Si seulement les morts pouvaient conclure.
Je n'aimerais pas, à mon insu, comprendre profondément ses livres. J'ai peur de ce que Vincent débrouille et massacre dans l'écriture. Je souhaiterais n'être qu'un lecteur lointain qui prend ses histoires à la lettre. Je ne serai jamais celui-là.
Pour écrire, il faut deux secrets. Dont un qu'on ne connaît pas.
Martin, au silence étrange et inquiétant, comme un innocent blessé qui aura si peu connu la légèreté inconséquente de l'enfance et dont les sourires, si larges fussent-ils, ne nous sembleront jamais qu'éclatants de tristesse.
(elle avait perdu ses parents dans un accident de voiture; ce funeste rapprochement, autant qu'on puisse le trouver absurde ou d'un romantisme adolescent, nous a permis malgré tout de partager un peu de ce qui ne se partage pas).
Le jeu n'est pas une drogue conviviale.
Je crois que je me suis mis à écrire parce que je savais que j'allais rater tout le reste.
Ce livre impardonnable, ils doivent le craindre chez moi. Ils doivent l'attendre avec appréhension.
C'est la première fois que maman reste aussi longtemps rue de la Santé. Je devrais dire Sainte-Anne, mais papa et Remo nous ont appris à dire « rue de la Santé ».
« Santé » et voilà le chien bien muselé, contraint d'étrangler sa rage.
Les deux frères n'ont jamais fait usage des mots qu'à la façon d'une camisole. Ainsi accusent-ils la « fatigue » lorsqu'il est convenu d'évoquer maman : « Votre mère est fatiguée. » De là, l'axiome parfaitement présentable qui veut que la « fatigue » mène tout bonnement « rue de la Santé ».
L’image a brusquement disparu. On n’a plus entendu que le ronflement du projecteur accompagné de l’odeur chaude du ventilateur.
Il n’est rien de pire, me suis-je dit que de regarder ces petits bonhommes avancer plus vite que la normale c’est là qu’on vous les arrache avec le plus de violence. Je sais ce qu’est le temps : une bobine qui vous restitue la torture des choses dérobées et pour finir au bout des trois brèves minutes, crache un blanc clair et définitif.