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Citations sur La Bohème et mon coeur (24)

IMPRESSION FAUSSE


Des lilas débordaient la grille
Du jardin mal entretenu.
Les grands arbres de l’avenue
Bourgeonnaient au soleil d’avril.

Les portes peintes des guinguettes
— « Au Beau Rivage », « au Richelieu » —
Donnaient à ce coin de banlieue
Un air jeune, aimable, coquet,

Et la lumière artificielle
Entrait par les volets ouverts
Et caressait la plaine verte
Sous l’azur un peu flou du ciel.

p.95
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à Max Jacob



Villon qu'on chercherait céans,
     N'est plus là, ni Verlaine,
Dans ce caveau sombre et puant.


On y soupire la rengaine,
     On y boit, comme avant,
Entre filous et tire-laine.


Voici le poète, béant,
     Assis près d'Yvelaine
Qui le supporte en maugréant.


Voici Totor et Magdelaine.
     Boiteux, voici Jehan
Et Messieurs-les-gars-qu'a-la-flemme,


Près du Boxeur et du géant
     Biribi-la-déveine
Et de leurs «dames » à la flan.


À chaque jour suffit sa peine.
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PRINTEMPS


Je te donne ce coin fleuri,
Ces arbres légers, cette brume
Et Paris au loin, qui s’allume
Sous ces nuages blancs et gris.

Mais tu t’en moques. Tu préfères,
À ce soyeux et lent décor,
La bouche avide qui te mord
Et l’étreinte qui t’exaspère.

Cette nuit, l’odeur des lilas
Charge la brise et ta jeunesse
S’épanouit sous la caresse
De ma bouche experte et des doigts


La Bohème et mon cœur /ÉDITIONS ÉMILE-PAUL - 4° ÉDITION, 1929
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CHANSONS AIGRES-DOUCES

L'ILLUSION


Un ciel affaibli d’automne
Se lève dans tes yeux gris,
Comme un désert monotone
Dont tu ne sais pas le prix.

Le jour luit dans la fenêtre,
Haute et vide, désormais…
Ah ! sauras-tu reconnaître
De quel amour je t’aimais ?

*
Pars !… Tu n’es jamais venue.
J’entends, contre le volet,
Frémir une aile inconnue.
Il faut déjà t’envoler…

Mais fais que ta plainte, dure,
Fausse et rauque, en me quittant,
Au ciel retentisse et dure
Tout l’hiver, jusqu’au printemps.

p.140
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PRINTEMPS

Dans l'enclos campagnard où sèche la lessive,
La rivière entraîne le ciel à la dérive
Et le vent est chargé d'une odeur de lilas.
La terre exhale une senteur de terreau gras
Dont s'imprègnent les draps grenus, râpeux et rudes
Que la servante épaisse, aux lentes attitudes,
Recueillera, ce soir, dans son panier d' osier.
Je songe au geste égal, rustique et familier
De cette femme, détachant comme des grappes
De fruits clairs, la blancheur ondoyante des nappes,
Qui claquent comme un vol de colombes, soudain
Et se déploient - halo vivant - par ce jardin
En frappant le silence inconnu d'un bruit d' ailes.
O Rumeurs, vous flottez aux courbes des tonnelles,
Vous emplissez l'enclos paisible et la maison
Savoure la voluptueuse pâmoison
De se sentir ainsi bercée à vos murmures :
Débordez maintenant dans les chambres obscures,
Et vous reconnaîtrez, dans l' ombre, chaque fois,
L' écho mystérieux qui double votre voix.

Premiers vers ( 1904-1910 )
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L'OMBRE


Quand je t'attendais, dans ce bar,
La nuit, parmi des buveurs ivres
Qui ricanaient pour avoir l'air de rire,
Il me semblait que tu arrivais tard
Et que quelqu'un te suivait dans la rue.
Je te voyais te retourner avant d'entrer.
Tu avais peur. Tu refermais la porte.
Et ton ombre restait dehors :
C'était elle qui te suivait.

Ton ombre est toujours dans la rue
Près du bar où je t'ai si souvent attendue,
Mais tu es morte
Et ton ombre, depuis, est toujours à la porte.
Quand je m'en vais, c'est à présent moi qu'elle suit
Craintivement, comme une bête.
Si je m'arrête, elle s'arrête.
Si je lui parle, elle s'enfuit...
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RÊVERIE


Des cloches, dans le soir, bercent ma rêverie,
Et le jardin répand des parfums si légers
De verveine et de chèvrefeuille mélangés
Que mon âme s'en est longuement attendrie.

Laissez-moi seul — loin de l'amour et de la vie —
Dans ce jardin paisible où baignent des clartés
Violettes, parmi cette sérénité
Du jour qui sent décroître en lui toute énergie.

Comme lui, je suis faible et, comme lui, je veux
Laisser l'obscurité monter jusqu'à mes yeux
Et la nuit envahir mon âme tout entière

Pour que ce soit la bonne mort qu'on ne dit pas,
La bonne mort, avec la senteur des lilas
Et la première étoile aux cils de ses paupières.

p.57-58
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L’Éventail de Marie Laurencin


Dans ce miroir incliné sur le lit,
Je vois ton corps pesant, tes belles jambes...
Le jour douteux répandu dans la chambre
Luit sourdement, partout, comme un halo.

Partout aussi c’est un parfum canaille,
C’est des frissons mêlés à des reflets
Que le miroir accueille et multiplie
Pour les jeter ensemble, pêle-mêle,

Frissons, reflets, à travers notre extase
Comme à dessein de lier à jamais
Ton souvenir, chambre étroite et maussade,
Au souvenir de celle que j’aimais...
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ON ENTENDAIT LE CRI...


On entendait le cri perçant des martinets
De la chambre déserte et close où je venais
Quand le soleil de juin accablait les sureaux
Et que les magnolias mouraient dans l’air trop chaud
Avec les lys brûlés et les roses trémières.
La chambre avait un vieux bureau lourd de poussière,
D’anciens dessins coloriés pendaient aux murs
Naïvement, et sur les chaises dépaillées,
Je me souviens d’un triste herbier, doux livre obscur,
Avec ses fleurs cueillies aux collines mouillées
Les soirs d’automne ou les après-midi d’été
Par les jardins déserts et dans l’aridité
De la campagne avec le cri sec des criquets.
Tout cela somnolait dans la chambre endormie.
Or je sais que si j’y retournais à présent
Je trouverais, comme jadis à mes treize ans,
Aux pages du vieux livre mon enfance blottie
Presque étrangère sous la poussière du temps.

p.53-54
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APAISEMENT


Laissons encor descendre en nous ce crépuscule
Languissamment comme la neige, et que ce soit
L'effeuillaison de l'heure unique entre nos doigts,
L'effacement de ton sourire qui s'annule.
Ne parlons pas ! La vie est grave à nos côtés
Qui se vêt de silence et de mélancolie,
Tandis qu'au jardin calme une paresse lie
Les branches de lauriers aux branches des cyprès.
Quelque chose de doux s'attarde sur nos âmes ;
Quelque choses de fort agonise et s'y pâme…
Qu'est-ce — Une paix s'endort au profond du jardin
Tandis que près de moi, distraitement tu rêves
À tout ce qui s'éloigne, à tout ce qui s'achève,
À tout ce qui se fait, hélas, plus indistinct !

p.52
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