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Citations sur Une Saison au Congo (35)

MOKUTU : J'ai compris une fois pour toutes que l'on ne doit pas attaquer une bête, si on n'est pas sûr de la tuer.

Acte I, Scène 6.
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LUMUMBA : Quand je pense que pendant cinquante ans, ils ont rampé devant le Belge, et nous n'avons pas plus tôt posé notre cul sur un fauteuil, que les voici à nous mordre les jarrets.
UN MINISTRE : C'est gai ! elle commence bien, l'indépendance !
LUMUMBA : Imbécile ! Et comment croyais-tu qu'elle commencerait ? Et comment crois-tu qu'elle continuera ? Comment croyiez-vous que cela allait se passer ? Quand je vous ai nommés ministres, est-ce que vous avez eu l'impression que je vous invitais à une partie de plaisir ? En tout cas, je ne vous prends pas en traître. Tout. Nous aurons tout, et en même temps ! Et tout de suite : la révolte, le sabotage, la menace, la calomnie, le chantage, la trahison. Vous avez l'air étonnés ! C'est ça, le pouvoir : la trahison, la mort peut-être.

Acte I, Scène 8.
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LUMUMBA : J'ai à vous raconter l'Afrique ! Aïe ! Afrique ! les yeux, le dos, le flanc ! Europe, tes serres ! Amérique, ton bec ! Asie ! Asie ! Ah ! ce pourchas de fiente et de rostres ! L'Afrique est comme un homme qui, dans le demi-jour se lève, et se découvre assailli des quatre points de l'horizon !

Acte III, Scène 2.
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LUMUMBA : Vous êtes de la brimade et de la corvée, vous êtes de l'avenir bouché, vous êtes de la solde de famine, de la solde non payée ! Et c'est de votre maigreur que ces messieurs sont gras ! Hélas, oui ! quand j'ai nommé les premiers officiers noirs, le premier général, le premier colonel noir, je ne pensais pas que plus vite que ne pousse la lave du volcan, une caste serait née, de chiens voraces et insatiables, la caste des colonels et des nouveaux messieurs, et c'est cette caste qui a confisqué à son profit, à son seul profit, les avantages que vous étiez en droit d'attendre de notre révolution congolaise !

Acte III, Scène 1.
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DEUXIÈME BANQUIER : Ce discours ! cette fois, ça y est, on peut faire sa valise !
TROISIÈME BANQUIER : C'est évident ! Là où l'ordre défaille, le banquier s'en va !
MOKUTU : J'avais misé sur lui ! qui a bien pu lui rédiger ce discours ? et dire que je voulais faire de lui un homme d'État ! S'il veut se casser le cou, tant pis pour lui ! dommage ! c'est dommage ! Trop aiguisé, le couteau déchire jusqu'à sa gaine !

Acte I, Scène 6.
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LE BONIMENTEUR : Mes enfants, les Blancs ont inventé beaucoup de choses et ils vous ont apporté ici, et du bon, et du mauvais. Sur le mauvais, je ne m'étendrai pas aujourd'hui. Mais ce qu'il y a de sûr et de certain, c'est que parmi le bon, il y a la bière ! Buvez ! Buvez donc ! D'ailleurs, n'est-ce pas la seule liberté qu'ils nous laissent ? On ne peut pas se réunir, sans que ça se termine en prison. Meeting, prison ! Écrire, prison ! Quittez le pays ? Prison ! Et tout à l'avenant ! Mais voyez, vous-mêmes ! Depuis un quart d'heure, je vous harangue et leurs flics me laissent faire... [...] Motif : Je vends de la bière et je place de la bière ! [...]
Mais attention ! Eh oui ! Comme il y a dans un même pays, des races différentes, comme en Belgique même, ils ont leurs Flamands et leurs Wallons, et chacun sait qu'il n'y a pas pire que les Flamands, il y a bière et bière ! Des races de bière ! des familles de bière ! Et je suis venu ici parler de la meilleure des bières, de la meilleure des bières du monde : la Polar ! — Polar, la fraîcheur des pôles sous les tropiques ! Polar, la bière de la liberté congolaise ! Polar la bière de l'amitié et de la fraternité congolaise !
[...]
PREMIER FLIC BELGE : Pas mal, son boniment ! Il a du bagou !
DEUXIÈME FLIC BELGE : Ouais ! Mais inquiétant ! Son bock de bière est une vraie boîte à malices ! Qu'est-ce qu'il en sort ? Je vais lui en toucher deux mots !
PREMIER FLIC BELGE : Fais gaffe ! Il faut vendre la Polar ! Tu sais qui est le patron de la Polar ?
DEUXIÈME FLIC BELGE : Comment veux-tu que je le sache ? Je sais seulement que ce nègre est dangereux !
PREMIER FLIC BELGE : Tu es jeune ! Je te le dis : derrière Polar, il y a le ministre... Eh oui... le ministre du Congo ! Ça te chiffonne ! Mais c'est comme ça ! Alors tu comprends ! Allons, viens prendre une chope !

Acte I, Scène 1.
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LE JOUEUR DE SANZA : Africains, c'est ça le drame ! Le chasseur découvre la grue couronnée en haut de l'arbre. Par bonheur la tortue a aperçu le chasseur. La grue est sauvée direz-vous ! Et de fait, la tortue avertit la grande feuille, qui doit avertir la liane, qui doit avertir l'oiseau ! Mais je t'en fous ! Chacun pour soi ! Résultat : Le chasseur tue l'oiseau ; prend la grande feuille pour envelopper l'oiseau ; coupe la liane pour envelopper la grande feuille… Ah ! J'oubliais ! Il emporte la tortue par-dessus le marché ! Africains mes frères, quand donc comprendrez-vous ?

Acte II, Scène 10.
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PREMIER BANQUIER : C'est foutu. Un gouvernement de traîtres nous brade notre Empire.
DEUXIÈME BANQUIER : Ainsi, de l'Indépendance ils ont fixé la date !
TROISIÈME BANQUIER : Hélas ! ils ont de ce macaque, accepté le diktat !
QUATRIÈME BANQUIER : Du cran, messieurs, du cran, toujours du cran que diable !
Il faut épouser son temps ! Je ne dis pas l'aimer, il suffit d'épouser !
Cette indépendance n'a rien qui me déroute.
PREMIER BANQUIER : De ce qui constitue une calamité vraie
ruine l'État, assèche nos finances
ravale ce pays au rang d'infime puissance
c'est prendre son parti de manière longanime.
DEUXIÈME BANQUIER : Inquiétant paradoxe ou dangereuse maxime
Les deux sans doute ! Collègue, je le dis tout à trac
Je ne sais ce qu'il a au fond de votre sac !
Mais quand dans un vaste empire se propage le mal,
C'est mal choisir son temps pour faire le libéral !
QUATRIÈME BANQUIER : Quand dans un vaste empire se propage le mal
Les solutions hardies sont aussi les seules sages !
PREMIER BANQUIER : Rien de plus irritant, monsieur que ces obscurités !
Au fait ! pour sortir de nos difficultés,
Si vous avez un plan, dites, parlez, proposez
Au lieu de finasser.
DEUXIÈME BANQUIER : Oui-da ! Avez-vous ce qu'on appelle une politique ?
QUATRIÈME BANQUIER : Une politique ? Le mot est gros, mais un peu de jugeote,
çà et là des idées qui, par ma cervelle trottent ;
à cela nul mérite. Vingt ans de tropiques :
Pensez, je les connais. Axiome :
pour rendre traitable le Sauvage, il n'est que deux pratiques :
La trique, mon cher, ou bien le matabich !
PREMIER BANQUIER : Eh bien ?
QUATRIÈME BANQUIER : Eh ! bien tant pis, je vous croyais plus vifs.
Suivez l'idée. Que veulent-ils ? Des postes, des titres,
Présidents, députés, sénateurs, ministres !
Enfin le matabich ! Bon ! Auto, compte en banque
Villas, gros traitements, je ne lésine point.
Axiome, et c'est là l'important : qu'on les gave !
Résultat : leur cœur s'attendrit, leur humeur devient suave.
Vous voyez peu à peu où le système nous porte :
Entre leur peuple et nous, se dresse leur cohorte.
Si du moins avec eux, à défaut d'amitié
En ce siècle ingrat sentiment périmé
Nous savons nouer les nœuds de la complicité.
PREMIER BANQUIER : Il suffit ; bravo collègue ! Accord sans réticence !
CHŒUR DES BANQUIERS : Hurrah ! Hurrah ! Vive l'Indépendance !

Acte I, Scène 4.
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LUMUMBA : Tu y penses à l'Afrique, quelquefois ? Tiens, regarde là ! pas besoin de carte épinglée au mur. Elle est gravée sur la paume de mes mains. Ici, la Rhodésie du Nord, son cœur le Copper Belt, la Ceinture de Cuivre, terre silencieuse, sauf de temps en temps, un juron de contremaître, un aboi de chien policier, le gargouillement d'un colt, c'est un nègre qu'on abat, et qui tombe sans mot dire. Regarde, à côté, la Rhodésie du Sud, je veux dire des millions de nègres spoliés, dépossédés, parqués dans les townships. Là, l'Angola ! principale exportation : ni le sucre ni le café, mais des esclaves ! Oui, mon colonel, des esclaves ! Deux cent mille hommes livrés chaque année aux mines de l'Afrique du Sud contre du bon argent qui tombe tout frais dans les caisses vides de papa Salazar ! Y pendant comme un haillon, cet îlot, ce rocher, San Tomé, sa petitesse bouffe du nègre que c'en est incroyable ! Par milliers ! Par millions ! C'est le bagne de l'Afrique !

Acte II, Scène 11.
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LUMUMBA : Pourquoi avoir peur ? C'est vrai j'ai des ennemis… mais le peuple est pour moi, c'est le peuple ! ma sauvegarde, je n'ai qu'à lui parler, il me comprend lui, et il me suit ! Nous sommes en révolution, Pauline, et en révolution, c'est le peuple qui compte !
PAULINE : Le peuple, oui ! Mais il est faible, le peuple, désarmé, le peuple ! crédule ! Et tes ennemis sont puissants ! persévérants ! rusés ! soutenus par le monde entier !

Acte II, Scène 8.
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