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3,88

sur 325 notes
Nous revivons avec Caumes et ses amis ce jour de janvier 2015 où la France a sombré dans l'horreur. Ce roman, c'est l'adolescence qui est touchée dans son insouciance, dans ses excès, dans ses premières fois et dans sa rage de vivre. Ce livre, c'est l'horreur, la terreur et la force de vivre rassemblés en un texte que l'on lit d'une traite, parce qu'il résonne en nous d'une façon si particulière.

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J'avais peur de voir ce qu'allait donner ce roman. Comment peut-on mêler l'histoire d'amour naissante d'un adolescent de dix-sept ans et les attentats de janvier 2015 sans choquer, sans heurter les sentiments de ses lecteurs ? Est-il possible de livrer si tôt une fiction sur des événements si douloureux ?

Il est effectivement profondément déstabilisant d'être confronté en tant que lecteur à des événements si récents, si marquants, dont on porte chacun une cicatrice encore luisante et douloureuse. le souvenir de ces quelques jours de janvier 2015 est si vivace dans l'esprit du lecteur qu'il peut presque craindre de revivre ces événements de façon fictive, dans une espèce d'hésitation entre la réalité et l'imagination...

Mais ce que je redoutais le plus est justement ce qui fait la beauté de ce roman. Ce mélange, si terrible mais si vrai à la fois. L'horreur absolue et l'espoir ne font qu'un, les sentiments contradictoires se heurtent dans le chaos le plus total, et malgré cela, un futur reste possible. Un amour peut se construire, un adolescent peut grandir et se découvrir.

Je n'ai pas accroché tout de suite au style ni aux idées d'Arnaud Cathrine. Il m'a ainsi fallu presque une moitié de roman pour réaliser que cette plume si particulière me plaisait bel et bien. Les mots sont crus – sans être vulgaires –, abrupts, terriblement authentiques. On entend véritablement la voix d'un adolescent, on est aussi heurté que lui par la violence de ses émotions, de ce qui l'entoure. Il n'est pas garanti que chacun d'entre vous accrochera à ce style unique, mais l'expérience reste incontournable.

Que dire de plus, si ce n'est que ce pari risqué est merveilleusement réussi ? Arnaud Cathrine fait ici revivre avec beaucoup de talent et surtout d'émotion un sujet douloureux de notre mémoire, mais sans jamais sombrer dans l'apitoiement, le mélodrame, ou le voyeurisme. Les attentats sont présents, évidemment, capitaux même, mais toujours de façon sensible et juste. On ressort de cette lecture indéniablement ébranlé, avec le sentiment d'avoir pris conscience de quelque chose d'indéfinissable mais d'essentiel. D'avoir touché du doigt une parcelle de vérité.

C'est brut, c'est violent, mais lourd de sens et tout simplement beau. L'histoire de Caumes, c'est la nôtre, c'est celle de chaque adolescent qui peine à se construire, à vivre ses premières années d'aspirant à l'âge adulte dans un monde qui semble constamment le brimer, le décevoir, l'inquiéter. C'est une leçon éblouissante de vie, d'espoir. C'est une claque monumentale, un roman qui se lit plus d'une fois.

Note attribuée : 9,5/10 : réservons le 10 pour la saison 2, voulez-vous ?
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À la place du coeur – Saison 1 d'Arnaud Cathrine.
(Genre : Contemporain, YA).

Editions : Robert Laffont
Prix : 16€ (Partenariat)
Date de parution originale : 1er septembre 2016

Résumé :
Six jours dans la peau de Caumes qui vit son premier amour.
Six jours de janvier 2015 ou la France bascule dans l'effroi.

Mon avis : LIVRE COUP DE COeUR ! Je tiens d'abord à remercier la Collection R et son directeur de publication Glenn Tavennec. Un homme ayant un talent évident pour dénicher de belles pépites : « À la place du coeur » en est une assurément. La couverture brodée main est superbe, elle ne manquera pas d'attirer le regard sur les étals des librairies. Cela change énormément des images avec des visages et ça fait du bien. le résumé rendra curieux quiconque le lira. Je n'ai pas voulu vous en mettre plus. Avoir la surprise de l'histoire est encore mieux ! Au final, cette 1ère saison est une excellente découverte et j'ai adoré ma lecture.

« Je ne sais pas ce qui va arriver mais c'est le plus beau jour de ma vie. Tout simplement parce que je suis prêt à le vivre », page 21.

Dès le début, l'auteur nous plonge au coeur d'un groupe de lycéens. Une soirée pour un anniversaire, celui de Caumes, notre protagoniste. Un 1er chapitre permettant de présenter les personnages et de montrer leurs liens. On est au centre d'une mixité sociale, de culture et de manières de penser. Il y a ce petit quelque chose en plus qui fait la différence. Qui nous pousse à continuer sans vraiment savoir si ce qu'on lira nous plaira à 100%. Pourtant, tout est réuni dès le début et Arnaud Cathrine amène très vite les rebondissements nécessaires pour faire avancer son histoire.

« Allez, dis-le que tu chies sur ces putains d'arabes qui mettent le pays à feu et à sang, dis-le que tu les foutrais bien tous dehors, dis-le que la race blanche est menacée, crache ton venin, d'habitude tu ne te fais pas prier », page 75.

J'ai de suite apprécié Caumes, sa manière de penser et d'aborder les choses. Mais je préviens qu'il peut ne pas plaire à tout le monde. Il est parfois vulgaire et il ne lésine pas sur les mots déplacés. Pourtant si on peut être surpris au départ, on se rend compte que ce langage colle au personnage. L'auteur a voulu nous le rendre plus réaliste et ça marche. Caumes est réfléchi, essayant de faire la part des choses dans les situations difficiles. Un jeune homme voulant profiter de la vie sans pouvoir y parvenir pleinement. le voir avec sa famille, ses amis et sa chérie, permet d'avoir une vue d'ensemble et de mieux l'aborder. Viennent ensuite d'autres personnages : Esther, Théo, Hakim, Kévin et les parents de Caumes. Tous sont placés dans l'histoire pour aborder un pan culturel, social ou psychologique de la société. Et c'est magnifiquement fait !

« Ce que l'histoire nous apprend, au fond, c'est qu'il n'y a pas un enseignement à tirer une bonne fois pour toutes mais des enseignements à tirer au jour le jour », page 143.

Le rythme du roman est parfait. le fait de suivre Caumes et son groupe pendant 6 jours apporte une cadence au récit. On sait où on en est, à quelle date se passe tel événement, et c'est bien amené. Ensuite, les chapitres ne sont pas longs et apportent de la fluidité au récit. Arnaud Cathrine amène en plus de l'originalité à l'histoire pour que la lecture se fasse encore plus rapide : certains chapitres ne sont que des dialogues, d'autres sont représentés en conversations Facebook et il y a aussi des phrases chocs. Les dialogues normaux et les réflexions de Caumes sont justement dosés pour amener un réel intérêt du lecteur.

« J'ai honte. Voilà la vérité. Et la honte ne date pas d'aujourd'hui. J'ai honte depuis mercredi matin. Honte d'être amoureux. Honte d'être tout à mon obsession et de n'être pas totalement assailli […] par la sauvagerie qui paralyse mon pays. Impression de ne pas avoir le droit de vivre ça. Est-ce ma faute si le pire et le meilleur sont survenus au même moment ? », pages 170-171.

Le thème traité est forcément délicat. Parler de l'attentat du 7 janvier 2015 et y amener parallèlement une histoire d'amour naissante… ça avait tout pour être casse gueule. Pourtant, Arnaud Cathrine réussit son pari haut la main. On est immergé dans la vie de Caumes et on voit au fil des heures, au fil des jours, les répercussions que peut avoir cet événement tragique sur sa vie. L'auteur crée une ambivalence entre l'horreur et l'accès au bonheur. Et puis tous les thèmes abordés font réfléchir : l'actualité encore et toujours, les religions, la radicalisation, l'amour, la famille, les opinions de chacun, les a priori et les amalgames. Un roman permettant de se remettre en question soi-même… je vous le garantis !

« J'ai dix-sept ans, la vie devant moi et de la mort partout. Une saloperie d'équation à résoudre », page 242.

Enfin le style d'Arnaud Cathrine en déroutera plus d'un. J'ai adoré cette écriture percutante, vive, incisive, qui prend aux tripes et qui ne vous lâche plus jusqu'à la dernière ligne. Ça remet en place, ça met une claque et ça permet au lecteur de se rendre compte de la gravité des choses. L'auteur joue avec les mots et le fait avec brio. Les 50 dernières pages prennent à la gorge et on ressort de cette lecture retourné. Il y a des twists qu'on ne voit pas venir et c'est bien trouvé. Que vous dire à part de noter la date du 1er septembre sur vos agendas ! Un livre à lire de toute urgence, à mettre entre toutes les mains… des ados comme des adultes. Je suis content d'avoir pu lire ce livre et d'avoir eu un coup de coeur pour un auteur français. Vivement la saison 2 !

Ma note : 9,5/10.
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Difficile de savoir comment appréhender ce livre. J'étais à la fois intriguée de le découvrir mais, en même temps, j'en redoutais quelque peu sa lecture. J'avais tout de même envie de savoir de quelle façon l'auteur allait réussir à aborder une thématique aussi brûlante qu'inadaptée (pour moi) à l'univers young adult tant sa réalité parait ne pas être à sa place dans ce genre.

C'était vraiment difficile de se replonger dans ces événements que l'on aimerait bien oublier et qui, pourtant, nous marqueront à tout jamais. Il faut dire que ma génération fait également partie de celle qui a vue en direct les attentats du 11 septembre à la télévision. Autant dire que je ne pensais pas lire un jour un livre dont l'histoire s'imprègnerait de cet univers déstabilisant, violent et horrible qu'est celui des attentats.

Que nous apprend l'histoire ? […] Parfois l'histoire nous apprend rien et tout est à refaire.

D'ailleurs, j'ai passé une bonne partie du roman sans savoir vraiment si j'aimais ou non ce que je lisais. Car c'est assez spécial. L'auteur nous remet devant ces évènements qui nous ont irrémédiablement marqués, peu importe ce que l'on faisait. Mais j'avoue que c'était étrange de se retrouver dans la peau de cet adolescent qui, alors qu'il devrait penser à sa nouvelle petite amie, se retrouve plongé dans un environnement qui fait froid dans le dos.

Arnaud Cathrine réussit dans ce livre à faire de ces évènements de janvier 2015 un décor marquant mais pas voyeuriste. Et c'est ce juste équilibre qui permet à A la place du coeur de ne pas être un livre profiteur. L'auteur n'a pas cherché à exploiter cette thématique pour construire une histoire. Il explique, au contraire, comment un contexte de peur de l'autre va briser ces vies simples et banales qui vont s'en retrouver changées à jamais. Ainsi, tout le cadre politico-social qui s'insère dans le livre parait extrêmement naturel. C'est dérangeant, certes, mais cela nous pousse inexorablement à la réflexion.

J'ai donc assez accroché avec la façon dont Arnaud Cathrine représente son histoire sans profiter du contexte. Il n'est pas là pour faire pleurer dans les chaumières et, au contraire, cela peut être vraiment intéressant à faire lire à cette nouvelle génération qui découvre l'horreur des attentats en direct avec ceux de Charlie Hebdo.

[…] il est un peu plus de dix-huit heures et il fait déjà nuit noire. C'est parfaitement à l'image de cette semaine improbable : nuit noire.

Pour autant, j'ai tout de même eu quelques difficultés avec le personnage de Caumes. Surtout au départ, je n'arrivais pas du tout à m'attacher à lui ou à sa bande de potes. Mais, petit à petit, j'ai pris connaissance de ses réflexions et interrogations, et j'ai été touchée par cet adolescent qui découvre le monde horrible dans lequel il vit. Il comprend immédiatement que quelque chose de grave s'est produit ; quelque chose qui va changer à tout jamais la vision qu'il avait du monde et de la France. Une analyse vraiment pertinente de la part d'un gamin de dix-sept ans tout juste.

C'est, du coup, très intéressant d'observer son évolution au cours de cette semaine. Ces sept petits jours qui vont faire voler en éclat son monde tranquille de lycéen et qui vont briser sa vie à tout jamais. Il y a ce lundi soir normal où Caumes fête tout simplement ses dix-sept ans avec ses amis. Un instant frivole dans une vie toute aussi frivole et dénuée d'intéressement. En dehors du bac, l'avenir est flou et sans aucun intérêt. Bref, une vraie vie d'adolescent. Et puis, tout va basculer ce mardi. Difficile de croire qu'un tel évènement se produisant à Paris va réussir à impacter ce village de Normandie. Et pourtant…

On n'avait pas l'âge, putain.
L'âge de quoi ?
J'ai dix-sept ans, la vie devant moi et de la mort partout. […]
C'est quoi l'autre choix ?

Caumes s'interroge. Il cherche vraiment à comprendre l'incompréhensible, à mettre des mots sur l'innommable. Mais, malheureusement, il se heurte à ces adultes qui, le plus souvent, ne prennent même pas la peine de discuter avec lui. Et puis il y a cet après, ce vendredi qui nous montre à quel point Caumes commence à ressentir ce vide en lui et doit apprendre à vivre avec toute cette menace, cette guerre autrefois si lointaine qui touche désormais Paris et notre beau pays.

Enfin, la fin apporte tout on sens à l'utilité de cette histoire. le cri du coeur de Caumes est sincère, bouleversant et émouvant. Malgré mes dix années de plus, je me suis retrouvée dans chacune de ses interrogations. Mais, surtout, j'avais mal pour lui, pour cette jeunesse, véritable dommage collatéral d'un climat délétère.

Pour conclure : c'est un beau roman qui met bien en exergue les difficultés de compréhension de cette génération qui se retrouve plongée dans un monde qu'elle ne comprend pas. Surtout, cela nous met face à tout ce changement dans notre société auquel nous avons droit depuis cet évènement. Janvier 2015, Novembre 2015, Juillet 2016… Ces dates resteront définitivement gravées en nous. A travers son histoire d'une justesse incroyable et qui n'en fait pas trop,, Arnaud Cathrine nous montre que cela a complètement modifié notre regard sur l'avenir, mais que cela a encore plus marqué la nouvelle génération qui ne sait plus à quoi s'attendre et doit commencer à vivre avec cette peur du lendemain. Mais il nous donne aussi une incroyable pulsion de vie qui prend ainsi naissance malgré le tragique de son contexte…

J'ai décidé de ne plus penser ni à Esther, ni aux attentats, ni à Ballard, ni à rien du tout, juste : m'absenter de la surface de la terre.

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