Bien qu'on sait que
Cervantés fut un écrivain génial, dont l'oeuvre majeur
Don Quichotte continue de traverser les âges, il fut aussi un aventurier qui vogua dans les mers et qui connut les batailles navales tout comme les prisons sordides. C'est cet aspect souvent oublié à son propos qui est retranscrite dans cette longue nouvelle,
l'Amant généreux.
Écrite avant le célèbre roman, cette nouvelle est à la fois une nouvelle d'amour et une nouvelle d'aventure, assez surprenante. Au début de la nouvelle, Nicosie, la ville de Chypre a été prise par les Turcs, faisant de leurs habitants des captifs. Parmi eux, un jeune chrétien du nom de Ricardo, qui se lamente sur son sort. Un Turc Mahamoud (pardon si j'écris mal son nom) intrigué et ayant de la sympathie envers lui demande pourquoi il est si triste. Ricardo va alors raconter au Turc sa tragédie : il était terriblement amoureux de la belle Leonisa mais qui en aimait un autre et lors de sa déclaration d'amour à celle-ci, les Turcs ont débarqué et les ont capturés... mais lors d'une tempête, le bateau coule et Leonisa meurt, alors que Ricardo en est le seul survivant. Il a été capturé à nouveau et se retrouve à Nicosie. Mais voilà qu'un homme se pointe devant les chefs turcs pour leur vendre une jolie esclave qui n'est d'autre que... Leonisa ! Comment a -t-elle survécus ? Comment Ricardo parviendra à la sauver ? L'amour entre elle et lui résistera à tout ?
L'amant généreux est une nouvelle du XVIIeme siècle, dont évidemment le style est beau, noble et distingué mais avec la touche de
Cervantés qui y met de l'ironie et un peu d'humour. Et bien que c'est une nouvelle fictive,
Cervantés y ajoute quelques éléments de sa vie, comme sa capture par les Turcs où son rachat fort coûteux, ce qui explique le parfum de voyage : on vogue dans la Méditerranée, on affronte des pirates et corsaires belliqueux ainsi que des naufrages, on se rend dans des pays chauds... on retrouvera cette envie de voyager dans
Don Quichotte où notre chevalier va parcourir l'Espagne...
On a un peu d'orientalisme avec cette incursion chez les Turcs et leurs habitudes, ainsi que l'esclavage, en vogue alors. de plus, ici, si beaucoup d'entre eux sont vils et mesquins (n'oublions pas qu'à cette époque, le Turc était le parfait méchant dans les romans d'aventures dans ce temps-là), mais Mahamoud est le plus juste et le plus loyal et qui veut aider Ricardo.
Quant à l'amour ici, c'est l'amour fougueux et passionné qu'éprouve Ricardo pour la belle Leonisa (qui a les canons de l'époque, une chevelure dorée, des joues rouges et tout ça...) mais également platonique. Ici, les hommes veulent limite s'entre-tuer pour avoir ne serait-ce qu'un regard de mademoiselle ! Bien sûr,
Cervantés fait aussi des allusion gaillards bien subtile avec certaines phrases (celle avec le tronc et la lierre est une preuve éclatante). Mais
Cervantés en même temps parodie les romans d'amour justement ses rebondissements tellement incroyables qu'ils sont presque invraisemblables et surtout la fin qui est une belle chute !
En revanche, la nouvelle est bien courte, cela aurait été bien que
Cervantés l'allonge d'autant plus qu'on a une Leonisa passive et soumise, collant bien à l'idée de la femme (ce qui est un peu surprenant quand on voit des figures comme Camille dans
Don Quichotte qui sont plus pertinente ) sans compter évidemment que l'amour est ici très platonique et conventionnel dans le genre.
Mais une nouvelle très interessante qui nous fait découvrir encore plus le style de
Cervantés et qui allie bien l'aventure et l'amour !