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4,27

sur 749 notes
C'est un pavé de plus de 440 pages qui peut faire peur… le dessin est sombre, hachuré… ça peut en rebuter plus d'un… et renforcer l'idée d'un prix éloigné du grand public.
Et pourtant, même s'il s'agit bien là d'une lecture exigeante, il serait dommage de passer à côté d'une telle oeuvre. Tirée donc de fait réels, David Carlson nous raconte une histoire forte entre un père aveugle et son fils incroyablement représentée par le trait noir et blanc haché de Landis Blair, un travail de titan !
Cette histoire nous captive par la force de la relation père-fils, par la puissance de la représentation de l'emprisonnement et de la cécité et surtout par le poids de l'art et de la littérature dans la rédemption.
Certes vous allez entendre parler de Dante, Platon, Edgar Allan Poe… mais même si je reconnais avoir du faire des pauses dans ma lecture, je n'ai pas eu le sentiment d'être exclu.
Une lecture qui ne peut laisser indifférent…
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1959. Après la mort de sa mère, le petit Charlie Rizzo est obligé de quitter la Californie pour rejoindre son père à Chicago sous la neige. Histoire de faire un peu mieux connaissance, il lui demande ce qui a causé sa cécité. Alors, Matt lui raconte l'accident de chasse.
A dix-huit ans, grâce à l'héritage maternel, Charlie s'achète la voiture de ses rêves. Il commence à fréquenter les mauvaises personnes. La prison se profile à l'horizon. Pour la lui éviter, son père va lui avouer la vérité et lui narrer les années terribles qu'il a vécues.
J'avais déjà beaucoup entendu parler de ce roman graphique, lauréat de prix prestigieux. L'épaisseur du volume et la dominante noire des illustrations m'ont fait reculer. J'ai eu peur d'acheter un livre aussi coûteux qui risquait de ne pas me plaire. Heureusement, j'ai pu l'emprunter. Il m'a fallu du temps pour en venir à bout, car ce n'est pas une histoire facile. Je ne sais pas combien d'heures (des centaines) il a fallu à Landis Blair pour boucler les quatre cent cinquante pages du volume, entièrement réalisées à la plume, avec de petits traits qui s'entrecroisent parfois jusqu'à former un noir intense, mais c'est certainement un travail titanesque. Je n'ai jamais vu quelque chose d'aussi original. Des sortes de fantômes représentent les peurs des personnages. Matt écrit des livres sur sa machine spéciale. Des rubans de braille en sortent et parfois s'entremêlent en spirales avec des notes qui s'échappent du phonographe.
Le monde de l'aveugle est constitué principalement de sons. Une foule d'onomatopées, parfois gigantesques, envahissent l'espace. Charlie aide son père. Il relit à voix haute des passages entiers de sa production. Ils apparaissent en blanc sur fond noir, tandis que père et fils ne sont que des silhouettes entourées de l'écriture formée de points.
Si un des thèmes principaux est la relation père-fils, il s'agit aussi d'un roman d'apprentissage. En écoutant l'histoire de son père, Charlie va pouvoir se forger une personnalité. Dans les dernières pages, on le verra en accéléré grandir, puis vieillir.
Mais Matt aussi va évoluer. Incarcéré très jeune, juste après avoir perdu la vue, il ne sait pas ce que la vie pourrait encore lui apporter. Il est incapable de se déplacer seul. Les autres détenus profitent de son handicap pour lui dérober sa nourriture. Il n'a qu'une seule idée en tête : pouvoir monter au dernier étage du bâtiment pour se jeter dans le vide.
Pour ajouter à sa détresse, on le place dans la cellule du prisonnier le plus dangereux, Nathan Léopold, un tueur froid et cynique, dont le crime atroce a défrayé la chronique et hanté les cauchemars de Matt.
Mais il s'avère que l'homme est aussi un intellectuel cultivé, qui connaît de nombreuses langues et passe son temps à lire. Il apprend même le braille pour transmettre ses connaissances à Matt et lui fait découvrir Dante, Homère, Virgile, Platon. En parcourant les neuf cercles de l'Enfer, Matt échappe aux murs qui l'enferment. En apprenant qu'il y a aussi un Purgatoire et un Paradis, il retrouve le goût de la vie.
Je considère ce volume comme un vrai chef d'oeuvre qu'il faut prendre le temps de parcourir, pour bien en profiter et bien le comprendre.
Il est vraiment hors norme et chaque planche est hors du commun, truffée de trouvailles. Ce fut pour moi une très intéressante découverte et je suis contente de l'avoir faite.
Merci à ma soeur Dominique qui a eu la gentillesse de me le prêter.
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Désespoir et lumière.

« L'imagination est aussi authentique que n'importe fait descriptible. Cette histoire est une tentative pour raviver la magie et le merveilleux de l'expérience humaine, ne serait-ce que le temps de quelques centaines de pages. »
Commencer une chronique par la conclusion de l'auteur… Quelle drôle d'idée !
Pourtant, c'est une reconstitution parfaitement réussie et brillante dans ce roman graphique signé par deux auteurs : Carlson et Blair, à partir de l'histoire réelle de Matt Rizzo, à Chicago dans les années 1920.
Emprisonné suite à un braquage qui a mal tourné, qui lui a couté la vue, Matt se retrouve dans la même cellule que Nathan Léopold. Celui-ci avec son complice Richard Loeb ont assassiné un enfant gratuitement, dans le seul objectif de réussir un crime parfait. Un forfait odieux resté dans les mémoires, dont les archives comportent de nombreux éléments. David L.Carlson les a largement utilisés dans un vrai travail de recherche, pour une retranscription la plus proche possible de la réalité.

Autant le dire : lorsque j'ai reçu ce roman graphique de 450 pages, gros pavé noir, gris, blanc, je l'ai boudé plusieurs semaines. de plus, il avait l'air de partir dans tous les sens….

Et puis, dès la lecture des premières pages, la magie a opéré. le lecteur est pris par l'histoire de Matt, qui récupère son fils Charlie de 10 ans, après la mort de sa femme dont il est séparé depuis de nombreuses années. Il lui explique la cause de sa cécité suite à un pseudo accident de chasse. Quand Charlie, dans les années 1965, est arrêté, suite à un braquage, il apprend de la police une partie de la vérité concernant son père.
Matt va devoir alors dire la vérité, revenir sur son passé pour aider son fils. Lui expliquer le désespoir de l'incarcération, doublé par sa cécité. Lui expliquer aussi le soutien salvateur de la littérature, de Nathan Léopold, pour s'évader de l'univers implacable de la prison et se reconstruire.

Le récit est surprenant au départ, avec les écrits de Matt, habité par Dante, la divine comédie, Platon, Homère…. Il oblige aussi le lecteur à « réviser » ses anciennes connaissances, afin de mieux comprendre le message des auteurs. Il faut se replonger dans les neuf cercles de « l'enfer » pour bien comprendre la quête de Matt.
C'est complexe avec plusieurs récits à différentes époques, les « envolées » de Matt avec Dante, la musique, mais paradoxalement, c'est fluide et facile à suivre.

Le graphisme est somptueux, dense, criant de vérité, d'émotion, de colère, de violence, de désespoir, en harmonie totale avec le texte.
Il y a même de nombreuses pages sans aucun texte, et le dessin suffit largement.
Par exemple, je repense aux dernières pages où Charlie sort de la bibliothèque, une vaste rotonde, haute, avec une large galerie circulaire d'où on voit tous les étages. Elle est sombre, noire, elle évoque la prison où vivait son père. Charlie la contemple d'un air pensif. Dans la page suivante, un rayon de lumière de la coupole illumine l'ensemble.
C'est à l'image de ce magnifique roman graphique : la littérature, la musique, l'amitié, la recherche de la vérité, de « sa » vérité, permettent d'oublier la noirceur du monde et de se reconstruire. Illustrés par les propos de Matt vers son fils : « mon travail cherche à montrer que la vérité est accessible à chacun. Que la beauté se niche un peu partout. Voilà le langage secret des poètes. »

Un document d'images et de texte, à lire et à relire car on ne perçoit pas, lors de la première lecture, toute la richesse du texte et du dessin.

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Deux grands prix et des critiques dithyrambiques m'ont convaincu de me lancer dans la lecture de ce roman graphique évoquant la vie d'un homme devenu aveugle, Matt Rizo, racontée par son fils. le crayonné noir et blanc convient à cette histoire dramatique. Tout se déroule à Chicago (la ville de la pègre) au début du XXème siècle et une grande partie du volume évoque l'univers carcéral.
Le style est très américain et lié à la littérature, en effet les allusions et comparaisons aux neufs cercles de l'Enfer de Dante reviennent de façon récurrente, on y parle de Poe également. La cécité du héros, ses amitiés sont disséquées et analysées de façon assez novatrice tout comme les défauts des hommes.
Mais je n'ai pas vraiment pris de plaisir à lire cette oeuvre, trop sombre, qui semble vouloir proposer que l'étude de la philosophie et de la littérature puisse améliorer les gens.
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Ce roman graphique impressionne immédiatement par le format de 438 pages et par le crayonné noir profond et puissant du dessinateur. Des hachures, des courbes, des pointillés et l'abstraction par moment des cases classiques d'une planche, bref tous les styles sont utilisés pour donner du dynamisme sans jouer sur la couleur. Un vrai travail de dessin pour lequel le terme graphique n'est pas usurpé, loin de là. Il faut dire que Landis Blair y a passé du temps, chaque double page nécessitant un jour entier de travail.
Il impressionne également quand on se rend compte qu'il s'agit d'une histoire vraie. Celle de Matt Rizzo, un père aveugle qui raconte à son fils Charlie, à qui il veut éviter la même voie, son passé de délinquant qui l'a mené en prison. Au cours de son séjour carcéral, il fait la connaissance d'un tueur au sang-froid, passionné de littérature, qui lui a redonné goût à la vie. Etonnamment cet enfermement va lui être salvateur. le récit est habillement construit et ce pavé se dévore, tout simplement. Il entremêle histoire personnelle, poésie, littérature, musique et rédemption.
Lien : http://nourrituresentoutgenr..
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Roman graphique volumineux et ambitieux "l'accident de chasse" relate l'histoire inventé par un aveugle Matt Rizzo, un énorme mensonge familial pour cacher la vérité à son fils Charlie qu'il connaît mal.
Le début de l'histoire nous montre un garçon encore jeune et influençable tenté par une vie en marge de la société. Charlie aide beaucoup son père après la mort de sa mère, une grande complicité va s'établir entre-eux. Mais très vite la narration vat basculer vers les années d'incarcération du père, ou il raconte l'emprisonnement et son exploration artistique.
Dans cet prison panoptique de neuf étages, Matt Rizzo pense au suicide de manière obsessionnelle, il veut monter au dernier étage pour sauter dans le vide. Nathan Leopold, son compagnon de cellule, cherche à l'empêcher de se suicider. Il promet à son codétenu un accès au plus haut de la prison quand il aura élevé son degré de connaissance, il lui propose donc la lecture de L'Enfer de Dante. Nathan attend que Matt ait achevé sa lecture pour lui annoncer qu'il n'a lu qu'une partie de l'oeuvre intégrale de la Divine comédie.
Le graphisme à la plume, raturé, en noir et blanc, nous fait bien ressentir l'oppression, l'enfermement, le noir, le silence. La mise en page est organisé de façon remarquable, on a régulièrement le droit à des doubles planches, des silhouettes en ombres chinoises, et des épisodes intitulés "Les écrits de Matt Rizzo", on remarque aussi des ornementations en forme de frise, Landis Blair ne se laisse pas enfermer dans l'univers très codifié de la BD.
Le scénario signé David L. Carlson exploite l'histoire de Matt Rizzo de façon expérimentale, la découverte de cette histoire est un peu difficile au début, à l'image de Nathan Leopold dans son apprentissage du braille.
Carlson et Landis Blair visent juste leurs BD et nous montre que tout enfermement peut être dépassé, avec de la volonté. L'accident de chasse, c'est un récit passionnant, accrocheur, haletant entre mensonges, prison et rédemption. Un gros pavé d'une grande richesse qui mérite largement plusieurs lectures tant il est délicat d'en donner toutes les clefs pour en explorer toutes ces facettes.
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'L'accident de chasse' porte dans son titre les germes d'un tragique évènement à venir. Mais l'histoire est suffisamment déroutante pour nous tenir en haleine, et nous balader, sur les pas d'un homme aveugle qui raconte sa dinguerie de vie à son fils qu'il héberge désormais. L'on écume à leurs côtés les bas-fonds du Chicago maffieux des années 60, on tire des cerfs à la carabine, on joue à se faire peur avec les fantômes d'assassins notoires locaux... avant de croupir tous ensemble dans une prison 'Tour de Babel', en train de lire, en braille donc, du bout des doigts, la 'Divine comédie'... Et si je vous dis que rien n'est inventé, vous serez sans doute pris de vertige avant d'admettre que la plus folle des imaginations prend définitivement sa source dans le réel. Un magistral roman graphique, une grande oeuvre à quatre mains.
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1959. Charlie Rizzo vivait avec sa mère à Los Angeles, jusqu'au jour où celle-ci est morte. Il part rejoindre son père aveugle, qui va lui révéler que sa cécité est due à un accident de chasse survenu pendant sa jeunesse, en compagnie de deux copains.

Le père de Charlie, qui vit à Chicago, travaille dans les assurances mais sa vraie passion est l'écriture (notamment la poésie)

À dix-huit ans, Charlie touche l'assurance-vie de sa mère et s'achète une voiture, ce qui lui vaudra de se faire de mauvaises fréquentations qui le conduiront vers la délinquance. Quand son père lui avouera des vérités cachées sur son passé sombre, pour l'éloigner de ses mauvais choix, Charlie entrera dans une terrible rébellion !

Un roman graphique magnifique ! Dessins superbes (en noir et blanc) histoire touchante, textes et citations de grande qualité, une grosse pépite de 472 pages qui se dévore en quelques heures avec délectation ! de surcroît, le fait qu'il s'agisse d'une histoire vraie rajoute un réel intérêt pour l'oeuvre (américaine) de l'auteur David l'Carlson et de l'illustrateur Landis Blair. Un très bel ouvrage à offrir en cette période de fêtes ! Bravo pour ce sans faute impressionnant !
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Grosse surprise venue de chez Sonatine parue fin aout avec ce format inhabituel pour cet éditeur et assez volumineux pour ce fabuleux roman graphique en noir et blanc saisissant de détail, c'est très profond et je pense sans me tromper que plusieurs lectures seraient idéales pour apprécier cette histoire de rédemption et qui restera également dans ma mémoire de lecteur .
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Ce fût une lecture très touchante pleine de poésie et de philosophie. Les dessins très noirs de ce graphique nous donnent un a priori sur le récit sombre qui va suivre, alors que je suis ressortie de ma lecture pleine d'espoir.

J'ai adoré la mise en page de l'histoire et toutes les références philosophiques qui sont au coeur du récit sans l'alourdir.

La construction est bien choisie avec le retour sur le passé raconté par le père à son fils. L'histoire est d'autant plus touchante qu'elle est véridique.
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