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Citations sur Le Jour d'avant (287)

Je rêvais d'un dernier éclat de soleil au-dessus de la ville, mais le ciel pleurait à plein chagrin.
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Jusqu'où peut-on s'arranger avec la vérité ?
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Tu sais quoi? disait mon père. Tu n'iras pas au charbon, tu iras au chagrin. Même si tu ne meurs pas. Même si tu survis à la poussière, aux galeries mal étayées, à la berline qui déraille, à la violence du marteau-piqueur, à la passerelle glacée quand tu reviens au jour. Même si tu prends ta retraite sur tes deux jambes, tu ramèneras cette saloperie de charbon avec toi. Tu auras laissé du coeur au fond. Tu seras silicosé, Joseph. Tes poumons seront bons à jeter dans la cuisinière pour allumer le feu. Tu seras empoisonné. Tu seras à moitié sourd, à moitié mort. Comme les cousins de maman, comme les vieux qui se traînent à l'ombre des terrils, en crachant la mine qui les dévore.
Et tu sais quoi Jojo? Personne ne la reconnaîtra, ta maladie. A la visite médicale, devine ce que les médecins conseillent aux mineurs qui toussent? D'arrêter de fumer. Ils trafiquent leur bilan de santé. Si tu es silicosé à 20%, ils inscrivent 10% sur ta fiche.
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J'allais rendre leur dignité aux sacrifiés de la fosse 3bis. Faire honneur aux martyrs de Courrières, aux assassinés de Blanzy, aux calcinés de Forbach, aux lacérés de Merlebach, aux déchiquetés d'Avion, aux gazés de Saint-Florent, aux brûlés de Roche-la-Molière. Aux huit de La Mûre, qu'une galerie du puits du Villeret avait ensevelis. J'allais rendre vérité aux grévistes de 1948, aux familles expulsées des corons, aux blessés, aux silicosés, à tous les hommes morts du charbon sans blessures apparentes. Rendre justice aux veuves humiliées, condamnées à rembourser les habits de travail que leurs maris avaient abîmés en mourant.
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-N'importe qui peut imiter le chant du coq. Mais le chant du travail, c'est une autre histoire, disait jojo.
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Mon père a montré le poing aux policiers. Et eux? Qu'est-ce qu'ils faisaient là, eux? Ils avaient peur de quoi? Qu'on accroche un contremaître aux grilles? Qu'on saccage le bureau des ingénieurs? Qu'on trace une croix de goudron sur la mai- son du directeur de la mine? Qu'on oblige le chef de siège à descendre faire ses huit heures au fond, assoiffé, inquiet, martyrisé par le bruit des machines, disloqué dans une veine, couché sous le charbon à col tordu, avec les rats qui nous disputaient notre pain d'alouette?
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À l'heure de dire au revoir à son charbon, la France a oublié de dire adieu à ses mineurs. Le monde qu'ils incarnaient n'existait déjà plus. Jojo et ses amis sont morts trop tard pour être défendus par la Nation.
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Alors voilà Dravelle qui fait le beau avec son fauteuil de riche handicapé ; qui exhibe sa silicose comme les salopards leur écharpe tricolore.
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Les journaux sont pleins de drames. Mais feuilleter leurs pages ne fait aucun bruit.
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42 garçons sont restés au fond par ma faute. J'étais responsable de leur sécurité et je passais mon temps à leur dire : "Si on fait trop de sécurité, on ne fait pas de rendement". Le rendement, les économies, c'était l'obsession de la Compagnie. Une politique brutale imposée à tous. Au chef de siège, au directeur de la mine, aux ingénieurs, au chef-porion, aux porions, aux surveillants, aux chefs de coupe, au chef de carreau. Au nom du rendement, nous demandions aux hommes de faire plus que ce qu'ils pouvaient. A la fin de leur poste, pour quelques francs supplémentaires, nous les poussions à faire du rabiot, à creuser encore quelques mètres de veine. Au nom du rendement, j'étais devenu une sorte de petit caporal. Je surveillais mes gars comme une bande de tire-au-flanc. Je voulais que les marteaux-piqueurs ne s'arrêtent jamais. J'engueulais celui qui perdait du temps à mettre ses gants de sécurité ou à ajuster des bouchons d'oreilles. Je félicitais celui qui enlevait son masque parce qu'il l'empêchait de respirer : "Tu n'es pas un galibot, toi au moins !" Pour faire des économies en temps et en personnel, les ventilations, les taffanels, les moyens de protection n'avaient pas été convenablement vérifiés.
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