Citations sur Pourquoi pas nous ? (12)
La chose à laquelle on ressemble le plus avait dit Léon, c’est à une paire de pommes de terre bouillies.
Cela ne faisait pas très longtemps de ça, cinq ans peut-être, mais, en fait, cela avait toujours été ainsi ; même quand il avait quinze ans, il ressemblait déjà à une foutue patate.
Bon sang, on a beau lire et aimer les romans d'amour, il faut avouer que lorsqu'on en vit un, c'est autre chose.
Comme elle aime à le répéter, à soixante-treize ans elle en paraît facilement soixante-douze. Un peu moins le dimanche quand il vient et qu'elle se pomponne un peu.
– Je ris parce que, lorsque je pleure, je suis encore plus moche. On ne croit pas que c’est possible, eh bien si !
Elle cherche frénétiquement un mouchoir.
– Vous n’êtes pas moche, dit Philippe, je…
Je ne peux tout de même pas lui dire qu’elle est belle, elle n’est pas assez bête pour le croire.
– Regardez-moi : j’ai une tête comme une pomme de terre bouillie.
– Au four dit Jacqueline.
Philippe marque le coup, pousse un soupir à renverser une muraille et se frappe le front du plat de la main.
– Bon Dieu, ça change tout !
Je vis dans un monde ou les mannequins font la loi : jeunesse et charme, ils ont plein la bouche de leur fraîcheur, de leurs dents blanches, de leurs cheveux souples…Moi aussi, j’ai les cheveux souples, pour ce que ça m’avance !
Ca ne peut pas mieux tomber. Quarante ans : ce sera un enfant de vieux, donc sujet à toutes les tares possibles. En plus, étant donné les physiques respectifs de son popa et de sa moman, il ressemblera plus à Frankenstein qu'à autre chose ; ensuite, il va falloir que je ferme boutique pour aller accoucher en Suisse comme la reine d'Angleterre. A ce moment-là, ou bien je le colle à l'Assistance, ou bien je le ramène sous mon bras en disant que je l'ai trouvé un matin, en bordure de l'autoroute, et personne ne me croira.
Je t'aime bien, Fabienne, je t'envie, mais je t'aime bien ; ce doit être assez rare au fond de crever de jalousie pour quelqu'un que l'on aime bien.
Dans le catch, dit Yoyo, tout est truqué, c'est plus un sport.
L'oeil bouclé, la lèvre brillante. Je ne peux rien lui dire tant elle est belle. C'est elle qui m'a fait comprendre que la beauté n'est que la ligne exacte entre le trop et le pas assez. L'équilibre, juste ce qu'il faut, pas plus, pas moins...
Il faut que je lui dise, car il est de ma race. Rien ne nous est facile à nous, les vilains, nous n'entrons pas facilement dans les salons, nous n'avons pas ces aises élégantes que prennent ceux qui savent que les regards qu'ils attirent seront d'admiration. Nous sommes à part et nos cordes vibrent douloureusement, violons de douleur que le moindre archet fait tressaillir.