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À Los Angeles, le détective Philip Marlowe se présente chez le directeur de la parfumerie Gillerlain, un certain Derace Kingsley, hautain et dédaigneux, qui a fait appel au shérif local pour trouver un homme de confiance à qui confier une mission discrète : retrouver sa femme Crystal qui a disparu depuis un mois.
Elle aurait fui vers le Mexique pour épouser son amant, Chris Lavery, selon un télégramme reçu par son mari, mais il semble bien que l'homme concerné ne soit pas au courant. La dernière fois qu'on l'a vue en chair et en os, elle résidait dans un luxueux chalet isolé, du côté de Puma Point.
À Puma Point, Marlowe rencontre Bill Chess, sorte de gardien solitaire porté sur la boisson et passablement soupe au lait. Autour d'un verre, il apprend que ce dernier a eu une aventure avec Crystal Kingsley, n'ayant pas su résister à ses avances, ce qui a provoqué le départ précipité de sa femme, Muriel, il y a un mois.
Les deux hommes visitent le chalet des Kingsley, puis font le tour du lac avant de découvrir un cadavre immergé, celui de la femme du gardien...
Alors que le shérif Patton entre bientôt en scène, il apparaît que l'identité de Muriel Chess n'est pas clairement définie et qu'un flic nommé de Soto lui ait couru après en tant que Mildred Haviland. L'affaire se complique...
Reste que pour Marlow et son client, Muriel Chess n'est pas l'objet de leurs investigations. Sauf, bien sûr, si elle avait quelque chose à voir avec la disparition simultanée de Crystal Kingsley.

En version originale, il s'agit de la quatrième apparition du détective Philip Marlowe dans l'oeuvre de Raymond Chandler, mais ce fut la première dans l'ordre de parution en France, en portant fièrement en 1948 le numéro 8 de la toute nouvelle collection Série Noire, dirigée par Marcel Duhamel. La traduction originale fut confiée à Michèle et Boris Vian, et on sait aujourd'hui à quel point le « grand » Marcel avait une fâcheuse tendance à traficoter les textes qu'il proposait à ses lecteurs, pratiquant la « coupe » et l'adaptation pour « coller » au format désiré.
Pour être tout à fait honnête, lorsque je me suis mis en tête de lire cette nouvelle traduction de la Dame du Lac, devenue pour l'occasion La Dame dans le Lac (plus conforme au titre de l'édition originale, The Lady in the Lake), j'avais avant tout l'idée d'ajouter Raymond Chandler à la liste des auteurs présentés ici-même et qui constituait à lui seul une absence impardonnable. le fait qu'il s'agisse d'une nouvelle transcription n'était pas non plus pour me déplaire ; j'avais eu la bonne surprise de découvrir Jim Thompson sous les auspices de Jean-Paul Gratias et j'espérais retrouver avec Nicolas Richard le même plaisir. le roman original datant de 1943, je m'attendais tout de même à quelque chose de daté, à la manière des films noirs américains des années quarante-cinquante. J'étais loin du compte...
Et si Raymond Chandler avait pour habitude de piocher dans ses anciennes nouvelles pour la construction de ses romans, il avait aussi assez de talent pour que ce ne soit pas flagrant à la lecture pour qui l'ignorait. Malgré tout, on sent parfois ces points de bascule, notamment lorsque la police fait son apparition dans l'intrigue. le récit n'en est pas pour autant désorganisé, il permet cependant à l'auteur de peaufiner son portrait des forces de l'ordre, entre brutalité, bêtise pour certains, corruption pour d'autres.

Le style de Chandler fait mouche dès les premières pages. On est embarqué. Portée par de nombreuses descriptions d'une exceptionnelle précision, jamais pesantes, la narration se déroule en toute fluidité de façon linéaire, la caméra, subjective, posée sur l'épaule du détective. Il sera de toutes les scènes. Quant aux dialogues, ils sonnent juste et sont parfois savoureux, l'auteur n'étant pas avare de « bons mots » ou de traits saillants.

Je lui souhaitait (...) bonne nuit, le laissant se triturer les méninges avec l'énergie pesante d'un paysan du Far West déterrant une souche.

Pour le reste, Marlowe est un personnage attachant, un dur à cuire qui ne s'en laisse pas compter face aux puissants. Il sait les remettre en place et se faire respecter, ce qui a d'ailleurs pour effet de séduire Kingsley, peu habitué à se faire rembarrer.

C'est juste Marlowe, qui a encore trouvé un corps. Il fait ça plutôt bien maintenant. Marlowe-un-meurtre-par-jour, qu'on l'appelle. On le fait suivre partout par la roulante à viande froide pour ne pas prendre de retard sur les affaires qu'il déniche.
Un type relativement gentil, plutôt astucieux, à sa façon.

Marlowe se retrouve ici sur le tapis d'une partie de billard à trois bandes, voire plus, mais il garde, imperturbable, un calme serein, sûr de sa force et, peut-être, de sa supériorité face aux forces de police.

Face au détective, les hommes d'un côté, les femmes de l'autre. Chez Chandler, ces dernières sont forcément fatales et font tourner la tête aux premiers, souvent balourds. Elles se révèlent même parfois méchantes :

Je pense (...) que vous devriez travailler un peu plus votre image mentale de Chris Lavery. Toute touche de raffinement que vous auriez pu remarquer serait une pure coïncidence.

Ecrit en 1943, après que les Etats-Unis soient entrés dans le conflit modial, la guerre n'est pas particulièrement présente dans le roman, si ce n'est en filigrane, au hasard de quelques répliques :

La plupart des hommes arrivent à supporter ce qu'ils sont obligés de supporter quand c'est en face d'eux et que ça les regarde dans le blanc des yeux. Comme ils le font partout dans le monde entier à l'heure actuelle.
Je suis venue à pied, pour économiser mes pneus, comme le réclame l'État.

Au final, malgré ses quatre-vingts ans, La Dame dans le Lac n'a pas pris une ride et Nicolas Richard, par sa traduction méticuleuse, nous permet d'approcher au plus près la finesse et la modernité du style de Raymond Chandler sans qui, il faut bien le reconnaître, le roman noir ne serait pas tout à fait ce qu'il est aujourd'hui.
À lire absolument !
Lien : https://polartnoir.fr/livre...
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Ce qu'on retient de ce livre, c'est d'abord un ton une atmosphère, qui est celle d'Holywood pendant la guerre. Atmosphère sombre, en noir et blanc, faite de rapports humains durs et faux et de jeux de miroirs.
On appréciera l'humour caustique de Chandler et son esthétique détachée.
Il faut vivre se polar comme une balade à pied dans un autre monde, au fil de ces 250 pages qui se lisent facilement mais sans précipitation. La psychologie des personnages et la réflexion sous-jacente restant limitées, le lecteur reste assez extérieur à l'histoire et nos émotions ne sont pas particulièrement sollicitées. Ce n'est pourtant pas désagréable. Au contraire.
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Tous les ingrédients du polar sont ici savamment réunis par Raymond Chandler... Corosif, dérangeant, intrusif et drôle, il dénote par son étonnante vigueur et par une écriture très limpide d'un cynisme ravageur. L'écrivain utilise en effet tous les ressorts de l'âme humaine et fait de son visage le reflet d'un monde, un grand lac, souvent lisse mais jamais calme. Empli de remous et de profondeur. Un livre très bien écrit qui témoigne de l'immense talent de l'auteur. A découvrir !
Lien : http://art-enciel.over-blog...
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A ne surtout pas lire dans cette affreuse édition de poche seventies, dont le texte est charcuté. Mais c'est un Chandler.
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c'est mon préféré de Chandler. Je n'ai pas lu le roman dans la nouvelle traduction qui est parait il bien supérieure à celle des Vian mais même avec les maladresses évidentes du texte français je suis toujours sous le charme délétère de ce polar intemporel.
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