La veille encore, j'eusse obéi à cet homme sans me poser la moindre question, avec la sensation de me soumettre à plus intelligent, plus fort, plus digne que moi. Mais depuis la conversation que j'avais surprise, je considérais le capitaine d'un œil neuf. Et je découvris qu'il n'est pas facile d'obéir sans broncher à un homme qu'on ne respecte plus. (p.48-49)
C'est ça qui cloche, en fait, mon capitaine. C'est qu'en bon soldat j'ai tout accepté, toujours, mais qu'en vieillissant et avec les cadavres qui s'accumulent, j'ai de plus en plus de mal à accepter d'être commandé par des lâches. (p.44)
Les enfants, réjouissez-vous, vous allez apprendre quelque chose. En période de guerre, quel est le mot-clé ? Le mensonge. LE MENSONGE. Et comme je suis très gentil aujourd'hui, vous allez avoir droit en plus à une confidence. je vous le chuchote, hein, parce que bon, c'est un secret, normalement : vous êtes tous là pour vous faire enculer. Rassurez-vous. Il ne va pas vous falloir beaucoup de temps pour vous prendre la réalité en pleine gueule. (p.21)
"Tu vois, Van Dick, ça, c'est un mantra.
- Qu'est-ce que tu racontes encore comme connerie, Azedine ?
- Un mantra. Une formule auto-hypnotique : ils nous font répéter "je tue, je tue", pour nous habituer à la transgression, à... (p.16)
Ici, c'est plus : "Je tue, je tue", c'est : "Je me fais pas tuer, je me fais pas tuer". Clair ? Vous pouvez comprendre ça ? Un soldat mort ne tue plus personne. Pourquoi vous pensez qu'on m'oblige à m'occuper des morveux dans votre genre, qui nous arrivent tout frais des U.A.E. ? Parce qu'autrement y en a tellement qui se font bousiller qu'on dirait qu'ils sont là pour servir de cibles d'entraînement aux gars d'en face. (p.26-27)
Pourquoi, c'est un mot tordu, ici. Y a pas de pourquoi. Tu fais ce qu'on t'ordonne, et tu te tais. (p.22)