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Voici un livre sur « la rumeur du monde », nous dit la quatrième de couverture. Tant de bruits nous entourent ; les jolis, les doux, les mélodiques mais aussi les puissants, les tenaces, les percutants, les dissonants, les sourds... L'auteure parvient à aborder dans ce roman une multitude de sujets comme l'amitié, l'amour, l'écologie, la marginalité, la politique, de sordides enquêtes de police, qui se rassemblent pourtant autour d'un thème majeur : l'agencement du monde et sa confusion.

Jodel est hyperacousique – l'hyperacousie est un dysfonctionnement de l'audition créant une hypersensibilité de l'ouïe. Affection gênante et perturbante dans la vie quotidienne, les bruits agressant littéralement les personnes atteintes –. de son handicap, Jodel tente d'en faire un atout en décortiquant des enregistrements pour le compte des renseignements généraux. Mais son existence est plutôt morne et solitaire ; quand il n'est pas à son travail, enfermé dans un labo à écouter les mots durs et violents de personnes traquées, il passe son temps loin de la ville, loin des sons qui l'irritent tant.

Brutalement mais cela lui sera salutaire, sa vie se trouve bouleversée par des rencontres successives surprenantes et enrichissantes. Jeanne, petite fille hyperacousique également, va lui « tomber dessus » et éclairer sa vie. Très vite, il va prendre la petite sous son aile et la faire voyager à travers la forêt. Il va surtout lui apprendre à écouter les bruits de la Terre. Puis, Jodel va faire la connaissance de Jaumette, la mère de Jeanne, dont il va tomber amoureux. Cette femme compose et joue de la musique. On assiste alors à de très beaux passages sur l'organisation des sons dans cet art, leurs combinaisons, leurs règles aussi. Oulan, un marginal, va quant à lui faire une entrée fracassante dans son existence en le confrontant à un monde aux antipodes du sien. Il sera amené à fréquenter un endroit insaisissable peuplé de personnages douteux.

J'ajoute que Belinda Cannone utilise l'anadiplose en reprenant la dernière phrase d'un chapître pour débuter le suivant. On perçoit alors l'écho qui court tout au long du roman...la fameuse « rumeur du monde ». C'est un roman qui se vit et qui s'écoute surtout. Poésie, musique, violence, sensualité, discours, réalité, fable se mêlent en rythme pendant que les mots battent joliment la mesure.

Lien : http://lesmotsdelafin.wordpr..
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Je trouve qu'Entre les bruits est un livre à la fois très intéressant et très agaçant. Très intéressant par l'originalité et la pertinence des thèmes abordés (l'hyperacousie, la difficulté de vivre parmi les autres lorsqu'on a une hypersensibilité, les affinités électives (Goethe n'est pas loin), le monde périphérique qui s'invite et s'installe au centre de nos cités, ...), mais agaçant aussi pour des raisons qu'il ne m'est pas facile d'expliciter : peut-être un excès de "différence" avec la normalité, tout est un peu excessif dans ce roman, les personnages, les situations, le style de l'auteur et ses descriptions emphatiques. Ce que j'ai beaucoup aimé dans les premiers chapitres est devenu un peu répétitif et finalement pesant pour moi au fil des pages et m'a semblé devenir progressivement un simple exercice de style avec des personnages qui manquaient de chair.
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très jolie fable et fourmillement de belles choses, moments, érotisme brûlant parfois au détour du bruissement imperceptible d'une page entre les bruits ...
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e voici de nouveau subjugué par Belinda Cannone, dans son récent roman. le thème, c'est l'ouïe extraordinaire dans l'assourdissant vacarme du monde. le héros, un homme dans la cinquantaine, atteint d'hyperacousie congénitale, dont la vie très ordinaire, obsessionnelle, enfermée professionnellement dans une bulle de normale sordidité, sera bouleversée par trois rencontres. Avec une petite fille extrêmement douée, à l'ouïe encore plus aiguë que la sienne, qui lui fera vivre la Grande Pureté des rapports d'amitié et un certain retour à la nature; avec la mère de celle-ci, musicienne passionnée, qui le rehaussera au faîte de l'érotisme par le Grand Désir et par sa musique; avec un marginal SDF aux aïeux mongoles qui lui dévoilera quelques rouages inattendus du fonctionnement du monde politique contemporain (bribes d'analyse très intéressants sans être développées), en lui faisant rencontrer quelques figures de la Grande Colère. La forme du roman, c'est le quintette (il y a aussi parmi les personnages une mathématicienne, Clotilde, mais elle nous intéresse moins), étant entendu qu'il s'agit là d'un véritable roman musical, de musique classique (bien sûr : faut-il rappeler les études de Cannone sur Mozart et sur le classicisme musical?), dont le raffinement des résonances et de la polyphonie entre les "voix" les cinq personnages est proportionnel à la structure de la composition. (Une structure qui, mais ce n'est qu'une sympathique remarque superficielle, nous est déjà suggérée par la trouvaille de commencer chaque nouveau chapitre par la dernière phrase du précédent.)
Et en parlant de structure musicale du texte, on ne peut faire abstraction d'une autre idée forte exprimée et caractérisant ce roman : le "kairos".
"[...] au fil des secondes une joie légère l'envahit, une reconnaissance infinie pour cette femme qui peut donner tant de plaisir à ses oreilles et [...] des moments si parfaits qu'il en a brusquement les larmes aux yeux. [...]
- Ce que vous venez de traverser, je l'appelle kairos, un instant hors du temps, instant d'exquise perfection. Je l'espère souvent. Je voudrais le susciter.
- Vous décririez ainsi votre écriture musicale?
- Oui. A ceci près que quand je travaille, ce que je vise est plus précis. Plus concret. le kairos est, ensuite, l'effet souhaité sur mon auditeur.
- Que cherchez-vous, alors?
- Je dirais : à créer des structures complexes qui donnent du plaisir au fil de l'écriture, en cheminant, mais dont chaque moment ait un sens, une place dans la structure générale." (p. 123)
Si cela est un manifeste d'esthétique, le roman est entièrement réussi, à mes yeux.
Un seul petit bémol (mais c'est peut-être de l'immaturité de ma part ?) : j'aurais aimé lire systématiquement des description auditives fines de la part du héros Jodel; le monde perçu constamment et quasi exclusivement par l'ouïe.
Dans cet espoir, je me penche sans plus tarder sur le Parfum de Süskind, espérant y trouver dans l'olfactif ce genre de descriptions.
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Inouïe

Jodel est atteint d'hyperacousie, c'est à dire qu'il entend trop bien tous les sons mêmes les plus infimes et ce même à une certaine distance. Entre handicap et talent, il a mis son don au service de la police. On lui fait écouter des bandes sonores afin qu'il donne, si possible, des détails sonores aidant à résoudre une enquête, comme le bruit d'un combat de coqs permettant de localiser un otage ou l'accent d'un des criminels permettant de l'identifier. Il rencontre une enfant de 11 ans atteinte du même mal que lui mais qui le subit. Il réussit à la convaincre d'apprendre à contrôler son ouïe. À partir de cet instant sa routine de policier de bureau bascule vers une intrigue mouvementée ou Jodel s'ouvre au monde, rencontre l'amour et vit plus intensément. Un beau conte qui revalorise le rôle des sons, des bruits et de la musique dans notre quotidien.
Lien : http://xg-melanges.tumblr.co..
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waouh! Ces éditions de l'olivier n'ont pas fini de me surprendre! Ce bouquin-là, c'est juste que du bonheur tant j'y retrouve ce que j'aime : beaucoup d'originalité, de vrais "discours" philosophique sur l'art et en particulier sur la musique, des personnages peu nombreux et extrêmement bien dessinés sans pour autant qu'on ait affaire à une "psychologie" hautaine, beaucoup de poésie... C'est d'abord une histoire d'amitié entre un homme et une petite fille, tous deux reliés par un "don" qu'ils ont en commun, hyperacousie, et qu'ils vont apprivoiser afin de transformer le handicap en révélateur. Et révélateur deviendra révélation : Jodel se remet à s'entendre, lui, celui qui écoute si bien, il retombera amoureux, il laissera à nouveau la surprise jaillir dans sa vie, dans ses yeux, à l'image de Jeanne, cette enfant qui le ramène dans ce monde perdu (l'enfance!) où les mots sont une multitude d'images et de poèmes. "J'ai une crise!" lui dira-t-elle, "une crise de quoi", répondra-t-il, "une crise de bonheur!" Et lorsqu'ils vont s'asseoir en forêt sur leurs "écoutoirs" pour apprendre à trier les sons, Jodel apprend aussi à trier ce qui ne s'agite plus en lui ; il fraiera dans de drôles d'histoires un peu louches aux côtés de rencontres fondamentales, -celles qui ne sont que de passage mais qui marquent, à jamais, leur empreinte dans le sillon de notre vie.
Je vais m'empresser d'aller lire d'autres ouvrages de cette auteur délicate et complexe! ;-)
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La rencontre de 2 hyperacousiques. le plus vieux initie la fillette à maîtriser ce don .. ou cet handicap. Dans ce récit s'entremêle le croisement de différents monde avec "la zone", le service secret, la nature, l'attirance.
Un livre plein de poésie et de sensualité, Une belle découverte pour moi.
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Une histoire originale avec de beaux personnages principaux et secondaires qui m'aurait complètement emballé. Mais il faut supporter le style. Un style trop recherché et qui enlève tout naturel au roman.
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Entre les bruits raconte l'histoire de la rencontre de deux personnes hyperacousiques, un homme nommé Jodel qui met son « don » au service de la police entre autres et Jeanne, petite fille d'une dizaine d'année. Pour Jodel, la venue de cette petite fille dans sa vie va lui donner des ailes : Il se posera en mentor , en maître , il lui apprend à décrypter les sons, à les trier, les ranger, les oublier parfois pour ne pas devenir fou. Car l'hyperacousie est un défaut de l'oreille, elle gêne.

Par ailleurs, il tombera amoureux de la mère de l'enfant, mère vivant elle-même dans le son, la musique et la composition. ON assiste avec cet amour naissant à une fascination de Jodel pour sa musique.

Ce roman est une fable moderne, nous pouvons y percevoir une critique de notre société moderne. Société assaillie de sons et de paroles. L'homme agressé par une multitude de paroles devant tirer le vrai du faux, classer ce qui est bon et mal, ce qui est utile ou pas. Une leçon : Ne pas avaler ces tonnes d'informations sans avoir un esprit critique, avoir une vision bienveillante sur ce qui nous entoure, faire attention au son qui fera la différence.

L'auteur utilise une figure de style appelée anadiplose, elle commence chaque nouveau chapitre par la même phrase qui clôt le précédent. Une manière de provoquer un écho ? Comme si le son se propageait sans rencontrer aucun obstacle ? Une manière de mimer l'hyperacousie par les mots.

Un roman philosophique, étrange par certains personnages (que je ne développe pas) . Il y a une sorte de cacophonie parfois de personnages qui renvoie sans cesse à cette thématique du bruit.

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Entre les bruits met en scène une fillette qui perçoit les sons les plus faibles, éloignés et imperceptibles pour les oreilles ordinaires.
une abeille sur une fleur, des courses de souris, un pic-epeiche au milieu de la forêt. Elle rencontre un ingénieur en physique des sons qui, outre son oreille ultrafine, a un poste peu banal. Sur des enregistrements, il localise des conversations enregistrées. Son travail relèverait de la police, à ce que je crois.Toujours est-il que ces deux "oreilles" partagent leurs "écoutes", ce qui est une forme d'éducation auditive. Quant au lecteur, il se demande où va le mener l'écoute des cassettes enregistrées...signe particulier : la dernière phrase d'un chapitre ouvre le suivant, ce qui donne une continuité dans l'oreille.
L'hyperacousie, ou sensibilité très aigue aux bruits extérieurs, ouvre la porte à tout et à son contraire :
d'un côté les bruits de la nature que Jodel partage avec sa consoeur Jeanne, encore enfant par certains côtés, et adepte de la grande Écoute, en forêt : de l'autre, l'audition musicale, souvent inspirée de la nature mais aussi de la vie personnelle, que Jodel partage avec Jaumelle le compositrice qui émeut son coeur et ses sens,
Et les bruits du monde, ce « grand potage » où flottent les faits-divers et les grands tumultes : là, Jodel notre ingénieur en physique des sons, s'exerce professionnellement pour remonter des pistes, criminelles ou terroristes dont il ne perçoit et n'élucide que la périphérie sonore. Personnellement et à la suite de hasards, il fréquente une « zone de chute », sorte de grand sqattt où se retrouvent des étrangers de toutes origines, :sorte de goutte d'eau qui reflète le monde - et pas seulement la bulle occidentale.
Les reprises de phrase d'une fin de chapitre au début du suivant forment une ligne mélodique entre différents univers.
« les histoires qu'on raconte aux autres n'ont pas besoin d'être complètes » prévient l'auteur, via son personnage principal, et je ne parlerai pas d'une intrigue quasi policière qui se fait tantôt entendre en sourdine et parfois de manière plus flagrante, voire déflagrante !
Tel qu'il est, Entre les bruits se lit comme un ouvrage délicat à mettre entre toutes les oreilles pour apprendre à écouter le monde, ses harmoniques et ses dissonances, pour s'entendre avec autrui, mais avec l'attention du coeur.
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