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Citations sur La Bohème et mon coeur (24)

Ton ombre est couleur de la pluie,
De mes regrets, du temps qui passe.
Elle disparaît et s'efface
Mais envahit tout, à la nuit.
Sous le métro de la Chapelle,
Dans ce quartier pauvre et bruyant,
Elle m'attend, derrière les piliers noirs,
Où d'autres ombres fraternelles,
Font aux passants, qu'elles appellent,
De grands gestes de désespoir.
Mais les passants ne se retournent pas.
Aucun n'a jamais su pourquoi,
Dans le vent qui fait clignoter les réverbères,
Dans le vent froid, tant de mystère
Soudain se ferme sur ses pas...
Et moi qui cherche où tu peux être,
Moi qui sais que tu m'attends là,
Je passe sans te reconnaître.
Je vais et viens, toute la nuit,
Je marche seul, comme autrefois,
Et ton ombre, couleur de pluie,
Que le vent chasse à chaque pas,
Ton ombre se perd dans la nuit
Mais je la sens tout près de moi...
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Un arbre tremble sous le vent
Les volets claquent.
Comme il a plu, l’eau fait des flaques.

Des feuilles volent sous le vent
Qui les disperse.
Et, brusquement, il pleut à verse.

Le jour décroît.
Sur l’horizon qui diminue
Je vois la silhouette nue
D’un clocher mince avec sa croix.

Dans le silence,
J’entends la cloche d’un couvent.
Elle s’élève, elle s’élance
Et puis retombe avec le vent.

Un arbre que le vent traverse
Geint doucement
Comme une floue et molle averse
Qui s’enfle et tombe à tout moment.
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Les persiennes ouvraient sur le grand jardin clair
Et, quand on se penchait pour se griser à l'air
Humide et pénétré de fraîcheurs matinales,
Un vertige inconnu montait à nos fronts pâles
Et nos cœurs se gonflaient comme un ruisseau grossi,
Car c'était tout un vol de parfums adoucis
Dans l'éblouissement heureux de la lumière :
Les langueurs avaient des langueurs particulières
Où se décomposait une odeur de terreau.
Tout le printemps chantait de l'éveil des oiseaux
Et, dans le déploiement des ailes engourdies,
Passait le grand élan paisible de la vie.
Une rumeur sonore emplissait la maison.
On entendait des bruits d'insectes ; des frissons
Faisaient trembler les grappes mauves des glycines
Tandis qu'allègrement des collines voisines
Un parfum de sous-bois arrivait jusqu'à nous.
Ô matins lumineux ! matins dorés et flous,
Je vous respirerai plus tard à la croisée
Et vous aurez l'odeur des feuilles reposées.
Et ce sera comme un très ancien rendez-vous.
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BERCEUSE

Ce lent et cher frémissement,
c'est la pluie douce dans les feuilles.
Elle s'afflige et tu l'accueilles
Dans un muet enchantement.

Le vent s'embrouille avec la pluie,
Tu t'exaltes ; moi, je voudrais
Mourir dans ce murmure frais
d'eau mole que le vent essuie !

C'est la pluie qui sanglote, c'est
Le vent qui pleure, je t'assure...
Je meurs d'une exquise blessure
Et tu ne sais pas ce que c'est.
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IL PLEUT
À Eliane

Il pleut — c’est merveilleux. Je t’aime.
Nous resterons à la maison :
Rien ne nous plaît plus que nous-mêmes
Par ce temps d’arrière-saison.

Il pleut. Les taxis vont et viennent.
On voit rouler les autobus
Et les remorqueurs sur la Seine
Font un bruit... qu’on ne s’entend plus !

C’est merveilleux : il pleut. J’écoute
La pluie dont le crépitement
Heurte la vitre goutte à goutte...
Et tu me souris tendrement.

Je t’aime. Oh ! ce bruit d’eau qui pleure,
Qui sanglote comme un adieu.
Tu vas me quitter tout à l’heure :
On dirait qu’il pleut dans tes yeux.

Petite suite sentimentale ( 1923-1937 )
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SAGESSE

Mieux qu’un jardin paisible aux arbres vermoulus,
Je fume les ronciers épais de ma tristesse
Avec de bons chagrins amers et, pour le reste,
J’attends que le temps l’use.

Les jours sont comme un vol de mouette à l’horizon.
Le soleil de midi fait tourner les tulipes.
Tout passe : œillets, lilas, roses et clématites,
Les tilleuls et la viorne.

Pourtant, pleureur joyeux, sache te réserver
Pour le jour où mourra, sans clameur et sans geste,
Ingénument, le beau roncier de ta tristesse :
Et ménage le Rêve !

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Le coeur n'a jamais de rides. Il n'a que des cicatrices.
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BOHÊME
À Maurice Utrillo

La rue avec ses maisons blêmes,
Ses débits, ses trottoirs luisants
Et ses hasards, toujours les mêmes,
Nous savons trop pourquoi il l'aime,
Depuis le temps de sa bohème,
D'un cœur qui muse et va gueusant...

L'aigre bise aux soirs de misère,
Montmartre, l'hiver, le printemps,
Fleur mâchonnée entre les dents
Des gigolettes de quinze ans
Et des marlous au cœur de pierre
Qui le guettaient en complotant...

Sous le métro de la Chapelle,
Près des garnis à vingt-cinq sous,
C'est toujours lui, cet homme saoul,
Qui bat les murs et qui appelle
On ne sait qui, d'on ne sait où.

Son étoile était de la fête.
Il la voyait dans le ruisseau
Trembler comme un regard de bête
Battue et portant bas la tête
Sous les coups qui tombent d'en haut,
Sans se douter que c'était cette
Pauvre étoile, dans le ruisseau,
Qui le suivait, comme un poète.

Une nuit, il la ramassa
Et, l'essuyant contre sa manche,
S'aperçut bien qu'elle était blanche
Mais ne brillait pas tant que ça...
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PLAINTE


Le vent ferait croire à la pluie.
Les feuilles tremblent — lent émoi,
Qui frémit et meurt — chaque fois
Qu'un souffle pur les a saisies.

La grise après-midi s'ennuie,
Et ma peine voudrait pleurer.
Mon Dieu ! Mon Dieu ! faut qu'on oublie.
Faut qu'on dorme pour s'égarer...

Mais le vent, qui bat dans les feuilles
Des bouleaux et des peupliers,
M'empêche de tout oublier
Quoi que je fasse ou que je veuille...

p.91
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LE JET D'EAU


Le jet d'eau dans le soir d'avril
Discrètement bruit à peine
Comme pour mieux conter sa peine
À nos jeunes cœurs puérils.

Le jet d'eau, que chuchote-t-il
Dans ce lent parfum de verveine
À faire hésiter, ô sereine !
Une larme au bord de vos cils ?

Vieille chanson qui jase et pleure
Au gré capricieux de l'heure
Selon qu'elle passe, rêvant

À des amours que l'on oublie,
Ou sanglote, mélancolie
Eparse aux tristesses du vent.

p.37-38

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