Bois-aux-renards

Plusieurs destins se croisent à Bois-aux-renards, ce lieu mystérieux avec sa forêt dense, ses hameaux peuplés par une communauté coupée du monde, sa tour en ruine et son centre d'étude des renards à l'abandon…Nous y retrouvons Yves et Bernadette, le couple de serial killers, Ana, la petite fille un peu simple qui vit au camping avec sa maman, Chloé qui était en charge des renards et la communauté d'Admète et Hermione, étrange, cruelle et spirituelle.

Cette lecture m'a fait vivre des hauts et des bas, par son écriture et son contenu aussi. J'ai eu du mal à accrocher, j'ai été intéressée puis passionnée et j'ai terminé lassée et un peu déçue. Trop de longueurs vers la fin puis une fin abrupte. Paf, une claque, comme le reste du récit de toute façon. J'ai aussi trouvé l'écriture assez lourde, assez emphatique ce qui m'a rendu certains passages indigestes. Des ellipses aussi et des non dits, trop pour moi.

On m'a demandé ce que je lisais ces derniers temps, j'ai répondu un roman étrange qui sent le sang et la forêt. J'aurais pu rajouter “ça sent le renard!” même si notre vulpes vulpes n'est pas si présent que ça finalement. Physiquement j'entends car il est dans toutes les histoires contées par les personnages et son aura plane bien sur les bois nommés d'après lui. Ce petit animal n'apporte pas vraiment de lumière avec sa fourrure rousse dans ces pages sombres et empreintes de fatalité et de mort.

Les personnages sont intéressants, avec des personnalités et une psychologie passionnantes et fouillées. Je n'aime pas le changement de narrateur d'habitude avec plusieurs histoires ou points de vue en fond mais là, tout est si intimement lié qu'on ne se perd pas. Enfin pas trop. Car l'histoire pourrait à la fois être résumée très simplement mais si on entre dans les détails, c'est aussi touffu que la forêt et surtout, il ne faut pas s'attendre à avoir la moindre réponse!

Une lecture sombre et intrigante qui aurait pu être un coup de coeur!

L'Homme est un animal pensant. C'est sur ce fondement moral que le spécisme s'appuie et que l'espèce humaine applique son règne et sa toute puissance sur les autres espèces vivantes, jusqu'à en oublier ce qui fait de lui toujours un animal. Aristote disait que "l'homme n'est pas le seul animal qui pense mais il est seul à penser qu'il n'est pas un animal". Sans entrer dans un débat spéciste/antispéciste, certains faits divers nous font questionner le caractère monstrueux, bestial, animal de certains êtres humains vis à vis d'autres espèces vivantes, y compris la sienne! Antoine Chainas s'empare, à sa façon, de ce sujet dans "Bois-aux-renards", son dernier paru chez Gallimard dans la collection "la noire".

En entrant avec ses parents dans le Bois-aux-renards à l'arrière du véhicule familial, Chloé n'imaginait que ce lieu allait la marquer dans chair. Seule rescapée d'un accident de voiture, elle sera sauvée par une guérisseuse. Sur cette même route bien des années plus tard, Bernadette et Yves, couple maléfique à qui croise leur chemin sont en quête de leur prochaine proie féminine. Anna, une gamine, fille de Tina qui galère our s'en sortir, a été témoin de leur forfait meurtrier, se retrouve à fuir pour ne pas subir le même sort. Seulement, Bois-aux-renards n'est pas vraiment le lieu idéal pour cette ado, ce bois occupé par une communauté animiste qui entretient un rapport privilégié avec les renards.

Wouah! Quelle agréable surprise de retrouver Antoine Chainas loin, a priori, des sujets qu'ils avaient abordés dans ses précédents romans "Pur" ou "l'empire des chimères". Il nous livre avec "Bois-aux-renards" un récit mystérieux, voire mystique dans cette forêt empreinte de contes et légendes comme le sont souvent les espaces boisés à flanc de colline. L'auteur nous fait sinuer dans les psychés de personnes "dérangées" à différents égards. Il réussit à faire d'un espace naturel ouvert un terrible huis clos oppressant. "Bois-aux-renards", parmi ses nombreux atouts, nous questionne sur la nature humaine sous l'angle animal de ce qui nous rapproche plutôt que ce qui nous distingue des autres espèces. Chainas nous invite par ce thriller à plus d'humilité envers les autres espèces. le conditionnement du lecteur à travers le parcours de Bernadette et Yves, Chloé, Anna, et encore Admète et Hermionne vous permettront de vous délecter des 30 dernières pages amenées de main de maître par l'auteur qui n'a rien perdu de sa plume, mettant aux abois ses lecteurs qui n'a d'autre choix que d'attendre son prochain roman.

Une lecture par moment passionnante, un roman très bien écrit avec un vocabulaire riche et très pointu, une histoire qui au départ fait froid dans le dos, m'a réellement captivé, puis qui dérive vers le conte fantastique, et là je dois bien avouer que l'auteur m'a un peu perdu. Mon esprit, sans doute trop cartésien, ne s'envole pas dès que le fantastique prend le pas sur réel. Lorsque c'est distillé à petites doses, cela passe et ne me gêne pas, mais quand ce sont des chapitres entiers comme ici, je décroche. L'émotion ne passe plus.
Par contre, je recommande ce roman par ailleurs, très noir, aux amateurs qui veulent sortir des sentiers battus, c'est d'une originalité époustouflante.

Merci à Babelio et aux Éditions Gallimard de m'avoir permis de lire le dernier roman d'Antoine Chainas, auteur dont j'avais apprécié « Pur » et «Empire des chimères » .
« Bois-aux-Renards » est un récit inclassable empruntant aux codes du thriller et du noir avec une portée philosophique qui tire sa puissance d'une plongée fantastique dans des « Contes, légendes et mythes », sous-titre du livre.
Tout commence par un accident de la route qui décime tous les membres d'une famille, sauf un, la dernière de la fratrie prénommée Chloé. Gravement blessée, elle est « sauvée » par trois chasseurs qui l'emmèneront près d'Hermione, guérisseuse dans une espèce de secte survivaliste vivant au coeur de la forêt.
Trente-cinq ans plus tard, en 1986, les hypermarchés, temples de la consommation effrénée, ont inondé la France. Yves, chef de rayon, et son épouse Bernadette, caissière, s'apprêtent à partir en vacances dans leur combi Volkswagen. Destination la côte. le voyage sera ponctué de pauses horrifiques. le mari et la femme forment en effet un couple de serial killers.
Alors qu'ils s'acharnent sur une prostituée prise en auto-stop, une enfant est témoin de la scène. Elle s'appelle Anna. Elle deviendra la proie du duo infernal, lequel connaîtra quelques déconvenues...
Je n'en dis pas plus sur ce roman envoûtant parfois dérangeant, parfois abscons, toujours intelligent qui s'inspire du mythe de la caverne de Platon pour nous rappeler que l'homme vit dans un monde d'illusions qui ne repose que sur la croyance qu'il confond avec la vérité. Il est le seul à penser ainsi, ce qui l'autorise à tout dominer. Pourtant, la frontière est parfois ténue entre lui et l'animal, entre le plus grand prédateur qu'il est et la nature symbolisée dans le roman par le renard.

EXTRAITS
Toujours à la recherche d'un combustible étranger à lui-même, l'homme n'aimait rien tant que ce qu'il pouvait obtenir au prix d'un grand saccage.
Le monde n'existe que parce qu'on en parle.
Lien : http://papivore.net/litterat..

Découverte d'Antoine Chainas à travers son nouveau roman.
Entre mythe et réalité, Bois-aux-renards est une lecture qui intrigue. Parfois déroutante, l'histoire nous mène à travers cette forêt dense dans laquelle on ne sait plus vraiment faire la différence entre ce qui est illusoire et ce qui ne l'est pas.

J'ai beaucoup apprécié l'intrigue générale du roman, elle est originale, vraiment bien ficelée. Il faut accepter de se laisser porter par les mots d'Antoine Chainas car il est difficile de comprendre ses intentions avant le dénouement final. Au long de cette lecture, nous accompagnons plusieurs personnages : Yves et Bernadette, Anna et Chloé, Admete et Hermione. Ils ne se croisent pas tous, mais ont pour principal dénominateur commun la forêt de Bois aux renards.Tout au long de la lecture, l'ambiance est particulière ; nous sommes ancrés dans une réalité profonde et pourtant il persiste un sentiment d'étrangeté, d'irréel. A plusieurs reprises le lecteur s'interroge ; la forêt semble être la porte vers un monde qui nous ensorcelle. Chaque personnage est singulier, bien construit et ancré dans sa réalité.

L'écriture et le niveau de langue employés par l'auteur sont parfois déroutants. J'ai pu me perdre sur quelques descriptions trop scientifiques, sur des phrases ou des termes (un peu trop) complexes. Ça ne tient qu'à quelques passages et ne gène pas à la compréhension globale de l'oeuvre.

Très bonne lecture pour moi.

Antoine Chainas est de retour avec un roman noir bien serré où se mêlent mythes carnassiers, ruralité hargneuse, trajectoires à vau-l'eau et passions meurtrières.

Qu'il s'agisse de Chloé, rescapée d'un accident de voiture prise en main par une étrange communauté, d'Anna, autiste clairvoyante tendance poudre d'escampette, d'Yves et Bernadette, qui déambulent dans leur camping-car à l'affût de leur prochaine cible, les époques et trajectoires se croisent jusqu'à converger méchamment. Mais rien n'est jamais joué avec Antoine Chainas, les dés sont jetés depuis belle lurette mais la surprise reste entière, préservant le noir total dans son plus simple apparat. Nos personnages n'ont dès lors plus grand chose à perdre alors autant y aller franco. Ne pas abdiquer, ne pas se trahir.

Ce n'est bien sûr pas la seule référence de couples meurtriers mais l'on pense forcément à la superbe série Les Papillons noirs, avec ce couple avide de vies en suspends, qui se retrouve ici dans le mystérieux territoire de Bois-aux-Renards, terrain d'expérimentations scientifiques et humaines aux histoires entêtantes qui font vriller les trajectoires et gomment toutes les certitudes.

Nous tenons là un excellent roman noir, bien écrit (parfois un peu ampoulé certes) et bien mené, ultra addictif. L'auteur sonde et fouille la noirceur humaine pour en tirer une liqueur subtile, et chacun de ses romans offre une saveur nouvelle en ce sens.
Lien : http://casentlebook.fr/bois-..

Cela commence avec un couple qui travaille dans un supermarché et qui s'apprête à partie en vacances. Mais ils ont des hobbies particulier : enlever et tuer des femmes. Un mélange de thriller sanglant avec les légendes fantastiques du bois renard, bof.

Un pur bonheur de retrouver la plume d'Antoine Chainas qui m'avait déjà subjugué avec son précédent roman : Empire des chimères ( ma chronique ici)

Cette fois il nous entraîne au coeur des ténèbres de Bois-aux-Renards, où la faune se révèle moins dangereuse que l'espèce humaine qui s'est appropriée les lieux, relativement bien cachées, mais pas à l'abri de visiteurs inattendus chargés qui plus est de mauvaises attentions.

L'auteur réussit une extraordinaire prouesse littéraire, et nous conduit par ses chemins de traverse, tantôt vers le roman noir, en passant par le thriller et même le conte, à travers une foisonnante et impressionnante galerie de personnages tout en apportant une certaine dimension politique et même mythologique, à travers quatre destins qui se percutent, s'entremêlent, se détruisent à la croisée des chemins.

Un récit porté par une plume magnifique qui en fait un véritable chef-d'oeuvre.

Antoine Chainas est véritable illusionniste littéraire qui surprend autant qu'il régale.

Une errance littéraire pleine de noirceur et de légendes à ne pas rater.

45//2023

La nouvelle histoire d'Antoine Chainas, qui est à mes yeux l'auteur de Versus, un chef-d'oeuvre jamais retrouvé :/

Ici nous sommes face à un roman chorale plus qu'étonnant, tant sur la forme que sur le fond :)

Sur la forme cette histoire de plusieurs trajectoires qui gravitent autour d'un lieu maudit et qui vont se percuter avec fracas est une trame classique, mais la façon dont l'auteur insère des éléments du passé de chaque personnage est à la fois subtile et bien faite, car cela n'est pas fait sous la forme de flashbacks classiques, mais au milieu du récit sans l'interrompre...

Sur le fond le mix entre contes et légendes d'un lieu maudit, d'une communauté mystérieuse, qui se télescope avec une gamine autiste qui vit dans un milieu familial tordu, et cette rencontre avec ce couple de tueurs limite attachants, tout procure un vrai sentiment d'addiction quant à vouloir avancer dans ce récit, malgré un style dense et soutenu qui peut faire penser à du Frédéric Soulier par moments ;)

On est donc face à un roman noir, puissant, sans forcément de rebondissements ou de scènes d'action, mais avec son lot de noirceur et de glauque, au milieu des scènes en milieu naturel tellement bien décrites :)

Je ne l'ai pas encore fini (me reste une cinquantaine de pages) mais dés la moitié je savais que ça serait mon livre préféré de l'année et clairement il prend une place de choix dans mon top 5 pour la vie! Quelle lecture incroyable! C'est noir mais la lumière est ultra présente! L'horrible, le laid et l'affreux paraissent presque beau sous la plume de Chainas! En tant que libraire, je voudrai le faire lire à chacun de mes clients mais je sais qu'il ne plaira pas à tous :(
J'adore j'adore j'adore!!!