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Critique de tamara29


Je remercie vivement Babelio et les Editions Denoël pour le magnifique ouvrage « Poésies Complètes » de Blaise Cendrars.
Blaise Cendrars (1887-1961) est un des écrivains du 20ème Siècle auquel je n'avais pas encore osé m'affronter. de récentes lectures, coup sur coup, où figurait l'écrivain et poète (dont ‘'les pêcheurs d'étoiles'' de Jean-Paul Delfino qui met en scène Blaise Cendrars et Erik Satie) étaient comme autant de petits rappels à corriger ce manque. Alors, lorsque l'une des dernières opérations Masse Critique a proposé de découvrir ses poésies, je me suis dit qu'il était enfin temps d'aller à la rencontre du sacré personnage dont j'avais commencé à entrapercevoir la silhouette…

La collection « Tout autour d'aujourd'hui » (TADA) réédite en quinze volumes les oeuvres complètes de l'artiste dont les poésies, écrites entre 1912 et 1924, sont le premier tome.
Ce tome nous propose, en plus des poésies, une multitude d'informations autour de celles-ci. S'y s'articulent d'une part la préface rédigée par Claude Leroy, spécialiste de l'écrivain, mais également en fin du volume, un dossier très complet composé de sa biographie, sa bibliographie ou encore de notices sur les poèmes, les illustrations et la vie de l'écrivain. Ces différents chapitres très détaillés permettent au lecteur de mieux appréhender aussi bien l'homme que son travail d'écriture.

Bien entendu, comme tout autre recueil, le lecteur peut découvrir les poésies avec plus de liberté que pour un autre ouvrage plus linéaire. Au gré de ses humeurs et envies, il peut prendre son temps, s'emmitoufler dans les mots et les images qui en naissent, papillonner d'un poème à un autre, piocher ici ou là, découvrir les belles illustrations provenant des oeuvres originales (dont certaines ont été réalisées par ses amis artistes comme Picabia, Modigliani, Kisling…) ou encore, selon ses envies, jongler entre poème et notice pour étudier de manière plus approfondie le texte et tenter de l'interpréter au mieux.
Lorsqu'on sait que Cendrars est un pseudo (de son vrai nom Frédéric Louis Sauser) et qu'il en a utilisé beaucoup d'autres, lorsqu'on sait qu'il a beaucoup voyagé (En Russie, en Chine, aux Etats-Unis, au Brésil, etc.) et qu'il a perdu son bras droit durant la première guerre mondiale, lorsqu'on apprend son goût pour les listes ou encore sur sa relation avec sa mère, qu'après 1924 il délaissera définitivement les poèmes pour ne se consacrer qu'aux romans, notre regard est plus acéré à la lecture de ses poèmes et ses romans.

Je salue le travail de Claude Leroy qui, par sa fine analyse, donne réellement envie de découvrir (ou redécouvrir) Blaise Cendrars. Après la lecture de sa préface, je me suis plongée avec grande curiosité dans les poèmes de Cendrars, en me disant que c'était également une belle invitation à lire enfin l'un de ses romans « L'or », « La main coupée » ou encore « Moravagine »…
Claude Leroy montre Cendrars comme le ‘'Je suis l'autre'', avec des ‘'je'' multiples, des jeux de miroirs où il s'amuse à brouiller les pistes, et même parfois sa biographie, jusqu'à en troubler l'image du narcisse qui se reflète dans l'eau. Il est le celui qui innove, qui invente, qui n'aime pas les groupes en ‘'isme'' (alors que je pensais au préalable qu'il était proche des surréalistes) afin de ne pas s'enfermer, de rester libre, toujours dans le mouvement, afin de pouvoir mourir et toujours renaître (tel le Phénix), être les braises et les cendres (d'où son pseudo), pour être toujours dans la création (avec cette soif de proposer toujours des romans différents, d'un nouveau style).
Cendrars préférait bourlinguer plutôt que d'inventer une vie à travers ses romans ; il préférait vivre la poésie plutôt que de se contenter de l'écrire.

Les éditions Denoël et Claude Leroy nous offrent un ouvrage de grande qualité aussi bien dans le fond que la forme. Tout favorise à ce que le lecteur entre dans les poésies de Cendrars dans de très bonnes conditions.
J'ai pris grand plaisir à découvrir les poèmes de cet écrivain, même si certains m'ont plus embarqué (ou parlé) que d'autres. Et bien sûr, nombre d'entre eux ont encore pour moi un goût, si ce n'est de mystère, tout du moins énigmatique.
Alors, malgré le rythme de ces poésies, il m'arrivait de ralentir et d'enrouler les mots autour de ma langue et cela suffisait à apprécier l'atmosphère, son amour des mots, à accepter que cette plongée dans l'univers de cet homme aux multiples ‘'je'' se fasse dans des eaux parfois brumeuses, à accepter de devoir poursuivre l'exploration.
Parce que ce qu'on aime avant tout ressentir dans les poèmes de Cendrars, c'est le souffle, un rythme, une prose, une verve, les listes, les voyages, la guerre, l'amour et une certaine noirceur. Parce que oui, il y a bien des braises et des cendres… et la vie….

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