Deux pauvres n'ont pas besoin de se connaître pour se reconnaître.
À la torpeur torride avait succédé une fraîcheur tellement inespérée qu’elle donnait l’impression d’une présence vivante. Elle prenait possession de ce continent endormi et lui rendait la vie comme on ranime à son insu un malade dans le coma. Elle réveillait les sources secrètes, désaltérait les forêts dans leur ténébreuse profondeur : elle était la grâce. (page 48)
- Mais le vrai progrès, c’est de savoir apprivoiser la vie et la mort, et ce ne sont pas les Européens qui nous l’apprendront. Tu les as vus ? Ils confondent vivre et gagner sa vie. (page 45)
L’élite… Sans doute la constituaient-ils, faute de concurrents : c’était un privilège, nullement un mérite. (page 25)
- (…) Quand accepteras-tu que ceux qui bâtiront l’Afrique sont justement n’importe quel médecin, n’importe quel ingénieur, n’importe quel architecte, pourvu qu’ils acceptent de servir là où l’on a besoin d’eux. (page 312)
- L’argent, ça se trouve toujours, notamment dans la main du pauvre. Vous nous aidez d’une main et, de l’autre, vous nous ruinez en maintenant les matières premières, notre seule richesse, à un barème dérisoire. (page 202)
Et l’Afrique entière, et tous ces continents, qui brisaient si sagement au large de l’Occident, supporteraient-ils longtemps la faim, la pauvreté, le mépris surtout ? Une nuit, le grand raz-de-marée des pauvres noierait tout… (page 63)
Et lui ne se sentait rien d’autre qu’un fragment de l’espace, du soleil, du vent et de cet océan paisible, mémoire du monde, dont le ressassement parvenait jusqu’à lui. (page 59)