X-men Legacy : Emplate

Ce tome fait suite à "Avengers /X-Men: Utopia" et il comprend les épisodes 228 à 230, ainsi que le premier numéro annuel.

Les X-Men sont maintenant installés depuis quelque temps sur une île baptisée Utopia au large de San Francisco. Ils ont fait de ce lieu un asile pour tous les mutants qui souhaitent y trouver refuge. Scott Summers assume les responsabilités de chef de cette communauté et il propose à Anna Marie de servir de mentor pour les plus jeunes mutants. Mais voilà qu'un sinistre personnage débarque à Westchester (en vain) puis à Utopia pour chercher sa nourriture : Emplate. Ce mutant n'est autre que le frère de Monet (membre de X-Factor) et il se nourrit de la moelle de mutants pour subsister. Initialement il était l'un des principaux opposants à Generation X. Il fait donc son marché sur Utopia et il jette son dévolu sur Roxanne Washington (Bling!) qu'il emmène dans sa dimension pour se nourrir. Hope Abott (Trance) localise le point d'entrée d'Emplate sur Utopia et Rogue assimile ses pouvoirs pour effectuer une mission de sauvetage. Pendant ce temps là, Gambit découvre que son corps a été trafiqué par Apocalypse.

Ouf ! Mike Carey dispose de 4 épisodes entre 2 crossovers pour revenir un peu à son intrigue. Il continue de mettre Rogue sous les feux des projecteurs, comme il avait commencé à le faire dans Salvage. Première surprise, les prémices de cette histoire ressemble à s'y méprendre à la série Uncanny X-Men (UXM en abrégé). Par opposition aux tomes précédents de "Legacy", Mike Carey situe son histoire sur Utopia au milieu de la communauté des mutants avec une foule de personnages dont certains ne passent qu'en arrière plan le temps d'une case et nécessitent une solide connaissance de l'histoire des X-Men pour les reconnaître (Dragoness par exemple). Deuxième surprise, Mike Carey continue de piocher dans les séries passées des X-Men pour construire son récit (oui, je sais la série s'appelle "Legacy", donc ce n'est pas une si grande surprise que ça) : cette fois il va farfouiller dans la série "Generation X" (75 épisodes de 1994 à 2001). Il articule son récit autour de 4 personnages principaux : Rogue, Cyclops, Emplate et Bling!. Parmi ces mutants, la grande gagnante est Roxanne Washington dont le caractère ressort au travers de scènes montrent qu'elle conjugue intelligence avec bravache. Cyclops correspond à la manière dont Matt Fraction a choisi de le montrer dans UXM. Emplate est à la fois un vieux crouton un peu dépassé et un adversaire qui flanque les chocottes du fait de son coté Dracula. Rogue retrouve sa place au sein des X-Men grâce à ses actes héroïques et chevaleresques.

L'un des vrais plaisirs de ce tome réside dans l'identité de l'illustrateur : Daniel Acuña. J'avais beaucoup aimé ses peintures dans Uncle Sam and the Freedom Fighters et Wanted : Hal Jordan (il a également illustré Eternals que je n'ai pas lu). Acuña effectue à la fois les dessins et leur mise en peinture. Il utilise généralement un trait noir assez épais pour délimiter les bords des formes, ce qui peut donner une connotation enfantine à ses dessins. Il utilise les gros-à-plats de noir avec parcimonie, essentiellement pour conférer un aspect ténébreux à Emplate. Il pioche allègrement dans toute l'étendue de la palette des couleurs pour créer une ambiance soutenue pour chaque scène. Il surprend le lecteur de comics en employant des couleurs peu habituelles, très claires, voire doucereuses. C'est ainsi que Rogue passe la moitié de l'épisode peinte en bleu clair. Il se sert de la peinture pour créer les textures des objets, des costumes et des différentes matières. En particulier il donne un aspect mouillé aux gencives d'Emplate avec une sensation des plus répugnantes. Il sait aussi bien faire surgir le sable d'une plage à l'aide d'une couleur jaune très pale agrémentée de quelques traits marron pour figurer les galets, que peindre avec minuties les éclats de diamants projetés par Bling!, ou les dents d'Emplate. En utilisant au maximum la gamme des couleurs, Daniel Acuña peut passer d'illustrations assez réalistes chargées en sensations, à des dessins ayant la simplicité associée au cell-shading sans créer de solution de continuité graphique. Cette maîtrise de plusieurs styles lui permet de provoquer des sensations et des émotions de toute nature.

À l'évidence, l'objectif de Mike Carey était d'écrire une histoire qui ramène Rogue au sein des X-Men et qui justifie sa nouvelle mission. C'est chose faite, mais je regrette qu'il ait dû pour cela se disperser dans une trop importante distribution de personnages qui ne laisse pas assez de pages à consacrer à Rogue. En plus, il est déjà temps de passer au crossover suivant dans" X-Necrosha".