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Citations sur Partie de neige (12)

Avec une clé changeante
tu ouvres la maison , dans laquelle
tournoie la neige des choses tues .
Et au gré du sang , qui sourd
des yeux, de la bouche ou de l'oreille ,
ta clé change .
Change ta clé , change le mot ,
qui doit suivre le tournoiement des flocons .
Au gré du vent qui te pousse en avant ,
s'enroule autour du mot " la neige " .
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Le poète assume, dans l'univers de la parole, un rôle et une voix qui sont de témoignage et non de prophétie, en même temps que de réflexion continue sur le geste singulier de l'écriture poétique. Un rôle et une voix qui ne sont pas "de composition" comme dans l'univers du spectacle, mais authentifiés jour après jour dans et par l'existence, ses jeux, ses tragédies, ses rencontres y compris verbales. Chaque journée construit le mystère de ses coïncidences matérielles et mentales, et le poème authentique respecte ces mystères, les cristallise comme une neige, au risque de l'hermétisme : les dossiers génétiques, en exhibant les différentes phases de l'écriture, manifestent bien ce respect, et le traducteur doit compenser la perte inévitable de nombreuses corrélations intimes en proposant au lecteur des éléments d'information principalement sémantique, parfois historique ou personnelle.
(...)
La partie consiste en trois opérations : faire ricocher sur la glace rayée des rêves-cailloux plats, extraire à la pioche de leur gangue dure les ombres-mots et ombres de mots, et les disposer sans fioritures selon des mesures vivantes (les abrasses de l'écriture des vers entassés) tout autour de l'outil même, du fer de pioche qui les a dégagés, dans la pierre réduite à néant par le tourbillon des eaux glaciaires, dans le trou d'eau qui est aussi la source glottale de la parole.
Notice à Partie de neige, de Jean-Pierre Lefebvre
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NOUS LES SURCREUSÉS, esseulés
dans le sous-sol gelé.
Chaque vallée suspendue charrie un cil
vers l'empreinte des yeux,
et son noyau
de pierre.

WIR ÜBERTIEFTEN, geeinsamt
in der Gefrornis.
Jedes Hängetal karrt eine Wimper
an den Augenabdruck
und seinen Steinkern
heran.
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TOI AVEC LA FRONDE LANCE-TÉNÈBRES,
toi avec la pierre :

il est Au-delà-du-soir,
je luis derrière moi-même.
Viens donc me redescendre,
ne plaisante plus
avec nous.

DU MIT DER FINSTERZWILLE,
du mit dem Stein :

Es ist Überabend,
ich leuchte hinter mit selbst,
Hol mich runter,
mach mit uns
Ernst.
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QUOI COUD
sur cette voix ? Sur quoi
coud cette
voix
en deçà, au-delà ?
     
Les abîmes sont
par serment liés au blanc, c'est d'eux
qu'est montée l'aiguille de neige,
     
avale-la,
     
tu ordonnes le monde,
ça compte
autant que neuf noms,
nommés à genoux,
     
tumuli, tumili,
tu
bazardes et collines, bien vivant,
viens
dans le baiser,
     
un coup de nageoire,
constant,
éclaircit les baies,
tu avances
à l'ancre, ton ombre
se dépouille de toi dans les buissons,
     
arrivée,
ascendance,
     
un coléoptère te reconnaît,
vous êtes à chacun
imminent,
des chenilles
vous tissent un cocon,
     
la Grande
Boule
vous accorde le passage,
     
bientôt
la feuille attache sa veine à la tienne
des étincelles
doivent passer par là,
le temps d'un manque d'air,
     
un arbre dressé te revient, un jour,
il déchiffre le nombre,
     
un mot, avec toute sa verdure,
rentre en soi, se transplante,
     
suis-le
     
(Paris, 10 janvier 1968)
-
     
WAS NÄHT
an dieser Stimme? Woran
näht diese
Stimme
diesseits, jenseits?
     
Die Abgründe sind
eingeschworen auf Weiß, ihnen
entstieg
die Schneenadel,
     
schluck sie,
     
du ordnest die Welt,
das zählt
soviel wie neun Namen,
auf Knien genannt,
     
Tumuli, Tumuli,
du
hügelst hinweg, lebendig,
komm
in den Kuß,
     
ein Flossenschlag,
stet,
lichtet die Buchten,
du gehst
vor Anker, dein Schatten
streift dich ab im Gebüsch,
     
Ankunft,
Abkunft,
     
ein Käfer erkennt dich,
ihr steht euch
bevor,
Raupen
spinnen euch ein,
     
die Große
Kugel
gewährt euch den Durchzug,
     
bald
knüpft das Blatt seine Ader an deine,
Funken
müssen hindurch,
eine Atemnot lang,
     
es steht dir ein Baum zu, ein Tag,
er entziffert die Zahl,
     
ein Wort, mit all seinem Grün,
geht in sich, verpflanzt sich,
     
folg ihm
     
     
Traduit de l'allemand par Jean-Pierre Lefebvre.
(éd. Points, 2013 – pp. 22-25)
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PARTIE DE NEIGE, droit cabrée jusqu'à la fin,
dans le vent ascendant, devant
les cabanes à jamais
défenêtrées :

faire ricocher des rêves plats
sur la
glace striée ;

dégager au pic
les ombres de mots, les empiler par toises
tout autour du fer
dans le trou d'eau.

SCHNEEPART, gebäumt, bis zuletzt,
im Aufwind, vor
den für immer entfensterten
Hütten ;

Flachträume schirken
übers
geriffelte Eis ;

die Wortschatten
heraushaun, sie klaftern
rings um den Krampen
im Kolk.
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ILLISIBILITÉ de ce
monde. Tout, double.

Les horloges fortes
donnent raison à l'heure scindée,
à voix rauque.

Toi, coincé dans tes tréfonds,
tu grimpes hors de toi
pour toujours.

UNLESBARKEIT dieser
Welt. Alles doppelt.

Die starken Uhren
geben der Spaltstunde recht,
heiser.

Du, in dein Tiefstes geklemmt,
entsteigst dir
für immer.
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LES PÔLES

sont en nous,
infranchissables
dans la veille,
nous les dépassons lorsque nous dormons, jusque devant la Porte
de la Miséricorde.
Je te perds en toi, c’est
ma consolation de neige,
dis que Jérusalem est,
dis-le, comme si j’étais ce
blanc qui est le tien,
comme si tu étais le mien,
comme si nous pouvions être nous sans nous,
je t’ouvre, je te feuillette, pour toujours,
tu pries, tu nous prépares une couche, tu nous libères.
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AVEC LA VOIX DE SOURIS DES CHAMPS,
tu remontes en couinant,

mâchoire
coupante,
tu mords ma peau à travers la chemise et t'accroches,

carré de tissu,
tu me glisses sur la bouche,
au milieu de ma
parole occupée, ombre,
à t'alourdir.

MIT DER STIMME DER FELDMAUS
quiekst du herauf,

eine scharfe
Klammer,
beisst du dich mir durchs Hemd in die Haut,

ein Tuch,
gleitest du mir auf den Mund,
mitten in meiner
dich Schatten beschwerenden
Rede.
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Illisibilité de ce monde…


ILLISIBILITÉ de ce
monde. Tout, double.

Les horloges fortes
donnent raison à l’heure scindée,
à voix rauque.

Toi, coincé dans tes tréfonds,
tu grimpes hors de toi
pour toujours.

*

UNLESBARKEIT dieser
Welt. Alles doppelt.

Die starken Uhren
geben der Spaltstunde recht,
heiser.

Du, in dein Tiefstes geklemmt,
entsteigst dir
für immer.

*
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