une belle découverte! Merci ma libraire Marie-Line!
y avait quand même le souvenir de Lavilliers et sa voix magnifique avec "quand tu aimes il faut partir".C'est beau, fragile; ça donne envie d'en connaître bien plus encore sur le poète et son oeuvre.
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AU CŒUR DU MONDE (FRAGMENT RETROUVÉ)
PAR BLAISE CENDRARS
Blaise Cendrars
Ce ciel de
Paris est plus pur qu'un ciel d'hiver lucide de froid
Jamais je ne vis de nuits plus sidérales et plus touffues que ce printemps
Où les arbres des boulevards sont comme les ombres du ciel,
Frondaisons dans les rivières mêlées aux oreilles d'éléphant,
Feuilles de platanes, lourds marronniers.
Un nénuphar sur la
Seine, c'est la lune au fd de l'eau
La
Voie
Lactée dans le ciel se pâme sur
Paris et l'étreint
Folle et nue et renversée, sa bouche suce
Notre-Dame.
La
Grande
Ourse et la
Petite
Ourse grognent autour de
Saint-Merry.
Ma main coupée brille au ciel dans la constellation
d'Orion.
Dans cette lumière froide et crue, tremblotante, plus
qu'irréelle,
Paris est comme l'image refroidie d'une plante
Qui réapparaît dans sa cendre.
Triste simulacre.
Tirées au cordeau et sans âge, les maisons et les rues ne sont
Que pierre et fer en tas dans un désert invraisemblable.
Babylone et la
Thébaïde ne sont pas plus mortes, cette
nuit, que la ville morte de
Paris
Bleue et verte, encre et goudron, ses arêtes blanchies
aux étoiles.
Pas un bruit.
Pas un passant.
C'est le lourd silence de
guerre.
Mon oeil va des pissotières à l'œil violet des réverbères.
C'est le seul espace éclairé où traîner mon inquiétude.
C'est ainsi que tous les soirs je traverse tout
Paris à pied
Des
Batignolles au
Quartier
Latin comme je traverserais
les
Andes
Sous les feux de nouveau
Des étoiles, plus grandes et plus
consternantes,
La
Croix du
Sud plus prodigieuse à chaque pas que l'on
fait vers elle émergeant de l'ancien monde
Sur son nouveau continent.
Je suis l'homme qui n'a plus de passé. —
Seul mon
moignon me fait mal. —
J'ai loué une chambre d'hôtel pour être bien seul avec
moi-même.
J'ai un panier d'osier tout neuf qui s'emplit de mes
manuscrits.
Je n'ai ni livres ni tableau, aucun bibelot esthétique.
Un journal traîne sur ma table.
Je travaille dans ma chambre nue, derrière une glace
dépolie,
Pieds nus sur du carrelage rouge, et jouant avec des
ballons et une petite trompette d'enfant :
Je travaille à la fin du monde.
35° 57' LATITUDE NORD 15° 16' LONGITUDE OUEST
C'est aujourd'hui que c'est arrivé
Je guettais l'événement depuis le début de la traversée
La mer était belle avec une grosse houle de fond qui nous faisait rouler
Le ciel était couvert depuis le matin
Il était 4 heures de l'après-midi
J'étais en train de jouer aux dominos
Tout à coup je poussai un cri et courus sur le pont
C'est ça c'est ça
Le bleu d'oultremer
Le bleu perroquet du ciel
Atmosphère chaude
On ne sait pas comment cela s'est passé et comment
définir la chose
Mais tout monte d'un degré de tonalité
Le soir j'en avais la preuve par quatre
Le ciel était maintenant pur
Le soleil couchant comme une roue
La pleine lune comme une autre roue
Et les étoiles plus grandes plus grandes
Ce point se trouve entre
Madère à tribord et
Casablanca
à bâbord
Déjà
COUCHER DE SOLEIL
Nous sommes en vue des côtes
Le coucher de soleil a été extraordinaire
Dans le flamboiement du soir
D'énormes nuages perpendiculaires et d'une hauteur folle
Chimères griffons et une grande victoire ailée sont restés
toute la nuit au-dessus de l'horizon
Au petit jour tout le troupeau se trouvait réuni jaune et
rose au-dessus de
Bahia en damier
Interview de : Pierre Corbucci
pour son livre : LA DISPARITION D'ARISTOTELES SARR
paru le 18 janvier 2024
Résumé du livre :
Un roman aux accents tragiques qui entraîne le lecteur au coeur de la forêt amazonienne dans le combat qui oppose l'humain à la nature.
Amérique du Sud, années 1920. Lieutenant du génie, Aristoteles Sarr est chargé d'aménager une piste d'atterrissage au coeur de la forêt amazonienne. le survol de cette zone jamais cartographiée doit permettre de prolonger le chemin de fer. Convaincu du bien-fondé de sa mission, le jeune lieutenant n'a pas conscience que la jungle est animée d'une vie propre, que ses ténèbres fourmillent de dangers, et qu'à vouloir dominer la nature, on a tôt fait de s'en attirer les foudres. Aux abords de l'extravagant palais de la Huanca, dernière enclave humaine avant l'inconnu, d'étranges disparitions se multiplient.
Un roman picaresque aux mille nuances de vert, aussi puissant qu'une tragédie antique.
Bio de l'auteur :
Pierre Corbucci est né en 1973. Après une enfance varoise, il étudie et enseigne l'histoire et la géographie avant de mettre sa plume au service de diverses agences de communication. Esprit curieux, mélomane avisé, voyageur alerte, il est toujours à l'affût de nouvelles histoires. Son goût marqué pour les littératures d'Amérique latine et le roman d'aventures lui donne envie d'explorer de nouveaux horizons littéraires. Fervent admirateur de Blaise Cendrars et de Gabriel García Márquez, il entraîne ses lecteurs aux confins de la jungle amazonienne à travers ce second roman.
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