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4,26

sur 1678 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ils font partie de l'armée des simples gens, celle des mineurs et des agriculteurs : Michel et Joseph, deux frères qui s'aiment à la vie à la mort, rêvent de pilotes et de courses automobiles.

Joseph devient mécanicien puis mineur - contre l'avis de son père qui l'aurait voulu agriculteur comme lui - et meurt dans un accident. Nous sommes le 27 décembre 1974, le jour où après un coup de grisou quarante-deux mineurs vont aussi perdre la vie dans la fosse de Saint-Amé à Liévin.

Inconsolable et intraitable, Michel vengera son frère des hommes sans scrupules pour qui seul le rendement compte au détriment de la sécurité. Michel qui a trouvé le mot écrit par son père avant de se pendre : " Michel venge-nous de la mine ". Mais sentiment de culpabilité, déni pur, besoin d'être confondu, Michel finira par vouloir être jugé pour la mort de Joseph.

Militant (Chalandon est un ancien maoïste), Le jour d'avant prend le parti des plus faibles. Récit d'un drame national presque ignoré, récit d'un naufrage familial et personnel, il nous raconte la faiblesse de la justice des hommes face à l'indicible. C'est triste et pudique, éprouvant, et fort.
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Traumatisé par la mort de son frère Jojo, Michel essuiera les larmes noires de l'enfer de la mine où le 27 décembre 1974, 42 ouvriers trouveront la mort à la mine de Liévin.
.
Le grisou et le charbon noircissent la famille de Michel se voyant peu à peu entraînée dans l'asphyxie minière. Ne fais jamais d'enfant, lui pleure sa mère, c'est trop triste de perdre un enfant. le père finira par se pendre laissant à Michel le mot qui ne cessera de le ronger : « venge-nous de la mine ».

Sorj Chalandon signe un roman époustouflant dans les entrailles de la misère humaine, dans les ténèbres crasseuses du monde ouvrier. Inutile de comparer le chef d'oeuvre d'Emile Zola, Germinal avec le jour d'avant. Ce dernier est un roman cinglant mêlant vengeance, héritage familial et traumatisme, un roman à l'atmosphère nouée et à fleur de peau. Loin des descriptions interminables de Germinal, on est ici dans le noeud du problème où l'humain est une nouvelle fois pris au piège dans les griffes folles du rendement, de la productivité à l'excès, oubliés six pied sous terre, enterrés vivants au seul nom du profit.
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Bienvenue chez les ch'tis. Pas les rigolos, les autres. Ceux d'une mine meurtrière, d'où les personnages tirent le plus souvent leur croix. Veufs, frères ou oncles décédés, suicides... Chalandon n'y est pas allé de main morte côté tragique.
Michel Flavent a perdu son frère à la mine : 42 victimes du grisou d'un sale jour de décembre 1974. Il rumine dès lors une vengeance de quarante ans avant de passer à l'acte un jour bien après, bien après que son père se soit pendu, un peu après que sa femme soit décédée. Sa cible : le contre-maître aveuglé par la production, au détriment de la sécurité.

Chalandon a toujours ce don d'embarquer le lecteur dans ses courtes phrases sous pression lyrique. Mais s'il tisse savamment la toile d'un roman social sous tension de vengeance, c'est pour mieux nous prendre à revers. Le décor change, et l'on bascule alors dans une psyché profonde et obscure comme les boyaux de la mine. Où l'on y découvre que le déni, le mensonge à soi-même peut creuser des tunnels vertigineux.

J'ai bien aimé, mais sans plus. J'ai pourtant bien été embarqué dans le récit, presque laminé par moment. Mais je n'ai pas trop aimé basculer dans le côté psychologique, qui a eu pour effet me semble-t-il d'atténuer la portée sociale ou historique, que j'ai tant aimée dans "le quatrième mur", ou dans "retour à Killybegs".
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" Je ne rentre plus nulle part
Je m'habille de nos rêves
Orphelin jusqu'aux lèvres
Mais heureux de savoir que je te viens déjà "... ( "Jojo" de Jacques Brel)

Michel, vacillant entre déni et douleur
Nourrit dans son son coeur de charbon, son pauvre coeur
La vengeance de la fosse ,de quarante-trois mineurs
Son frère Jojo le hante, la salle des pendus
le chagrin des parents, le gris , les jours perdus
Mon malaise de lectrice accompagnait ses mots
Je sentais les non-dits, le flou, le quiproquo
Le procès fait gicler toutes les vérités
L'amour, l'injustice, la culpabilité
Mêlant leurs cris meurtris
Dans cette tragédie
de la vie
du jour
d'avant.


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Ce roman devait avoir tout pour me plaire :
- la mine de charbon et les descriptions du métier de mineur. Adolescent, je suis descendu dans une mine de charbon avec un de mes oncles, ingénieur des mines, il dut se reconvertir plus tard suite à un accident. J'ai retrouvé l'ambiance, le lourd travail, la description des vestiaires, la douche pour se débarrasser de la poussière de charbon qui s'incruste sur tout le corps
- la prison ensuite, bien décrite ; en dernière année de droit, j'ai visité une prison de haute sécurité, et c'est un moment pénible que je n'ai jamais oublié..

Hélas, et contrairement á toutes les critiques dithyrambiques laissées sur Babelio, je n'ai pas adhéré au livre, ni surtout à ses personnages que j'ai trouvés peu crédibles.
Il y a de très nombreux rebondissements, souvent inattendus ce qui est rare, ils m'ont aidé à poursuivre ma lecture mais j'en ressors néanmoins désappointé...
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Dans ce roman, Sorj Chalandon rend hommage aux mineurs, notamment à ceux décédés lors de la catastrophe du 27 décembre 1974 à Liévin (la fosse 3bis dite Saint Amé) où quarante-deux mineurs ont trouvé la mort.

Le thème de ce roman est double : la catastrophe qui aurait pu être évitée, et le poids de la perte d'un proche, en l'occurrence le frère aîné de Michel, Jojo qui ne figure pas sur la plaque commémorative car il est mort à l'hôpital et non au fond de la mine. En fait, ce n'est pas aussi simple…

La famille de Michel est dévastée par la mort de Jojo qui n'avait que trente ans et qui était allé « au charbon » contre l'avis de son père, paysan vivant dans des conditions. le père qui se suicide un an après la mort de Jojo, laissant un message : « venge-nous de la mine ».

On voit s'installer cette obsession de la vengeance, Michel accumulant dans son box les articles de journaux sur la tragédie, achetant tout ce qui se rapporte à la vie des mineurs : taillette, casque, lampe, habits… En fait, il cherche un coupable à tout prix, car dans sa tête, il y a les bons d'un côté et les méchants de l'autre.

Il n'avait que seize ans à la mort de Jojo alors que s'est-il passé réellement ? A-t-il refait l'histoire dans sa tête pour pouvoir survivre, empêchant la culpabilité de s'installer ? Derrière la rage de la vengeance, on sent très vite que c'est beaucoup plus compliqué.

Sorj Chalandon dénonce aussi les conditions de travail précaires, le rendement, les pressions des Houillères pour que les mineurs travaillent un peu plus, un peu plus vite, oublient de ses protéger pour gagner du temps, au nom de la sacro-sainte rentabilité ! mais aussi la fraternité entre mineurs, la solidarité des familles.

On retient aussi le cynisme de la direction qui n'hésite pas à retenir trois jours de salaire (la catastrophe ayant eu lieu le 27 décembre) et « Au bas de la fiche de salaire, en plus des trois jours dérobés, la direction avait retenu le prix du bleu de travail et des bottes que l'ouvrier mort avaient endommagés. » P 83

Et il aborde aussi la silicose, les poumons remplis de poussière de charbon, la maladie qu'on ne veut pas reconnaître en haut lieu, il faudrait l'indemniser !

Toute la partie consacrée à la mine m'a beaucoup plu, de même que la construction de la personnalité de Michel autour des deuils successifs : son frère, son père, sa femme.

Les souffrances et la mort de Céline, vont rompre le fragile équilibre qu'il avait trouvé, dans son couple, son travail, loin de la mine, faisant certainement exploser les digues qu'il avait tenté d'ériger : il replonge dans son obsession et trouve un responsable, en la personne d'un contremaître atteint de silicose à un stade avancé, sous oxygène, avec des tuyaux partout, qui est étrangement passif, « victime consentante » en quelque sorte et sur lequel il va s'acharner.

Alors que l'histoire m'intéressait, ainsi que les protagonistes, l'évolution de Michel dans la suite du roman m'a un peu déçue. Je pense que l'auteur aurait pu approfondir davantage les mécanismes psychologiques qui ont conduit à son acte et mieux éclairer la personnalité.

Le style de Sorj Chalandon est toujours aussi percutant, mais la magie a moins bien fonctionné qu'avec « le quatrième mur » et « La légende de nos pères ».


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Qui se souvient aujourd'hui que la France était un pays minier ? Qui se souvient de ces « gueules noires » qui avaient le courage de travailler sous terre, dans une atmosphère poussiéreuse, sous une température de 30 degrés, hiver comme été. Qui se souvient de ces vieux mineurs qui trainaient leur carcasse en crachant du charbon, la silicose. Qui se souvient de ces professions : piqueurs, boiseurs, haveurs, hercheurs. Qui se souvient que les « corons » ne sont pas seulement une chanson de Pierre Bachelet
Sorj Chalandon qui a le même âge que moi s'en souvient et à travers son roman, « le jour d'avant », leur rend un magnifique hommage.

Michel Flavent est le cadet d'une famille d'agriculteurs dans le nord de la France. Michel a trois héros, Michel Vaillant, Steve McQueen et surtout son grand frère Joseph dit Jojo, son ainé de douze ans. Jojo est mineur à Liévin dans la galerie de la fosse 3 et il rêve de le rejoindre et de travailler à ses côtés. Mais sa vie bascule le 27 décembre 1974. A 6h15 une terrible déflagration se fait entendre, un coup de grisou. le bilan est lourd 42 mineurs sont morts. Mais pour lui il en manque un. Son frère est décédé de ses blessures et n'a pas été inséré dans le décompte.
Ne pouvant supporter la perte de son ainé, son père se suicide en lui laissant un mot : "venge-nous de la mine".
Quarante ans plus tard, à la mort de sa femme, il décide qu'il est temps de venger sa famille, mais surtout de se libérer de ce poids qu'il porte et qui a conditionné toute sa vie. Il quitte Paris et retourne s'installer à Saint-Vaast-Les-Mines.

L'auteur était journaliste débutant à Libération quand la mine de Liévin a pris la vie de 42 personnes. Cette catastrophe l'a marqué. « le Jour d'avant » rend un bel hommage à ces hommes et est un saut dans le bassin minier. On sent le respect pour ces hommes et ces femmes de la mine mais aussi pour les ouvriers en général.
Mais à travers ce fait divers, le roman est avant tout une histoire de culpabilité, de remords.
D'une écriture précise, fait de très courte phrase, Chalandon est un véritable conteur. Il joue avec le lecteur, il nous raconte une histoire pour en raconter une autre. Un roman à lire.
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Mon premier Sorj Chalandon.... Ce n'est pas que je ne connaissais pas l'auteur mais je n'avais jamais eu la curiosité de le lire. Je me contentais de savourer ses chroniques dans le Canard.
Et puis le Jour d'avant c'était un sujet qui me parlait. Alors cette histoire je devais la découvrir. Il faut dire que j'ai dévoré le livre dans la journée. Partant de la catastrophe de Liévin, en 1974 l'auteur brode une histoire assez étonnante. Toute la première partie est une description très juste du monde de la mine et des conditions de vie des mineurs. J'ai aimé retrouver un univers que j'ai côtoyé ado, les termes bien spécifiques, et les lieux. de plus Sorj Chalandon n'utilise pas la caricature du parlé Ch'ti et ça c'est appréciable. Au milieu du roman il y a un retournement assez fort, même si je l'avais pressenti au début je l'avais oublié.
J'ai trouvé ce roman puissant, intense et je me suis laissée porter par cette belle écriture.
Bienvenue dans ce monde des Houillères, un monde sans concession où les hommes vivaient un enfer quotidien. Un roman infiniment triste qui rend, indirectement, hommage aux victimes de Liévin mais aussi qui nous raconte une vie, des vies et un univers bien gris, sans beaucoup d'espoir et de lumière. Parce que le destin a choisi pour les hommes.
J'ai beaucoup aimé ce livre.
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Mais que vois-je dans la vitrine de mon libraire ?
Sorj Chalandon a écrit un autre livre ! Vite, pousser la porte, l'acheter.
A peine rentrée, le commencer.
Mais tiens, bizarre, j'ai beaucoup de mal à rentrer dedans, je dois même m'accrocher.
le 27 décembre 1974, une catastrophe a eu lieu dans la mine de Liévin. Bilan, 42 morts, plus Jojo, le frère de Michel.
Et depuis, Michel passe son temps à ressasser la mine, ses dangers, l'inconséquence des patrons.
Une vie entière à encenser Jojo et ses confrères d'infortune, à ruminer sa vengeance.
Oui donc, j'ai eu un peu de mal avec la première partie, que j'ai trouvée intéressante mais dans laquelle je ne m'impliquais pas à fond.
Et puis voilà qu'au milieu du livre, retournement de situation, ça s'emballe, je suis complètement accrochée. Je retrouve mon engouement sans faille pour l'auteur.
C'est donc encore une fois un beau livre. Un hommage aux mineurs. Une analyse de la culpabilité et de ses dérives. Une belle histoire d'amour fraternel.
Ressort encore la précision journalistique de Sorj Chalandon pour décrire le sacrifice de tous ces mineurs et la dureté de leurs conditions de travail. Et puis aussi bien sûr sa grande sensibilité dans les rapports humains en nous faisant découvrit tout cela à travers les émotions de Michel. Et son immense talent pour nous faire partager des situations profondes et souvent dramatiques.
« C'est comme ça la vie »
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Drame du Liévin dans le Nord de la France. le 27 décembre 1974, un coup de grisou emporte 42 mineurs de la fosse 3 bis, celle qu'on appelait « Saint-Amé ». 42 mineurs sacrifiés par la fameuse Compagnie sur l'autel du rendement.

Michel, 16 ans perd son grand frère Joseph qui meurt de ses blessures 26 jours après le drame. Une mort décalée qui le prive à jamais des honneurs.
Oublié par la ville, oublié par la mine, condamné à une fin misérable, le « petit » drame est étouffé par le grand. Joseph restera inconnu au bataillon des braves.
Sur son lit de mort, les derniers mots de leur père furent une lettre adressée à Michel dans laquelle il le supplie : « Venge-nous de la mine ».

On retrouve Michel à Paris 40 ans plus tard, routier, veuf et sans attache qui vivote plus qu'il ne vit depuis la mort de sa bien-aimée Cécile.
Cette année, il y aura une commémoration pour les 40 ans de la catastrophe de Liévin.
C'est le moment que choisit Michel pour rentrer au pays, bien décidé à faire payer le dernier contremaître vivant qu'il a identifié comme étant le responsable du manque de sécurité de la fosse 3 bis.
C'est avec le coeur criant justice, le souvenir de la mort de feu son frère en bandoulière, écrasé par le poids de cette terrible promesse que Michel revient au pays des corons pour assouvir une vengeance qu'il fomente depuis des années, résultat d'une traque minutieuse.

Sorj Chalandon nous plonge au coeur des mines en nous livrant un hommage fort et poignant qui met en lumière ces « gueules noires » injustement oubliées mais pas que …
Le twist aux ¾ du roman chamboule le récit qui pourrait paraître sans surprise en provoquant un véritable retournement de situation, en donnant une toute nouvelle direction au roman. le titre prend alors tout son sens et le suspense nous tient en haleine jusqu'à la fin.

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