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EAN : 9782266108676
305 pages
Pocket (01/11/2001)
3.84/5   31 notes
Résumé :
Il y a quelques années, en province, des amis m'amenèrent dans un éco-musée, un de ces villages reconstitués qui se voient un peu partout en Europe. Dans ce faux village, à ma surprise, je retrouvais tous les éléments qui avaient composé mon enfance. À cette occasion, je mesurais pour la première fois la quantité étonnante de choses que l'on m'avait apprises et qui plus tard ne m'ont servi à rien. Car, né dans une culture, j'ai vécu dans une autre. De là mille quest... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
J'ai bien aimé cette plongée dans le passé. Jean-Claude Carrière, né en 1931 à Colombières-sur-Orb dans l'Herault, nous invite dans son enfance revisitée de ses souvenirs. On y retrouve avec plaisir les us et coutumes de la petite paysannerie, une vie quasi autarcique, simple, faite de lourds travaux quotidiens et de petits bonheurs glanés au bord de la rivière, en famille, entre amis.
Une époque allant de 1931 jusqu'en 1945, date à laquelle il part pour Paris poursuivre ses études. Une époque au cours de laquelle, l'auteur en plus de ses souvenirs, n'hésite pas à évoquer la vie rurale, la transmission parents-enfants à travers les gestes, l'histoire, la géographie du lieu, l'église, l'école, le parler local, les gens et personnalités parfois singulières qui y vivent, la pêche, la chasse, les outils, le boire, le manger… bref, tout ce qui fait une vie paysanne.
C'est frais, drôle ou caustique parfois, mais surtout c'est écrit avec une grande sincérité et simplicité.
Une parenthèse agréable dans le monde de l'enfance, avant les grands bouleversements et les changements rapides dans la seconde moitié du XXe siècle.

« Nous voudrions tous que soit préservé le monde où nous avons grandi. Il est notre assurance contre le temps, contre la vieillesse et l'effacement définitif. Il nous marque comme le fer rouge marque les bêtes d'un troupeau. »
Et c'est pour le petit garçon qu'il était à l'époque qu'il a écrit ces quelques lignes, petit garçon qui goûtait du bout des lèvres le vin bourru : le premier vin tiré par les viticulteurs.
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Rares sont les livres qui ont le mérite de vous plonger dans un passé encore partagé. Avec le Vin Bourru, l'auteur de théâtre, de synopsis, de littérature, l'essayiste sur les religions, l'alter ego de Buñuel, de Forman, démontre que son passé d'enfant bilingue occitan-français ne s'est pas effacé avec le temps. Ce livre reste pour moi un guide qui conforte dans mon identité, qui m'a encouragé à m'en ouvrir aux autres. Jean-Claude Carrière a été déterminant dans ma démarche d'auteur. Son côté partageur, disponible, pas prétentieux et élitiste pour deux sous, restera longtemps dans l'esprit de ceux qui ont tant apprécié de son vivant...
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Le pays est vert, accidenté, sillonné de ruisseaux, froid l'hiver à cause du vent du Nord qui descend en sifflant du massif, chaud et même très chaud l'été, mais riche en ombre fraîche, en arbres bien feuillus, en mousse, en herbe à sauterelles. On y trouve de l'eau partout et pourtant c'est bien le Midi. Cela se reconnaît aux cyprès du cimetière, aux oliviers, aux cigales, aux réclames pour le Pernod et à l'accent, même si dans certaines familles on roule les "r" , comme plus haut dans les montagnes sombres, là où habitent les "gavaches". (...) Ils vivent au nord, dans les régions froides et peu civilisées des montagnes centrales. Ils parlent patois et ne sont bons qu'à faire brouter les vaches. A certaines saisons ils descendent dans les terrains méridionaux comme travailleurs périodiques. C'est l'occasion pour nous de voir comme ils sont frustes et ignorants. Le gavache est la référence barbare. Il est ce qu'il ne faut pas être. (...)
Beaucoup plus tard, en travaillant en Espagne, je découvris que pour les Espagnols tous les Français sont des gavachos. Et j'appris l'origine de ce mot. Les Gavaches furent un peuple du Massif central qui, au Moyen-Age, lorsque l'Espagne était encore verte (...), franchissaient la frontière pour venir y faire les récoltes.
Des journaliers, des saisonniers. Les Français ont été pendant plusieurs siècles travailleurs immigrés en Espagne. Il paraît que le mot existe aussi en italien.
On est toujours le gavache de quelqu'un. Il fallait s'y attendre.
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Craindre des averses ? Je ne comprends pas. Il faudrait annoncer exactement l’inverse, affirmer que le beau temps c’est la pluie, et pas seulement pour l’agriculture, pour l’industrie, pour l’air que nous respirons, pour notre santé, pour tout. Les grandes nations sont faites de pluie. Mais apparemment le culte du soleil sévit encore sous des formes modernes et la « météo » ne s’adresse qu’à des adeptes aveuglés.
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A cette époque-là, dans ce pays-là, il est difficile d'imaginer la somme d'efforts physiques qu'on demandait à un enfant. D'abord, dans ces terrains accidentés, tout chemin montait ou descendait, et tout trajet se faisait à pied. Quand j'eus une bicyclette, le problème se compliqua. Il fallait alors monter à vélo le plus de côtes possible, à moins de passer pour un incapable. D'où des concours incessants avec les autres. Pour monter à Saint-Martin, chez mes grands-parents, une partie du chemin marquait une pente très forte. Cet endroit, redouté des charretiers et des chauffeurs, s'appelait La Renarde. Généralement les femmes et les enfants mettaient pied à terre en bas de La Renarde et montaient à pied, en poussant la machine. Je me rappelle encore ma joie lorsque - je devais avoir onze ans - je montai pour la première fois cette côte sans descendre de vélo. J'en parlai à tout le monde. J'écrivis même la grande nouvelle à ma tante et à mon oncle, à Marsillagues. j'étais initié, promu.
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Pour les hommes, l'été, la sieste apportait deux heures de répit à une activité incessante. Tradition des pays chauds, autre signe du Midi, la sieste coupait la journée en deux. (...)
Femmes et enfants restaient éveillés. Les femmes tricotaient à l'ombre, après la vaisselle, devant la porte. Les enfants jouaient aux billes et tentaient de s'enfuir pour courir çà et là, surtout vers la rivière. Mais ils avaient ordre de ne pas se baigner moins de deux heures après le repas.
La sieste : un morceau de temps suspendu, une odeur de sueur, les volets à-demi fermés, les mouches sur le drap, la voix basse des femmes et le chant des cigales.
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Les adultes n'évitaient pas à l'enfant le spectacle de la mort humaine, au contraire. Les vieux mouraient tous à la maison, la famille exposait leur corps sur un lit, dans leur dernier habit, et tout le village venait les saluer, en lançant au passage quelques gouttes d'eau bénite avec un rameau de buis. Les morts tenaient souvent un chapelet entre leurs mains froides.
Le premier cadavre que je vis fut celui de ma grand-mère Germaine, mère de mon père, quand j'avais cinq ans. Ma mère me conduisit devant elle - toute blanche dans une robe noire - pour un dernier regard.
- Regarde-la, me dit-elle, tu ne la verras plus.
Ainsi la mort devenait familière avant même qu'elle ne fût comprise et admise. Elle n'avait rien d'ef-frayant.
P.91
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Videos de Jean-Claude Carrière (56) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Claude Carrière
Louis Garrel est toujours où on ne l'attend pas ! Avec La croisade qui, avant sa sortie en salles le 22 décembre, fait partie de la section éphémère "Le cinéma pour le climat" du Festival de Cannes, il s'aventure, avec bonheur, dans le conte écologique, insolent et juvénile.
Abel (Garrel lui-même) et Marianne (Laetitia Casta) découvrent que leur fils Joseph (Joseph Engel, déjà à l'affiche de L'homme fidèle) a vendu en douce leurs objets les plus précieux. Comme d'autres enfants à travers le monde qui se sont donnés pour mission de sauver la planète. ils sont des parents modernes, compréhensifs, qui veulent bien faire le tri entre poubelle bleu et verte, certes, mais tout de même : « Quoi ??? Tu as vendu toutes mes montres de collection ! » hurle papa. « Tu n'as tout de même pas vendu ma petite robe Dior ??? » se désespère maman…
Dernier scénario du grand Jean-Claude Carrière (déjà à l'oeuvre sur L'homme fidèle), cette Croisade débute en chronique anticonsumériste hilarante et riche en autodérision pour fuguer vers une vraie carte ( verte) du tendre où une foi, certes candide, mais vitale, dans l'engagement écologique mènera un groupe d'enfants et Laetitia Casta (décidément magnifique quand elle est filmée et joue au naturel, 100% bio) en plein désert … Une petite bouffée d'oxygène avec de vrais particules de cinéma.
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