Citations sur Aurélien Malte (63)
Il y a des murs entre nous, et ils ne sont pas faits que de pierre.
Dans certaines régions du monde, en Afrique je crois, ou en Amérique du Sud, il existe une espèce de crapaud qui s'enterre dans la boue, à la saison sèche. il y reste sans boire, sans manger, pendant des mois. Des mois, c'est incroyable. Il se ratatine, il se déshydrate et se racornit, mais il ne meurt pas. Il attend juste son heure, celle où l'eau reviendra. Et quand les pluies arrivent, que la boue durcie se dissout, notre crapaud revit, et regonfle, et danse. On le dirait immortel.
Quand vous frappez un enfant sans raison, pendant des années, quand vous lui faites mal alors qu'il n'aspire qu'à la paix, c'est comme si vous lui fourriez de force, au fond de la gorge, un crapaud. Le crapaud de la violence. De la haine pure. Vous le lui enfoncez dans le corps. Le crapaud s'installe dans le ventre de l'enfant, et il est là pour toujours. Ensuite, même si l'enfant est sauvé des violences de celui qui l'a frappé sans raison, le crapaud attend, il attend une provocation, une manifestation d'hostilité, une malveillance, de n'importe qui.
Il recevra cela comme une pluie bienfaisante, il dansera, et l'enfant, ou l'adulte qu'il sera devenu, rendra au centuple ce qu'on lui a fait. Rendu fou par la danse du crapaud.
Une épreuve, c'est encore une des meilleures façons de juger le caractère d'un homme. On ne révèle pas son vrai visage quand tout va bien autour de nous (...) C'est dans une situation horrible, face à une souffrance de longue durée, qu'on montre qui l'on est, à soi-même, et aux autres.
Contre quatre types, dont un armé, on a beau être entraîné et méchant, on ne s'en sort pas. Ce n'est pas comme dans les films. Ces films sur la prison, c'est vraiment de la merde, parce que ça donne de tout ça une espèce de vision romanesque, ça laisse croire aux gamins qu'avec de la noblesse et en boxant comme sur un ring pour se faire respecter du méchant (le méchant, il est toujours débile et toujours puni, mais ce n'est pas exactement comme ça que ça se passe dans la réalité, il y a des méchants très malins, très forts et très patients, parce que l'absence de tout sens moral, de toute conscience, c'est un grand avantage, ici), bref, ces films font croire qu'en étant une espèce de héros de western on est tranquille, et c'est trop crétin, ça ne dissuade pas du tout, ça ne montre pas la haine, la fourberie, et puis toute la misère, les camés qui crèvent du sida dans la solitude, l'angoisse, le bruit tout le temps, même la nuit les boutons sur la figure et dans le dos, les dents qui font mal à cause de l'alimentation et du délabrement psychologique, et le fait que, bon, il faut bien l'admettre, il y a quand même beaucoup plus de connards concentrés derrière les murs que dehors.
Ces fameuses qualités viriles, le courage, la ténacité, l'endurance, eh bien je les ai plus souvent rencontrées chez les femmes que chez les hommes.
Donnez du pouvoir aux gens, et vous verrez ce que certains d'entre eux en font.
Le bordelais,c'est moins classe que le Crète
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La crainte c'est juste la petite sœur de la haine, et quand vous avez le dos tourné, on vous vomit, on s'applique à vous faire du tort, mais pas en face...
La violence, ce n'est pas sexy, ce ne sont pas ces bagarres chorégraphiées, minables, qu'on voit à la télévision. La violence, c'est laid, ça sent mauvais, ça sent la haine, l'humiliation. Ça fait boomerang et chaque fois que vos cartilages s'écrasent sur un nez ou une tempe, c'est comme si vous frappiez votre propre visage, mais vous ne le savez pas, vous cultivez l'illusion de la puissance, et après, quand vous ouvrez les yeux, il est trop tard. Vous avez cru qu'on vous respectait parce que vous inspiriez la peur, mais la crainte n'a rien à voir avec le respect. La crainte, c'est juste la petite soeur de la haine, et quand vous avez le dos tourné, on vous vomit, on s'applique à vus faire du tort, mais pas en face...
La violence, ça n'est rien de plus et rien d'autre qu'un crapaud pustuleux qui danse, c'est un instrument du mal, et c'est ce qui m'a conduit derrière ces murs.
Me voila gonflé à bloc
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