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4,12

sur 318 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quand je l'ai vu la première fois en libraire, j'ai cru qu'il était question de la République espagnole, alors il a rejoint ma PAL aussi sec. Et puis en lisant la quatrième de couverture j'ai compris mon erreur. Il s'agissait de la France de De Gaulle et des mal-nommés événements d'Algérie. Ce livre a dont patienté avant que je me décide à l'ouvrir. Pour finalement ne plus le lâcher.
Thomas Cantaloube a la force des grands journalistes : il sait raconter des histoires en s'appuyant sur des faits réels. Si l'assassinat de la famille Bentoui qui ouvre le roman est purement fictionnelle, on assiste à l'attentat de Vitry-le-François et à la nuit du 17 octobre 1961. On rencontre aussi Mitterrand en jeune député et Papon en préfet de police, et ces deux personnages sonnent justes, comme décrit dans les journaux et comme on les imagine. Les personnages de Cantaloube donnent une vraie tonalité au récit. Sirius Volkrom, trouble et dangereux, Antoine Carrega, le bandit au coeur tendre et Luc Blanchard, le jeune flic qui comprend au fil du texte à quel point sa hiérarchie le manipule. Ce ne sont pas des personnages très originaux mais ils sont attachants. Et grâce à cela, j'ai le sentiment d'avoir découvert un pan de l'histoire que je ne comprenais que de loin.
Thomas Cantaloube a donc réussi sa mission de journaliste et d'écrivain. On en redemande !
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Voilà (encore) un roman policier que je n'aurais pas lu sans les critiques positives postées sur ma page d'accueil par mes amis sur Babelio. Merci à eux. En effet, je suis pas un adepte de la collection (Série noire de Gallimard), la couverture est délibérément vieillotte, l'auteur m'était inconnu (c'est un journaliste de Mediapart), et, avant tout, la période abordée, celle de la guerre d'Algérie et des manipulations auxquelles elle a donné lieu en métropole, est toujours source d'oppositions et de parti-pris.

En fait, Cantaloube a trouvé par le biais du roman policier l'occasion de raconter une époque, celle des débuts de la cinquième république.
1959, De Gaulle est de retour au pouvoir en promettant de traiter le problème algérien. Ce que certains interprètent comme un blanc-seing aux exactions anti-FLN, particulièrement en France métropolitaine. le préfet de police de Paris, Maurice Papon, a déjà sévi en matière de maintien de l'ordre pendant l'occupation. Son adjoint, Deogratias, décide de se débarrasser de l'avocat algérien des militants FLN en lui envoyant un tueur issu des rangs de l'extrême droite, Victor Lemaire. Pour couper toute chance à une très éventuelle enquête de remonter jusqu'à lui, il mandate un ancien collabo de ses amis, Sirius Volkstrom, pour liquider le tueur dés qu'il sera passé à l'action.
Un plan qui devait se dérouler sans accroc, un soir de la semaine où l'épouse française issue de la bonne bourgeoisie et les enfants devaient être de sortie. Mais le jour venu, Volkstrom ne peut que constater les dégâts : Lemaire a exécuté l'avocat, son frère de passage dans les lieux, sa femme et deux tout jeunes enfants, et il a réussi à s'enfuir. L'enquête est confiée à la brigade criminelle. le jeune débutant Luc Blanchard est sur le coup. Un dossier où il va vite sentir malgré sa naïveté qu'on cherche à orienter l'enquête vers un simple règlement de compte entre algériens.
Le père de la femme de l'avocat est un grand banquier, ancien chef d'un réseau de résistance dans le sud. Désemparé, sentant que la préfecture de police lui ment, il fait appel à un camarade du maquis, Antoine Carrega. Ce truand corse a ses entrées dans le milieu. Au nom de leur passé commun et des liens qu'ils ont noué, Carrega va accepter de mener l'enquête de son côté pour savoir qui a pu tuer aussi sauvagement toute une famille.

Chaque chapitre concerne alternativement l'un des personnages (fictifs) : Carrega, du mauvais côté de la loi mais totalement fiable, Volkstrom, escroc occasionnellement tueur, sans engagement politique, mais toujours prêt à faire régner la violence pour de l'argent, et Blanchard, le petiot manquant de confiance en lui, mais qui ne se satisfait pas des conclusions toutes faites qu'on lui présente.
La chasse à l'homme commence. Elle va permettre de croiser des personnages réels. Papon, bien sûr, dont on voit la responsabilité dans la répression de la manifestation du 17 octobre 1961 organisée par le Front algérien de libération nationale (FLN). François Mitterrand aussi, alors sénateur d'opposition, impliqué dans un faux attentat contre sa personne, boulevard de l'observatoire. Michel Debré, chef du gouvernement, dont Cantaloube reprend un discours, en le situant dans un autre lieu. Jean-Marie le Pen, alors député d'extrême droite présent dans les manifestations pour l'Algérie française.
L'ambiance faite de manoeuvres politiques, de coup d'État en préparation et d'opérations clandestines en réaction aux attentats du FLN et aux discussions à Evian autour de l'indépendance, est prenante.

Le montage de Cantaloube prend vite. le lecteur plonge dans un polar stylé années cinquante, avec des truands qui ont des règles d'honneur et des barbouzes qui fraient avec les extrêmes. Les policiers sont ambigus, les politiques ouvertement manipulateurs. Cantaloube avance son intrigue avec efficacité. le livre est épais, mais il se lit à grande vitesse en se remémorant les évènements réels que Cantaloube évoque au passage. Une réussite dans le genre.
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Passionnant et instructif ce « Requiem pour une République » de Thomas Cantaloube. On pourrait presque s'arrêter là tellement ces deux mots définissent à eux seuls ce premier roman. C'est dans une plongée vertigineuse durant les années les plus sombres de la Vème République, de 1959 à 1961, que nous entraine l'auteur.

Automne 1959 : l'assassinat d'un avocat algérien lié au FLN tourne au carnage. Victor Lemaitre, écrivain raté d'extrême droite et professionnel du crime, assassine froidement toute la famille d'Abderhamine Bentoui puis disparait. Que s'est-il passé ? Rien de tout cela ne devait arriver. Juste l'avocat, avaient-ils dit. Qui ils ? le Préfet de police, Maurice Papon et son Directeur Adjoint, Jean-Paul Deogratias, qui ont commandité le meurtre. Pour quelle raison obscure ont-ils orchestré cet assassinat ?

Trois hommes que tout oppose vont se lancer dans une chasse à l'homme qui va les mener bien malgré eux à se croiser et à joindre leurs forces dans cette traque dont les enjeux profonds les dépassent. Luc Blanchard, jeune flic intègre et naïf de la PJ chargé de mener l'enquête, Sirius Volkstrom, ancien collabo devenu exécuteur des basses oeuvres du Préfet Papon, présent sur le lieu du crime et en possession de documents estampillés secret-défense dont il peine à comprendre le sens et les enjeux et Antoine Carrega , ancien résistant corse qui a ses entrées dans le Milieu.
Leur traque racontée en chapitres relativement courts narrant pour chacun la journée d'un de ces trois hommes.

Partant d'une intrigue de fiction, l'auteur met en scène avec un talent certain des personnages fictifs et réels. On croise les figures emblématiques de ces années troubles : De Gaulle, Papon, Mitterrand, le Pen et bien d'autres, l'OAS, le SAC, le FLNC. Il entremêle avec brio la fiction et des évènements bien réels de cette époque : les essais nucléaires français dans le Sahara, l'attentat perpétré par l'OAS à Vitry-le-François contre le train Strasbourg – Paris et le massacre de manifestants algériens par la police française, le 17 octobre 1961…

« Requiem pour la République » est un polar historique absolument étourdissant, palpitant de la première à la toute dernière ligne, tant du point de vue de l'intrigue que sur le fond politique réel. L'auteur a su recréer à la perfection l'ambiance et l'atmosphère de ces années sans rien occulter de la réalité de l'époque : évènements, langage châtié qui en choqueront plus d'un, tant aujourd'hui tout est sclérosé. Alors certes, on peut ne pas être forcément d'accord avec cette étude coupée aux couteaux de cette époque néfaste de la France mais l'auteur a le mérite d'avoir écrit sur cette période qu'est « la guerre d'Algérie », ce qui est rare pour être souligné !

Bref, une chose est sûre et certaine ce pavé de plus de 500 pages est impossible à lâcher : un vrai régal de lecture !

Un formidable polar qui n'est pas sans écho à ce qui se passe de nos jours !

«Je ne veux pas être désobligeant avec vous, mais il y a des choses qui vous dépassent. L'intérêt supérieur du pays nécessite souvent que l'on passe certains évènements, certaines personnes, par pertes et profits. »

« La raison d'Etat.
Qu'est-ce que tu racontes ?
On apprend ça lorsqu'on fait des études de droit. C'est, quand au nom d'intérêts supérieurs, des gouvernants s'autorisent à violer les règles de droits. »

Édifiant non ?...
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En septembre 1959, un assassinat sanglant en plein Paris met la Police et la presse dans tous ses états. Un avocat algérien, en lien avec FLN est assassiné avec toute sa famille. Dans l’ombre, le préfet Papon et le sinistre Deogratias tirent les ficelles, mais c’est sans compter sur la perspicacité d’un jeune flic, l’acharnement d’un ancien collabo manchot avide de vengeance et la détermination d’un ancien résistant corse devenu convoyeur de drogue et d’anisette. Ces trois personnages au destin diamétralement opposé vont se retrouver bien malgré eux dans une intrigue à enjeux multiples avec au centre une manipulation politique dont personne ne pourrait ressortir indemne.

Pour son premier roman, le journaliste Thomas Cantaloube réalise un joli coup avec ce roman noir au scénario diabolique et très bien ficelé dans lequel chaque personnage est construit avec un soin tout particulier, dessinant au fil des pages des personnalités complexes et attachantes, malgré la part d’ombre qui se dessine derrière certains.
A partir de cette petite histoire politico-crapuleuse, l’auteur évoque la grande Histoire, celle d’une France vivant les dernières heures de la IVe République, avec en point d’orgue morbide, l’assassinat, par la police, le 17 Octobre 1961, d’algériens pacifistes.

Au détour d’une page ou d’un chapitre, on croisera de nombreux personnages imaginaires mais aussi quelques noms importants de la Cinquième République : Michel Debré, François Mitterrand, Charles Pasqua, Jean-Marie Le Pen… puisque Thomas Cantaloube a eu la bonne idée d’entremêler faits réels (l’attentat de l’OAS contre le Strasbourg-Paris, la création du SAC, l’attentat de l’Observatoire…) et fiction, comme si de rien n’était. Et ça fonctionne parfaitement pour le plus grand plaisir du lecteur !

Les 540 pages de ce roman se lisent d’une traite ou presque avec un récit touffu, sans temps mort, dans lequel il se passe toujours quelque chose.
L’ambiance de l’époque, avec ce Paris grisâtre sur fond de Guerre d’Algérie et de répression sanglante, est parfaitement rendue par l’auteur, dans une langue presque d’époque, un peu fleurie et en tout cas très plaisante, qui évoque le cinéma en noir et blanc de la fin des années 50, des films de Gilles Grangier, (Le désordre et la nuit), Melville, mais aussi les bandes dessinées de Tardi quand celui-ci adapte Pierre Siniac ou Léo Malet.

Une grande Série noire et un polar historique passionnant qui, espérons-le, ne sera que le début d’une belle carrière de romancier pour un Thomas Cantaloube qui maîtrise déjà parfaitement les codes du genre.
Lien : https://www.benzinemag.net/2..
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Paris, 1959-1962. En écrivant ces dates, j'ai été pris d'un doute. Se peut-il que tous les événements abordés dans Requiem pour une république se soient tenus en seulement quatre petites années? Oui il se peut, quatre années chargées donc. La montée des activités du FLN sur le territoire dit métropolitain, les rafles policières parmi les ouvriers algériens sensées y répondre, la création du SAC et ses barbouzeries, la création de l'OAS et ses attentats, les premiers essais de la bombe nucléaire française dans le désert algérien, le massacre du 17 octobre 1961… Tous ces événements (et d'autres que j'oublie) sont abordés dans Requiem pour une république. Comme il s'agit d'un roman policier, il faut évidemment ajouter quelques personnages de fiction aux personnages bien réels mis en scène (Mitterrand, Papon, De Gaulle, Debizet, Debré et le Pen pères …) et quelques intrigues policières fictives. Cependant, ce caractère fictif est purement formel tant ces histoires s'inscrivent pleinement dans l'Histoire. En d'autres mots, il n'y a peut-être pas eu de viol d'une étudiante française de ce nom à cette date, d'assassinat d'un avocat algérien et sa famille de ce nom à cette date et cette adresse ou encore de convoyeur de drogue de ce nom. Pour autant, ces événements fictifs ne peuvent qu'avoir des pendants réels très similaires.
Ce roman qui mêle le mitan, les anciens collabos et résistants, les membres de l'OAS et du SAC m'a fait penser aux romans policiers très à la mode en France après la seconde guerre mondiale et tout le long des années 50 et 60. Pour autant, si dans ces romans ces délimitations n'avaient que des fonctions claniques traversant le milieu en évitant toute implication politique (et pour cause, un certain nombre de leurs auteurs eux-mêmes n'avaient pas vraiment le cul propre comme par exemple Albert Simonin et José Giovanni condamnés pour collaboration ou Ange Bastiani qui, tout talentueux qu'il fut, n'échappa que de peu à l'épuration), il en va tout autrement dans Réquiem pour une république. Thomas Cantaloube, par ailleurs grand reporter pour Médiapart, nous plonge dans les méandres des intrications à première vue dénuées de logique politique. Les collabos aux hautes responsabilités dans le pouvoir gaulliste, les anti-gaullistes magouillant avec le SAC, l'OAS où se côtoient allègrement anciens résistants royalistes, collaborationnistes convaincus, gaullistes déçus… L'auteur nous plonge dans les méandres des bases pourries de la Vème république naissante, à nous en donner le vertige.
Cette chronique est extraite d'un dossier plus complet sur l'Algérie et les polars, dont vous trouverez le lien ci-dessous.
Lien : https://romancerougenouvelle..
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Thomas Cantaloube évoque ici les premières années de la cinquième république, qui furent aussi chaotiques que celles que nous vivons de nos jours. On va côtoyer des politiques, des hauts fonctionnaires, mais aussi des malfrats, mais aussi une femme et un homme honnête.
Tout débute par l'assassinat d'un avocat algérien proche du FLN, commandité par Maurice Papon, qui est le préfet de la police de Paris. Abderhamane Bentoui, avocat, est soupçonné de fricoter avec les indépendantistes algériens. L'exécution ne se passe pas comme prévue .
Tout s'organise autour de trois personnages qui vont être à la recherche du meurtrier.
Un jeune flic, Luc Blanchard, novice dans la profession et qui va vite découvrir les coulisses de la préfecture de police .
Antoine Carrega, le truand corse qui rend service à son compagnon de la résistance, Aimé de la Salle de Roquemaure, dont la fille vivait avec l'avocat assassiné . Elle est morte avec lui, ainsi que leurs deux enfants.
Sirius Volkstrom,qui devait tuer Carrega, après le meurtre mais surtout homme à tout faire de l'extrême droite.
Une maitrise de l'intrigue, une histoire ancrée dans la réalité de l'époque, le racisme, la violence, les manigances politiques. L'enquête est passionnante du début jusqu'à la fin.
Deux épisodes de notre passé sont relatés:
le 18 juin 1961, il y a eu l'attentat du Strasbourg-Paris,le déraillement est provoqué par une bombe placée sous le rail et qui explose au passage du train.La bombe aurait été placée par l'OAS, dans le cadre de la guerre d'Algérie.
La Nuit Oubliée – 17 octobre 1961 .Ce jour-là, des dizaines de milliers d'Algériens manifestent pacifiquement contre le couvre-feu qui les vise depuis le 5 octobre et la répression organisée par le préfet de police de la Seine, Maurice Papon. La réponse policière sera terrible. Des dizaines d'Algériens, peut-être entre 150 et 200, sont exécutés. Certains corps sont retrouvés dans la Seine. Pendant plusieurs décennies, la mémoire de ce épisode majeur de la guerre d'Algérie sera occultée.
L'évocation de ces faits historiques n'est pas pesante dans le livre.
je peux dire que Requiem pour une République est un polar historique dont la trame policière est aussi intéressante que le fond politique.
Thomas Canteloupe a su mêler, pour un premier roman faits réels et fiction avec une maîtrise parfaite.

Difficile de ne pas être touchée par ce livre qui nous rappelle ce que fut cette période, qui fait partie de notre Histoire.
Lien : https://livresdunjourblog.wo..
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Une fois de plus mon instinct de lecteur m'aura conduit à une belle découverte.
Rencontré au Quai du polar, édition  2019, Thomas Cantaloube m'a séduit en me parlant de son premier roman Requiem pour une République.
Moi qui suis friand de romans qui mêlent petite et grande histoire, j'ai été comblé.
Là,  pas de Moyen-Âge, pas de Première ou de Seconde guerre mondiale, ni rois ni généraux, pas de dépaysement non plus.
France. 1959 à 1962.
L'Algérie souhaite son indépendance.
En France, pros et antis s'affrontent.
Le préfet de police, Maurice Papon, donnent des ordres au nom de la raison d'État.
Il faut mater la rébellion.
Tous les moyens sont bons.
Sirius Volkstrom est convoqué. Un avocat gênant doit être éliminé. Ce bon vieux Sirius, personnage mystérieux, doit superviser l'exécution.
Tout ne se passe pas comme prévu, mais... la raison d'État exige le silence.
Thomas Cantaloube se sert donc de cette période perturbée pour tisser la trame de son roman noir à travers le destin de trois personnages. Sirius, Antoine et Luc.
Je vous laisse soin de découvrir le rôle de chacun de ces protagonistes que rien n'aurait dû réunir.
Requiem pour une République est donc une enquête qui s'étale sur quatre années et dans lequel on retrouve quelques événements sombres et peu flatteurs pour notre pays. Les dirigeants de l'époque,  Général de Gaulle en tête, militaires, policiers, politiques ou journalistes qui n'ont pas toujours fait leur travail ou qui, obéissant aveuglément, eurent du sang sur les mains, ont ainsi écrit l'une des pages les plus sombres de notre histoire.
Cantaloube a su recréer l'atmosphère de l'époque, notamment en employant un langage courant, banni aujourd'hui et qui peut choquer, mais là, on ne peut pas dire qu'il ait enjolivé pour masquer la réalité du moment.
Soixante ans plus tard et au regard de ce que l'on entend ou voit aujourd'hui, on peut aisément s'imaginer vivre la situation.
Si l'on peut, sans aucun doute, avoir de l'empathie pour les personnages fictifs de ce livre, il en va tout autrement des personnalités qui y apparaissent...
Un roman qui m'a fait penser, par certains côtés, à ce qu'écrit l'un de mes auteurs favoris, Romain Slocombe.
Si vous aimez les bons polars noirs, Requiem pour une République est pour vous.

 
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Un polar historique très bien mené qui nous plonge au début de la V république et la guerre d'Algérie.

Une famille, dont le patriarche est un avocat lié au FLN, est assassinée à Paris, cette exécution est commanditée par le préfet de police, Maurice Papon.

Côté polar :
3 personnages d'horizon différent vont essayer de dénouer ce drame et traquer individuellement le meurtrier :
- Volkstrom , ancien collabo à la solde de Papon
- Carrega, ancien résistant corse
- Blanchard, jeune policier

Côté historique :
La guerre d'Algérie nous sera remémorée avec les pros et les antis pour l'indépendance de l'Algérie avec le FLN (front libérateur national), FPA (force de police auxiliaire), OAS (organisation armée secrète) et leurs attaques sur les algériens vivants en France et leurs attentats perpétrés sur le sol française notamment celui du déraillement du train Strasbourg-Paris qui fut le plus meurtrier avant celui du Bataclan.

Le récit :
Prenant ou les chapitres alternent entre nos 3 personnages et leur traque personnelle du meurtrier.

Cette histoire qui lie intrigue policière et culture historique m'a permise de me remémorer cette guerre sans m'ennuyer.

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Au fil de la bonne cinquantaine de chapitres de ce polar historique, nous suivons alternativement et chronologiquement le déroulement de journées vécues par trois personnages qui, on s'en doute, sont amenés à se rencontrer : un jeune inspecteur de la brigade criminelle, encore pétri d'idéalisme, un "mercenaire" au service du plus offrant, y compris la police, et un truand corse plutôt vieille école qui gagne sa vie en convoyant de la drogue de Marseille à Paris. "Historique" parce qu'ayant pour arrière-plan la période troublée, sur le territoire métropolitain, de la guerre d'Algérie avant son dénouement : agissements de plus en plus violents du FLN, création du SAC et de l'OAS. En dehors de ces trois protagonistes centraux, on rencontre donc nombre de personnalités qui ont joué un rôle important à l'époque ou plus tard, au grand jour ou dans l'ombre : Maurice Papon, préfet de police de Paris, Jean-Marie le Pen, député, François Mitterrand, sénateur de la Nièvre, Philippe Castille, activiste de l'OAS...
Au coeur du roman : un courrier envoyé par un Algérien à son frère avocat à Paris – défenseur de membres du FNL – et intercepté par l'armée, qui engendre indirectement une grosse bavure policière puisque c'est toute la famille de l'avocat, et non seulement lui, qui est assassinée. le "mercenaire" n'est pas l'auteur des meurtres mais s'était vu confier une mission qu'il n'a pas pu remplir, tout comme le jeune inspecteur chargé de l'enquête avant son classement et comme le truand corse, qui avait combattu durant la Résistance sous les ordres du beau-père de l'avocat. Peu à peu, dans une chorégraphie complexe mais impeccable, les pièces du puzzle s'assemblent.
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Didier Daeninckx a un fils, au moins spirituel ! Thomas Canteloube écrit un roman noir de la République française, empêtrée dans la guerre d'Algérie, où personne n'est tout blanc, loin de là. Sa force est que les personnages du milieu politique qui tirent les ficelles sont bien réels et que rien n'est inventé. En ces temps où il est devenu obligatoire de révérer le général De Gaulle, (celui qui faisait de la politique "autrement"), il est bon de remettre les pendules à l'heure ! Un régal de lecture.
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