Il s'agit d'une histoire complète parue en 2005, en marge de la série mensuelle. Elle peut se lire indépendamment du reste.
Tout commence avec un rêve prémonitoire dans lequel John Constantine enfant est le témoin de scènes de fin du monde et un dieu vient lui réclamer le prix à payer. En 2004, le mari divorcé de Geraldine Chandler (la fille de Chas) vient chercher Tricia, sa fille (c'est son week-end de garde). Celle-ci vient de tomber dans un profond coma. À l'hôpital, les médecins ne savent pas quel diagnostic établir. Geradline appelle Renee (sa mère) à la rescousse qui vient avec Chas son mari. Ce dernier subodore rapidement que ce coma a peut être des causes surnaturelles et il demande l'aide de Constantine, malgré l'avis de sa femme; Il faut dire que les cas dont s'occupe Constantine se termine souvent avec un taux élevé de perte en vies humaines. Constatine requiert l'aide de Chas comme chauffeur, et il va demander des informations à Fennel, un medium. La piste le conduit en Californie où il se retrouve face à
Beroul (un démon de l'Enfer) qui est en train de s'implanter à Los Angeles. Il a besoin de Constantine pour repousser d'autres factions qui souhaitent annexer son territoire.
Cette histoire a été réalisée par l'équipe habituelle de la série mensuelle à l'époque :
Mike Carey au scénario et
Leonardo Manco aux illustrations. En 2005, Warner sortait un film basé sur la série Hellblazer (Constantine avec Keanu Reeves) et DC Comics souhaitait disposer d'une histoire complète facilement associable à la promotion du film.
Mike Carey a écrit les scénarios de la série Hellblazer de 2002 à 2006, en commençant par le Sepulcre rouge. Il maîtrise bien la voix du personnage et la trame de base des histoires de ce personnage. le lecteur retrouve John Constantine dans une partie à haut risque pour la petite Tricia (cette affaire est personnelle). Il doit faire face aux machinations de plusieurs démons. Et ce qui fait toute la saveur de cet affrontement, c'est la personnalité de
Beroul. Il a adopté un vocabulaire de cadre gestionnaire pour parler de sa petite entreprise. La deuxième rencontre donne lieu à un dialogue aussi sarcastique que mordant entre lui et Constantine, sur la base d'un entretien motivationnel sortant de l'ordinaire. le récit repose donc sur la création de stratégies par Constantine et sur leur implémentation. le lecteur croise au passage des individus sortant de l'ordinaire dans des lieux surprenants (un abattoir, une église désaffectée, un manoir hollywoodien, etc.) et des démons retords (Mictlantecuhtli par exemple) qui commettent des atrocités.
En ouvrant pour la première fois ce tome, j'ai été surpris par la vivacité des couleurs et la netteté des contours. Et c'est vrai que j'avais rarement vu Manco s'appliquer autant. Chaque décor possède un luxe de détails qui le rend particulier et qui permet de faire ressortir les textures. du coup le lecteur est vraiment dans chaque endroit grâce aux briques de la façade de la maison de Geraldine, aux parures de Mictlantecuhtli, à la décoration intérieure du salon de Fennel, aux statues du parc de la villa Hollywoodienne, aux cadavres décomposées dans la piscine, à la texture de l'imperméable de Constantine, aux bancs en bois cassés dans l'église, etc.
Manco effectue également un travail nuancé sur les expressions des visages, ce qui donne tour à tour un Constantine hermétique et manipulateur, ou expressif quand les événements dépassent son contrôle. Il crée pour l'occasion quelques personnages secondaires mémorables, à commencer par Fennel ou le grand moustachu dans l'abattoir. Et ses représentations des horreurs démoniaques sont assez inventives pour provoquer le dégoût. La mise en couleurs est assurée par
Lee Loughridge et son équipe (Zylonol studio). Là encore le papier glacé permet de rendre les teintes dans toutes leurs nuances. Et le résultat est séduisant qu'il s'agisse de la chaleur écrasante de Los Angeles sur le pardessus de Constantine ou de la noirceur de la nuit habitée par des créatures hostiles.
Cette histoire permet de découvrir le personnage de John Constantine sans avoir à se soucier de la continuité, dans une histoire bien noire et bien hantée par les démons. Alors, pourquoi seulement 4 étoiles, et pas 5 ? Si Constantine est aussi matois que d'habitude, il est nettement moins cruel et cynique, et le scénario reste dans le schéma bien balisé de la série sans inclure un enjeu inoubliable.