« Il portait son costume du dimanche et son front du lundi. » (p. 8)
« Notre pays parlait de terre et de charbon, pas de circuit automobile. Comme les paysans d’ici, il espérait que son fils reprenne la ferme et craignait que la mine l’enlève. » (p. 5)
« Tu sais quoi ? disait mon père. Tu n’iras pas au charbon, tu iras au chagrin. Même si tu ne meurs pas. » (p. 13)
Les hommes ne savent plus que faire pousser des briques
Ma voix seule. Dans l’obscurite. (326)
Mes tempes battaient au rythme de son souffle. Sa peau était froide comme le marbre. Elle respirait à peine. Je l'aidais. Doucement, j'ai approché mes lèvres de sa bouche entrouverte. Son haleine, la mienne. Le baiser des gisants. J'ai fermé les yeux. Elle a ouvert les siens. J'ai senti sa présence derrière mes paupières. Je les ai ouvertes lentement, pour ne pas l'effrayer. Nous étions là, comme ça. Moi penché sur elle, elle tendue vers moi. Je la sentais tranquille. Sans peur dans le regard. Un cristal sans colère. Sans surprise. Sans tristesse.
Une blessure ouverte. Et une douleur que le pays n’a jamais partagée. Malgré les déclarations et les promesses, le supplice de notre peuple s’est arrêté aux portes de l’Artois. Notre deuil n’a pas été national. A l’heure de dire au revoir à son charbon, la France a oublié de dire adieu à ses mineurs. Le monde qu’ils incarnaient n’existait déjà plus. Jojo et ses amis sont morts trop tard pour être défendus par la Nation.