Le Jour d'avant

Je suis vraiment très déçue par ce roman de Sorj Chalandon. L'idée de départ m'attirait pourtant énormément; un récit ancré dans les mines du Pas-de-Calais, étant moi-même née dans l'hôpital où Joseph, être de fiction du roman pousse son dernier râle. Les coups de grisou, j'en ai souvent entendu parler dans les conversations des anciens et de ce fait, j'ai apprécié la première partie du roman, dont l'intrigue se noue autour d'un accident survenu dans une fosse. J'ai été aussi embarquée aux côtés de Michel Flavent, petit garçon aussi curieux que sensible, sur la "Gulf"; j'ai compris son chagrin face au décès de son frère ainsi que la détresse du père qui s'exprime en cinq mots "Venge-nous de la mine".
Mais la deuxième partie m'a déçue de manière vertigineuse: voici notre petit garçon devenu un homme d'âge mûr qui va remonter dans le Pas-de-Calais pour assouvir son désir de vengeance. Après une scène pathétique, nous voilà dans un décor de commissariat de police, puis dans celui d'un tribunal avec un regard de psychologue à deux balles qui me font dire, en guise de conclusion, que ce roman est purement et simplement bâclé...

Je suis originaire du lieu que décrit Sorj Chalandon et je ne reconnais pas du tout l'ambiance. Normal me direz-vous Sorj n'est pas du tout issu de cette région encore moins de ce milieu. Désolé, mais ça sonne faux. Il y a de plus en plus d'écrivains professionnels qui se permettent d'écrire sur tout et n'importe quoi du moment qu'ils se documentent. Ca ne suffit pas ! C'est le premier livre sur la mine que j'abandonne.
Un détail mais qui compte, la langue picarde ou ch'ti mi était très présente dans le bassin houiller à cette époque. Il y a des expressions , des intonations complètement absentes. Monsieur Chalandon est originaire de Tunis ? Je ne m'imagine pas écrire un texte où les magrébins s'exprimeraient ou verraient les choses en "titis parisiens" !

Très difficile de trouver sur babelio une critique négative sur ce livre. Je me sens bien seule . Avec peine, j'ai réussi à "écouter" jusqu'au début du cancer de l'épouse du narrrateur mais là non c'était trop. Certes, comme l'écrit l'un des lecteurs de babelio, Sorj C. peut, s'il le souhaite , arpenter dans ses écrits "toute la misère du monde" mais comme c'est lourd, attendu et téléphoné, peu original . Quant aux milieux modestes décrits dans le premier chapitre (le paysan, le mécanicien, les mineurs) , le regard de l'auteur est là aussi si convenu qu'il en devient presque condescendant sur ces personnes tant ils les montre gentils , mignons et méritants . Encore une fois je me sens bien seule ce qui m'amène à me poser bien des questions… … et j'ai à ce point là arrêté mon écoute…