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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans un monastère de Valladolid, Bartolomé de Las Casas, l'homme d'Eglise, et Gines de Sépulvéda le philosophe s'affronte devant les hautes autorités religieuses sur un sujet qui fut très épineux après la découverte des pays d'Amérique du Sud : les peuplades indigènes sont-elles nos semblables et ont-elles une âme ?

Un argument des plus choquant pour tout lecteur du XXIème siècle!
Tous les efforts de rhétorique des deux protagonistes mettent en lumière les problèmes d'incompréhension culturelle et de jugements à l'emporte pièce que certains individus se permettent vis-à-vis de ceux qui ont le malheur d'être nés différents d'eux.
Les deux personnages tendent bien sûr à défendre leur cause, chacun se justifiant au nom de la sacro-sainte Eglise, ce qui montre bien l'hypocrisie de certains hommes de pouvoir qui utilisent et déformes des sources qu'ils citent souvent hors contexte.

Au-delà de cet abominable débat qui eut malheureusement bien lieu au XVIème siècle, j'ai trouvé que certaines réflexions de fond trouvent un écho à notre monde actuel. Certes on ne se demande plus si nos semblables humains ont "une âme", mais d'autres arguments plus ou moins semblables sont utilisés encore aujourd'hui pour discréditer des cultures différente de notre sacro-saint modèle occidental. Et, comme le souligne Jean-Claude Carrière, l'argent et toutes les dimensions économiques sont bel et bien le nerf de cette "guerre" même s'il n'est jamais avancé - car en matière d'argument altruiste on fait mieux....

Une pièce de théâtre à découvrir, qui met en scène un des nombreux épisode peu glorieux de notre Humanité - et fait référence à un autre en conclusion...
Après sa lecture, on peut se demander "notre monde est-il vraiment si différent de celui-là ? Où nos hommes de pouvoirs ont-ils simplement trouvés une nouvelle rhétorique pour justifier d'autres actes injustifiables envers ceux qui n'ont pas la même culture que nous?"
Libre à chacun d'en décider et de se faire son opinion ...
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Si les Américains du sud parlent aujourd'hui l'espagnol ou le portugais, sont chrétiens de confession, c'est que leur culture première a été abolie dans le sang.

Avec La controverse de Valladolid nous sommes au coeur de l'obscurantisme. Ce livre nous rappelle que si de nos jours d'aucuns critiquent les uns de s'y livrer, notre culture européenne, judéo-chrétienne, l'a un temps expérimenté.

Chez qui que ce soit, en quelque temps que ce soit, le prosélytisme est le plus grand mal qui puisse affecter l'esprit humain. Surtout que derrière les convictions religieuses ou politiques, on sait très bien qu'avancent à visages masqués les mauvais penchants de l'espèce humaine au premier rang desquelles cupidité et convoitise.

Les champions de la vraie foi, de la vérité, feraient bien de s'inspirer de Marguerite Yourcenar qui s'est bien gardée "de faire de la vérité une idole, préférant lui laisser son nom plus humble d'exactitude".

Sur la base d'un fait historique, Jean-Claude Carrière imagine un huis-clos donnant l'occasion, aux tenants de l'une et l'autre théories s'opposant quant au sort à réserver aux indigènes des terres conquises par les Espagnols, de développer leurs arguments sous l'arbitrage d'un légat du Pape.

C'est un bel exercice de rhétorique fort bien conçu, assis sur un socle culturel solide, qui ouvre à la méditation sur un sujet qui restera encore d'actualité tant que la nature humaine fera oeuvre d'égocentrisme. Il a encore de beaux jours devant lui.
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Depuis que Colomb a posé le pied en Amérique, les colons espagnols n'ont cessé d'envahir les terres nouvelles, s'empressant de détruire toutes les civilisations existantes au nom de la colonisation, mais surtout de l'évangélisation. En 1550 se tient alors à Valladolid, sous ordre du roi Charles Quint et du pape, un débat visant à déterminer une bonne fois pour toute si les populations indiennes méritent le statut d'êtres humains libres ou d'esclaves-nés et si les actions sanglantes, violentes et destructrices des colons est justifiée. Deux orateurs s'opposent...

Si le début, démontrant une écriture descriptive presque protocolaire, soulève à peine l'intérêt du lecteur, ce dernier se voit titillé dès que le débat commence. Titillé, pourquoi ? Parce que ça démange, ça pique, ça gratte de vivre par procuration fictive et textuelle cette période de l'histoire, de voir à quel point une religion peut être obscurantiste et hypocrite, prônant l'amour et la solidarité tandis qu'elle mène des croisades destructrices tout au long des siècles. La condition des Indiens d'Amérique est débattue de manière presque hallucinante pour les citoyens du monde que nous sommes aujourd'hui. le débat est extrêmement bien rendu, très travaillé.
Mais ce qui m'a le plus marqué, c'est que même si ces faits datent de quatre siècles, il y a certaines choses qui ne changent pas : en l'occurence la foi qui fait dire et faire des choses contre ses semblables. Une religion est censée prôner la tolérance, l'amour, le pardon, bref toutes les vertus du monde, et condamner ce que la morale juge cruel. C'est l'inverse qui se produit, encore aujourd'hui avec toutes ces guerres de religion et croyances qui plongent encore le monde dans un chaos inutile et ravageur.
La fin est quant à elle criante de cette même hypocrisie insupportable dont je parle : elle mérite à elle seule la lecture de ce livre qui relate ainsi le début, ou tout du moins la validation par l'Eglise de l'immigration forcée et esclavagiste la plus massive de tous les temps et qui ne prendra fin que plusieurs siècles plus tard.
Très instructif, très intéressant, très bonne réflexion sur l'Homme et ses actions.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Avant de débuter le roman de Jean-Claude Carrière, je n'avais jamais entendu parler de la controverse de Valladolid. Je crains que mes connaissances en Histoire et en histoire de la religion soient bien faibles.
Au moins, ce roman m'a permis de mettre mes connaissances à jour car j'ai fait quelques recherches sur le sujet.

Jean-Claude Carrière s'est approprié ce fait historique et nous livre une fiction très intéressante. La dispute entre Las Casas et Sepúlveda m'a tenue en haleine et j'ai été sidérée par la solution du prélat. le pire étant que le dénouement est véridique. Il témoigne de ce que l'Humanité a de pire en elle.

Du point de vue du style, je n'ai pas été emballée. Si les dialogues sont percutants, le reste est beaucoup plus froid. Comme il n'y a pas de narrateur, il y a une distance (sûrement voulue par l'auteur) qui m'a empêchée de m'immerger totalement dans le récit. Cette distance m'a même franchement agacée lors de l'intervention des bouffons qui semblait ne jamais devoir finir.

Malgré ce petit bémol, j'ai apprécié ce roman qui m'a permis de découvrir un pan de l'Histoire de la colonisation et de l'esclavage que je ne connaissais pas du tout.

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Comme Micromégas, j'ai lu ce livre dans le cadre scolaire en cours de HLP (littérature). le deuxième thème de l'année de Première étant les Représentations du Monde, nous nous sommes pas mal centrés sur les premières découvertes, la découverte de nouveaux peuples, etc.
Et je ne m'attendais pas du tout à ça mais j'ai vraiment aimé cette lecture !

J'avais étudié cette période historique l'année dernière en Seconde, mais je n'en avais pas gardé de très vifs souvenirs. (pour être honnête, le programme d'histoire-géo de 2nde ne m'intéressait pas du tout ! surtout quand je venais de sortir de la Troisième où l'on avait étudié tout le XXeme siècle !!) Je me rappelais juste vaguement la Controverse et les noms De Las Casas et Sepulveda.

Mais en découvrant ce livre, j'ai été prise dans le récit et je ne me suis pas du tout ennuyée !
Je ne pensais pas mais je suis contente de cette lecture ! Ce fut une bonne surprise au final :) Je m'attendais à un livre écrit il y a longtemps, relatant un vieil évènement historique ne me passionnant pas avec un style d'écriture compliqué... mais pas du tout ! Cette oeuvre fut publiée à la fin du XXème siècle et c'est écrit avec un style parfaitement abordable. Ça se lit très facilement, et le sujet m'a vraiment intéressée.

Bref, je ne regrette pas du tout cette découverte ! :)
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Au retour de mes vacances, j'ai jeté mon dévolu sur ce petit livre que j'avais depuis un moment dans ma bibliothèque.


Je connaissais le thème et une grande partie du livre : j'avais vu le film (qui est une réplique fidèle du roman) il y a deux ans et je m'en souvenais parfaitement. Ce ne fut donc pas une découverte pour moi, mais un approfondissement. J'ai pris beaucoup de plaisir à redécouvrir cette histoire vraie et à m'indigner des arguments et de l'obscurantisme de certains.


Ce fut donc une lecture agréable, surtout qu'il se lit très vite! J'ai eu pourtant du mal à en faire la critique, mais je pense que cela tient plus du fait que l'été j'ai mis mon blog de côté qu'autre chose.


Je rappelle brièvement le contexte :

Cela fait déjà de nombreuses années que l'Espagne et le Portugal ont découvert l'Amérique. Nous le savons, les colons se sont comportés comme des tyrans et des barbares avec les peuples d'Amérique, les massacrant et les réduisant à l'esclavage.


Plusieurs fois, le pape a demandé dans des bulles à ce que les indiens soient mieux traités sans y mettre réellement les moyens, ce qui n'amenait évidemment à rien du tout!


Plusieurs années plus tard, il y met un peu plus les formes et demande que soit tranché une bonne fois pour toute le débat : les indiens sont-ils oui ou non des êtres humains, descendant d'Adam et Eve? En d'autres termes plus théologiques : ont-ils une âme? Et en termes plus terre-à-terre, peut-on sans problème les réduire en esclavage?


La controverse de Valladolid raconte donc ce débat.


Dans sa préface, Jean-Claude Carrière précise bien que son roman est une oeuvre de fiction : Si on est sûr que la controverse opposa le prêtre dominicain Bartolomé de Las Casas et le théologien Juan Ginès de Sepulveda, on est pas absolument sûr qu'ils se soient réellement rencontré. Ce fut principalement par échanges épistolaires que ce débat eu lieu.


Franchement, ce roman est passionnant. Mais vraiment. Voir les arguments que ces deux hommes emploient, comment ils essayent de convaincre l'envoyé du pape que les indiens d'Amérique sont oui ou non des êtres humains, cela semble tellement irréel et ridicule. Mais cela reste passionnant à lire, les arguments qu'ils avaient à l'époque pour définir l'être humain.


On ne peut que être choqué, quand on entend les traitements que les indiens ont dû subir, comment ils se sont fait décimés en quelques dizaines d'années par le travail forcé, les maladies, ou les meurtres tout simplement. On est étonné à chaque fois de voir à quel point l'être humain peut être cruel.


On comprend petit à petit que finalement, le véritable problème n'est pas de savoir si oui ou non ils ont une âme : tout le monde sait pertinemment que ce sont des êtres humains.
Non, le véritable problème est financier. Tout cela, c'est une question d'argent pour la couronne d'Espagne et les colons qui sont là-bas. Si les indiens d'Amérique sont bel et bien pourvu d'une âme, cela veut dire qu'on ne peut pas les réduire en esclavage, puisque c'est un peuple de Dieu. Donc cela veut dire plus de main d'oeuvre gratuite et remplaçable à souhait.
Ce n'est qu'à la fin du roman que le thème est réellement abordé, mais on se rend compte que tout tendait à ça. Et la solution finalement trouvée est…assez abominable et pourtant tellement logique quand on pense à l'histoire du monde. le lecteur ne peut que se dire « ah d'accord, c'est comme ça qu'ils en sont venus à ça! ».


Je ne veux pas en dire plus et je ne peux que vous inviter à découvrir ce roman!

——————————————————

Un roman absolument passionnant sur un pan assez inconnu de l'histoire, franchement, je ne peux que vous le conseiller très vivement, aussi bien le livre que le film!
Lien : http://writeifyouplease.word..
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Et à peine avait t'on péniblement décider que les femmes , ces diablesses avaient une âme ( cela commençait à être difficile de penser aux hommes qu'ils sortaient du ventre d'un animal...sans âme, mais baptisé ) qu'ils recommençaient avec ces autres peinturlurés du nouveau monde....après tout ils portaient des plumes et des dents en dehors de leurs bouches...c'est vrai que c'était pas facile pour se prononcer....Par contre ils avaient des bras et des jambes,étaient plutôt musclés et dociles en plus...de braves bêtes en somme et de somme donc...CQFD
Édifiant sur l'humanité d'hier....euh oui c'était hier.
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Le 15 août 1550 s'ouvre dans la chapelle du Saint-Grégoire de Valladolid une controverse voulue par le roi d'Espagne, qui marque l'histoire de notre humanité. Voilà 50 ans qu'a été découvert le Nouveau Monde et Carlos Quinto vient de suspendre la conquête des Amériques aux résultats d'un débat entre d'éminents religieux sous l'autorité du pape. Il s'agit de statuer sur la légitimité de la conversion des Indiens et de leur soumission au travail forcé. Cette rencontre est motivée par les récits d'exactions commises par les conquistadors et colons, qui ont ému des notables et religieux, dont l'emblématique De Las Casas, infatigable défenseur des indiens.
La controverse voit s' opposer le chapelain de l'empereur, le frère Sepulveda (60 ans), partisan de la conquête et théologien émérite au vieux dominicain de Las-Casas (76 ans), ex-évêque du Chiapas (Mexique) connu pour ses écrits d'une "Très brève relation sur la destruction des Indes".
L'un défend que les indiens sont cruels et qu'il faut les soumettre par humanité en leur imposant le salut du baptême. Las-Casas en témoin avisé relate les souffrances infligées aux indiens et rappelle que leur pratique des sacrifices procède d'un sentiment religieux. Il est le premier européen à conceptualiser « la relativité de la notion de barbarie » .
Le roman de Carrière qui fait quelques entorses à la réalité historique, nous introduit avec brio dans le huis clos de la controverse. Il nous interpelle sur les crimes commis par notre civilisation occidentale sous de faux prétextes et nous montre que cette controverse reste d'une grande actualité devant l'ethnocentrisme, la peur de l'inconnu et ses fantasmes collatéraux, l'imposition de "l'universalité" de nos valeurs...
C'est un combat permanent que de devoir lutter contre des certitudes de supériorité, servant à nourrir nos ego et les intérêts des instrumentalisateurs de l'opinion publique...
Pour un De Las Casas, combien de Sepulvedra ?


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Les Indiens sont-ils des hommes ? Au XVIème siècle, sous le règne de l'empereur Charles Quint, on s'interroge sur l'humanité des Indiens d'Amérique, peuple colonisé par l'Espagne , alors toute puissante. L'essentiel de cet ouvrage relate le procès qui a opposé deux hommes, un religieux et un philosophe, sur cette question.
Jean-Claude Carrière a imaginé le débat qui oppose ces deux hommes, à propos d' une question philosophique qui nous interroge forcément sur notre volonté d'accepter des coutumes, des idées, des modes de vie différents des nôtres.
Le débat est passionnant, et J. C. Carrière évite le manichéisme, qui aurait immanquablement piégé le lecteur. L'écriture est parfaite pour une mise en scène, qui, d'ailleurs, a bien été la suite logique de ce magnifique ouvrage.
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Le nouveau monde a été découvert il y a déjà plus d'une cinquantaine d'années. Cortès, à la recherche de l'eldorado, avec à sa suite à peine plus de 1000 hommes a conquis de vastes territoires et asservit les peuples aztèques.
A Valladolid cette année 1550 l'église et l'Espagne s'interrogent à savoir si les créatures de ces contrées lointaines sont des créatures de dieu ou non, si on peut continuer de les asservir et de les exploiter, sereinement, sans risquer la damnation et les flammes de l'enfer.

Ce débat oppose Sépulveda, homme d'église, intellectuel et froid logicien solidement campé sur ces certitudes qui n'a jamais mis un pied dans le nouveau monde. Et Bartolomeo de Las Casas, prêtre qui a vécu de nombreuses années outre atlantique, qui prêche pour l'humanité des indiens et contre l'esclavage.

Ce débat éclaire la vision hégémonique de cette Europe renaissante, une Europe qui se redécouvre, ou s'invente à travers les "lumières" de la Grèce antique. On y découvre les origines lointaines des théories de hiérarchisation raciale, ou Sépulveda, citant Aristote, nous explique qu'il est naturel que l'imparfait obéisse au parfait, le pire au meilleur, que certaines espèces sont faites pour régir et dominées les autres, que l'esclave n'atteint pas la dignité humaine et qu'il n'est qu'un instrument animé, une sorte de machine vivante faite pour exécuter les ordres du maitre.


Avril 2015, 800 migrants à la recherche de l'eldorado qui tentaient de traverser la méditerranée sur une coquille de noix ont péri noyés. Dans l'indifférence quasi générale. Des noirs et des arabes ; des parasites sociaux et des terroristes, quantités négligeables, sans grand intérêt.

La dignité humaine . . .
Je propose de convoquer un panel d'intellectuels, de sages,(je ne vois pas bien qui ! Mais bon, ressuscitons peut être les morts) pour une controverse de Lampedusa, pour que nous y débattions encore de dignité humaine car il semblerait que la question ne soit pas encore tranchée.
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