Le vide. le rien. Un théâtre sans spectateurs. le confinement a provoqué ce désert dans les salles de spectacles.
Carole Carcillo Mesrobian a peut-être arpenté cet espace désertique pendant ce délai d'arrêt forcé.
Quel est ce théâtre masqué qui voit évoluer des personnages faisant "l'expérience de leur vacuité formelle" avec des répliques devenues un simple "empilement de lettres" ? Des répliques imprononcées qui font mouche chez le lecteur, à défaut de spectateurs.
Dans un style direct fait d'une juxtaposition de phrases, formes de citations, sans ces adverbes et petites conjonctions qui font le lien entre elles. Sans doute justement pour marquer l'anéantissement des liens provoqué par cette pandémie.
Carole Carcillo Mesrobian évoquait dans son précédent ouvrage
nihIL « L'architecturé d'un langage hermétique (qui) délimite le périmètre de nos enfermements. ». Plus que de l'hermétisme il y a comme une audace des méandres dans la poésie de cette autrice déjà publiée maintes fois.
Mais ce théâtre immatériel d'un enfermement dans l'immobilité, ne peut se contenter d'un espace clos avec rideau et sièges rouges. C'est le monde dans son immensité qui a de plus en plus tendance à nous enfermer dans nos certitudes.
Carole Carcillo Mesrobian en spectatrice avisée nous offre une écriture qui se refuse de caresser dans le sens du vent. Ici rien du poème ne doit être velours.