde porte en bois. J’ai le souvenir de l’odeur du chêne, des moulures dans le panneau. Et derrière cette porte, il y avait Élise.
Réjane, qui coupait sa tarte, suspendit son geste et lança un regard interrogateur à Salah.
- Tu as vu ton infirmière à travers cette porte, c’est ça ?
- Oui. Et j’ai distingué des détails très précis. Ses traits tout d’abord, les motifs en étoile de son foulard. Un carré de tissu bleu qu’elle portait pour tenir ses cheveux. Et son médaillon. Une grosse pièce ronde, probablement en or, ciselée d’un triangle inversé.
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Est-ce à cause de cette programmation génétique que je sens encore mes doigts ? Non, bien sûr. Il faudra que mon cerveau intègre le fait que je ne puisse plus me servir de ce bras, qu’il ne fait plus partie de moi. Alors, les zones correspondantes finiront bien par devenir paresseuses et par l’oublier. Enfin, j’espère…
Elle imagina cette partie d’elle-même, déchirée, arrachée, collée à la tôle. À l’évocation de l’attentat, Salah manqua vomir. Sa chair pourrissait probablement dans une décharge de Kaboul, avec le reste du car. Puis elle vit des montagnes de membres arrachés, survolées par les vautours.
Stop, ma vieille. Arrête un peu de te plaindre. Tu as eu de la chance. Tu aurais pu crever là-bas.
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Ne pas dormir est contre nature. Mais qu’est-ce qui se passe ?
Pierre songea soudain qu’il était peut-être malade. Il imagina une bête tentaculaire tapie dans les circonvolutions de sa matière grise, lui grignotant peu à peu chaque neurone. Mal à l’aise, il se leva et se planta devant le miroir de la salle de bains. « Vous êtes inquiet pour votre mère, ce qui peut expliquer vos insomnies. C’est assez courant. » Pierre s’accrocha aux dernières paroles de Catherine Nicot et rinça son visage à l’eau claire.
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Salah reçut Élise en plein cœur. Elle put sentir l’odeur de ses cheveux. Un mélange d’amande et de miel, comme les gâteaux de son enfance.
Une forme vague s’appuyait sur son thorax.
Salah reprit conscience qu’elle possédait une conscience, et que celle-ci allait réintégrer son corps.
Le poids disparut presque aussitôt. Sa gorge irritée tenta de rejeter le tuyau qui violait ses muqueuses.
Salah essaya de cligner des yeux. Elle pouvait deviner les traits fatigués de l’infirmière blonde penchée au-dessus d’elle.
Les voix déformées résonnaient étrangement dans son crâne. Salah envoya un signal à sa main gauche.
Son doigt bougea à peine.
Elle n’avait plus de main gauche.
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Il quitta la pièce sans attendre la réponse d’Élise.
La jeune femme s’appuya contre le mur, les yeux rivés sur les noms inscrits au tableau. Salah, Vincent, Robert, Bénédicte et Jean-Paul. Ses endormis. Ils étaient toute sa vie à présent. Tous partis dans des contrées bien vagues.
Seuls. Effrayés. Perdus.
Salah Tounsi était la plus proche du retour. C’est pourquoi elle la veillait inlassablement. Elle sentait que la nuit prochaine serait la bonne. Élise espérait que cette fois encore, elle pourrait ouvrir la porte, une dernière fois.
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Un corps allongé des mois durant, singeant le sommeil ou la mort, sempiternelle pantomime du vivant endormi, inutile à lui-même et aux autres.
Inutile…
Jusqu’à ce qu’une nuit de décembre, peu de jours avant la fin du mois, les échanges chimiques de l’éveil reprennent. L’homme entama sa remontée vers la surface par un songe, le premier depuis son accident.
D’ailleurs, était-ce vraiment un rêve ?
Manifestement, l’état de veille approchait.
Approchait.
Il avait aimé la vie par-dessus tout, il avait adoré croquer dedans, mordre les chairs, couper un à un les fils de ses marionnettes. Et il ne laisserait pas s’échapper cette occasion de revenir, peut-être la seule avant jamais.
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Puisque ta vie n’a pas de sens, fais que ta mort en ait un.
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Puisque ta vie n'a pas de sens, fais que ta mort en ait un.
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Elle ne pouvait ps lutter. Les forces antagonistes qui gouvernent le monde les avaient mis en relation. Elle devait être une créature éthérée chargée de répondre la lumière autour d'elle. Et lui devait au grand ordre universel de piéger cette belle chose. Et de l'anéantir.
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Lorsqu'elle se réveilla, Maud Bérengé ne réalisa pas immédiatement où elle se trouvait, ni pourquoi ses membres ne répondaient pas aux ordres de son cerveau. Elle tenta de bouger, sans succès. Mais son dernier souvenir heurta sa conscience avec la violence d'un uppercut. Elle se mit à gémir. Un goût de sang se mêlait à sa salive et elle respirait avec difficulté. Des mains frôlèrent sa tête, fouillèrent dans sa chevelure et libérèrent ses yeux du bandeau qui les aveuglait.
Maud découvrit alors avec horreur que son corps, entièrement nu, était enroulé dans un film plastique alimentaire, des chevilles à la bouche. Le long ruban la serrait si fort qu'elle ne pouvait respirer complètement.
Assis sur la table basse juste devant elle, Stanislas l'observait. Le regard bienveillant qu'il lui jeta l'expédia au comble de l'horreur.
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