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4,12

sur 315 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Trois hommes, un flic, un truand et un assassin, enquêtent autour du meurtre d'une famille d'Algériens à Paris au début des années 60, à l'heure de la décolonisation qui heurte une partie des soutiens du général De Gaulle. On croise Charles Pasqua, du SAC, Jean-Marie le Pen et François Mitterrand, en pleine affaire du faux attentat de la rue de l'Observatoire dans ce roman noir où la frontière entre les bons et les méchants ne peut pas être claire lorsque Maurice Papon est à la tête de la préfecture de Police de Paris...
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Un polar bien ficelé ayant pour toile de fond l'indépendance de l'Algérie. Début difficile car beaucoup de personnages et pour éviter les répétitions, je suppose, ils sont nommés tour à tour par le prénom ou nom de famille ou fonction ou surnom. Chapitre par personnages et plusieurs enquêtes. Assassinat à Paris d'un avocat algérien, de sa femme, son frère, ses enfants. Meurtre commandité par Papon alors préfet de police. Trois hommes de milieu divers vont enquêter et se rencontrer. Y gravite des gens célèbres comme Mitterand et d'autres dont je laisse la surprise. Un polar dense et bien documenté, un peu à la façon de R.J. Ellory.
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Un premier roman et c'est une réussite.
Un polar historique qui se passe en France sur fond de guerre d'Algérie, d'OAS, de FLN.
On y croise Papon, Debré, Mitterrand, le Pen, Delon.
Les chapitres s'enchainent facilement. Il n'y a pas de temps morts.
On s'attache aux 3 protagonistes qui ne sont pourtant pas des enfants de coeur et qui sont parfois détestables.
C'est bien écrit et les dialogues sont fluides.
Bref un roman efficace et agréable à lire.
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Roman policier, roman historique, roman politique, roman à clés aussi, le premier roman de Thomas Cantaloube est une vraie réussite. Il nous plonge dans une période extrêmement troublée, dans les débuts de la Ve République, comme le titre ne l'indique pas puisqu'il semble en annoncer la fin, en plein pendant les « zévénements » d'Algérie… L'intrigue se déroule essentiellement sur trois années, de 1959 à 1961, en trois parties flanquées d'un prologue (le meurtre d'un avocat algérien et de sa toute famille) et d'un épilogue (la rencontre de deux des protagonistes en 1962, six mois après les terribles événements qui vont, pour des raisons différentes, bouleverser leur vie à tous les deux). On croise de nombreux personnages réels qui se mêlent aux trois principaux personnages dont on adoptera tour à tour le point de vue : Sirius Volkstorm, l'exécuteur des basses oeuvres, l'ancien collabo, le nervi au service de qui le paie ; Luc Blanchard, le bleu, inspecteur de police débutant, qui se fait encore une haute idée de son métier malgré son désastreux binôme et la corruption de ses chefs ; Antoine Carrega, truand de moyenne envergure, ancien résistant, opportuniste mais fidèle en amitié et doté d'un certain code l'honneur. On croisera nombre de personnages clairement identifiés : Papon, préfet de police corrompu et magouilleur, le Pen à ses débuts, partisan de l'OAS, Mitterrand et l'attentat raté de l'Observatoire, Debré, etc., et brièvement le très réel et très engagé photographe Georges Azenstarck, le seul personnage solaire de cette terrible histoire. D'autres personnages sont vaguement camouflés. J'ai dû en rater plusieurs, mais je crois que j'aurais reconnu Delon même sans l'anagramme (Lionel Adan), comme j'ai reconnu Jean-Pierre Melville au Stetson et aux lunettes noires bien qu'il ne soit pas nommé. Quant à un certain Monsieur Charles qui travaille chez Ricard, il n'avait déjà pas les mains très propres…
***
L'intrigue policière (qui manque un peu de rythme, c'est mon bémol) se déroule sur arrière-plan de racisme violent, de création du SAC de triste mémoire, d'attentats du FLN et de l'OAS, sans qu'on sache trop qui commet lequel, de répression sauvage, et d'essais nucléaires qui semblent aujourd'hui bien oubliés… Un contexte terrible et passionnant, même si, à cause des dates en titre de chapitre, on voit les événements de la fin arriver : 17 octobre 1961. J'avais découvert ces horreurs dans Meurtres pour mémoire, de Didier Daeninckx, que j'avais lu à sa parution (fin 83). Thomas Cantaloube sait lui aussi nous faire partager l'incrédulité et l'indignation ressenties par Blanchard, le jeune inspecteur pour qui cette nuit sera décisive dans la conduite de sa vie. Un très bon roman, une piqûre de rappel nécessaire.
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Requiem pour une république  est le premier roman policier et politique de Thomas Cantaloube. Il est suivi d'une suite Frakas qui est sorti en avril 2021. Les deux livres peuvent se lire indépendamment l'un de l'autre bien que les personnages soient récurrents.  Chaque roman à sa propre histoire et se clôt.
Le premier roman Requiem pour une république se situe entre 1959 et 1961 à Paris..
A l'automne 1959 un avocat algérien  lié au FLN est assassiné à Paris. Mais cet assassinat tourne à la tragédie car toute la famille sera décimée soit 5 personnes.
Trois personnages principaux et récurrents sur les deux romans sont à la recherche du meurtrier.
Tout d'abord Luc Blanchard, jeune flic du Quai des Orfévres, puis Antoine Carrega , ancien résistant, corse , en accointance avec le Milieu,  enfin Sirius Volkstrom, ancien collabo et réalisateur des basses oeuvres de la Préfecture de police et de Maurice Papon.
A partir de ces trois personnages principaux, Thomas Cantaloube va nous immerger dans ces années 1960 marquées par la guerre d'Algérie.
Tout le talent de Thomas Cantaloube réside entautre dans sa faculté à interagir entre la fiction et la réalité.  L'une ne prenant pas le pas sur l'autre. Et de passer du bureau de Maurice Papon à celui de François Mitterand, tout en n'oubliant pas d'aller à un meeting de Michel Debré et de saluer Charles Pasqua.
L'écriture est cinématographique,  les décors nous rappellent les noirs et blancs des films des années 50 . ( d'ailleurs Alfred Hitchcock saura se rappeler à votre bon souvenir )
Toutes les arrières salles de bar sont louches à souhait, les arrondissements de Paris quittent de pluie et de nuits.
En plus de ce talent d'ecriture, Thomas Cantaloube nous rappelle qu' il est un ancien journaliste de Mediapart. Tout est documenté et sourcé.  Et au delà du roman policier, apparaît le roman politique.
Ces années 1960 sont les premières années de cette cinquième république  qui nous régit toujours.  Ces années soixante qui sont  peut-être les germes du racisme et de l'immigration des années actuelles.
En synthèse,  un grand plaisir de lecture policière et en même temps un regard acéré sur ce monde politique qui nous gouverne,.
Nous retrouverons les mêmes protagonistes dans Frakas.  Nous sommes 1 mois plus tard et l'Afrique et le Cameroun les attendent : guerre du Cameroun  , naissance de la Françafrique , meurtre.....
Policier, politique le même cocktail, le même plaisir.
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En 1959, la France est en pleine guerre d'indépendance algérienne et le gouvernement de de Gaule décrié par beaucoup. En quoi l'assassinat de Abderhamane Bentoui, un avocat du FLN, et de toute sa famille pourrait changer quelque chose ? Ce doit être un simple règlement de compte, suggère le préfet, Maurice Papon… Oui mais voilà pas pour trois hommes. Trois hommes aux idées radicalement opposées. Trois hommes qui vont bien être obligés se rencontrer car s'ils ont une seule chose en commun, c'est bien le désir de retrouver l'assassin.
Et nous les suivons, chapitre après chapitre, toujours dans le même ordre :
- Sirius Volkstrom, homme perdu, ancien collabo, magouillant pour des hommes politiques véreux ;
- Luc Blanchard, jeune policier naïf de la police criminel, à qui on a confié « l'affaire Bentoui » ;
- Antoine Carrega, ancien résistant qui trempe maintenant dans quelques affaires de trafics pour garder la forme ;
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Ce roman historique était vraiment très intéressant, j'ai appris plein de choses ! Au niveau des repères historiques, mais aussi sur les personnages réels présents ici : Papon, Mitterrand, de Gaule, etc. La dimension politique est également très intéressante ! Les personnages nés de l'imagination de l'auteur étaient aussi bien travaillés.
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Cependant, j'ai trouvé quelques longueurs... J'ai mis un mois à le lire, en changeant de livre souvent entre temps, et ça, c'est pas bon signe… (ou alors c'est ce qui a malheureusement fait que je n'étais pas entièrement dedans…) Bref, je n'ai pas réussi à être prise dans l'action, que je trouve assez plate… mais de ce fait, on ne peut pas reprocher à l'auteur de ne pas développer son récit ! Puis il faut tout de même nuancer avec le fait que je ne suis pas une grande habituée de ce genre de roman.
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Enfin, je trouve que la patte de Thomas Cantaloube est vraiment agréable : vive et net, ça colle assez bien à son statut de journaliste finalement !
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Bref, c'était agréable et intéressant, mais pas forcément captivant !
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Septembre 1959, à Paris. La famille Bentoui est massacrée, depuis le plus petit des enfants jusqu'au père, avocat algérien lié au FLN. Autour de cet assassinat sordide vont graviter trois hommes : Sirius Volkstrom, homme d'action, toujours prêt pour effectuer de sales besognes pourvu qu'il y ait une récompense à la clé ; Antoine Carrega, homme d'honneur mêlé à des trafics reliant Marseille à Paris ; et puis il y a Luc Blanchard, jeune policier naïf du 36, avec une tête de premier de la classe qu'une volonté de fer fait vite oublier à ceux qui croisent son chemin. Malgré des desseins dissemblables, ces trois hommes vont se rencontrer dans cette jeune République dont il apparaît au fil du temps que ses racines sont bien pourries…

« Requiem pour une République » constitue le premier roman de Thomas Cantaloube qui a reçu le Prix Landerneau du polar 2019 ; titre prestigieux pour une oeuvre non moins talentueuse.
Ecrite sans fioriture, l'intrigue est bien construite, alternant les points de vue narratifs et nous faisant progresser dans le temps, depuis 1959 jusqu'à 1961.

L'auteur sait articuler l'intrigue fictionnelle à la grande histoire, celle qu'on n'ose écrire avec une majuscule, puisqu'elle correspond à une période bien trouble qu'a traversé la France lors de la guerre d'Algérie. L'auteur évoque çà et là quelques figures, telles Maurice Papon, François Mitterrand ou Jean-Marie le Pen, par exemple.

En marge de ces figures, louvoient les trois protagonistes de la fiction. Leurs caractères sont bien plantés, jamais de façon définitive ni manichéenne. Ils se révèlent peu à peu dans leur dimension humaine, noirceur, ombres et lumières se répondant, oscillant, tel un kaléidoscope à la faveur des soubresauts de leur existence malmenée.

Si l'action est plus prenante au début, avec le passage des mois puis des années, l'intrigue se délite un peu, perd de sa force narrative, la grande histoire reprenant le devant de la scène, avec son lot d'atrocités. Mais bientôt point l'issue de la fiction, la « petite » histoire dont certains sortent grandis.

« Requiem pour une République » est un polar passionnant, brutal en ce qu'il nous permet de replonger dans des ténèbres d'une époque pas si lointaine qui met en lumière des événements actuels, comme l'auteur le souligne en incipit à l'appui d'une interview de Pierre Joxe en 2016.
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Manchot mais tueur loin d'être malhabile, Sirius Volkstrom a toujours navigué en eaux troubles… après avoir frayé avec les collabos durant la guerre, opéré quelques barbouzeries en Indochine jusqu'à la chute de Dien-Bien-Phu, il continue de rendre service. En l'occurrence, c'est Jean-Pierre Deogratias, directeur-adjoint du préfet de police de Pairs, Maurice Papon, qui a besoin de lui en ce mois de septembre 1959. La mission est relativement simple. Un tueur, Lemaire, doit assassiner Abderhamane Bentaoui, un avocat algérien proche du FLN qui travaille dans la capitale. À Volkstrom de tuer ensuite le tueur pour effacer toute piste éventuelle qu'un policier trop zélé pourrait vouloir suivre. Pas de chance : Lemaire se fait la malle après avoir exécuté l'avocat, sa femme et ses enfants, le jeune ambitieux et opiniâtre inspecteur Luc Blanchard veut mettre la main sur l'assassin, et Antoine Carrega, ancien résistant et petite figure du Milieu, est aussi lancé sur la piste du tueur au nom de sa fraternité d'arme avec le père de la femme assassinée de Bentaoui.
Ainsi, de l'automne 1959 à la nuit du 17 octobre 1961, Thomas Cantaloube lance ses personnages dans les dessous sales d'une Cinquième République qui se construit en édifiant son propre tas d'ordures sur celui laissé par la précédente. Dans cet inframonde ou se côtoient politiques, hauts-fonctionnaires, exécuteurs de basses-oeuvres et à l'occasion, une femme ou un homme honnête égaré dans ses méandres, les alliances sont mouvantes et tiennent moins à des convictions politiques qu'a des préoccupations plus terre à terre, des jeux de pouvoir et des liens tissés dans les périodes les plus sombres.
Tout cela, Thomas Cantaloube le montre en usant d'une fiction qui respectent les codes de ce genre particulier qu'est le roman noir politico-historique dont les meilleurs représentants restent – pour moi en tout cas – James Ellroy avec son American Tabloïd, James Grady avec La ville des ombres et Alberto Garlini avec Les Noirs et les Rouges. C'est tout à l'honneur de Cantaloube de venir s'y frotter et il est très intelligent de sa part de le faire en plongeant dans cette période de l'histoire de France particulièrement riche en turpitudes.
Aux côtés de personnages imaginaires – Carrega, Deogratias, Volkstrom, Blanchard, Margot… – bien campés et suffisamment complexes pour être crédibles, Thomas Cantaloube fait apparaître ceux plus ambigus encore, bien réels que l'on connaît. Papon, bien entendu, mais aussi des parlementaires retors et ambitieux comme le sénateur François Mitterrand ou le député Jean-Marie le Pen ou – parce qu'il faut tout de même, parfois, des personnages positifs, le photographe de l'Humanité Georges Azenstarck. En s'immisçant dans les interstices que l'Histoire laisse dans l'ombre, l'auteur vient habilement imbriquer le romanesque dans les événements du temps, 17 octobre 1961, donc, mais aussi attentat du Strasbourg-Paris de juin 1961 ou encore attentat de l'observatoire.
C'est donc un solide premier roman, dense et prenant que publie là la Série Noire, et l'on est déjà curieux de voir ce que Thomas Cantaloube a encore sous le pied.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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A la fois polar et roman historique, le roman de Thomas Cantaloube est porté par le cynisme et la violence d'une période encore taboue de notre histoire.

Paris, fin des années 50. Une famille entière est assassinée à quelque cinq cents mètres du Quai des Orfèvres. L'affaire est sensible : parmi les victimes figure le couple formé par Abderhamane Bentoui, avocat algérien renommé en lien avec le FLN, et son épouse Jeannette de la Salle de Rochemaure, membre de l'aristocratie française. Leurs deux enfants, ainsi que le frère d'Abderhamane, complètent la liste des victimes.

Nous suivons en alternance trois personnages qui, pour des raisons diverses, traquent l'auteur du meurtre.

Luc Blanchard, jeune recrue de la Police, est chargé de l'enquête avec son binôme Amédée Janvier, flic désabusé et alcoolique. Mais lorsque l'affaire est classée à la demande expresse du Préfet de police Maurice Papon et le crime imputé à un ouvrier algérien dont le cadavre a été repêché sur les bords de Seine, Luc s'obstine, convaincu qu'elle n'est pas résolue. C'est en quelque sorte un candide, ce jeune Blanchard, qui est devenu flic pour servir une idée de la justice qu'il semble être le seul, parmi ses pairs, à défendre. Cette affaire va sonner le glas de ses illusions, en l'amenant à comprendre que justice et intérêts supérieurs de l'Etat ne font pas toujours bon ménage.

Sirius Volkstrom est un ex-collabo dont l'opportunisme et l'appât du gain sont les seules idéologies, homme de l'ombre à qui fait appel Jean-Paul Deogratias, l'une de ses vieilles connaissances et accessoirement bras droit du Préfet, pour une mission délicate. Il s'agit d'éliminer Victor Lemaire, recruté par le même Deogratias pour assassiner Abderhamane Bentoui, une fois qu'il aura commis son forfait. Sauf que rien ne se passe comme prévu, et que Lemaire s'évapore dans la nature après avoir occis sa cible mais aussi ses proches, censés être absents au moment du crime.

Antoine Carrega, enfin, après avoir choisi les rangs de la Résistance, vit depuis l'après-guerre de divers trafics bien rodés, s'étant refusé à suivre le chemin de ses ascendants corses, pêcheurs de génération en génération. Félix de la Salle de Rochemaure, père de Juliette, le contacte, en tant qu'ancien compagnon d'arme, pour enquêter discrètement sur la mort de sa fille, le vieil homme n'éprouvant aucune confiance pour les sbires de la préfecture.

Nos trois quidams, en quête du même homme, vont se croiser, s'affronter, parfois collaborer, louvoyant entre milieux interlopes et préfecture de police, les pires bandits n'appartenant pas toujours aux premiers.

Le tout dans un contexte explosif de guerre qui ne dit pas son nom. Ayant admis que le temps de l'asservissement était révolu, De Gaulle s'apprête à accorder l'indépendance à une Algérie que d'autres, parmi lesquels certains de ses proches collaborateurs, s'obstinent à vouloir garder française. Pris entre nostalgiques de la puissance coloniale française et indépendantistes de plus en plus organisés, le chef de l'Etat tergiverse, entretient une incertitude qui met le feu aux poudres et incite chaque camp à fourbir ses armes.

L'intrigue à la fois complexe et énergique nous mène de quartiers populaires aux bureaux des organes d'Etat, nous faisant côtoyer truands et hommes politiques -parmi lesquels François Mitterrand ou Jean-Marie le Pen-, nous introduisant au coeur d'une mécanique où anciens ennemis s'acoquinent, les bancs de l'Assemblée nationale comme les sièges des hautes administrations rassemblant gaullistes et nostalgiques de Vichy, d'anciens collabos occupant des postes clés avec la bénédiction de leurs anciens adversaires.

Et au milieu de tout ça, un peuple réclame son droit à disposer de lui-même, et en paie le prix fort…
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Thomas Cantaloube est journaliste et reporter, pour Mediapart notamment.
Requiem pour une république est son premier roman qui nous plonge au tout début des années 60 (on sent le plaisir de l'auteur, né en 1971, à reconstituer la France de ces années-là) dans un pays aux prises avec les revendications algériennes, un pays verrouillé par la poigne du pouvoir gaulliste où se côtoient les anciens résistants comme les anciens collabos.
Ce sont les années qui verront la naissance jumelée de l'OAS (l'attentat du Paris-Strasbourg en 1961) et du SAC (la milice du Général).
Au fil des pages, on croisera le préfet Papon (qui ne sera rattrapé par son passé qu'à la fin des années … 80) et bien d'autres collabos recyclés comme Tino Rossi et la mafia corse.
D'autres acteurs aussi comme un certain le Pen, Alain Delon et même un François Mitterrand alors en disgrâce (le faux attentat de l'Observatoire) et qui attend son heure, l'heure d'être à son tour l'un des tontons de la république.
Une république sans majuscule.

[…] — La raison d'État.
— Qu'est-ce que tu racontes ?
— On apprend ça lorsqu'on fait des études de droit. C'est quand, au nom d'intérêts supérieurs, des gouvernants s'autorisent à violer les règles de l'État de droit. Quand le Préfet de police de Paris assassine des innocents dans leur cuisine, ou en pleine rue, avec l'accord du gouvernement, au nom de l'intérêt de la Nation.
— Tu deviens cynique.

L'écriture est simple, directe et sans grandes fioritures. En dépit de quelques longueurs (Cantaloube flâne et déambule dans les rues du Paris des années 60), le plaisir de lecture est garanti par une Histoire qui se suffit à elle-même.
On est donc très proche des bouquins de Romain Slocombe (la série des Sadorski) : ambiance délétère, fréquentations douteuses, personnages peu sympathiques, racisme débridé, rencontres de figures historiques (vues de dos), … les deux auteurs nous font visiter l'envers du décor et les coulisses cradingues d'une Histoire peu reluisante.
Celle des compromissions et des opportunistes.
On se dit qu'à cette époque glorieuse, après les années de guerres et avant celles des crises économiques à répétition, nos parents prospéraient à qui mieux mieux et fermaient les yeux sur les agissements des politiques.
Un petit manuel d'histoire contemporaine.
Très contemporaine parce que si l'on sent l'auteur (et nous lecteurs) passionné(s) par cette visite de notre passé tout récent, on comprend tout aussi bien que Cantaloube pointe là de sa plume l'accouchement mortifère de notre Cinquième République et la naissance d'un OGM un peu monstrueux.
Lien : https://www.facebook.com/pg/..
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