Citations sur Don Quichotte (170)
Les femmes sont comme le verre.
Il ne faut jamais les éprouver
S’il casserait ou non par terre,
Ce qui pourrait bien arriver.
Et comme il casserait, c’est sûr,
Pourquoi vouloir hasarder
Un événement bien trop dur
Sur un corps qu’on ne peut souder ?
...
[ch. XXXIII ; p.375]
... la mort subite met un point final à notre peine, tandis que celle que l’on retarde par des tourments nous tue à petit feu, sans nous ôter la vie.
[ch. XXVII ; p.303]
On dressa une table à la porte de l'auberge où il faisait plus frais; l'aubergiste apporta à Don Quichotte une tranche de morue mal séchée et encore plus mal salée, avec un morceau de pain aussi noir et rassis que son armure. C'était à mourir de rire que de le voir manger car, avec le heaume sur la tête et la visière levée, il ne pouvait rien porter à la bouche avec ses mains, et il fallut qu'une des filles se chargeât de le nourrir. Mais on ne parvenait pas à lui donner à boire, et il serait resté sur sa soif si l'aubergiste n'avait eu l'idée d'évider un roseau dont il lui mit une extrémité dans la bouche, tandis que par l'autre il lui versait du vin. Notre chevalier acceptait tout cela avec patience, plutôt que de laisser couper les rubans de son casque.
Dans un village de la Manche, dont je ne veux pas me rappeler le nom, vivait il n'y a pas longtemps un de ces gentilshommes avec lance au râtelier, bouclier de cuir à l'ancienne, levrette pour la chasse et rosse efflanquée.
Je n’ai jamais vu aucun roman de chevalerie dont la fable forme un corps entier avec tous ses membres de manière que le milieu réponde au commencement, et la fin au commencement et au milieu. Au contraire, ils sont composés de tant de membres qu’on croirait plutôt que leur intention est de fabriquer une chimère ou quelque autre monstre, et non une forme bien proportionnée. En outre, leur style est malaisé, leurs prouesses incroyables, leurs amours licencieuses, leurs formules de courtoisie maladroites, leurs batailles interminables, leurs discours stupides, leurs voyages extravagants ; en un mot, ils sont à ce point dépourvus de qualités qu’on devrait les exiler des États chrétiens comme gens inutiles.
[discours du chanoine sur les romans de chevalerie ; ch. XLVIII]
Les fictions doivent être à la portée de ceux qui les lisent, et écrites de manière à rendre acceptables et faciles les choses qui ne le sont pas ; de sorte que, tenant sans cesse l’esprit en suspens, elles provoquent l’admiration et la surprise, l'émotion et l’intérêt, et qu’à les lire on se sente à la fois réjoui et captivé.
[ch. XLVII ; p. 532]
Ce n’est ... pas la faute du public s’il demande des sottises, mais de ceux qui ne savent leur offrir autre chose.
[discours du chanoine sur les romans de chevalerie ; ch. XLVIII]
Amour, quand je pense au mal terrible que tu me fais souffrir, je vais en courant à la mort, pensant terminer ainsi mon mal immense.
Mais quand j'arrive à ce passage, qui est un port dans la mer de mes tourments, je sens une telle joie que la vie se ranime, et je ne passe point.
Ainsi, vivre, me tue, et mourir me rend la vie. Oh dans quelle situation inouïe me jettent la vie et la mort.
Selon Cicéron, le théâtre doit être le miroir de la vie, un exemple pour les mœurs, et l’image de la vérité ; or les œuvres que l’on représente aujourd’hui ne reflètent que des inepties, ne donnent en exemple que des sottises, ne proposent que des images de lascivité.
[discours du chanoine sur les romans de chevalerie ; ch. XLVIII ; le curé au chanoine]
... l’armée est une école qui rend le ladre généreux et le généreux prodigue, et si l’on trouve des soldats avares, ils sont comme les monstres : une chose fort rare.
[ch.XXXIX ; p.440]